Lettre de France par José Streel. 'LE SUD, dimanche 6 Décembre 1936. LE SU S LE LA CAISSE AUTONOME D'AMORTISSEMENT La question de la Dette Publique est pour les divers états une question d'in térêt vital. Ses mouvements sont sur veillés de très près par l'opinion pu blique et principalement par la Bourse qui, établissant un rapport entre la dette court terme, la dette long terme, les mouvements de la trésorerie, et les engagements de l'Etat envers la Banque, en déduit les possibilités d'em prunt ou de remboursements, ce qui a la plus grande importance au sujet de la tenue des rentes. Le souci de la gestion de la Dette Publique est, pour tous les états un souci primordial, et il a été poussé si loin que plusieurs pays dont la Belgique, ont voulu dresser un inventaire des biens de l'Etat pour voir, dans la me sure du possible, la manière compta ble, si ces engagements n'étaient pas supérieurs son avoir. D'autres pays, poussés par le même désir de connaître leur situation véritable procèdent ac tuellement des travaux similaires. Le problème de la Dette Publique comprend divers aspects. La question de 1' émission des emprunts, du taux de de ceux-ci, de leur mode d'émission doit évidemment retenir toute l'atten tion des milieux intéressés. Mais en somme ce ne sont là qu'opérations tran sitoires. Ce qui en résulte est un fait permanent la dette. Et ce qui s'impose alors d'une manière inélectuable et, di sons-le, parfois angoissante pour les mi nistres des finances qui veulent rester fidèles leurs conceptions financières, c'est le remboursement. Sans doute avons-nous vu, en France, au cours de la présentation du Bud get, le ministre faire état de ce que Ton n'avait pas suspendu l'amortisse ment des sommes empruntées, mais il ABONNEMENT ne s'agit là que d'une constatation d'or dre temporaire, car, moins de ren verser toutes les théories financières ac tuelles, il faudra toujours que l'Etat rembourse le montant de ses emprunts. La France, pour procéder aux amor tissements, a organisé, d'une manière très originale, et très caractéristique, la Caisse autonome d'Amortissement. C'est en 1976 que fut créée la Caisse autonome de gestion des Bons de la Défense Nationale, d'exploitation industrielle des tabacs, et d'amortisse ment de la Dette Publique Ce pro cédé, entièrement neuf, qui répondait bien aux aspirations de l'époque, fut expliqué en termes aussi intelligibles que possible par les économistes et les financiers. De quoi s'agit-il en fait On a créé une caisse qui apporte son concours au budget général pour en atténuer le dé ficit. En fait, elle ne marchande point son ai^je et elle a progressivement pris sa charge, l'amortissement contrac tuel de la Dette Publique, amortisse ment qui incombait autrefois au budget et qui, aujourd'hui, exige une somme annuelle supérieure 3 milliards. Rien que ce chiffre permet de mesurer l'im portance de la Caisse autonome d'a mortissement, qui est en passe de de venir une des grandes fondations de la Troisième République. Rappelons tout d'abord, pour mieux faire comprendre l'importance du che min parcouru, que lorsque la Caisse commença fonctionner, il y a juste 10 ans, elle prenait en charge pour 48.168 millions de Bons de la Dé fense Nationale et du Trésor, bons dont la durée était d'un mois un an. Le Conseil d'administration se préoccupa de constituer un fonds de roulement, de diminuer la charge des échéances mensuelles des Bons, de réduire celles des intérêts et de consolider une frac tion de la Dette très court terme. Toutes ces mesures devaient donner la Caisse une situation assez forte pour qu'elle pût aborder efficacement l'amor- ""frocs français. tissement de la Dette Publique. Malgré les difficultés exceptionnelles qui se sont manifestées en 1935 du fait de la persistance de la crise économi que, la Caisse a non seulement fait face tous ses engagements, mais en outre elle a porté plus de 36 milliards de francs le chiffre des amortissements qu'elle a pu réaliser depuis qu'elle existe. Disons, en passant qu'à la fin de 1 934, le montant global des amor tissements effectués n'atteignait pas 33 milliards la Caisse a donc en 1935, réduit la Dette Publique de plus de 3 milliards, et ce en temps de crise éco nomique. La Caisse reste donc en mesure d'as surer dans des conditions normales la gestion de Bons de la Défense natio nale, bien que les nouvelles conven tions qu'elle a passées au sujet de l'amortissement contractuel de la Dette Publique la conduisent supporter la quasi totalité des dépenses qui incom baient ce titre au budget de l'Etat. D'où la Caisse tire-t-elle les ressour ces nécessaires l'amortissement de la Dette. Pour 1936, ces ressources se montent 3.749 millions environ. Il y a tout d'abord 1.652 millions prove nait de l'excédent du produit du mo nopole des tabacs puis 195 millions des taxes complémentaires sur la pre mière mutation 1.866 millions prove nant des taxes successorales et des droits de mutation par décès 33 mil lions, produit net du monopole des allu mettes 1 million des arrérages de ren tes viagères la charge du Trésor. Remarquons cependant que les res sources dont dispose la Caisse sont en diminution constante, bien que cela n'affecte aucun caractère de gravité. En 1931, elles étaient de 4.318 millions en 1932, 3.987 millions en 1933, de 3.821 millions en 1934, de 3.81 6 mil lions. On a pu constater que la taxe suc cessorale et le monopole des tabacs fournissaient le gros des ressources de la Caisse. C'est une heureuse initiative qui semble justifier le monopole des tabacs qui, contrairement ce qui se passe souvent est géré commercialement, et. rapporte de très sérieux bénéfices con stituant un allégement fiscal de toute première importance. En récapitulant les opérations effec tuées depuis le 1 octobre 1926, on constate que le total des amortisse ments réalisés s'élève 36.784.465.1 72 francs. C'est très appréciable. On perd trop souvent de vue que le problème de la dette publique joue peut-être un rôle plus important que la couverture métallique dans la défense de la monnaie. Après la nouvelle am putation que vient de subir le franc français, une sainte gestion de la Dette Publique s'impose. La France dispose, dans la Caisse autonome d'amortisse ment, d'un instrument de toute pre mière valeur, au point de vue finan cier. Il ne faut pas, pour réaliser un idéal politique que l'on fausse une in stitution qui a fait ses preuves. N ou blions pas que c'est surtout sur les ques tions financières que les régimes ont joué leurs destinées. Fernand Leleux. Le Dentiste A. BOUCKAERT agréé de Chemins de fer Belgec et du ministère des Postes, Té'êgraphes et Téléphones Autres jours et heures sur demande, tient ses consultations du mardi a» samedi de 8 12 et de 14 18 h. Téléphone No 588 74, Rue de Lille, YPRES. Voir la suite de l'article (Cycle évolutif du ver des pommes» en 12me page. Positions Rexistes LA PROFESSION (Suite.) Tout homme a une famille. Tout homme exerce une profession. A l'exer cice de cette profession, il passe la ma jeure partie de son temps il y con tracte de nombreuses relations socia les. Faire du travail un moyen de dé veloppement de la personnalité, régle menter dans un esprit de justice et de charité les relations professionnelles, c'est concourir introduire dans la so ciété un peu plus d'harmonie et un peu plus de bonheur. Nous avons le souci de ce que Henri de Man appelle la Joie au Travail et qu'il considère avec raison comme un des problèmes sociaux les plus importants pour as surer cette joie au travail, c'est-à-dire pour humaniser le travail, il faut dé velopper et préciser l'organisation pro fessionnelle, il faut confier cette or ganisation, ayant reçu une consécration légale, le pouvoir de prendre toutes les mesures relatives aux conditions de tra vail. Il faut créer une magistrature du travail qui tranche juridiquement les différends professionnels comme les tri bunaux civils tranchent les procès ci vils. Il faut que tous ceux qui partici pent la vie de l'entreprise aient part la gestion et non plus seulement ceux djui apportent le capital. Il faut qu une charte du travail précise les droits et devoirs de chacun au sein de l'entre prise. Bref, il faut que, par l'intensifica tion d'une évolution déjà en cours, un régime corporatif s'établisse progressi vement, non pas sous la pression de l'Etat, mais avec son concours et son encouragement, sans contrainte, par la coordination et l'extension de compé tence des organismes professionnels pré-corporatifs existants. Il existe déjà en germe, l'état de tendance, dans les organisations professionnelles de toute espèce. Il ne s'agit donc pas de créer de toute pièce et par artifice un organisme parasitaire et sans utilité c'est la réalité même qui indique le sens de l'évolution. Il suffit de la suivre. Ainsi conçu, le corporatisme n'est pas une panacée inventée par des théori ciens pour apporter au problème so cial moderne une solution autre que le marxisme. Il se présente comme l'ex pression de la réalité sociale au stade actuel de l'évolution. L'ETAT La réforme de l'Etat est la base et la condition de toutes les autres. Ce qui doit l'inspirer, c'est toujours le mê me réalisme qui donne chaque insti tution les fonctions qui lui reviennent par nature. Le gouvernement pour rem plir sa tâche naturelle gouverner doit être compétent, stable et durable. Le parlement a pour mission de contrô ler la gestion des biens de la collectivité et de voter les budgets c'est cette activité qu'il faut limiter son interven tion. L'administration doit être un ser vice public qui exécute la volonté des gouvernants et non qui, par son apathie volontaire ou involontaire, fasse ob stacle cette volonté. Comme en tout Etat civilisé, quelle que soit la forme du gouvernement, et plus qu'ailleurs dans notre pays cause de la tradition historique, il im porte qu'entre le gouvernement et le peuple existe un contact direct qui rè gne une confiance mutuelle du peuple en ceux qui le dirigent, des dirigeants dans le peuple, que du pouvoir la masse populaire circule un courant de bienveillance et, il faut le dire, d'amour. Pareil contact doit permettre d'éviter ce divorce entre le pays réel et le pays légal que les observateurs politiques ré vèlent aujourd'hui. Il se manifesta de diverses façons, notamment par le ré férendum populaire. Ce mie non*> vou lons c'est créer un climat de confiance, d'abandon, de solidarité. Il faut que dans le pays chacun sente que son ef fort concourt au bien général. Un peu ple, c'est un groupe d'hommes qui s'ef forcent de vivre ensemble en s'aidant mutuellement, en faisant chacun la part laquelle il a droit et qui créent parmi eux un milieu favorable l'éclo- sion des plus hautes vertus. LE SALUT DU PEUPLE PAR L'EXALTATION DE SES VERTUS Pour réaliser son œuvre de salut du peuple, Rex dispose de moyens déjà très puissants sa presse, ses meetings, ses équipe de propagande, son Front populaire. Il possède un dynamisme comme aucun autre mouvement n'en a jamais connu en Belgique. Cependant tout cela ne serait rien et le rexisme ne serait qu'une agitation factice et passa gère s'il ne s'appuyait que sur ces for ces matérielles et même psychologiques. Sa force, sa grande force indompta ble, ç'a été dès le début de faire appel, non aux appétits du peuple, mais ses vertus. Ces vertus, les humbles et patientes vertus des gens de chez nous, vertus admirables qui sont la santé mo- lidarité, de justice, de générosité, ces vertus admirables qui sont la santé mo rale de notre peuple, sont le plus sûr gage de redressement. Il suffira Rex de les réveiller et de les rendre agis santes pour amener le peuple se sau ver lui-même par l'exaltation de ce qu'il y a en lui de plus noble. (A suivre.)

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