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Le Brésil, pour beaucoup, est encore une
terre d'aventures, où il suffit de pratiquer
Je système D et d'apporter très peu de capi
taux pour arriver, après quelques années seu
lement, créer dles situations princières. Un
pays immense qui ofire qui les prendra,
des ressources inépuisables, dans un décor
de Paradis terrestre ce n'est là que le Brésil
des poètes.
Un séjour de quelques semaines seulement
■excluait toute possibilité d'étude sérieuse
d'un pays presqu'aussi vaste que l'Europe
et mille fois moins pénétrable Aussi ne
pouvions-nous notre retour émettre de ju
gement complet. Cependant si peu que nous
•yons vu, il nous a été possible de faire
certaines remarques auxquelles les événe
ments de ces derniers jours apportent un
«ésidént intérêt.
Assurément, le Brésil est un pays riche,
au point de vue agricole surtout. Mais plu
sieurs causes, d'ordre tout-à-fait général, en
travent son déevloppement. Et parmi celles-
ci nous citerons, avant tout le climat tro
pical dans la plus grande partie du pays,
le sous-sol relativement peu riche (le fer est
abondant, mais la houille fait défaut pres
que totalement), le manque, enfin, de
moyens de communications dans un pays
aussi étendu. Tout cela, et bien d'autres
raisons ont fait que le Brésil n'est pas
encore la grande puissance qu'elle pourrait
être.
Le fait principal que nous ayons noté est
d'ordre psychologique l'influence néfaste du
ciimat et la fécondité dti sol qui produit en
abondance et partout des produits d'alimen
tation, fait que le brésilien est naturelle
ment enclin ne pas travailler. Il est in
dolent et se contene de peu. Il se nourrit
de fruits exquis et de... viande, aussi bon
marché que les fruits. Il est normal que le
brésilien n'aime pas travailler dans un
pays où il peut obéir la loi du moindre
effort. Les travailleurs sont les nègres et les
européens.
Une conséquence de cet état de choses
est que la grande industrie, le commerce,
les transports, l'eau, le gaz, l'électricité et
généralement tout ce qui suppose des capi
taux importants se trouvent pour la plus
grande part entre les mains de l'étranger,
les américains, les allemands, les anglais, qui
ont ainsi une main-mise sur l'économie du
pays. L'agriculture n'échappe pas cette
règle. Signalons titre d'exemple que les
provinces du Sud, celles qui produisent des
céréales européennes sont peuplées d'alle
mands. L'allemand y est en beaucoup de ré
gions la langue principale.
La fierté nationale du Brésilien admet dif
ficilement cet état de choses. Cela explique
■en partie les dèrniers événements.
Comment faut-il juger ces événements
Constituent-ils vraiment une vigoureuse réac
tion nationale, un retour des sentiments de
fierté et d'espoir en un avenir glorieux, une
volonté ferme d'être le maître chez soi,
■et pas seulement politiquement ou ne
faut-il voir là ciu'une révolution comme tou
tes celles, nombreuses, qui l'ont précédée,
c'est-à-dire sans lendemain et qui le plus sou
vent n'étaient que le fait d'une ambition per
sonnelle
Si l'on ne devait pas tenir compte d'un
fréteur important dont nous parlerons plus
loin, nous pencherions plutôt vers cette der
nière hypothèse. Lors de notre passage au
Brésil, la révolution était attendue d'un
jour l'autre. Il faut dire qu'au Brésil on
vit toujours dans l'attente d'une révolution,
si on peut appeler ainsi un coup de force
centre un) Président en fonction seul
rmyen pratique de prendre sa place
et qui ne dure euère plus d'une journée. Les
Ministères et bâtiments officiels étaient gar
dés par la troupe baïonnette au canon. L'état
de guerre existait officiellement. On suppo
sait généralement que les candidats-prési
dents n'attendraient pas les prochaines élec
tions du début de 1938 pour atteindre le
pouvoir, et d'autre part, la tension qui exis
tait entre certains états s'était singulièrement
développée. On a tout lieu de croire que,
pour conserver la présidence, laquelle deux
fois consécutivement, il avait été appelé, et
qu'il ne pouvait par conséquent plus occuper,
Vargas n'ait pas trouvé mieux que dfe chan
ger la Constitution et de faire sa révolution
avant que ses rivaux l'aient faite. Le
Président nous a été décrit par des personnes
bien informées comme un ambiteux. Il a
l'appui de l'armée, mais il serait, paraît-il
peu sympathique dans les milieux de la haute
banque et de la grande industrie. (Serait-
ce pour cela que tous les démocrates et hom
mes de gauche l'attaquent La mesure qu'il
vient d'édicter et par laquelle il veut faire
disparaître de ces milieux la domination des
étrangers, est bien dans la ligne dé sa poli
tique Cependant nous devons noter que le
lendemain du coup d'Etat il a donné aux
puissances étrangères les garanties les plus
formelles que les capitaux étrangers seraient
respectés
En tout cas pour apporter son pays, qui
n'a pas encore achevé sa crise de croissance,
ce qui lui a manqué jusqu'ici un gouver
nement sain et fort, une administration sta
ble, indispensables la prospérité du pays,
M Vareas doit vaincre d'abord le brésilien
lui-même et son caractère tout la fois in
dolent et tuibulent. Y parviendra-t-il
La psychose de dictature qui se fait si fort
sentir acuellement dans le mondé entier et
qui, progressivement, unit des nations neu
ves et fortes, atteindra sans doute aussi le
Brésil. C'est un fait capital. Il ne faudrait
point s'étonner, dès lors, de voir ce pays,
bien gouverné et épaulé par des parrains
puissants, tirer bientôt tout le parti de ses
immenses richesses et constituer pour l'Alle
magne, l'Italie et la péninsule Ibérique,
sans parler du Japon un inépuisable ré
servoir de céréales, produits agricoles, fruits,
café et matières premières, et en revanche un
important débouché pour leurs produits ma
nufacturés.
Ph. V.
N. D. L. R. Nos lecteurs apprécieront
vivement cet article de notre collaborateur.
Mais nous insistons surtout sur le caractère
psychologique du problème brésilien. Il
est incontestable que l'élément fierté natio
nale jouera un rôle prépondérant dans l'ef
fort de redressement tenté au Brésil.
Un facteur nouveau, essentiel, est inter
venu le redressement économique et na
tional du Portugal. Cet élément n'est pas
étranger aux événements qui se passent au
Brésil. Nous en avons dit assez pour que
nos lecteurs comprennent l'avenir qu'il y a
pour l'Europe ce que le Brésil se retourne
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LICENCE ADLrJ*
SIGNIFIANT