■LE SUD, dimanche 27 décence 1938
ABONNEMENT 18 franc* français.1
NOTE.
Les jeunes Français, nés entre le I er
Juin 1916 et le 31 décembre 1917, les
ajournés, les omis des classes précé
dentes, ou ayant bénéficié de la Con
vention Franco-belge, ainsi que les in
digènes algériens non naturalisés rési
dant dans la circonscription Consulaire
de Gand-Flandre Orientale et Flandre
Occidentale sont invités se présenter
avant le 15 janvier 1937, au Consu
lat de France, 62, Boulevard du Châ
teau Gand, en vue de leur inscription
sur les tableaux de recensement.
Les jeunes gens doivent être munis
de leur carte d'identité de leur bul
letin de naissance et du livret de famil
le de leurs parents.
Les inscriptions se font chaque jour
de 2 5 heures (Samedis, Dimanches
et fêtes exceptés).
MERMOZ,
CELUI QUI QUITTA LE CABINET
DU JUGE D'INSTRUCTION POUR
ENTRER DE PLEIN PIED DANS
LA LEGENDE...
Quelle plus basse manœuvre politi
que reçut jamais plus émouvante con
damnation
Il y a quelques jours un homme, flan
qué de son avocat, attendait dans les
-couloirs du Palais qu'un juge voulut
bien poursuivre son interrogatoire. Son
crime Il avait eu l'audace de croire
assez en la liberté pour fonder un parti
politique, parti que ses adversaires qua
lifient ligue
L'heure passait... L'homme dût par
tir il était pilote-chef de La Croix-
du-Sud
C'était Mermoz... Il ne devait plus
revenir
Le conseil des ministres réuni sous
la présidence de M. Albert Lebrun a
été unanime rendre un suprême hom
mage l'aviateur Mermoz et ses com
pagnons. Il a approuvé les termes de la
citation l'ordre de la Nation.
Jean MERMOZ, commandeur de la
Légion d'honneur, inspecteur général,
pilote de la Compagnie Air-France
Sublime figure d'aviateur, d'une va
leur morale et professionnelle hors de
pair. Créateur, au prix d'efforts surhu
mains, de l'aviation commerciale trans
océanique. A fait de son nom, un sym
bole et, de sa carrière une longue suite
d'exploits. Allant jusqu'au bout de tou
te entreprise, envisageant la mort avec
sérénité, a mérité l'admiration générale
par la grandeur de ses actes. Porté dis
paru avec l'équipage de La Croix-
du-Sud dont il était le chef de bord.
Accomplissait sa vingt-quatrième tra
versée de l'Atlantique sur la ligne pos
tale qu'il avait été le premier tracer.
Entre de plein-pied dans la légende et
s'inscrit parmi les héros les plus purs
de l'aviation française. 8.200 heures de
vol.
Le monde entier savait que ce Fran
çais avait tant de fois traversé 1 Atlan
tique.
Nos ministres, préoccupés de mesqui
nes choses, avaient découvert en lui un
conspirateur. Il avait commis le crime
de s'inscrire un parti où l'attirait la
présence de centaines de milliers d'an
ciens combattants.
Ceux qui nous dirigent en ce moment
disent par malheur trop souvent Le
parti Notre parti Ils lui sacrifient
tout. C'est ainsi que Mermoz est tombé
en service commandé entre deux
convocations du juge d'instruction.
De Mermoz, il restera une magnifi
que leçon d'héroïsme, et aussi une
grande leçon de civisme. Ce vaillant
»e s'est pas contenté de sa gloire, ni
même de son magnifique et redoutable
métier. 11 a eu le sens de l'intérêt gé
néral. Il a eu la volonté d'être l'un des
artisans principaux du grand redresse
ment français dont il sentait l'urgente
nécessité.
NOTES D'HISTOIRE
SUR MERRIS
Avant la conquête des Gaules par les
Romains, notre région était sous la do
mination des Morins peuple de
mi-sauvage, qui avait pour capitale la
ville de Thérouanne, devenue par la
suite une cité puissante, siège de notre
premier évêché, que Charles-Quint dé
truisit complètement en 1551, après un
long et terrible siège. C'est aujourd'hui
un village insignifiant.
En ce temps-là, la Flandre était bien
différente de celle d'aujourd'hui. Les
terrains élevés étaient couverts de fo
rêts très épaisses, dont la forêt de Niep-
pe, les bois du Mont-Noir, du Mont-
Rouge, etc., sont les derniers ves
tiges. Les terres basses présentaient l'as
pect de marécages, de sorte que le ter
ritoire était relativement facile dé
fendre. Mais César envoya un général
expérimenté, Titius Labienus, qui avan
ça en profitant du temps sec et en fai
sant procéder de larges abattis qui,
semble-t-il, donnèrent naissances aux
futures voies romaines.
Vers 440, les Francs firent leur appa
rition Clodion le Chevelu conquit la
Flandre après avoir battu et expulsé les
Romains.
Notre pays fut alors administré par
des gouverneurs dépendant du Roi de
France, qui avaient le titre de fores
tiers cause des nombreuses forêts
qui recouvraient la contrée. L'un de
ceux-ci était Lydéric (783), dont le
souvenir est perpétué par le célèbre
géant Lillois Lydéric qu'on pro
mène encore annuellement. Il avait été
installé par CharJemagne qui, pour dé
fricher les forêts, assécher les maréca
ges et assainir le pays, y fit transporter
6.000 Saxons, pour les punir de leurs
fréquentes révoltes. Il espérait que leur
mélange avec les Flamands les rendrait
sujets fidèles, ce en quoi il se trompa
les chroniqueurs estimèrent que d'un
diable il en avait fait deux.
La Flandre était alors une contrée
sauvage, peu peuplée. Quelques cen
tres, importants pour l'époque lieux
fortifiés et rendez-vous des marchands,
s'étaient formés le long des voies de
communication. Cà et là, dans les fo
rêts, on trouvait des familles de chas
seurs et de pêcheurs. Ces hameaux de
vinrent par la suite nos actuels villages.
Les habitants étaient des paiens qui
furent évangélisés par St-Vaast (520)
St-Omer, (636) St-Eloi, (645) St-
Ursmar, (675), etc... Ces apôtres par
coururent la région et y fondèrent de
nombreuses églises qui leur furent dé
diées.
Le village de Merris parait être l'un
des plus anciens de la Châtellenie de
Bailleul. A son sujet, l'historien Warn-
koenig s'exprime en ces termes
Merris, Meirnes, Mernes ou
Merens, église sous l'invocauion de St-
Laurent, du doyenné de Bailleul, la
disposition de l'évêché de Thérouanne.
La dime appartenait au chapitre de la
cathédrale.
C'est peut-être l'endroit désigné
sous le nom de Merkeria l'acte
du 28 novembre 867, imprimé dans le
cartulaire de Folauin.
Mathieu de Mernes obtint le 18
mai 1200, de la comtesse Jeanne, une
rente de 5I« hœuds »de froment et
213 hœuds d'avoine dure rece
voir des hôtes de la radescure, et de
plus la liberté de faire paître des bes
tiaux de sa maison de Merville, sans
rétribution, dans la forêt de Nieppe.
Dans la Flandria Illustrata, Sanderus
donne quelques renseignements complé
mentaires
Ce domaine, dit-il, a porté des
noms un peu différents les uns des
autres. Il fut appelé par certains Mer
ris par d'autres Merens et par
Grammaye Marisens Il ne recon
naissait autre fois d'autre maître que
le seul Comte de Flandre, l'exception
toutefois du délégué de ce prince la
Châtellenie de Cassel.
Ce domaine, et celui de Métere
(Méteren), jouissent du privilège spé
cial que tout habitant, fut-il ne ailleurs,
est affranchi du droit de Capitation
lequel est dû au Prince. Par contre, il
lui est interdit de céder sa propriété
autrui, ni de se soumettre jamais l'au
torité de quelque autre ville ou de
quelqu'autre Seigneur que ce soit, sans
s'être au préalable acquitté du paie
ment du I 0e de ses biens
Ce qui confirme l'ancienneté de
Merris, c'est que déjà au XlIIe siècle,
il existait de temps immémorial, une
dévotion en l'honneur du patron de
la paroisse St-Laurent martyr, que l'on
venait invoquer dans toutes des néces
sités de la vie, et en particulier pour
obtenir la guérison des brûlures et des
maladies inflammatoires. On y célé
brait annuellement, au mois d'août1,
une fête que l'on appelait la dédicace,
laquelle prenait part une multitude
d'étrangers qui accouraient de très loin.
C'était une ressource sans égale pour
la localité tous les marchands vivaient
pour ainsi dire, des dépenses que
l'on y faisait surtout pendant les trois
premiers jours consacrés pour les fêtes
principales de l'église iet les plaisirs
publics.
Ce succès excita l'envie des bailleu-
lois qui pétionnèrent en haut lieu. La
dédicace de Merris fut transférée
Bailleul en 1295, par ordre du Comte.
Les habitants de Merris se plaignirent
amèrement de ce changement qui leur
semblait injuste, mais comme l'affaire
était décidée, toutes les réclamations
furent rejetées.
Cependant l'avoué et les échevins de
Bailleul se virent obligés de prendre
l'engagement, par lettres du 10 août
de la même année, de dédommager les
gens de Merris des pertes qu'ils pour
raient souffrir par suite du transfert
Bailleul de la dédicace de Merris. On
ne cessa pas de célébrer la St-Laurent
Merris, mais le concours des étran
gers se borna désormais aux fidèles qui
suivaient l'octave du mois d août.
Par la suite, d'autres communes or
ganisèrent aussi des dédicaces le ter
me s'altéra et devint la ducasse qui a
résisté aux guerres, révolutions et in
vasions.
Le recensement de 1467 donnait
Merris 423 feux et 1.792 habitants.
Déjà au Xlle siècle, Merris était un
centre industriel renommé par la qua
lité de draps. La localité était affiliée
la célèbre Hanse, de Londres, qui
groupait les fabricants de laine de tous
les pays du Nord de l'Europe.
Comme le reste de la région, Merris
eut subir des invasions et passages de
troupes en 1213, Louys, fils de Phi
lippe-Auguste, ravagea le West-Quar-
tier en 1436, les Anglais, comman
dés par le duc de Glocester, brûlèrent
Bailleul; en 1478, l'armée de Louis
XI. battue Audenaerde, reflua vers
la Flandre et la saccagea en 1553, les
troupes françaises du duc d'Elbeuf pil
lèrent tout ce qu'elles rencontrèrent.
Nous ignorons si Merris souffrit parti
culièrement de ces incursions, mais le
fait est plus que probable.
Nous arrivons aux troubles religieux,
du XVIe siècle Merris y prit une part
importante. Après les actes de vanda
lisme de 1568, le duc d'Albe ordonna
l'ouverture d'une enquête dans la châ
tellenie de Bailleul pour la constata
tion des dégâts. Ces rapports ont été
consignés par notre concitoyen Ed. de
Coussemaker qui écrit, au sujet de Mer
ris
Les échevins affirment avoir
fait les restaurations et travaux sui
vants un crucifix, trois autels, de nou
veaux fonts baptismaux, le chœur de
St-Laurent, des statues de la Ste-Vierge,
de St-Laurent, patron de l'église, de
St-François, de St-EIoy, de St-Anne,
et de Ste-Catherine. Ces statues ont été
faites par Adrien Ronne statuaire
Bailleul. Elles ont été dorées et peinte*
par Nicolas Veroon, peintre. Le même
artiste a peint le tableau du grand autel
et six autres, représentant la Passion
et la Résurrection de N.-S. de plus,
un autel de la Vierge.
Merris parait avoir été divisée au
point de vue religieux. Un ministre pré-
dicant natif du village, calviniste, Jean
Daniel, y fit une intense propagande
qui obtint des résultats il avait son
quartier général chez le sieur Gilles
Vertreck, qui fut arrêté, condamné
mort et exécuté le 19 février 1569
pour avoir participé des conciliabules
armés.
Dans la liste des condamnés de Mer
ris, nous trouvons encore
Charles de Brune, condamné être
exécuté par le glaive pour avoir, Mer
ris, cherché obtenir de 1 argent pour
la propagande, et avoir fait baptiser
son enfant par un ministre des sectai-
Tes.
Marc van der Waerde, condamné
être exécuté par la glaive pour avoir,
dans une auberge de Merris, avec d au
tres sectaires et précidants, et au dé
triment de Sa Majesté, projeté une col
lecte devant fournir trois millions d'or
et pour avoir été, cet effet, dans di
verses maisons de Merris.
Jean Schakele, même condamnation
pour le même motif.
Martin Cleenewerck, échevin de Mer
ris, exécuté par l'épée, pour faits dfr
troubles.
D'autres furent bannis, et leurs bien»
confisqués.
Merris connut alors le calme jusque
la Révolutoin de 1 789.
VAN BELLE
(La Bailleuloise)
Le Dentiste A. BOUCKAERT
agréé de Chemins de fer Belges
et du ministère des Postes, Té'égraphes
et Téléphones
Autres jours et heures sur demande-
tient ses consultations du mardi au
samedi de 8 12 et de 14 18 h.
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