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La Voix de son Maître
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Baron Noël de VINCK Zonnebeke
Daniel LELEU
LE SUD, dimanche 9 août 1936
BILLET DE BRUGES
LES MONTS DE FLANDRE
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Siège social GAND.
YPRES et environs
COMINES
Bruges.
L'événement de la saison 1936 sera bien
l'ouverture du Musée Brangewijn. Une
visite du critique Richard Dupierreux lui a
inspiré u narticle excellent paru dans Le
Soir et dont nous donnons l'extrait sui
vant
Quand il dessine ou quand il peint les
grands ponts qu'il affectionne celui de
Sobiano, celui d'Albi, celui d'Alcantara ou
celui de Bernard Castle, ce n'est point
seulement pour évoquer, ai traits hachés,
brutaux, âprement mordus, la magnificence
et la hardiesse des constructions humaines,
c'est pour souligner une antithèse et pour
montrer le peu que nous sommes devant les
édifices nés de notre orgueil. On sent, chez
Brangwijn, une philosophie qui devait trou
ver dans la guerre et dans la tragédie chré
tienne les occasions les plus incontestables
de s'exprimer complètement.
Les dessins sur pierre que lui ont ins
pirés la bataille des Flandres, les villes bom
bardées, la retraite, le transport d'un blessé
bord d'un bateau-hôpital, sont d'un pa
thétique poignant. Regardons simplement
son Dixmude où des soldats marchent
courbés sous un coup de lumière, tandis que,
dans la nuit, fument les murailles incen
diées, et nous comprendrons quelle profon
deur d'humanité Brangwijn a su conférer
sa vision.
En a-t-il mis autant dans les compositions
qu'il a faites d'après la Passion Peut-être,
encore que je ne sois pas certain qu'il ait
vu dans la tragédie du Christ plus que ce
qu'il a surpris de poignant dans le drame
des travailleurs le puddleur, le batteur
de fer ou le scieur de long. Son Christ,
âprement étudié dans les crispations de sa
chair, c'est un homme qui souffre, comme
les autres. Brangwijn est trop près de notre
terre, trop lié nos angoisses nous, pour
avoir donné la divinité un autre accent
que celui que la douleur confère au visage
des hommes.
Si nous voulions considérer cet artiste
non plus pour essayer de synthétiser son
inspiration, mais pour caractériser sa ma
nière, nous devrions parler surtout de l'éton
nante perfection de ses diverses techniques.
Mais, partout, qu'il se serve de l'huile, de
la gouache, de l'aquarelle, du fusain, de
l'encre ou de la sanguine, qu'il taille le
cuivre ou dessine même la pierre, nous
sommes en présence de procédés qui révè
lent souvent les habitudes d'un décorateur
et d'un illustrateur. Sa stylisation s'y accuse
d'un cerné lorsque Brangwijn a recours
la couleur, il isole des tons simples et
plats, et lorsqu'il se borne au noir et blanc,
il situe dans des masses sombres des éclai
rages comme projetés par un phare. Ce parti
pris technique, cette habileté consommée nui
sent quelquefois la sensibilité et aux va
leurs profondes de l'œuvre, au bénéfice de
qualités plus exclusivement extérieures.
Mais ce ne sont là que réserves de détail,
sur lesquelles il serait superflu d'insister
au moment où le nouveau Musée Brang
wijn nous offre tant d'occasions d'admirer
et de nous émouvoir devant l'œuvre d'un
très grand artiste, qui nous est aujourd'hui,
grâce la générosité, présentée dans son
admirable diversité.
Dans le diocèse Mgr. l'Evêque de Bruges
a nommé Curé Woumen, M. l'Abbé
Ruyssen, directeur de l'école professionnelle
d'Ostende curé Ploegsteert, M. l'abbé
De Jaegher, curé Zuydschoote, en rem
placement de M. l'abbé Vynckier, qui prend
sa retraite curé Zuydschoote, M. l'abbé
Gruwier, vicaire la paroisse St-Hilonius,
Iseghem directeur de l'école profession
nelle d'Ostende, M. l'abbé Maes, professeur
au collège St-Louis Bruges.
La procession de N.-D. des Aveugles aura
lieu cette année le dimanche 16 août.
U vient de paraître une nouvelle édition
du guide français Bruges, ville d'art en
vente au prix de trois francs.
Nous parcourons la plaine de Flandre
au loin s'étendent les champs et les prés,
coupés de haies et de rideaux d'arbres
parfois, un bosquet. C'est le pays des ruis
seaux silencieux, coulant paresseusement
entre des rives limoneuses. C'est la terre
grasse et fertile de la race flamande, ob
stinée au travail, indépendante et fière, réa
liste en art.
Nous avons quitté Ypres et nous allons
dans la plaine. Une pièce d'eau scintille
là-bas au soleil c'est l'étang de Dicke-
busch, aux eaux bleues sous le ciel d'été
des peupliers et des arbrisseaux sur les rives,
de la clarté répandue flots.
Rien n'y rappelle les lacs sourcilleux des
montagnes, cernés de sombres conifères,
ni les étangs ardennais, aux rives débor
dantes de végétation. Il y a dans ces étangs
de Flandre comme un peu de l'immensité
de la mer. Et notre randonnée se pour
suit des pâturages, des champs de blé
doré, des fossés aux eaux dormantes.
Les villages, aux toits rouges, ont un
aspect cossu les maisons sont neuves. C'est
que, sur cette terre riche et hospitalière, l'af
freuse tourmente de la guerre se déchaîna
ce furent des champs d'épouvante et de
mort. Que d'atroces souvenirs pour ceux qui
virent ce pauvre sol déchiqueté, les rives
des étangs remuées, les maisons émiettées
Le spectacle change là-bas, le sol de
Flandre se soulève en vastes plis nous
approchons des West-Vla nnsche Bergen
les Monts de Flandre
Des monts De modestes co'dnes sans
doute Elles s'élèvent en longues pentes
boisées, massives et se prolongent au loin.
Ce sont des collines, mais dans la plaine
immense, elles ont une majesté singulière
et les yeux ne peuvent s'en détacher.
Le village de Kernmel est là, avenant,
neuf, propre. Le chemin montant là-haut,
s'amorce près de la place, et notre petite
ascension commence, entre les haies vives,
le long des bosquets. Ces pentes labourées
naguère par les obus, ont reptis leur pa
rure sylvestre. Nous atteignons le somma
159 mètres d'altitude». La tour-belvédère-
est là et nous y montons.
L'horizon est grandiose voici Ypres, ses
hautes tours blanches, ses maisons entassées,
l'étang de Dickebusch tout miroitant au so
leil, ou plein d'azur. Vers la Fran 'e, Armen.
tières et Bailleul. Mais au-delà, l'œil se
perd la longue, on parvient cependant
discerner tout un monde voilà les tours
de Dunkerque, Fumes, les dunes jaunes Je
La Panne, Nieuport et son phare, Ostende,
Bruges, Courtrai, Lille, le beffroi et les
usines de Douai a, enfin, de lointaines
collines, perdues dans la brume elles aussi
sont promues au rang de monts ce so.at
les Monts de Picardie, et comme ceux de
Flandre, leurs versants virent les hé'acmbes
de la guerre. On discerne la crête de Vi.nv,
là-bas entre Lens et Béthune, et la silhouette
du Monument canadien, inauguré il y a
quelques jours peine, par le Roi d'Angle
terre.
(A suivre.)
Maurice COSYN,
Conseiller général du T. C. B.
être bien servi pour vos légumes
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