Lettre de France 4 LE SUD, dimanche 17 janvier 1937. LE SUD DANS LE NORD 'ABONNEMENT 18 francs français.1 LA MAIN D'ŒUVRE AGRICOLE. Au cours d'une précédente lettre nous avons examiné la question de la main d'œuvre en France. Il nous reste étudier, d'une manière un peu plus approfondie, la question de la main d'oeuvre agiicole. Nous avons dit que les statistiques officielles qui viennent d'être publiées xécemment, relatives au mouvement de l'immigration ouvrière, montraient qu'au cours de l'année 1935 le mouve ment en faveur de l'agriculture avait sensiblement diminué. Si nous jetons un coup d'œil sur le mouvement de l'immigration au cours de ces dernières années, nous voyons qu'elle était, en 1928, de 61.687 uni tés. En 1929 on passe 68.450 uni tés, en 1930, on atteint le chiffre re cord 92.295 unités. A partir de ce moment on constate un mouvement de diminution, avec une légère tendance la reprise au cours des années 1932 et 34. Enfin, en 1935 on atteint 45.51 7 unités. Ce dernier chiffre révèle, par rapport 1934, une diminution de 13.833 unités, soit 22,92 p.c. L'immigration agricole est constituée, pour une large part, de travailleurs sai sonniers. En 1935 ceux-ci réprésen taient 40.1 34 travailleurs sur un total d'introductions de 46.517, soit 86,3 p.c. de l'ensemble. Tandis que les ou vriers demeure comptent surtout des vachers, des bouviers, des charretiers, des bergers, des jardiniers, des bonnes de ferme, on trouve surtout dans les ouvriers saisonniers agricoles, des bû* cherons, des betteraviers, des vendan geurs, de houblonniers, des moisson neurs, etc. On constate cependant des mouve ments dignes d'être signalés. C'est ainsi que l'on assiste des compensations par départements. Notons, titre d'exem ple, que des ouvriers betteraviers du Nord ont été dirigés dans des départe ments assez éloignés comme la Côte- d'Or. L'immigration agricole est intéres sante également sous le rapport des na tionalités. En 1935 par exemple, les Belges ont fourni 22.622 saisonniers sur un total de 46.51 7 travailleurs. Ce la représente 46,63 p.c. de 1 éffectif. Toujours dans la même année on avait 15.408 espagnols 2.325 Yougoslaves, 2.057 Tchécoslovaques 1.925 Polo nais, et 1.621 Italiens. Naturellement, il faut retenir qu'il ne s'agit ici que des ouvriers agricoles le contingent belge étant beaucoup plus élevé, rien que pour la participation I industrie tex tile du Nord. Les ouvriers belges et espagnols for ment, eux seuls, plus de 80 p.c. de l'immigration, c'est dire qu en rap prochant ce chiffre de celui de 1 immi gration totale on voit que l'immigration agricole étrangère intéresse surtout les Belges et les Espagnols. Cela s expli que d'ailleurs assez aisément. Tout d'abord il y a la proximité de la fron tière. II est clair, par exemole, que les Polonais, pour arriver en France, ont dépenser une somme plus élevée oue les Belges, de sorte que le bénéfice du travail saisonnier s'en trouve dimi nué Ajoutons cela une plus large facilité de compréhension, et une meil leure organisation- Si l'on compare l'année 1935 avec les années qui ont suivi la guerre, on voit que les vachers, les bergers, 'es bûcherons et quelques autres spécialis tes arrivent, en nqmbre infiniment ré duit aujourd'hui. Inversement il est as- «<z remarquable que le nombre des bonnes de ferme est plutôt en augmen tation. Ajoutons enfin que le nombre de sai sonniers diminue du fait de l'utilisation dans les campagnes des chômeurs in dustriels dans des travaux qui ne né- céssitent que de la force et de l'endu rance. Comme nous avons eu l'occasion de le dire, cette situation commence pré occuper non seulement les Français, mais encore les pouvoirs publics. Ac tuellement cependant, il n'y a pas en core non plus d'organisme digne de ce nom qui puisse élaborer et conduire une politique française de l'immigration. Pourtant cette politique s'impose. Ce qu'il faudrait, ce serait une politique dirigée, qui s'occuperait de surveiller le recrutement de la main-d'œuvre étran gère supplémentaire la sélectionnerait, l'orienterait. Elle devrait défendre les travailleurs nationaux contre la con currence étrangère tout en sauvegar dant les intérêts des étrangers. Elle de vrait veiller ce qu il so't procédé aus si rapidement que posc-ible au refoule ment et au rapatriement des étrangers en chômage et ce que ces opérations, ce qui n'est pas le cas actuellement, se fassent dans des conditi ns équita bles en sauvegardant les droits aux di verses pensions que ces travailleurs ont pu acquérir. Comme le faisait fort justement re marquer la revue Affaires Etrangè res dans son numéro du mois de dé cembre 1935, le fonctionnement d'un service de l'immigration ne justifiercit plus la présence de ces offices de l'im migration placés auprès de certaines missions diplomatiques, qui deviennent de Véritables agences de protectibn de la main d'oeuvre étrangère, ce qui est contraire la souveraineté de l'Etat Français. Quelques tentatives avaient été faites en ce sens Un décret en date du I 8 juillet 1920 avait institué une «Com mission interministérielle permanente de l'immigration»; mais ses travaux fu rent minimes. D'autre part en 1923 la France avait réuni une Conférence des pays d'immigration. Gn sait depuis fort longtemps que ces sortes de réunions se terminent généralement par un vœu dont on s'empresse de ne pas tenir compte. Dans ce domaine, tout est faire. Un des problèmes principaux est la sur veillance des étrangers. C'est ainsi par exemple que les étrangers introduits pour travailler dans l'agriculture ne pourraient être embauchés dans les usi nes. Un travailleur étranger agricole ne devrait jamais pouvoir trouver un em ploi en ville nul ne pourrait trouver un emploi en dehors de sa spécialité s'il a été introduit comme spécialiste. On a suggéré récemment, en France de créer l'étranger des agents d'im migration dont la situation serait assez analogue celle des attachés commer ciaux. Ils procéderaient des enquêtes préalables et des sélections sur place. La question mérite d'être étudiée, car les travailleurs étrangers se laissent as sez facilement assimiler. L'avenir de la race française et de ce fait en jeu. La France est actuellement le seul pays d'immigration qui ne procède pas des examens préalables et que n'em ploie que des moyens de contrôle élé mentaires. Bien des déboires lui seraient cependant évités si elle prenait un peu plus de précautions. II va de soi eue les mesures adopter pourraient, et de vraient même différer d'après la natio-, nalité des immigrants. On ne compren drait pas que l'on prenne vis-à-tvis de la Belgique, les mêmes mesures oue vis-à-vis de la Pologne ou des Tchè ques. Ce serait une question regler, si possible, de commun accord entre les pays intéressés. Au moment l'Italie vient de risquer, avec succès d'ailleurs l'avenir de ses forces et de toute sa politique, dans la guerre éthiopienne, pour donner satis faction des besoins d'expansion dé mographique, il appartient la France d'ouvrir les yeux et de ne pas s'intéres ser des questions démographiques. Car l'Allemagne, elle aussi, est l'étroit dans ses frontières. F. L. LES TRAVAILLEURS ETRANGERS DANS L'AGRICULTURE M. Chaussy, député de Seine-et- Marne, et un certain nombre de ses collègues ont déposé sur le bureau de la Chambre des députés une proposi tion de loi intéressant au plus haut point tous les agriculteurs qui, ne trou vant pas en France la main-d'œuvre dont ils ont besoin, se voient obligés d utiliser les services des travailleurs étrangers pour mener bien les travaux de leur exploitaton. Cette proposition tend, en effet, limiter un certain pourcentage le nombre des ouvriers étrangers qui pour ront être occupés dans les exploitations agricoles, par extension l'agriculture, de la loi du 10 août 1932 appliquée, depuis quatre ans, au commerce et l'industrie. Si le Parlement votait de semblables dispositions, il en résulterait pour un très grand nombre d'agriculteurs, une quasi-impossibilité de continuer ex ploiter. Nous pensons donc qu'il renverra une époque mieux choisie le vote d'une loi qui aurait de si grosses conséquen ces pour la culture, car ce n'est pas, en effet Au moment où, darfs l'industrie mê me, certaines usines et certaines entre prises se voient dans l'impossibilité d exécuter leurs commandes par suite de l'application de la loi du 10 août 1932 qui les empêche d'employer plus d'un certain pourcentage de travailleurs étrangers Au moment où, pour ces industries, l'Administration songe élever le taux des pourcentages autorisés, se rendant compte de l'entrave ainsi apportée la production Au moment où l'application des nou velles lois sociales votées semaine de 40 heures, congés payés, etc., obligent les entreprises augmenter le nombre de leurs ouvriers et faire appel aux travailleurs des campagnes, qu'il con vient de compliquer encore la situation des cultivateurs qui, par le jeu naturel des événements, vont voir se poser nouveau, pour eux, avec acuité, le pro blème de la main-d'œuvre. (Belge de France.) LA SEMAINE DE QUARANTE HEURES La Chambre de commerce de Tour coing a pris la délibérat'on suivante Notre Compagnie croit devoir rappe ler aux pouvoirs publics les arguments qu'ont fait valoir près d'elle les Grou pements professionnels patronaux de sa circonscription et qui mil'tent en fa veur du sursis de l'applicat:on de cette loi. Cette application, venant spr;s les lourdes charees soCales ou'ont d»'à fait passer sur l'industrie textile les récentes Io's. serait une catastrophe pour celle- ci et ;rait l'encontre de la nol'tîoue de réduction du chômage, pourcu'vie par le Gouvernement. En effet, l'état de la trésorerie de nos ressortissants ne leur permettrait pas de doubler leurs ateliers. Ils seraient donc contraints de réduire au chô mage une bonne partie de leur per sonnel. De plus, il s'ensuivrait une nouvelle élévation du coût des cbjets fabriqués, le nombre de ces objets se trouvant au tomatiquement ramené dans la propor tion de la réduction des heures de tra vail, leur prix serait immédiatement ag gravé, de l'incidence de charges fixes et de tous ordres qu'il faudrait récupé rer sur quarante heures au lieu de qua rante-huit. Cette nouvelle augmentation du niveau des prix français, déjà su périeurs celui des prix mondiaux, ne manquerait pas d'entraver gravement l'exportation et de faire perdre le bé néfice dont a pu profiter celle-ci, l'occasion de la dévaluation. Il ne faut pas perdre de vue, en ef fet, qu'à cette augmentation s'ajoute le relèvement, en francs dévalués, des prix des matières premières importées laine et coton. Cette nouvelle augmentation des prix français serait ruineuse pour l'économie de la circonscription et entraînerait, au j point de vue social, les plus graves con- séquences. C'est pourquoi, La Chambre de commerce. Considérant que la brusque applica tion de la loi de 40 heures, avant toutj accord international, est de nature a faire monter considérablement le prix de revient de l'industie textile Joignant ses instances celles de tous les Groupements professionnels Demande qu'il soit sursis la mise en vigueur du décret du 1 novembre 1936 qui met en application la loi du 21 juin 1936, en ce qui concerne l'in- dustrie textile. Le Dentiste A. BOUCKAERT agree de Chemins de fer Belles et du ministère des Postes, Tè'ègraphes et Téléphones Autres jours et heures sur demande, tient ses consultations du mardi au samedi de 8 12 et de 14 18 h. Téléphone No 588 74, Rue de Lille, YPRES. CHERCHEZ-VOUS être bien servi pour vos légume*, primeurs, fruits, fleurs, bouquets, gerbes et garnitures de table 7 Adressez-vous alors en toute con fiance Jacques VEYS La Butte WARNETQN. DEMANDE A ACHETER toutes piè ces de dentelles véritables pour faire réparations. Ecrire bureau journal. VERRES A VITRES Firme Cyr. 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