LE SUD DANS LE NORD Quel sera le sort de nos frontaliers! Les points de vue en présence. Léon Grillet LE SUD, dim. 10 novembre 1935. ABONNEMENT 18 francs français.! LA THÈSE BELGE. LA PERSÉCUTION SYNDICALE. 1 LE GOUVERNEMENT DE PARIS. BOURSE CHANGE COUPONS 31, Rue de Menin YPRES Téléphone 144. Bureau ouvert la semaine et le dimanche. AUX SANS-FILISTES LES PATRONS FRANÇAIS. RADIO-PROGRAMMES paraît «RADIO-PROGRAMMES» est le RADIO-PROGRAMMES ne se ra pas vendu au numéro. ABONNEZ-VOUS AU BUREAU DU JOURNAL. LE SUD est en lecture dans plus de cent hôtels et cafés et vous recom mande ARMENTÏÈRES A la Douane Française. Café de la Bourse. Au Coq Gaulois. Café Moderne. Au Prophète. Estaminet du Bu eau. BAILLEUL Café-Restaurant de l'Epi de Blé. Café Français. Café de la Paix. Café de Belle-Vue. STEENVOORDE Hôtel de Flandre. LILLE Hôtel-Restaurant Alcide. Hôtel Terminus. Hôtel Continental. Hôtel-Restaurant Taverne Lilloise. HONDSCHOOTE Hôtel-Restaurant Corion. NIEPPE Estaminet Saint-Eloi. 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Assertions plus candides que pertinentes, auxquelles il est trop aisé de répondre 1) que la proportion des travailleurs étran gers relevée en France est infiniment moin dre que celle dont nous sommes pourvus, ce qui ne nous a pas empêchés jusqu'ici de les laisser en paix qu'au surplus l'exis tence de ces chômeurs ne peut être invo quée dans le Nord contre les frontaliers, attendu que dans tous les cas où le con gédiement des nôtres est requis par le dé cret 42, il se trouve peine 30 p. c. de Français même de les remplacer dans leurs spécialités 2) que si la France est en butte aujourd'hui des complications du fait des travailleurs étrangers, c'est qu'elle l'a bien voulu, trop heureuse qu'elle était de draîner la main-d'œuvre belge l'époque des vaches grasses 3) que dans la pratique, les 3.400 frontaliers qu'il serait possible de réembaucher en France n'auront pas la chance d'en profiter, étant donné la pression officieuse qui s'exerce contre eux auprès des patrons 4) que les termes et délais accordés aux industriels sont en réa lité une poudre aux yeux, destinée ca cher les licenciements préventifs qui ne cessent de sévir sous la menace du décret. Mais le développement de la thèse belge est loin de se borner cette réplique. Il nous est permis en effet de faire ressortir ce qu'un tel traitement a d'injuste, appliqué une main-d'œuvre qui a fait la richesse du Nord de la France. C'est oublier un peu vite les assurances données ces Fla mands pleins de méfiance, dont beaucoup hésitaient quitter une terre ancienne et un métier traditionnel pour courir l'aventure dorée du tissage, et que l'on ne persua dait que par des promesses de profit et de sécurité. C'est oublier aussi que ce grand mouvement d'émigration frontalière n'a pu se faire qu'au détriment de notre propre équipement industriel dans le Sud. Bien des usines belges eussent pu s'ériger le long de la frontière, qui occuperaient aujourd'hui cette main-d'œuvre en détresse. Sur le plan juridique, notre position n'est pas moins forte. L'interprétation restrictive que donne le décret 42 l'emploi de la main-d'œuvre belge est contraire la con vention de mai 1935, admettant tous les ouvriers porteurs de la carte de travail. Elle est également opposée aux communiqués officiels du mois d'août, par lesquels les gouvernements se déclaraient d'accord pour épuiser le contingent par région et non par usine. Le décret 42 constitue par consé quent un de ces cas flagrants de dénon ciation unilatérale des traités dont le cabi net de Paris n'a jamais cessé de condam ner vigoureusement le principe... L'attitude de la République est d'autant moins justifiable dans cette affaire, que (1) Voir Vingtième Siècle des 24 et 25 octobre 1935 et Le Sud, Nos 43 et 44. d'après les chiffres cités l'autre jour, au cune mesure ne s'imposait pour diminuer progressivement le nombre des Belges qui travaillent en France. En effet, sous l'em pire de la crise, qui ne paraît pas encore se résorber Outre-Quiévrain, beaucoup d'entreprises difficilement viables et qui vé gétaient non loin de la frontière ont été contraintes de fermer leurs portes. C'était autant de Belges de moins au travail. A quoi il convient d'ajouter ceux qui meu rent, ou qui deviennent malades, ceux que la vieillesse vient arracher au labeur et les jeunes filles qui, se mariant, trouvent en Belgique un foyer qui les détourne de l'usine française. Sans compter enfin les ré ductions successives de la zone frontalière décimant les bénéficaires de la carte de travail. Cette résorption si évidente et d'un mou vement si naturel échappait si peu au gou vernement de Paris, qu'il eût sans doute différé toute mesure particulière, s'il n'a vait été débordé par la surenchère syndi cale. Car nos socialistes ont beau dire, tout le tapage mené en France contre la main- d'œuvre belge et les diverses mesures qui en ont découlé viennent de l'agitation en treprise par la Confédération Générale du Travail, réclamant dès 1933, un contingen tement manuel dans toutes les usines du Nord. En novembre de l'année suivante, le député Lacourt, autre organe de la démo cratie, demandait la limitation du nombre des ouvriers belges et c'est dans le mois de décembre de la même année que paraissait l'édifiante circulaire de délation que nous reproduisons ci-dessous, d'après notre vail lant confrère Le Sud Union intersyndicale des travailleurs du Bâtiment et des Travaux Publics de Lille et environs. Confédération Générale du Travail. Lille, le... »N..., maçon, de nationalité belge, ré- side en France depuis 19... Notre organisation professionnelle ne voit aucun inconvénient ce qu'il soit occupé sur un chantier exécuté pour une administration. Nos seules interventions n'ont lieu que contre les frontaliers qui ne sont pas des ouvriers faisant vivre le commerce local. Le secrétaire. Ce genre de circulaire allait servir doré navant discriminer le résidant belge, que l'on tolérait car il est toujours susceptible de se naturaliser et de devenir électeur, d'avec le frontalier, ce pelé, ce galeux, qui, n'ayant aucune valeur électorale, n'avait droit aucun égard. Ainsi éclatait, indis cutablement, malgré les démentis de la presse socialiste, la preuve de la persécution exercée par les syndicats français l'égard des travailleurs belges. Le gouvernement de Paris, talonné chaque jour par les représentants parlementaires des ouvriers du Nord qui exigeaient un ges te et conscient d'autre pan de la situation délicate où il risquait de se mettre, l'égard des traités, s'il agissait dans le sens de ces revendications, le gouvernement de Pa ris s'employa d'abord gagner du temps. Du côté de ses amis, par des promesses, du nôtre ensuite, par des communiqués ras surants qui tentaient d'excuser ses premières mesures de contingentement. La conscience très nette qu'il avait de défendre une mau A suivre) Max HODEIGE. vaise cause devait lui faire d'autant plus multiplier les précautions. Aussi la plupart de ses restrictions se donnèrent-elles d'abord pour de simples mises au point. On n'o sait pas avouer que l'on violait les conven tions internationales. En conséquence, on respectait les formes, quitte se rattraper sur l'application. C'est ainsi par exemple qu'en exigeant des frontaliers la preuve qu'ils travaillaient en France depuis le lr janvier 1925, on avait l'air de demeurer dans l'esprit du traité. Mais on réclamait en réalité une justification, la plupart du temps impossible, étant donné la nature erratique du travail frontaliers. Ou bien, grâce une distinction subtile entre ou vrier et employé on allait jusqu'à re fuser leur carte de séjour des pères de famille en place depuis douze ans. Enfin, l'heure même ou l'on faisait montre d'une certaine tolérance officielle, en ayant l'air de remettre le sort des Belges entre les mains de leurs patrons français, l'Office Départemental du Travail attaché la Pré fecture du Nord envoyait aux industriels une circulaire confidentielle où il leur était recommandé de se défaire des nôtres La vérité oblige dire qu'un conseil de cette sorte n'avait rien pour plaire aux in dustriels du Nord. Sans doute quelques-uns de ceux-ci attendent-ils trop du gouverne ment pour oser passer outre a ses sugges tions, mais l'énorme majorité des patrons, qui tiennent leur indépendance, ne pouvait rester insensible un certain nombre d'évi dences. Le fait que la dévaluation du Belga a permis de réduire de 20 p. c. le salaire de nos frontaliers représente déjà pour leurs employeurs une économie considérable. Le remplacement des nôtres par une main- d'œuvre indigène correspondrait par con séquent, dans la même mesure, une élé vation de 20 p. c. des prix de revient fran çais. D'où la nécessité pour les industriels de réduire d'autant leur marge de bénéfice ou d'augmenter leur prix de vente en pro portion. Cela se traduirait de toute façon par un affaiblissement de leur capacité de concurrence sur les marchés étrangers. Ajoutant cela que la main-d'œuvre belge, très spécialisée, est difficilement rempla- çable et que les chômeurs français qualifiés sont en nombre infime, dans le Nord, on comprend sans peine que les patrons de Lille-Roubaix-Tourcoing aient pris nette ment position en faveur des Belges. Cer tains vont même jusqu'à prétendre que l'application du décret 42 les obligerait fermer leurs portes. Ce qui, en rendant au chômage un nouveau contingent d'ouvriers français, serait bien la preuve la plus cin glante des absurdités où nous mène le pro tectionnisme de Paris... Radio Catholique Belge publiera partir du premier janvier un organe radiophtfnique hebdomdaire, le plus complet de Belgique, le meilleur mar ché. Pour 50,frs l'an, (45,frs prix réduit jusqu'au 15 novembre) Radio Catholique éditera RADIO-PRO GRAMMES contenant tous les pro grammes audibles en Belgique. sur 24 pages grand format (43 x 31 cm.). Vingt et une pages sont réser vées aux programmes dans tous les détails. Classement par pays et lettres alpha bétiques. Texte clair, agréable la lecture. Trois pages de conseils, d'échos ra- diophoniques, d'articles vivants. Toute la vie radiophonique pour 45,frs 1" an (ce prix réduit aux abon nements reçus avant le 15 novembre seulement). document indispensable aux sans-fi- listes. i

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