LE SUD DANS LE NOR
Lettre de France
Léon Grillet
LE SUD, dimanche 16 août 1935
iABONNEMENT 18 francs français.!
L UNION FRANÇAISE
DES ORGANISMES
DE DOCUMENTATION.
F.L.
LE REGIME DES TRAVAILLEURS
SAISONNIERS BELGES
TRAVAILLANT EN FRANCE
EST PROMULGUE.
LE PRESBYTERE D'HOUTHEM
Un pêcheur de Coxyde
est décoré de la médaille d'or
de la Reconnaissance française
Agent de change correspondant
près la Bourse de Bruxelles.
31, RUE DE MENIN, Y P R E S
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Bureau ouvert le dimanche
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MADAME VANDENDRIE5SCHF,
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garantis. 265-
Ce n'est pas parce qu'à Paris siège actuel
lement un gouvernement de Front Populaire
qu'il faut passer sous silence ce qui, en
France, l'heure actuelle est resté intact.
Malgré les déboires de l'expérience éco
nomique en cours, malgré les craintes pour
l'avenir, la France scientifique continue
travailler et si, dans le domaine politique,
la France doit être présent considérée
comme une puissance de second rang, il
n'en est pas encore de même dans le do
maine scientifique.
11 y a quelques jours s'est tenu Paris
l'Assembée Générale de l'Union Fran
çaise des Organismes de Documentation.
(U. F. O. D.). Les travaux de cette union,
qui fut constituée il y a cinq ans environ,
sont de nature amener une véritablq révo
lution dans l'étude des sciences. Trop sou-
ven, en effet, les chercheurs sont retardés
dans leurs travaux par le manque de docu
mentation, ou par la lenteur occasionnée
par la difficulté de mettre la main sur le
document recherché. C'est ce que veut éviter
l'U. F. O. D.
Il est de nos jours une science de la
documentation. Cette sceince ne cesse de
faire des progrès et les premières étapes
franchies montrent quel point il est né
cessaire de la développer encore. La spé
cialisation des chercheurs et des savants per
met de délimiter de plus en plus exacte
ment les domaines de la pensée et de
mettre un peu d'ordre dans les innombrables
documents de toute espèce au milieu desquels
les travailleurs déploient leurs efforts. Ce
n'est qu'après avoir établi ainsi des caté
gories et des subdivisions que l'on peut véri
tablement créer des centres de documenta
tion spécialisée.
Remarquons cependant qu'en France, les
centres de documentation, contrairement
ce que l'on peut croire première vue,
ne tendent pas tant fournir les docu
ments eux-mêmes qu'à indiquer de la ma
nière la plus précise en quel lieu le cher
cheur pourra trouver le document unique
qui doit le satisfaire. Il importe donc de
faire une distinction entre les centres de
documentation et les bibliothèques spécia
lisées, dans lesquelles on rencontre
vrai dire des bibliothécaires compétents qui
guident les travailleurs très utilement, mais
qui ne sont pas proprement parler des
documentalistes Il va de soi qu'il y a
le plus grand intérêt établir un contact
entre bibliothécaires et documentalistes pour
le plus grand bénéfice des travailleurs. On
n'en est pas encore là. Cela viendra plus
tard.
Les statuts de l'Union Française des or
ganismes de documentation datent de la fin
de 1931. Ils définissent son but dresser
l'inventaire des organismes français ayant
pour objet la production et la répartition
de la documentation concernant toutes les
branches des connaissances humaines
étudier des méthodes de travail relatives
l'organisation de la documentation fa
ciliter l'usage systématique de toutes les sour
ces de documenation établir des re
lations avec les groupements étrangers pour
suivant les mêmes buts. Comme on le voit
par cette énumération, le programme est
chargé et nécessite beaucoup de persévérance
Mais comme l'Union groupe aujourd'hui
les deux tiers des centres de documentation
qui existent en France tout permet d'espérer
qu'elle aura bientôt l'adhésion des quelques
vingt cinq centres restants dont l'existence a
été révélée par l'enquête que ses organisa
teurs ont ouvert pour établir un répertoire
des centres français. Ce répertoire est ac
tuellement sorti des presses, et dès main
tenant il a rencontré de toute part un acceuil
extremen: favorable. Ceux qui étudient l'un
ou l'autre problème, so't économique, soit
social, soit politique et qui se trouvent gênés
par des recherches ardues, dans les biblio
thèques où le classement est parfois déplo-
rablement organisé, comprendront l'utilité
du travail accompli par l'Union.
L'U. F. O. D. se préocupe aussi de coor
donner toutes les activités bibliographiques
en vue de réaliser une bibliographie inter
nationale complète qui englobera toutes les
catégories de publications. On peut déjà ju
ger de l'utilité de pareille œuvre en voyant
le magnifique résultat obtenu dans ce do
maine par certains organismes publics ou pri
vés. Par exemple, le Répertoire bibliogra
phique du Service de documentation du Mi
nistère de la Santé publique constitue une
bibliographie d'hygiène qui n'a pas d'équi
valent. De même Biblio la bibliographie
mensuelle des Messageries Hachette con
tient sous forme d'un catalogue dictionnaire,
les notices d'auteurs, titre et matières ran
gées dans un ordre alphabétique unique
qui, en fin d'année, reprend les douze nu
méros mensuels en un seul volume, soigneu
sement corrigé.
On sait le travail magnifique qui a déjà
été accompli, dans ce domaine par l'Ins
titut International de Coopération intellec
tuelle et par divers organismes auxquels cet
Institut accorde son appui. Signalons no
tamment que 40 pays ont maintenant, grâ
ce l'appui de cet Institut constitué des
centres nationaux de documentation péda
gogique. Rappelons que la Création de l'Ins
titut de coopération intellectuelle fut sug
géré par le Comité d'Entente des grandes
associations pour La Paix par l'Education
La science française ne manquera pas de
profiter des efforts faits par l'Union fran
çaise des organismes de documentation. Jus
qu'à présent, l'entreprise s'avère comme
étant très prospère. Le nombre de questions
journalièrement posées, et auxquelles on ré
pond d'habitude dans les trois jours est
immense. Aussi faut il féliciter les promo
teurs de cette œuvre, et leur souhaiter d'ar
river, le plus rapidement possible remplir
tous les points de leur programme.
On annonce de Paris que le gouvernement
français vient de réglementer les formalités
remplir par les travailleurs belges qui dé
sirent aller travailler en France comme sai
sonniers. Ces formalités diffèrent, selon qu'il
s'agit de travailleurs résidant dans la zone
frontalière belge et qui se proposent de tra
vailler dans la zone frontalière française
ou qu'il s'agit au contraire de travailleurs
domiciliés ou occupés en dehors de ces zo
nes.
1. Régime frontalier. Pour ceux-ci, les
employeurs en France doivent adresser un
contrat de travail individuel ainsi qu'une
feuille de papier timbré quatre francs
l'office départemental ou municipal de pla
cement compétent. Le contrat visé par cet
office est retourné l'employeur qui le trans
met au bourgmestre de la commune du tra
vailleur frontalier en vue de l'établissement
d'une carte frontalière durée limitée cet
te carte, établie sur le vu d'un certificat de
bonne vie et mœurs, est envoyée l'office
pour visa et ensuite retournée l'employeur
ou l'administration communale pour être
remise 1 ouvrier.
Ces ouvriers frontaliers saisonniers peu
vent rentrer chez eux journellement ou heb
domadairement.
2. Autres saisonniers. L'employeur
français doit adresser au ministre du Travail
une demande individuelle sur papier tim
bré quatre francs en y joignant un contrat
de travail.
Le contrat visé est renvoyé l'employeur
qui le fait parvenir au saisonnier. Celui-
ci se servira pour passer la frontière ,de sa
carte d'identité belge. Muni de son contrat
visé favorablement et d'un certificat de bon
nes vie et mœurs, il devra demander la mai
rie de la résidence de l'employeur une carte
d identité française de travailleur et durée
limitée.
Le Gouvernement français vient d'ac
corder un vieux pêcheur coxydois, héros
de la grande guerre, la médaille d'or de la
Reconnaissance française Il s'agit de M.
Pierre Ghys, demeurant aujourd'hui avenue
de la Mer, Coxyde-Saint-Idesbald.
M. Pierre Ghys, qui est maintenant âgé
de 67 ans, était alors la tête d'une belle
famille de douze enfants. Vrai fils de la
mer, il était réputé sur tout le littoral comme
l'un des meilleurs pêcheurs et avait pu quel
que temps avant la guerre, devenir proprié
taire d'un bateau de pêche, le Waffer-
man
En novembre 1914, dans leur course
la mer, les Allemands étant sur le point d'en
vahir cette partie de la côte, tous les ha
bitants s'enfuirent et bon nombre d'entre eux
l'aide de bateaux, gagnèrent les régions
côtières françaises. C'est ainsi que M. Ghys
effectua maints voyages pour mettre les fa
milles de ses concitoyens l'abri de tout
danger.
Or, un jour qu'en compagnie de son fils
aîné, âgé alors de 17 ans, le courageux pê
cheur revenait d'une de ses périlleuses ex
péditions, il aperçut sur la rive du chenal de
l'Yser, vers Nieuport, un groupe de cava
liers quj n'étaient autres que des uhians.
Aussitôt, les deux hommes, craignant d'être
atteints par les balles qu'auraient pu ti
rer les patrouilleurs allemands, se cachè
rent dans l'embarcation qu'ils laissèrent un
moment aller la dérive. Quand plus tard,
ils osèrent jeter un regard vers la côte, ils
constatèrent que les cavaliers avaient dis
paru.
Mais, par contre, sur la rive opposée de
l'Yser, sur le territoire de Lombaertzyde,
M. Ghys aperçut des hommes grâce leurs
culottes rouges, le pêcheur reconnut en eux
des soldats français. Ils étaient une cinquan
taine.
Tout coup, de violentes détonations
éclatèrent et bientôt les obus tombaient de
tous côtés autour des soldats. Précipitamment
bravement, sans souci du danger qu'il cou
rait et qu'il faisait courir son fils, le cou
rageux pêcheur lança son bateau vers le ri
vage et, ayant accosté, il fit, au milieu des
projectiles et des éclats, monter les Français.
C'est ainsi que quarante-deux soldats pu
rent être sauvés et transportés en lieu sûr.
Toutefois, deux de nos compatriotes avaient
été tués et quatre autres s'étaient noyés
dans leur précipitation gagner le bâteau
Ce beau fait de bravoure méritait d'être
signalé et d'être cité en exemple. Il convenait
aussi qu'il fut récompensé. Bien que tardi
vement, il l'a été et c'est justice.
J. de R.
Les campagnes menées par La Panne-
Plage et la Flandre Maritime ont tou
jours trouvé dans Le Sud un écho sym
pathique. Aussi est-ce avec plaisir que
nous applaudissons ces nouvelles sugges
tions de la Flandre Maritime
Ce n'est pas seulement la valeur esthé
tique elle est pourtant réelle qui gui
derait ceux, qui constitueraient une associ
ation des Amis de l'Ancien Presbytère
d'Houthem-lez-Furnes ce serait aussi sa
valeur historique, et ce serait avant tout
la mémoire du Roi Albert, restée tant
de titres précieuse, tous les cœurs bel
ges. Des âmes généreuses l'exemple de
celle de la baronne Maurice Lemonnier, ne
trouvront-elles pas là l'occasion de grouper,
parmi tous ceux qui ont, au cours de la
guerre, conçu l'égard du Roi Albert un
sentiment de reconnaissance et combien
ne sont-ils pas les coopérateurs cette
œuvre dont le but serait de conserver pour
l'avenir et de consolider ne parlons pas
trop de restaurer un monument qui,
mieux que tant de monuments où, hélas
Phidias est absent comme s'exprimait Vic
tor Hugo, gardera d'une façon saisissante
la mémoire du Souverain héroïque et de
son œuvre durant les années de la guerre
Pourquoi la Commission Royale des Mo
numents et des Sites ne s'adresserait-elle
pas, pour y consacrer son activité, au Gou
verneur de la Flandre Occidentale au temps
où il restait seul en fonction sur ce lambeau
non violé de notre territoire national, le
baron Léon Janssens de Bisthoven, au
jourd'hui Gouverneur honoraire, qui trou
verait là, j'en suis persuadé, un objet bien
digne d'occuper sa laborieuse retraite
Nous continuerions ainsi, dans notre pays,
imiter, dans les proportions modestes que
comporta notre territoire exigu, l'exemple
que donnent l'Angleterre le Concil for
the préservation of rural England (qui
possède actuellement 3000 hectares de pro
priétés et dispose d'un revenu annuel de
plus de 750.000 fr.) et Je National Trust
for places of historic interest or national
beauty (dont les ressources annuelles-
s'élèvent plus de 500.000 fr. et l'avoir
propre environ 2.600.000 fr.) et aux Pays-
Bas la Vereeniging tôt behoud van Na-
tuurmonumenten in Nederland (dont les-
propriétés sont constituées par 31 domaines
couvran 3.000 hectares représentant une
valeur d'environ 55 millions de francs et
dont les 13-000 membres versent annuelle
ment les cotisations se montant près d'un
million de francs), exemples que, très mo
destement, les Amis de la Commission des
Monuments et des Sites se sont efforcés
d'imiter chez nous.
A ce vœu j'en ajoute un autre, né an
cours de ma promenade Houthem c'est
que notre service provincial des Ponts et
Chaussées, qui s'est montré la hauteur
de sa mision en transformant de remar
quable façon les routes de notre province,
inscrive son programme la réfection de'
celle qui mène de Furnes Houthem le pè
lerinage vers l'ancien quartier général du
Roi Albert en serait facilité et de plus, com
me la route se poursuit au delà de la fron
tière française par Hondschoote et ce bijou
de l'ancienne Flandre maritime d'avant 178^
qui s'appelle Bergues-St Winoc, le tourisme
international s'en trouverait efficacement fa-