3e ANNEE No 20.
Hebdomadaire 50 cent, le numéro.
DIMANCHE 17 MAI 1936.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se cris
tallise dans la volonté du pouvoir.
I
ABONNEMENT 1 AN 20 FRANCS
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout. Y PRES. Compte-chèques postaux 1003.43.
I
Nos aînée liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Les principes et les hommes.
Combien' de fois n'avons-nous pas
dénoncé l'« étiquette politique
Le Sud s'est adressé depuis deux
ans au citoyen, l'homme réel, et
non pas au politicien. Le politicien tue
les initiatives, paralyse tout ce qui
n'est pas fait par son groupement. Il
n'y a plus d'esprit créateur, d'imagina
tion, d'enthousiasme. Tout acte posé
doit être catholique, libéral ou socia
liste il faut pouvoir en tirer aux élec
tions suivantes un bénéfice électoral.
L'étiquette politique a été exploitée
avec tellement de science et de persé
vérance, que la Nation étouffe sous
l'emprise des politiciens.
Or aucune raison ne peut faire mo
difier cet état de fait, tant que les
C trois grands partis traditionnels ex
ploitent la société anonyme Belgique.
Le citoyen naît avec une étiquette po
litique, et avant qu'il n'ait son état-
civîl rédigé, on songe déjà dans les
milieux dirigeants l'électeur qu'il se
ra dans vingt ans
Un jour un homme d'Etat catholi
que qui je reprochais son inertie, me
répondait Il ne faut pas brusquer
le corps électoral. Nous aurons tôt ou
tard la majorité absolue, parce que
les électeurs catholiques ont plus d'en
fants que les électeurs libéraux et so
cialistes Voyez-vous cela les politi
ciens escomptent 10, 20 ou 40 ans
l'avance les voix de vos enfants ou de
vos petits-enfants. Vous êtes les escla
ves dociles, qui accroissez le cheptel
électoral des politiciens.
Au nom des grands principes on
parviendra toujours faire marcher le
troupeau. Les politiciens peuvent dor
mir en paix, tripoter, croupir dans la
médiocrité, exploiter leurs mandats,
l'avenir leur appartient, car vous, et
vos enfants, et vos petits-enfants, jus
qu'à la consommation des siècles de
vront voter pour les partis dont ils
sont les soldats
LES TRAITRES
Mais l'avenir n'appartient ces
Messieurs que dans la mesure où le
corps électoral se laisse tromper, leur
rer, rouler. Pouvions-nous espérer que
les politiciens RENDENT LA LI
BERTÉ A L'ELECTEUR Je sou
ligne cette expression car elle est cou
rante dans le vocabulaire politique et
elle démontre que l'état normal de
l'électeur est de ne pas être libre, mais,
bien au contraire, d'être lié son par
ti. Quel est le candidat-député qui
permettra l'électeur inscrit dans son
association de voter pour un candidat
d'une autre liste sans l'accuser de tra
hison. Si vingt ans vous êtes mem
bre d'un parti, soixante ans votre
devoir et votre conscience
vcyis obligent voter pour le même
parti, et vos enfants et vos petits-en
fants doivent suivre la tradition
sinon ils trahissent leur cause.
Même si les partis commettent les
pires bêtises s'ils ne comprennent rien
l'évolution des idées s'ils font des
lois idiotes si les mandataires rem
plissent leurs poches et gaspillent l'ar
gent des contribuables s'ils vous dé
goûtent, si vous n'en voulez pas, si
vous voulez qu'ils changent et que
cela change même alors vous leur
devez fidélité, respect et vénération,
sinon vous êtes des traîtres
POUR SECOUER LE jOUG.
L'expérience a démontré suffi
sance que les politiciens sont eux-mê
mes prisonniers de leurs partis et de
leurs organisations;'; que d'eux-mê
mes ils ne rendront jamais la liberté
aux électeurs que seul un mouvement
extérieur aux trois grands partis tradi
tionnels pourra libérer le citoyen bel
ge de l'esclavage des étiquettes poli
tiques.
Pour secouer ce joug, des hommes
de bonne volonté, l'esprit élevé, pa
triotes ardents, ont fait, pendant de
longues années, appel la raison. Ce
fut en vain. Ces hommes prétendaient
juste titre que l'on ne pouvait éter
nellement diviser les Belges en trois
catégories de citoyens, catégories qui
se combattent, s'ignorent et se haïs
sent. La nature de l'homme exige qu'il
vive en société, et la vie en société
n'est possible que dans un esprit de
collaboration et de solidarité. La po
litique des partis cultive depuis la ten
dre enfance, depuis le collège, le mé
pris et la haine entre les citoyens d'u
ne même nation. L'idéal que l'on don
ne la jeunesse est de crier A bas
quelqu'un ou quelque chose Com
ment voulez-vous qu'ainsi vive une na
tion
La vie d'un peuple est une œuvre
de volonté collective. Au dix-neuvième
siècle les peuples pouvaient s'offrii le
luxe de gaspiller en luttes fratricides
un capital séculaire de civilisation chré
tienne. Le capital est épuisé, et de
ces luttes il ne subsiste qu'une immense
lassitude. Les peuples qui ne sur
monteront pas cette lassitude périront.
Et cette lassitude ne peut être vaincue
qu'en libérant le pays de la dictature
des groupes et des comités politiques,
qu'en secouant le joug.
PAR LE SCANDALE
La raison ayant échoué, les hommes
politiques ont fourni eux-mêmes les ar
guments, et il faut déplorer amèrement
que ces arguments conduisent dénon
cer partout et tous moments des
scandales. Rien n'est plus énervant
pour un pays que de vivre dans une at
mosphère de suspicion et de dénon
ciation. Mais quels sont les respon
sables ceux qui ont commis les scan
dales ou ceux qui les dénoncent
Qui sont les responsables ceux qui
s'indignent de ces scandales ou ceux
qui s'efforcent de les couvrir
Les campagnes de Rex sont re
grettables et nécessaires, pénibles et
indispensables. Mais elles ont avant
tout comme excuse, que ceux qui ont
demandé poliment aux dirigeants de
réagir n'ont jamais été écoutés. Il
faut traiter les animaux avec douceur,
d'accord. Mais quand les mulets sont
trop têtus, ils n'avancent qu'à coups
de triques. Le comble de l'hypo
crisie du régime est de reprocher au
rexisme son indignation devant les
abus, quand les dirigeants savent par
faitement que notre société souffre
avant tout d'une crise morale, et que
les abus dénoncés ne sont pas le tiers
du quart des abus réels, l'Etat,
la province, la commune, partout où
le mandataire politique a exploité son
mandat.
COMMENT ILS SE DÉFENDENT
Les mandataires politiques, devant
cette offensive indignée oublient leurs
anciennes querelles, et nous voyons ca
tholiques, libéraux et socialistes créer
l'union sacrée contre le rexisme.
N'est-ce pas s'avouer coupables
N'est-ce pas condamner les partis au
pouvoir et le régime qu'ils exploitent.
Répondez froidement et en saine
raison. Avez-vous vu déjà en Bel
gique ce spectacle admirable l'unani
mité des politiciens Et vous allez me
dire que cette unanimité a comme cause
l'amour de la Patrie. Croyez-moi, ce
n'est pas le drapeau qu'ils défendent,
mais le balai qui leur fait peur.
Et cependant, ils ne sont pas tous
pourris, loin de là. 11 y a dans l'équipe
gouvernementale actuelle et parmi les
dirigeants des personnalités de tout
premier plan, intègres, dévouées, dés
intéressées. Mais elles sont prisonnières
et impuissantes. Elles traînent der-
rirèe elles, le boulet de toutes les comi-
tardites et de toutes les médiocrités qui
forment les cadres des partis. Elles ne
peuvent rien faire. Elles sont para
lysées, vaincues par leurs sous-ordres
LE ROLE DE REX.
C'est pourquoi le Sud soutient
le mouvement rexiste au cours de cette
campagne électorale. Rien ne se fera
en tant que réforme de l'Etat ou redres
sement du régime si Rex ne rem
porte pas aux élections un succès mar
quant. Les hommes de bonne vo
lonté des trois grands partis tradition
nels seront définitivement impuissants.
Les exploiteurs et les profiteurs redres
seront la tête et se croiront lavés de
toute souillure. Plus que jamais l'épar
gne sera mise au pillage, et de géné
rations en générations, les foyers catho
liques, libéraux et socialistes de Bel
gique se haïront. La religion restera
l'objet de cette lutte, et les Belges mé
prisant l'admirable leçon de leur Reine,
n'apprendront pas s'aimer les uns le»
autres.
Car il ne faut pas confondre les Bel
ges et les politiciens. Rex atta
que les hommes politiques, il n'attque
pas les citoyens.
LA POSITION DU SUD
Le Sud a promis ses lecteurs
de leur donner au cours des élections
tous les éléments du dossier. II fal
lait qu'en Westflandre l'électeur puisse
librement choisir entre les partis tra
ditionnels, ou cette tendance nouvelle
qu'est le mouvement rexiste. Le
Sud a rempli sa mission en donnant
au mouvement rexistes les moyens de
courir sa chance. Je crois person
nellement que dans l'état actuel de la
politique des partis, c'est rendre un ser
vice au pays que de soutenir le mou
vement rexiste, car quoiqu'il advienne
le rexisme aura fait avancer la réforme
de l'Etat. Réfléchissez, pesez le
pour et le contre, et voyez le 24 mai
comment vous pouvez le mieux servir
la Belgique.
C'est pourquoi j'ai refusé obstiné
ment tout mandat politique, afin de
rester libre d'exposer, sans passion, les
données du problème mes lecteurs,
et de juger, objectivement, après les
élections, l'attitude des mandataires du
mouvement rexiste.
ET A LA PROVINCE.
Quant aux élections provinciales,
l'attitude que j'ai prise correspond aux
idées que, depuis dix ans, j'ai défen
dues avèc le plus d'acharnement an
conseil provincial pas de politique.
Le mandat provincial est d'intérêt ré
gional est économique. Le Sud
a un programme complet de réalisa
tions pour la province de Westflandre.
C'est un programme pratique qu'il dé
fendra au conseil provincial, et c'est en
dehors de toute attitude partisane que
je prends en main la défense des inté
rêts économiques et corporatifs de la
région aux élections provinciales.
Ch. van RENYNGHE.
LISEZ DANS LE SUD
Page 2 Chronique Aéronautique.
Page 3 Colombophilie.
Page 4 s Le Sud dans le Nord.
Pages 5, 6, 7, 10 et 11 Chront-
niques de la région.
Page 8 Au Littoral.
Page 13 Les Sports.
Pages 14 et 15 Pour la Femme.
Page 16 Petites annonces. An
nonces notariales. Cinéma.