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Nieuport
Londres et Genève.
2e ANNEE No 46.
Hebdomadaire 50 cent, le numéro.
DIMANCHE 17 NOVEMBRE 1935.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se cris
tallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT 1 AN 20 FRANCS
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Les jeunes connaissent tous Jean Bastin.
Et les jeunesses universitaires d'Europe ont
toutes été en rapport avec lui, au cours de
l'un ou l'autre Congrès. Nous sommes per
suadés de ce que les lecteurs du SUD
trouveront avec plaisir dans nos colonnes
les témoignages objectifs et impartiaux de
cet observateur de la vie internationale.
M. J. Bastin vient de créer Bruxelles un
salon international, grâce auquel il reste en
contact avec de nombreux étrangers rési
dants ou de passage dans la capitale. Ce
poste d'observation et sa documentation ne
manqueront d'apporter ses articles beau
coup d'intérêt.
Dans le conflit italo-éthiopien, il est en
core trop tôt pour montrer du doigt le vain
queur. Sera-ce l'Italie en aggrandissant con
sidérablement son territoire colonial sera-
ce l'Ethiopie qui par une résistance achar
née et victorieuse sera considérée par tous
les peuples noirs comme le chef de file de
leur race Sera-ce la France par l'obstina
tion de sa médiation qui aura su la fois
se ménager une amitié durable en conser
vant mract le front de Strésa Sera-ce le
Japon qui profitera de l'affaiblissement de
l'Europe minée par sa lutte fratricide, ou
l'Allemagne qui aura vu le front allié com
plètement désuni, ou l'Angleterre enfin
Nostradamus le dirait peut être un pu-
bliciste averti ne le pourrait l'heure ac
tuelle.
Mais considérer les choses au point où
elles en sont au commencement de novem
bre il n'est pas niable en tous cas que l'An
gleterre ait gagné la première manche.
Quand on voit cinquante deux nations vo
ter les sanctions pour respecter la foi du
pacte on ne peut nier qu'à ce moment cin
quante deux nations aussi suivent celui qui
a osé en parler et les mettre en branle
et c'est le Royaume-Uni (1).
Revoyons rapidement les phases de ce
succès. L'origine de l'opposition l'entre
prise éthiopienne remonte déjà au voyage
de Eden Rome. Mais la véritable guerre
diplomatique entre les deux pays, leur
course aux influences ne date réellement
que du mois d'août. Lorsque par exemple
le Times* (2) donnait cet avertissement
au Duce M. Mussolini pourrait être
étonné du ressentiment que provoquerait un
recours brutal la force, et un ressentiment
très général se cristallisant Genève trou
verait certainement une méthode pratique
pour s'exprimer Mais déjà l'Italie avait
subi un échec dans la course aux influences.
En l'occurence c'était l'Yémen qui refusait
l'autorisation aux Italiens de recruter des
Hyémenites comme travailleurs au service
de l'armée italienne. D'autre part 1 Iman se
montrait très favorable la même demande
venant de l'Ethiopie. L'Italie s'était, cepen
dant, presque compromise lors de la guerre
entre le Hédjaz et le Hyémen en favorisant
ce dernier (3). Que l'Angleterre ait in
fluencé cette décision dans les coulisses cela
ne fait pas de doute et ce cas est particu
lièrement intéressant non seulement par
l'importance de ce petit pays arabe situé
juste en face de l'Erytrée, mais aussi parce
que traditionnellement l'Yémen manifestait
son hostilité l'Angleterre, réservant ses
sympathies l'Italie.
Des cas analogues pourraient être relevés
en Afrique du Sud et en Egypte. Sans doute
nous dira-t-on, que le noit comme le maho-
métan sont favorables l'Ethiopie. C'est
justement là l'habileté du Fcweign Office et
de l'Intelligence Service car ce dernier
doit avoir joué aussi un rôle dans cette
affaire d'avoir su mettre dans son jeu
propre des attouts qui n'y étaient pas tout
au moins directement.
Nous en arrivons ainsi fatalement exa
miner les causes qui ont motivé l'attitude
si résolue de l'Angleterre. La poussée de
son opinion publique, un peu puritaine
peut être, mais vigoureusement attachée
la société des nations, n'est pas la moindre
des causes qui ont poussé le gouvernement
britannique agir avec tant de fermeté.
La nécessité vitale pour la Grande-Breta
gne de n'avoir sut la route des Indes au
cune autre puissance impérialiste en est une
autre Ta formation .^Lur. bloc colonial com
prenant la Somalie, l'Ethiopie et l'Erytrée
aux portes de la Mer Rouge, en face
d'Aden deviendrait pour la route impériale
une menace permanente. L'Angleterre ne
saurait facilement s'en accommoder. Et en
core moins si elle se rend compte que
l'Ethiopie n'est pas si éloignée du lac
Tchad, que la Tripolicaine en est tout aussi
rapprochée et que les visées italiennes sur
le lac Tchad ne datent pas d'hier. Le gou
vernement fasciste pourrait concevoir l'es
poir de réunir ses colonies africaines aux
dépens du Soudan autre clé de la Route des
Indes (4).
Une quatrième cause non moins impor
tante vient s'ajouter aux autres l'Empire
Britannique est composé en grande partie
de noirs et de musulmans dont jusqu'à pré
sent elle ne s'est pas fait particulièrement
bien voir mais elle a appris que vingt
mille noirs de la Guyane britannique et
des Antilles ont demandé l'Angleterre
d'empêcher une guerre italo-éthiopienne
(5). Elle a appris que l'union de la jeu
nesse islamique en Egypte dans un grand
meeting, qui avait réuni de nombreuses
personnalités politiques, avait protesté con
tre l'agression italienne (6) et un mouve
ment analogue se produisait aux Indes. Une
telle situation devait entraîner de la part
de Londres une réaction contre l'Italie, si
elle ne voulait pas s'aliéner définitivement
l'opinion nègre et musulmane. Un dernier
argument devait fatalement orienter la di
plomatie britannique la disparition de la
S. D. N. serait fatale l'Empire Britan
nique bien plus qu'à la France. Car l'Em
pire Britannique n'est plus en réalité qu'une
communauté librement consentie de tous les
dominions. Sans la paix et l'universalité de
la S. D. N. qui met en contact les diverses
parties de l'Empire, l'Afrique du Sud,
l'Australie et le Canada ne tarderaient pas
se replier sur eux-mêmes, se concentrer
uniquement vers la partie du monde dans
laquelle ils sont géographiquement placés.
Enfin Genève présente encore un autre
intérêt. N'est-elle pas pour la Grande-Bre
tagne la seule voie d'accès au continent
(7). Cet ensemble de causes a provoqué la
plus formidable mobilisation diplomatique
que le monde ait connue sa tête, dans
un renouveau de puissance, se dresse la
Grande Bretagne forte par sa flotte tout
d'abord, que l'on croyait décadente et qui
se révèle plus armée et plus moderne que
l'on ne le croyait forte par une opinion
publique dont l'unité de vue sur cette
question soutient son gouvernement plus
qu'une presse d'état dans un régime auto
ritaire ne pourrait le faire forte enfin par
le nombre de puissances qui la suivent et
par l'unanimité des nations britanniques.
Ne voit on pas Lyons, premier de l'Austra
lie, déclarer que la politique de son pays
consiste coopérer étroitement avec la
Grande Bretagne (déclaration du 23/9/35).
Plus étonnante encore l'affirmation de Mon
sieur de Valéra, l'ennemi intérieur de l'An
gleterre qui déclare soutenir l'Angleterre
en cette matière plus significative encore,
si possible, la déclaration de celui que l'on
considérait comme capable de proclamer
l'indépendance de son pays, du général
bmuts, premier ministre adjoint de l'Afri
que du Sud Quand on voit, a-t-il dé
claré, un grand pays comme la France, re
muer ciel et terre pour garder la Grande-
Bretagne ses côtés, on se rend compte du
ridicule qu'il y aurait pour nous aban
donner notre vieille amitié avec la Grande
Bretagne» (8).
En deux mois Londres est arrivé ce
résultat étonnant de s'attirer la sympathie
des petites puissances du monde noir et
musulman, de consolider son empire, de se
faite craindre partout et de reprendre la
tête de la diplomatie mondiale. A Ge
nève où les Français étaient les maîtres in
contestés, dit un journal berlinois, la di
plomatie britannique donne aujourd'hui le
ton» (9). JEAN BASTIN.
1 Bertrand de Jouvenel arrive une
conclusion analogue dans l'EUROPE NOU
VELLE. No 924 du 26/10/35.
(2) TIMES 14/8/35.
(3) Voir ce sujet l'article très signi
ficatif et accusateur du MANCHESTER
GUARDIAN le 11/6/34.
(4) Cette tendance conquérir les ré
gions du Tchad a été très bien mise en
lumière au moment où le conflit italo-
français était son paroxysme dans le
TEMPS du 20/2/31.
(5) Dépêche Reuter 3/8/35.
(6) id.
(7) Paul Drailmière dans l'Europe Nou
velle du 10/8/35.
(8) Déclaration du 20/9/35.
(9) Deutsche allgemeine zeitung 20 oc
tobre 1935.
En page 2 et dans la chronique
d'Ypres lisez tous les renseignements
au sujet de la semaine de propagande
aéronautique.
Conférence par Willy Coppens sa
medi 16 novembre 5 heures.
Exposition ouverte au Musée Mer-
ghelynck du 16 au 24 novembre de
10 h. 1 h. et de 2 h. 4 heures.
Voici les renseignements que la
Chambre de Commerce de Nieuport
a bien voulu nous faire parvenir
Le nouveau pont projeté aura deux
mètres de hauteur de plus que le pont
actuel. Cela revient dire qu'il y aura
de 8 m. 50 9 m. entre le côté infé
rieur du tablier et le fond du chenal.
La travée principale aura, en outre,
une largeur d'environ 40 mètres. Pa
reille largeur permet le passage des
allèges de 300 et 400 tonnes toutes
les marées, montantes ou descendantes,
et DÈS LE MOMENT OU IL Y AURA
SUFFISAMMENT D'EAU au seuil des
trois écluses du canal de Passchendaele,
de Furnes et de l'Yser, pour permettre
ce passage.
D'autre part cette travée permettra
le passage vers ces canaux des navires
de mer jaugeant 700 tonnes. Le gaba
rit des écluses actuelles ne permet pas
,1e passage de ces écluses. C'est dire
que les navires de moyen cabotage,
250 300 tonnes, passeront sans la
moindre difficulté.
Il est remarquer également que
des navires qui chargent Nieuport,
s-'tn vont pour la plupart Londres
above bridges (au delà des ponts)
et que certains traversent 32 ponts fixes
d'un gabarit inférieur celui qu'on se
propose de construire Nieuport.
La Chambre de Commerce de Nieu
port estime par conséquent, que ni
Nieuport, ni l'hinterland ne doivent
s'inquiéter de la construction de ce
pont.
Nous apportons avec plaisir aux dé
bats cette thèse de la Chambre de
Commerce. Mais il nous semble d'après
le texte de la lettre, qu'il s'agit bien,
comme nous l'avons dit, d'un pont
situé non aux écluses mais au milieu
du chenal. Nous voudrions avoir ce
sujet tous nos apaisements, et, en atten
dant, nous donnons un article qui nous
est parvenu cette semaine sur l'éven
tualité du pont enjambant le chenal.
(Lire cet article en page 8).
3HT" Le manque de place nous a forcé
mettre en page 4 un intéressant ar
ticle sur LA WESTVLAAMSCHE.
USEZ DANS LE SUD
Page 2 Chronique aéronautique.
Propos de l'Oncle Bep.
Page 3 Chronique Agricole. Chro
nique Horticole. Colombophilie.
Feuilleton.
Page 4 Le Sud dans le Nord.
Pages 5, 6, 7, 10, 11 et 12 Chroni
ques de la région.
Page 8 Au LittoraL
Page 9 Bruges.
Page 13 Les Sports.
Pages 14 et 15 Pour la Femme.
Page 16 Petites annonces. An
nonces notariales. Cinéma.
Marchés.