Dédié la Presse
des Comitards!
van RENYNGHE
présente
DEGRELLE
LE SUD, dimanche 12 avril 1936.
Les journaux locaux de Westflandre atta
quent LE SUD catholiques, libéraux et
socialistes. Nous dérangeons ces Messieurs
des comités parce que nous voudrions les
dresser comme on dresse les jeunes chiens
en leur mettant le nez dans leurs actions
quotidiennes Leurs mensonges et leur
mauvaise foi ne nous troublent guère. Ils
viennent de découvrir un nouveau thème
le leader de Rex. Nous répondons en leur
dédiant ces extraits d'il y a un an. Il ne
s'agissait pas encore de rexisme, n'est-il pas
vrai.
Mais il s'agissait de propreté. Il s'agissait
de notre pays, du peuple de Belgique. Notre
pays, ils s'en fichent notre peuple ils
l'ignorent. Ils ne connaissent que trois épi
ceries électorales les boutiques catholique,
libérale et socialiste. Relisez ces extraits, et
appréciez les articles des journaux électoraux
de Wèstflandre.
6 janvier 1935.
Les mandataires trahissent leur mis
sion cause de la lente déformation
du régime. Elus par la Société, ils pas
sent le lendemain de l'élection du côté
de l'Etat. Ils cessent de contrôler le
pouvoir, n'ayant comme objet que de
devenir le pouvoir eux-mêmes. Plus
personne n'est sa place. C'est le dé
sordre et le gâchis. Et l'être humain,
l'homme en tant que membre de la
Société se trouve sans défense, ses
mandataires l'ayant trahi. Pour dé
fendre la Société, il faut chercher des
hommes qui ne soient pas passés dans
le camp de l'Etat. Ces hommes ont
une arme, la presse. La presse indépen
dante est devenue chose rare. Elle
seule peut sauver la Société.
13 janvier 1935.
Il n'y a qu'un but qui compte tirer
le pays de l'ornière en accomplissant
son devoir. La politique est un sacri-'
fice, et non la recherche d'une satis
faction personnelle ou d'une popula
rité artificielle.
27 janvier 1935.
Les collectivités ne sacrifient plus
la raison, cette raison neurasthénique
qui n'était plus devenue que l'art de
gagner de l'argent, honnêtement ou
non. Les peuples ont soif d'idéologie,
d'enthousiasme, de dynamisme. L'art
consiste comprendre et canaliser
ces courants idéologiques pour en obte
nir le meilleur résultat, et n'en pas subir
les dangereuses convulsions.
24 février 1935.
A mon avis la situation politique
est sombre.
La triste expérience de la politi-
caille d'après-guerre, le refrain trop
répété des promesses électorales, la pé
nible déconvenue de la faillite de ces
promesses, me fait songer l'histoire
de l'homme qui criait toujours Au
voleur On ne le croyait plus La
masse ne croit plus les chefs politiques.
Plus aucun, ni ceux du gouvernement,
ni ceux de l'opposition. La masse a
l'impression d'avoir été trompée. Elle
rumine ses désillusions. Elle attend.
C'est le calme avant la tempête.
24 mars chute du ministère Theu-
nis.
L'échec du ministère Theunis est en
cela une tragédie. On voit clairement
la voie suivre les hommes man
quent pour nous conduire dans cette
voie. Devant l'histoire, la démocratie
politique parlementaire aura répon
dre de ce crime elle a étouffé les
élites. Nous manquons d'hommes, nous
manquons de chefs. Nous vivons dans
l'anonymat et l'irresponsabilité. C'est
le triomphe des puissances occultes,
et de la plus puissante de tous la Fi
nance.
14 avril quatre plans pour un
franc.
Dans quelques mois nous appren
drons que le plan van Zeeland, s'il
xéussit est pour les libéraux un plan li
béral, pour les catholiques un plan ca
tholique, pour les socialistes un plan so
cialiste, et pour tous l'art de tirer son
plan.
12 mai 1935.
Tout peut arriver les plus grands
scandales, les pires mensonges, l'échec
le plus éclatant d'un programme élec
toral, vous entendez quinze jours avant
le scrutin le candidat faire appel aux
convictions profondes, efc le tour est
joué. Dans pareil régime tout est per
mis, car une étiquette suffit mainte
nir les masses.
Chez nous les politiciens sont tous
disposés faire appel aux convictions
profondes. Il suffit de lire dans notre
région, les hebdomadaires qui ne s'in
téressent pas au bien général mais
simplement l'influence d'un groupe,
et qui sont rédigés par les mercenaires
ou les professionnels de la politique
de partis pour sentir tout ce que cette
petite et basse politicaille a de nuisi
ble et de médiocre. Jamais vous ne
découvrirez la défense d'une idée dans
le but de faire du bien avec désinté
ressement. On sent cette arrière-pensée
du parti politique en tout et cette obli
gation de nier chez les autres toute
possibilité de poser un acte utile la
collectivité.
19 mai 1935.
U est interdit de faire le bien. Il est
interdit de travailler l'union de tous
ceux qui devraient collaborer une
cause commune. La politique des partis
est négative, elle s'oppose, elle com
bat, elle détruit. Elle n'existe qu'en
fonction de la lutte mener contre
l'adversaire politique.
Le pays le sent. Le pays le com
prend, et il en a assez. L'heure est ve
nue de reconstruire. Nous prétendons
utiliser toutes les forces vives et saines
de la région pour travailler la recon
struction matérielle et spirituelle de ce
que la politique des partis a détruit.
C'est cela dont les politiciens enra
gent. C'est cela qui explique un arti
cle violent contre notre action dans
le journal officiel de la comitardite
socialiste. Ah non nous ne suivons
pas les règles du jeu Si nous comp
tons chaque jour de nouveaux amis,
c'est que l'action entamée par LE
SUD est orientée vers l'avenir, est
constructive, tenace et volontaire. Nous
dérangeons le politicien C'est la preu
ve la plus évidente de ce que nous fai
sons œuvre utile.
26 mai 1935.
Le corps électoral est bien résigné
n'y plus rien comprendre, jusqu'au jour
où cette résignation deviendra de la
colère. Les mandataires demandent
simplement de profiter le plus long
temps possible du régime, et avec un
minimum de fatigue.
Et dernier extrait du 7 juillet Fu
mier
Ce sont là nos chefs, nos dirigeants,
nos grands hommes Et quand nous
voyons alors, dans la presse locale de
nos provinces, les petits politiciens, les
médiocres, les comitards, aligner mé
thodiquement dans les colonnes de
leurs hebdomadaires, chaque diman
che, leurs petits tas d'excréments, est-
il excessif de croire que ce mal est sans
remèdes, que ce régime est sans réfor
me possible, et que c'est un régime
nouveau et propre, avec un cadre nou
veau et non compromis qu'il faut no
tre peuple de Belgique. Dites-le, est-ce
excessif
- -vnkrùe ih- -ltftfiU*. Di?*à
Avez-vous lu les commentaires de la
presse locale au sujet de la présentation de
Degrelle, lors de sa conférence Ypres
van Renynghe y fit, paraît-il, profession de
foi rexiste Si le fait de dire la vérité vous
range du coup dans le camp rexiste, c'est un
bel éloge pour Degrelle. Mais avant la créa
tion du Front populaire nous avions écrit
dans le LE SUD du 20 janvier 1935 ce
que nous avons redit le 23 mars 1936.
BILLET POLITIQUE
Nous écrivions il y a trois semaines
en 1935 plus d'un abcès crèvera Cela
n'est pas fait pour nous réjouir. Mais nous
devons constater que les événements se hâ
tent de nous donner raison. Ne discutons
pas du fond de l'affaire Van Cauwelaert
Vous voulez savoir exactement comment
nous envisageons cette pénible histoire
M. le ministre Frans Van Cauwelaert est
LA PREMIERE VICTIME de la déforma
tion ou de la décomposition du régime
politique parlementaire.
VICTIME, certainement, victime de
l'ambiance, du régime des facilités, de tout
ce libéralisme politico-économique et po
litico-financier.
En Belgique il n'y a plus de personna
lités il y a des groupes, des influences,
des puissances, et pour tout gérer, des man
dataires de groupes puissants et influents.
Puisque l'économie libérale a sombré, et
que tous les producteurs se sont précipités
dans les bras de l'Etat pour obtenir aide
et protection, avantages ou privilèges, tous
les producteurs ont dû faire intervenir ceux
qui tenaient les postes principaux dans
l'Etat. Non, il n'y eut pas concession, cor
ruption, et mille autres vilenies. Ce fut
tout simplement l'évolution logique du ré
gime politique parlementaire des partis
aux prises avec une évolution de l'économie
du pays vers ce que l'on appelle l'écono
mie dirigée.
Cette évolution a provoqué une évidente
pénétration de la politique dans la fi
nance, et réciproquement. Les gouverne
ments gaspilleurs de la tripartite, ont jeté
l'Etat dans les bras des banquiers. Tous
les partis politiques sont compromis au
même degré. Dans la mesure où ils étaient
près de la tarte, ils en ont tous léché la crè
me. En période de prospérité cela provo
quait des sourires en période de crise cela
engendre l'indignation.
Défenseurs de la Société, nous sommes
et restons spectateurs objectifs des convul
sions de l'Etat. Cet Etat ne se guérira pas
le mal est trop complexe. Nos aînés ont
fait une telle salade de l'économique et
du politique, du politique et du social, du
social et du religieux, du religieux et du
financier, que dans ce panier de fruits
trop mûrs, il est vain de vouloir conserver
des fruits sains
Le mal est ancien. Combien de fois l'a
vons nous dénoncé C'était en 1924 Nous
analysions les erreurs du régime Il s'agis
sait de mettre sur pied un mouvement pour
la réforme dans l'Etat. Nos aînés applau
dissaient nos efforts. Nous étions la géné
ration issue de la guerre On approuvait
notre plan de réforme et nous étions offi
ciellement embrassés.et tués par nos aînés.
Qu'importe L'effort était poursuivi et
en 1926, nous attachions le grelot de la ré
organisation du parti. Nous ouvrions une
enquête, et nous rencontrions l'unanimité
de tous sur un programme précis de ré
formes.
Pendant quatre ans nous avons demandé
le suffrage familial, et notre ami Etienne de
la Vallée mena ce sujet une campagne
magnifique. On nous approuva, on en
couragea ces efforts, et on maintint finale
ment au programme du parti... le suffrage
des femmes
En 1928 nous avons donné des articles
contre la concentration bancaire, et la main
mise de la Finance sur notre Colonie. Nos
aînés firent cesser la campagne, en nous dé
montrant que cette concentration était sans
danger, et que l'économie coloniale restait
indépendante Qui a été dans l'erreur
En 1930-1931, nous avons fait campagne
pour obtenir la réunion d'un grand Congrès
de Malines. Il fallait tirer des Encycliques
les conseils pratiques appliquables notre
pays. La jeunesse accédait avec enthousiasme
ce programme d'un congrès catholique en
dehors de toute politique. Notre initiative
a été torpillée par un groupe politique pour
des raisons d'ordre bancaire
C'est en 1931-1932 que nous avons sus
cité un mouvement de jeunesse pour aboutie
la réorganisation de l'Union Catholique.
Pendant cette année au cours de conver
sations, de réunions, de rapprochements,
d'enquêtes, combien de fois avons-nous
rencontré chez nos dirigeants, l'un l'égard
de l'autre, rien que de la petitesse, de la
méfiance, de l'égotsme. Cependant là nous
sommes arrivés un certain résultat grâce
l'obstination patiente et calme d'Edmond
Rubbens.
De 1931 1933 combien de fois avons-
nous dit et redit nos aînés, que le mouve
ment flamand périssait dans la médiocrité
cause de la comitardite et de cette ter
rible standsorganisatie.
Il a fallu novembre 1934 pour qu'à
l'Union Catholique, son Président, M. Poul-
let le reconnaisse.
Ensuite, ce furent les Congrès de l'Esprit
Nouveau en 1932 et en 1933 ou nous de
mandions d'urgence nos aînés un redres
sement moral de la situation politique du
pays. Et le couronnement auquel nous
voulions aboutir ce fut le Congrès de Dî
nant en novembre 1933On se prit espé
rer. En vain
Pendant 10 ans la jeunesse a demandé
au personnel politique d'opérer les réfor
mes indispensables. Pendant 10 ans on a
laissé le mal s'aggraver, et rien d'important
n'a été fait. Nous l'avons déclaré, ouverte
ment, en novembre dernier, l'Union Ca
tholique.
Rien de plus chez les libéraux. Rien
de plus chez les socialistes, malgré tout
leur vacarme.
On est arrivé l'échéance. Elle est terri
blement lourde.
Autour de la première victime nous
voyons se jouer une comédie odieuse. Cha
cun veut être le plus malin et tirer toute
la couverture soi. C'est un cirque où les
maîtres voltigeurs font d'ahurissantes pi
rouettes.
Aux jeunes conserver leur sang-froid.
Au pays laisser les lutteurs vider leurs
querelles au milieu de la piste. Mar
quons les points.
Jusqu'ici nos aînés n'ont donné la jeu
nesse aucun gage d'une volonté sincère do
réforme. Organisons en dehors de toutes
ces querelles, dans l'intérêt de tous, la So
ciété.
1 Ch. van RENYNGHE.