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Connaissez°vous les deux musées de Courtrai?
Petit inventaire des musées de Belgique
'LE SUD, dimanche 12 septembre 193^
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1
LE SUD DANS LE NORD.
LES CARTES FRONTALIERES
Voici comment les opérations de re
nouvellement se pratiqueront.
Les cartes frontalières seront valables
en principe trois ans.
Les frontaliers qui travaillaient comme
tels en France avant le 31 décembre
1925, et qui sont possesseurs d'une car
te périmée au 1 juillet 1937 auront leur
carte renouvelée automatiquement, mê
me s'ils sont chômeurs.
Les frontaliers qui travaillent en
France depuis six ans au moins la
date d'expiration de validité de leur car
te, dont le renouvellement est sollicité
auront droit en principe au renouvelle
ment pour la durée normale.
Ceux qui. cette date, étaient au
travail obtiendront 1 e renouvellement
automatique de leur carte.
Ceux qui, cette même date, étaient
en chômage, ne devront solliciter le re
nouvellement de leur carte que le jour
où ils auront retrouvé un emploi.
Si, entre la date de leur mise en
chômage et celle laquelle ils ont re
trouvé du travail, il ne s'est pas écoulé
un détail supérieur six mois, le fron
talier sera assimilé aux frontaliers tra
vaillant en France depuis moins de dix
ans.
Les frontaliers qui travaillent en Fran
ce depuis moins de six ans la date
d'expiration de validité de leur carte
n'auront pas droit au renouvellement au
tomatique de celle-ci Le renouvellement
sera subordonné l'état du marché du
travail et selon la profession exercée.
Les demandes de changement de pro
fession des travailleurs frontaliers non
agricoles ayant droit en principe au re
nouvellement de leur carte seront ac
cueillies favorablement.
Il en sera de même pour les ouvriers
agricoles frontaliers qui ont droit en
principe au renouvellement de leur carte
condition qu'ils prouvent qu'ils ont été
antérieurement autorisés travailler en
France pour la nouvelle profession de
mandée et qu'ils l'ont exercée pendant
au moins quatre ans.
Pour les frontaliers effectuant leur
service militaire, la durée de présence
sous les drapeaux ne sera pas consi
dérée comme une interruption de tra
vail, condition qu'ils reprennent leur
travail en France dans les 60 jours de
leur libération.
Pour les frontaliers qui résidaient an
térieurement en France, il sera tenu
compte pour le calcul de la durée de
travail, du temps qu'ils travaillaient en
France comme résidants toutefois, ces
frontaliers devront avoir obtenu leur
carte dans les trente jours de leur ar
rivée en Belgique zone frontalière) et
devront justifier avoir élu domicile en
Belgique antérieurement au 1er juillet
1935.
LA CRISE DANS LE NORD
Recrudescence de chômage
La pénurie des ordres raréfiés par
la hausse des prix a provoqué une nou
velle recrudescence du chômage dans
l'industrie textile de Roubaix.
L'effectif total des chômeurs, dans
cette ville, est de 15.890, en augmen
tation de 4.468 sur le mois de juillet.
Sur ce nombre, 4.337 ouvriers sont
totalement privés de travail.
Dans d'autres contrées du départe
ment, le textile est également touché
par la crise et des usines ont déjà dû
procéder des licenciements.
La hausse du coût de la vie
La hausse incessante du coût de la
vie semble devoir se poursuivre encore
dans le Nord.
Après le pain, qui vient de subir
une augmentation sensible, les mar
chands de beurre annoncent une hausse
d'au moins un franc au kilo de cette
denrée.
De son côté, le syndicat des laitiers
fait savoir qu'une augmentation de
-vingt centimes au litre de lait sera ap
pliquée dans quelques jours.
Nous avons diverses reprises parlé
des Musées de Courtrai dans Le
Sud et nous avons également déploré
que le manque de propagande touris
tique faisait qu'ils étaient quasi-incon
nus. Aussi est-ce avec plaisir que nous
reproduisons ce bel article de 1 Indépen
dance belge.
On fait souvent un long voyage pour
découvrir un peu de beauté, pour ra
mener un joli souvenir. Et l'on ignore
tant de choses qui se trouvent portée
de la main.
Connaissez-vous les deux musées de
Courtrai
De Bruxelles, en une heure et deux
minutes, le train vous conduit Cour
trai. Il traverse une belle campagne qui,
de vallonnée devient plate et porte sur
des champs nets et précis comme une
carte d'état-major, des meules en or qui
jouent avec le soleil. Parfois, pour vous
rappeler que le passé n est pas mort
et qu'il avait son charme, un moulin
vent vous fait un signe amical avec ses
grands bras de singe. Un saule grosse
tête prend un bain de pied dans le ruis
seau et cherche paraître plus grand
en portant comme un chapeau, le clo
cher pointu qui se profile un peu plus
loin, sur l'horizon bleu. Mais le train
tourne vite et le subterfuge est décou
vert.
"Voici, enfin, comme des soldats ran
gés en bataille, une bonne vieille bataille
de jadis, où l'on pouvait encore se ran-
qer. les fines gerbes de lin. Et 1 odeur,
l'odeur si caractéristique du rouissage,
ce parfum suret et âcre.
Et Courtrai nous accueille, gardée
par ses plus hauts soldats, les chemi
nées de ses usines.
BOURSE ET MUSEE
Sur la place du Marché-aux-Avoi-
nes. voici les anciennes grandes Halles
de Courtrai, la Halle aux Draps du
XVIe siècle, quand chaque marchand
y avait son comptoir ouvert sur le de
hors et derrière lui les métiers qui ron
flaient.
Aujourd'hui, pour l'un, c'est la Bour
se et pour l'autre (l'autre est beaucoup
plus rare) le Musée d'Archéologie et
d'Art Indstriel et Décoratif. Ils ont rai
son tous les deux. La Bourse de Cour
trai occupe le rez-de-chaussée, le Mu
sée le premier étage.
Peut-être le musée serait-il mieux
logé s'il occupait tout le bâtiment Ne
soyons pas trop exigeant pour les cho
ses de l'esprit, et rappelons-nous qu'a
vant le 31 décembre 1911, ces collec
tions étaient entassées dans une des
tours du Broel et que la place était
bien plus réduit qu'aujourd'hui.
UN PEU D'HISTOIRE
Créé en 1879. le Musée d'Archéo
logie de Courtrai fut rapidement en
richi par des dons et les achats de la
Commission. Mais c'est l'activité et
la générosité de feu le baron Joseph
de Béthune que la ville de Courtrai
doit de posséder des collections fort
précieuses. Nommé conservateur en
1906, non seulement il fit de son vi
vant de nombreux dons au Musée, mais
encore, quand il mourut en 1920, il lais
sa au musée, par testament, les mer
veilleuses collections qu'il avait réunies.
Le major Dobbelaere dit fort juste
ment. dans une étude, que le baron Jo
seph de Béthune fut le vrai créateur
du musée
UNE RAPIDE VISITE
Grâce l'obligeance de l'actuel con
servateur. le bon peintre Viérin, nous
avons pu, en peu de temps, découvrir
l'essentiel du contenu de ce musée. A
ceux qui voudraient ne rien laisser
échapper, nous conseillerions volontiers
une double visite.
Tout d'abord, jetons un coup d'oeil
sur la belle vieille charpente du bâti
ment. Quelques verreries allemandes,
flamandes et italiennes dans une vitrine
ne sont jolies, sans pièce capitale. Deux
belles pierres écriture cunéiforme, un
morceau de grès gravé, spécimen d'écri
ture datant de 2500 ans avant J.-C. et
provenant de Ninive, quelques faïences
de Delft. Des hors-d'oeuvres.
Les premiers objets rares sont quel
ques vieilles faïences de Courtrai, mar
quées Courtraij une vierge, un plat,
un couvercle et surtout une curieuse jar
dinière.
LA BATAILLE
DES EPERONS D'OR
Une pièce sans grande valeur artis
tique, mais curieuse et qui intéressera
les amateurs d'histoire est une petite
dalle funéraire en terre cuite, trouvée
dans l'ancienne abbaye de Groeninghe.
On y peut lire en vieux flamand cette
inscription
En l'année 1302, le jour de St-Be-
noit, au mois de juillet, la bataille sé
vissait Courtray.
Sous celle-ci se trouve enterré Si-
gis, roi de Majorque. Priez pour lui.
Ce sont probablement les religieuses
de l'abbaye qui auront enterré ce sei
gneur et auront fait faire cette dalle
par le potier du village.
Dans la vitrine qui renferme cet ob
jet. on peut voir un des fameux éperons
d'or Cet éperon d'or est en bronze.
Il devait être doré l'époque.
Il fut payé par le musée 4.000 fr.
dans une vente Anvers. Le précédent
propriétaire l'avait acheté, ainsi qu'un
casque (celui-ci adjugé un musée
étranger pour une somme énorme),
un boutiquier de Courtrai pour 9 fr.
NAPPES DAMASSÉES
La collection la plus curieuse et la
plus originale de ce musée est celle des
nappes et serviettes damassées. Elle ne
compte pas moins de 111 nappes et
553 serviettes.
Tous ces linges de table furent tissés
Courtrai. Tous ont été exécutés pour
une occasion bien déterminée, prise de
ville, grand dîner de chasse, mariage.
On en voit qui servirent au dîner royal
qui fêtait la prise de Courtray, la prise
de Tournay, celle de Valenciennes.
Telle autre représente Belgrade, ou Os-
tende. Les dessins sont merveilleux et
d'une grande audace de conception.
Puisque l'on parle de remettre
l'honneur nos industriels d'art, pourquoi
ne pas songer aux nappes damassées.
On pourrait, en famille, se léguer la
nappe de mariage comme on se lègue
le voile de dentelle.
TISSUS IMPRIMÉS
ET FOLKLORE
Une riche collection de vieilles étof
fes voisine avec les planches qui ser
vaient imprimer les cotons et les toi
les. Ces bois gravés incrustés de cuivre
(pour les lignes fines) sont les choses
les plus raffinées qu'on puisse imagi
ner. Certains servaient imprimer le
tissu des pantoufles, d'autres les châles
et les mouchoirs. Nous ne pouvons son
ger tracer ici le catalogue de ce mu
sée, catalogue qui devrait être fait un
iour ceDendant et serait très précieux.
Citons la belle courtepointe donnée par
Charles-Quint son médecin Vésalle
pour le récompenser de l'embaumement
de René de Nassau citons les insignes
de loges courtraisiennes, les mules et les
bas de Msg. de Broglie, le fer authen
tique d'un goedendag. des papiers de
tapisserie imprimés la main et qui ont
la finesse d'un dessin de David, etc
etc...
Les meubles de la section d'art dé-1
coratif sont fort beaux, mais une col-1
lection qui vaut elle seule le voyage I
Courtrai est la section gothique. On
y trouve le retable de Ste-Colombe
provenant de Derlyk, des vierges et u0 1
christ en bois, des fers gauffres et I
osties, des meubles et des coffres, des I
sculptures superbes...
LES VISITEURS
Les visiteurs sont rares. Les écoles I
des touristes français et américain! I
créent le seul mouvement dans ce mu-1
sée. Que faudrait-il pour le rendre p|Ml
vivant. Un peu plus d'argent. Comaeï
toujours et partout.
Comment faire de la propagande pourl
un musée si l'on ne peut même pajl
faire photographier les pièces principa-l
les 1
LE MUSÉE DES BEAUX-ARTS
A cinq minutes des Grandes Halles I
dans la rue de Lille se trouve le pro-l
visoire Musée des Beaux-Arts.
Sur l'emplacement du jardin de l'hô-|
tel qui abrite les collections, on
construire le nouveau musée d'art dcl
Courtrai. Les conditions du concounl
seront publiées prochainement.
Aujourd'hui, les tableaux sont pla-|
cés comme dans une salle de vente.!
C'est un peu triste, mais heureusemeat|
provisoire.
Allez-y cependant. Vous y verrez ml
superbe Savary, beau comme un Breo-J
ghel. Ce Sac du village est signé
et daté 1604. Plein de mouvement t
d'un coloris extrêmement éclatant t
l'avant-plan. il possède dans le
des bleus exquis comme une fine pot-l
celaine. Dans les modernes, un Jakcb
Smits de premier ordre attend au;
une meilleure place. Il y a aussi qui»
ques beaux Viérin. des Verwée,
curieuse oeuvre de jeunesse de
stantin Meunier, des tableaux de
Vos, Mathieu, Coosemans, Claus, Catl
pentier, Willems, H. Courtens, F. Co'-'l
tens, Robbe, Binjé, Farasyn, Godefroiif
de Vreese, etc., etc. Tout cela un
mélangé, demandant un triage sévèr
On pourra remplacer utilement
ouvres médiocres par les excellents!
bleaux qui sont remisés en ce mono
l'Hôtel de ville et au musée d'archéo
logie. Et le nouveau musée sera dig»
de ses visiteurs, qui, espérons-le, na<
tendent que cet arrangement pour
précipiter en foule, n'est-ce pas
UN SOUHAIT POUR FINIR
Puisque M. Viérin, le distingué t
érudit conservateur nous a si aimai*]
ment guidé, pouvons-nous lui faire»
suggestion Ne pourrait-on pas piaf
quelques endroits de la ville, des f
ques qui renseigneraient l'existence
ces deux musées et leur emplacemfj
Ces plaques pourraient être rédigéesr
plusieurs langues et même en françaj
puisqu'il est établi que les Français s
les plus nombreux visiteurs des
musées de Courtrai. Quelques B
qui ne connaissent pas le flamand
profiteraient aussi Mais, le ma!
serait pas grand.
On éviterait ainsi ce qui nous
arrivé, c'est au'un agent de police, Pf
de bonne volonté, vous envoie
des musées quand c'est l'autre 1u
veut voir en premier lieu. Parce Q,
pour un agent de police, un musée c
un musée, et l'un vaut l'autre.
Jean M H-®'
ositi
fette
M.
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P" en
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