LE SUD DANS LE NORD
Lettre de France.
Léon Grillet
■ABONNEMENT: 18 francs français.
LA NOUVELLE EXPERIENCE
FRANÇAISE.
CONGÉS PAYÉS ET TOURISME.
UNE EXPERIENCE CORPORATIVE
DANS LE PAS-DE-CALAIS.
LE TOURISME EN FRANCE
Agent de change correspondant
près la Bourse de Bruxelles.
31, RUE DE MENIN, Y P R E S
Téléph. 144
BOURSE TITRES
COUPONS CHANGE.
Bureau ouvert le dimanche
pendant la saison
t*
Ce serait, au point de vue politique,
commettre une lourde faute que de ne pas
accorder la nouvelle expérience française
toute l'attention qu'elle mérite. Bien que
conduite par des hommes auxquels ne vont
par les sympathies de larges couches de l'o
pinion, il faut cependant l'étudier de très
près afin de dégager la ligne générale, et
surtout les conséquences possibles, tant au
point de vue intérieur qu'extérieur. Faut-il
dire qu'il est encore trop tôt pour que l'on
puisse se prononcer en connaissance de
cause On peut cependant dès présent
esquisser les conditions dans lesquelles elle
se déroule, et en montrer tout le côté fac
tice.
i Ce qu'il importe de souligner avant tout,
c'est que la nouvelle expérience se déroule
sans opposition cohérente. L'étemelle fai
blesse de la droite française, ses dissentions,
ses hésitations, ses querelles, son manque de
programme positif facilitent largement la
tâche du gouvernement Blum. La droite paye
actuellement très cher la désinvolture avec
laquelle elle est allée aux élections. Et ce
qui est plus grave, c'est que les événements
actuels ne lui ont pas encore servi de leçon.
En effet, dans aucune des grandes questions
qui ont été discutées au Parlement français,
elle n'est parvenue faire bloc, et les ma
jorités obtenues par le gouvernement ac
tuellement au pouvoir ont varié chaque
scrutin. On a même vu l'opposition se ré
duire 86 voix lors de la discusion de la
doi sur la nationalisation des industries de
guerre. -
Une deuxième caractéristique de l'expé
rience Blum c'est qu'elle se déroule dans
le cadre de la légalité, tout au moins jusqu'à
présent. Certes l'invalidation de l'élection de
MM. Chiappe et Henriot, et le discours dans
lequel M. Salengro, ministre de l'Intérieur
fit allusion un appel la rue en cas
de mise en minorité du gouvernement ac
tuel, indiquent nettement les intentions se
crètes du bloc socialo-communiste. Il en est
de même des menaces qui accompagnent
la loi sur la déclaration des avoirs détenus
l'étranger. Mais il n'en est pas moins vrai
que, jusqu'à présent, au point de vue de
l'évolution propre de l'expérience, on n'a
pas encore eu recours des mesures arbi
traires.
La tentative de Monsieur Blum qui s'ins-
spire, sans dévaluation, des expériences
Roosevelt et Van Zeeland est pleine de har
diesse, on peut même dire de témérité.
Mais ce qu'elle a réalisé jusqu'à présent
manque de base et n'est pas de nature
exercer une influence profonde et salutaire
sur la situation économique. Les grandes
réformes restent faire. On a voulu tra
duire en faits des promesses d'ordre déma
gogique. La semaine de quarante heures,
quoiqu'on pense Monsieur Tasso, sous-se
crétaire d'Etat la Marine, constitue une
menace gfave pour l'économie française
la nationalisation des industries de guerre
n'a que fort peu de rapports avec la résorp
tion du chômage les modifications des sta
tuts de la banque de France ne sont pas
susceptibles, avant longtemps, d'exercer une
action bienfaisante sur la conjoncture fran
çaise.
Dans ces conditions, il apparait visible
ment que le gouvernement a voulu créer
le choc psychologique, et faire penser que
l'on faisait enfin du nouveau, même au dé
triment de l'économie générale du pays.
Mais il est certain que les procédés em
ployés ne pouvaient prétendre arriver ce
bur. du moins dans les classes élevées. Aussi
l'on se contente, simplement dans des buts
démagogiques, de tacher de faire renaître la
confiance dans les masses ouvrières, puor
faire ensuite appel leurs épargnes. L'em
prunt court de terme, et en petites cou
pures, tmis par Monsieur Vincent Auriol,
espérait en profiter. Les rares communiqués
du Ministère des Finances ne semblent pas
indiquer que l'on soit arrivé au résultat es
compté. Il a fallu en effet trois semaines
pour rassembler péniblement un peu plus
de 2 milliards de francs.
Certes, il faut le dire, la politique de dé
flation avait échoué, mais comme le faisait"
fort justement remarquer la tribune du
Parlement M. Paul Reynaud, peu suspect
d'ardeur déflationnniste, l'expérience pré
cédente n'avait pas abouti parce que menée
trop lentement, et de ce fait frappée d'in
certitude quant son issue. De plus, l'op
position tenace des socialistes l'avait rendue
impopulaire, enfin, les événements de la
politique extérieure n'étaient pas non plus
de nature amener cette confiance si né
cessaire lorsqu'il s'agit d'expériences socia
les de large envergure.
Ce qu'il y a d'essentiellement nouveau
dans l'expérience française c'est l'appel la
confiance des masses. Lencadrement des mas
ses dans les organisations syndicales peut-
être aussi bien un moyen de gouvernement
qu'un instrument de révolution, il faut en
convenir, et l'on ne peut reprocher au gou
vernement Blum d'essayer de trouver là un
sérieux point d'appui qui faisait défaut
ses prédécesseurs. Mais l'esprit général qui
règne au sein de la Confédération Générale
du Travail, de même que dans les organi
sations qui en dépendent comme par ex
emple le scandaleux syndicat des instituteurs,
nous montre trop qu'il ne faut pas se faire
trop d'illusions ce sujet.
Nous avons essayé de montrer ce qu'est
la véritable expérience Blum. Nous n'avons
pas insisté sur la fragilité plus réelle qu'ap
parente du Front Populaire. La foi inspire
la discipline et permet de supporter les sa
crifices. La foi n'accompagnait pas la dé
flation. Elle a présidé l'expérience Blum,
du moins ses débuts. Mais déjà des si
gnes de lassitude se dessinent. On parlait
ces jours-ci Paris d'une possibilité de crise
ministérielle tant les dissentions étaient
grandes au sein du gouvernement au sujet
de l'attitude prendre dans la question des
livraisons d'armes au gouvernement espa
gnol. D'autre part une fraction très im
portante du groupe, radical-socialiste com
mence être las de la tyrannie de Moscou.
Les événements d'Espagne, les horreurs
d'une guerre civile particulièrement san
glante commencent ouvrir les yeux. Peut-
être faut-il voir, dans les manifestations
actuelles de l'opinion française, l'aube d'un
redressement véritable de la vraie France.
H. F. L.
Les ouvriers français en congé ont pour
la plupart déserté les villes industrielles du
Nord de la France et sont venus prendre
leurs vacances en Belgique.
Si le spectacle de Roubaix-Tourcoing est
véritablement typique cet égard, il en est
de même des villes belges qui ont béné
ficié de cet exode massif.
On signale de source officielle que plus
de 25.000 Français habitant Tourcoing ont
quitté leur ville destination de la Belgique
au cours du dernier week-end.
Le gouvernement français, ému de cet
exode, a donné pour consigne aux muni
cipalités du Nord d'organiser de nombreu
ses réjouissances populaires.
C'est ainsi que des braderies, des con
certs, des bals populaires ont été organisés
dans chaque quartier. Ils n'obtinrent guère
de succès. Des commerçants se sont élevés
violemment contre les facilités accordées
leurs concitoyens désirant voyager en Bel
gique.
D'autre part nous apprenons que le co
mité du Syndicat des commerçants de Tour
coing a décidé d'entreprendre une camoagne
de protection et de défense des intérêts du
commerce local conre la concurrence étran
gère.
Les commerçants ont confié leur situa
tion non seulement aux services publics
intéressés, mais encore plusieurs parle
mentaires et ont soumis un projet de me
suras susceptibles d'atténuer le préjudice
qu'ils subissent comme commerçants. Par
mi ces projets, nous croyons savoir qu'il
en existe un visant tout particulièrement
la fraude.
Le bonheur des uns fait le malheur des
autres. Et plus que jamais le barrières doua
nières et le protectionnisme portent au ma
ximum la tendance au nationalisme écono
mique.
Le corporatisme est l'objet d'une littéra
ture extrêmement abondante. Il est, pour
beaucoup, le remède idéal aux maux dont
nous souffrons, un idéal lointain et encore
inaccessible.
En Belgique, comme en France, il n'existe
encore que des éléments épars, dépourvus,
trop souvent, de l'âme ou de la mystique
corporative, pour reprendre un mot la
mode.
Il faut, cependant, prêter une attention
toute particulière aux réalisations partielles,
limitées dans l'espace elles constituent des
indications instructives, un premier pas dans
une voie que nous devons suivre.
M. Paul Chanson a participé aux jour
nées d'études corporatives de la Sarthe, deux
années successivement il a publié un inté
ressant ouvrage sur les droits des travail
leurs et le corporatisme et de nombreux
articles sur le même 'sujet. Mais il n'est
pas uniquement un théoricien du corpora
tisme président de la Fédération mari
time du port de Calais, il \ait du cor
poratisme. La Fédération qu'il préside
groupe les Employeurs, les importateurs,
les transitaires, les courtiers maritimes
du port elle a conclu, en décembre 1923,
une convention collective avec le syn
dicat des Dockers. M. CHANSON, qui
fut une des chevilles ouvrières de ce
rapprochement, considère cette conven
tion comme une véritable charte conven-
porative du travail. Et, en effet, elle ne
se limite pas fixer et unifier les tarifs
des salaires et les conditions de travail, elle
organise la profession, elle détermine les
conditions d'embauchage, elle reconnaît offi
ciellement le syndicat des dockers comme
la représentation de tous les travailleurs du
port, telle enseigne que les patrons s'en-
gagnent embaucher de préférence et par
priorité les dockers membres de ce syndicat.
Une commission mixte fonctionne en per
manence, la satisfaction générale. Le ré
gime des assurances sociales et des alloca
tions familiales, dans la mesure où la loi
le permet, est organisé sur une base pari
taire. Le syndicat ouvrier a des représen
tants au sein de la commission de sécu
rité qui veille sur la sécurité des travail
leurs du port le syndicat ouvrier a même
tenu accorder une subvention annuelle
cette commission, pour manifester, par
ce geste spontané, qu'il considérait cette
entreprise comme une entreprise com
mune aux patrons et aux ouvriers.
N'est-ce pas, d'ailleurs, un des grands
mérites du corporatisme que de rendre aux
uns et aux autres la conscience de leurs
intérêts communs
Comment ne pas souhaiter, une nouvelle
fois, que l'on adopte, rapidement, les pro
jets qui doivent consacrer, légalement, les
premiers éléments d'une organisation des
professions
La Chambre française a été l'objet d'une
interpellation sur le tourisme qui eût étonné
il y a cinquante ans Le tourisme es de
venu une branche de l'activité économique
de nos pays européens. La Belgique devrait
consacrer au tourisme une activité continue.
C'est pour notre pays une source de richesse
incalculable. Car, outre ce que notre pays
offre visiter nous avons également un
renom d'hospitalité et un prestige moral qui
attirent les visiteurs. Et la Westflandie-
tout particulièrement est intéressée cette
politique touristique.
Voyez les résultats en Italie et les efforts
en Allemagne en faveur du tourisme.
Les chemins de fer italiens ont battu un
record en 1935 quatre millions et demi
de touristes se sont rendus Milan Flo
rence, Rome, Naples en ont reçu chacune-
plus de deux millions plus d'un million
de touristes ont visité Gênes, Venise, Bo
logne, Trieste, Padoue. Dix-neuf autres villes-
ont été visitées par un nombre de touristes
variant de 300.000 500.000.
Les chèques touristiques seront insti
tués prochainement. Entretemps, le service
des lettres de crédit touristiques a com
mencé foncionner. Ces dernières ne peu
vent être acquises, qu'à l'extérieur près des
organismes accrédités par l'Institut natio
nal des changes. Ces organismes ont été
également autorisés disposer, dans les
mêmes conditions que pour les lettres
de crédit touristiques, de paiemens en
lires italiennes en faveur d'organisations
touristiques en Italie et colonies, pour
le remboursement de bons relatifs
des dépenses de nature touristique. D'autre-
part, les touristes qui se rendent en Italie
peuvent acheter près des agences de voyages
l'étranger des bons d'hôtel payables
en devises étrangères au même taux que les
lettres de crédit touristiques Ces tou
ristes ont le loisir d'acquérir également des
bons d'essense et d'hôtel près des offices
touristiques de la frontière.
A dater du 1er mai, de nouveaux avan
tages ont été octroyés par les chemins de-
fer allemands aux voyageurs qui résident
normalement l'étranger
1. La réduction de 60 p. c. accordée aux
voyageurs étrangers sous la double condi
tion d'un séjour minimum de sept jours et
maximum de trois mois, a été prorogée dir
31 octobre 1936 au 30 janvier 1937
2. Cette réduction est étendue aux sup
pléments pour trains de luxe et rapides
3. Il est perçu, pour la délivrance des
carnets de voyages, une taxe de 5 p. C-
sur les prix réduits, mais qui ne peut dé
passer 5 marks.
Ces facultés s'appliquent tant aux étran
gers qu'aux nationaux allemands qui onc
leur résidence habituelle hors de l'Alle
magne.
Que fera la France pour élever son tou
risme Des élections Ou des discours
Ou une taxe de 35 francs sur tout cycliste
qui franchit la frontière