A propos d'Emile Francciui. Complications. La Westvlaamsche
2e ANNEE No 47.
Hebdomadaire 59 cent, le numéro.
DIMANCHE 24 NOVEMBRE 1935.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se cris
tallise dans la volonté du pouvoir.
I
ABONNEMENT 1 AN 20 FRANCS
Direction-Adininistration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout. YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
I
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Emile Vandervelde vient de perdre
un de ses meilleurs amis le Ministre
d'Etat Emile Francqui. Amitié qui
n'était pas faite rien que d'estime et
de sympathie. Ces deux grands chefs
se sont rapprochés parce qu'ils con
naissaient tous deux parfaitement l'art
de commander et de mener les hom
mes.
Le bourgeois Vandervelde était par
fois heurté par la brusquerie ou la rus
ticité du banquier Francqui le réa
liste Francqui souriait avec indulgence
en voyant son ami Vandervelde s'éga
rer dans une idéologie nébuleuse. Mais
la carrière de tous deux est caractérisée
par une volonté tenace, une imagina
tion féconde, une audace tempérée par
la raison. La monarchie a su main
tenir au service du pays le grand créa
teur Francqui et l'idéologue Vander
velde.
Emile Farncqui a été attaqué, dé
testé. 11 reste des points d'histoire qui
devront avec le temps être éclaircis.
Francqui a commis parfois de fausses
manuœvres il a souvent utilisé tous
les moyens pour arriver ses fins,
et violé le code, cependant bien com
plaisant, de ce qui est permis ou to
léré chez les manieurs d'argent.
On a vu dans l'histoire se créer les
plus beaux pays et les plus belles insti
tutions, au moyen des plus flagrantes
injustices. Cela explique Francqui.
Nous n'allons pas dire que cela l'ex
cuse.
Il a été capitaine en finances. D'au
tres sont capitaines en politique, et
d'autres même sont capitaines... tout
court On leur demande d'être chefs
et de remporter la victoire. C'est
cette victoire que le peuple exige.
Réussir Telle est la morale de la vie
en société
Vingt siècles de christianisme réagis
sent en vain contre le vieil adage
l'homme est un loup pour l'homme.
Pourquoi disons-nous cela Parce
que rien n'est plus dangereux que le
Bêlement romantique de ceux qui ne
tiennent pas compte des lois cruelles
de la vie en société. Ce n est ni par
des lois, ni par des institutions, ni par
des programmes que l'on créera une
justice sociale. La société est impuis
sante s'améliorer. C est sur 1 indi
vidu lui-même qu'il faut travailler, sur
son cœur, sur son esprit de charité.
Mais au moment où disparaît le
grand financier Francqui, ne faut-il pas
faire une distinction essentielle entre
la richesse et la finance.
Nous subissons tellement l'emprise
de toute la stupidité égalitaire de la
démocratie, que le Financier et le
Riche ont été confondus. Plus un
pays a d'hommes riches, a de grosses
fortunes et plus il est I abri des se
cousses de la vie économique. De
même que nous avons besoin d une
réserve de vigueur pour lutter contre
la maladie, ainsi une société doit pos
séder de nombreuses fortunes solides,
stables, traditionnelles, qui lui permet
tent de trouver des ressources en cas
de détresse. On ne boucherait pas
un budget en mettant un impôt sur la
misère. Mais on tue un pays en épui
sant par des impôts excessifs la plus
précieuse des réserves les grosses for
tunes.
Nous voyons déjà les démagogues
frétiller la lecture de ces lignes, eux
qui ne parlent du riche qu'avec
mépris, si pas avec haine.
La classe ouvrière doit souhaiter le
plus de richesse possible aux degrés
supérieurs de l'échelle sociale. Ré
fléchissez. Comment occuper de la main
d'œuvre, si vous ne créez pas d'usi
nes Comment créer des usines si
vous n'avez pas de capitaux Com
ment alimenter la production de ces
usines si vous n'avez pas de consom
mateurs
Voyez toute la stupidité des répoiir
ses de Moscou. Les capitaux Ils
les cherchent New-York et Lon
dres. Les consommateurs Ils les
provoquent par un dumping immoral
en imposant la misère aux ouvriers de
nos pays pour le seul profit du cama
rade ouvrier russe. Et les usines
Ils les inventent sans qu'elles répon
dent un besoin.
Et nous revenons Francqui, créa
teur, esprit constructif et pratique, ma
gnifique énergie mise au service du
pays. Nous lui opposons les politiciens
financiers pour qui la création d in
dustries et de sociétés anonymes ne
correspondait pas un besoin éco
nomique, mais des avantages per
sonnels. Le but n'était pas la produc
tion, mais le conseil d'administration.
Lisez la belle énumération de Paul
Crockaert, dans Le Soir de mercredi
dernier, de ces sociétés fantaisistes qui
ont dainé la richesse belge. Francqui
a fait œuvre durable ces politiciens
ont poursuivi leur profit personnel.
Ils étaient presque tous démocrates
Mais ils avaient pris en mains ces le
viers de commande grâce leurs man
dats politiques. Ils n en connaissaient
rien. Ils ont ruiné la Belgique.
Nous le répétons un pays ne peut
durer que s'il possède une catégorie
stable et traditionnelle de riches, qui
trouvent dans leur tradition et dans
leur aristocratie, l'impérieux devoir de
favoriser par le mécénat la vie cultu- J
relie et artistique du pays. Quand
l'abcès de la démocratie a décourage
les classes supérieures, leur a fait ou
blier leur mission, c'est la décadence
irrémédiable. C est le vaudeville, le
film vedettes, le mobilier de série,
le bar de nuit et les stupéfiants.
Cela c'est la Finance c'est le Trust
c'est Stavisky et en Belgique c'est...
lisez Rex
La Richesse, c'est le goût du beau,
le prix de la valeur spirituelle atta
chée un objet, l'accomplissement de
ce devoir de charité conseillé par le
Pape dans une Encyclique le devoir
de munificence.
C. v. R.
Le Congrès du Parti Socialiste n'a
pas été très heureux pour le Ministère
Van Zeeland.
L'habile, le très habile politicien
Emile Vandervelde a jeté un pavé dans
la mare la circulaire du Ministre de
l'Intérieur au sujet des attributions des
provinces et communes. En agissant
ainsi, le Ministre d'Etat Vandervelde,
qui fait partie du fameux trio des bel
les-mères du gouvernement, a manqué
toutefe les règles de la courtoisie mi
nistérielle. On ne fait pas ces choses-
là On ne cafarde pas en public les
petits démêlés du ménage ministériel.
Mais ce qui est plus grave, c'est que
la circulaire du Ministre de l'Intérieur
est excellente. Elle prescrit aux conseils
provinciaux et communaux de rester
dans leurs attributions, et notamment
de ne pas se mêler de politique géné
rale et de ne discuter que les questions
de leur compétence.
Ce ne sont pas des Parlements en
miniature, et il est inutile que des
orateurs y usent leur salive en vain pour
y discuter du conflit éthiopien ou de
la politique moscoutaire.
Le Ministre de l'Intérieur a tout sim
plement remis de l'ordre dans la mai
son. Mais nous reconnaissons bien vo
lontiers que notre ami du Bus de War-
naffe aime les explosifs, que ce soit une
cartouche ou un pétard.
Cela s'arrangera Ce qui est plus
grave, ce sont les affirmations très com
promettantes des socialistes quant au
programme du gouvernement actuel.
Mais il ne faut pas attacher une im
portance excessive ces affirmations.
Les ministres se défendent comme ils
peuvent devant leurs comitards.
Vous vous souvenez de notre article
Quatre plans pour un franc Le
petit jeu continue. Catholiques, libé
raux et socialistes revendiquent cha
cun pour leur compte l'action du gou
vernement van Zeeland. Il n'y a qu'une
morale tirer de cette histoire c'est
que tous estiment que le gouvernement
ne fait pas trop mauvaise besogne.
Cependant un malaise subsistera la
suite de ce congrès socialiste. Voilà
où mène la politique de partis Cha
cun tire la couverture soi. On tra
vaille pour le parti, avant de s'occu
per du pays.
LE SUD.
LISEZ DANS LE SUD
Page 2 Chronique aéronautique.
Propos de l'Oncle Bep.
Page 3 Chronique Horticole. Co
lombophilie. Feuilleton.
Page 4 Le Sud dans le Nord.
Pages 5, 6, 7, 10, 11 et 12 Chroni
ques de la région.
Page 8 Au littoral.
Page 9 Bruges.
Page 13 La journée des ailes
Ypres.
Pages 14 et 15 Pour la Femme.
Page 16 Petites annonces. An
nonces notariales. Cinéma.
Marchés.
En principe la West-vlaamsche doit-
elle subsister Non.
La Westvlaamsche a été créée sans
but lucratif. C'est un service rendu
la population de la Province. Tout
l'esprit de cette institution se trouve
dans ses statuts. On ne peut nier que
par cet esprit même, la Westvlaamsche
a comme premier devoir d'abdiquer
dès qu'il est démontré qu'elle est in
utile.
Inutilité prouvée dès que l'on se trou
ve devant des démarches précises de
sociétés industrielles qui offrent de re
prendre des conditions suffisantes, le
réseau de la coopérative provinciale et
garantissent de fournir le courant aux
consommateurs au prix actuel ou un
prix inférieur.
D'après nous cette possibilité de re
prise existe, et il nous semble que le
premier devoir de la Province est d'en
étudier le plus rapidement possible la
réalisation. Ainsi la Province aura ac
compli sa mission d'ordre supplétif."'
Mais ce qui dès maintenant est démon
tré c'est que les sociétés industrielles
établies en Westflandre cherchant s'é
tendre, rencontrent l'appui des com
munes, et se heurtent l'opposition
de la Westvlaamsche.
Donc, loin de se borner son rôle,
la coopérative provinciale voudrait ga
gner du terrain, ou même supplanter
les sociétés privées. Ce fait a été plu
sieurs fois démontré. Il y a là un abus
incontestable.
La seule excuse pour la Westvlaam
sche serait de garantir la fourniture du
courant un prix inférieur celui des
sociétés privées. Le contraire est cer
tain si nous parcourons les barèmes des
prix pratiqués dans la Province.
Mais la question ainsi posée nous
conduit un danger dont il ne faut
pas sousévaluer l'importance. Ad
mettons que la Westvlaamsche garan
tisse aux communes qu'elles fournira
le courant un prix inférieur celui
des sociétés concurrentes, nous croyons
difficilement qu'une régie soit capable
de réaliser ce prodige de gestion in
dustrielle. Et alors, que verrons-
nous Le déficit sera comblé... avec
l'argent de la Province, c'est-à-dire du
contribuable. C'est la perpétuelle
aventure de toutes les régies. Il faut y
mettre le holà avant que la province
s'engage dans cette voie dangereuse.
Première conclusion le rôle de la
Westvlaamsche est terminé. Il faut fé
liciter les promoteurs pour leur belle
initiative. La situation actuelle n'est
plus la même. Nous demandons la
Province de ne pas se cramponner, car
ce serait contraire l'esprit de désin
téressement, qui, d'après les statuts, a
présidé la constitution de cette coopé
rative.
(A suivre.)
C. v. R.