Le ROI et les Pantins. L'Assistance Publique et la Santé Publique. La Commission Pro vinciale de Tourisme. Les Gaîlés du Conseil Provincial. 4e ANNEE No 48. Hebdomadaire 50 cent. le numéro. DIMANCHE 28 NOVEMBRE 193T. Pour qu'une nation soit, il faut qu'une solidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. I ABONNEMENT, FIN 1938 VINGT FRANCS Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Tbourod, YPRES. Compte-chèques postaux 1003.43. 1 Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. L'oncle échoua après le neveu, éga lement pour des raisons de famille. C'est en effet, cause de l'exclusive prononcée par le parti socialiste, que l'oncle Janson fut obligé de renoncer la collaboration de l'oncle Jaspar, comme le neveu Spaak trébucha sur la candidature du neveu Jaspar. Nous n'at tacherions pas une extrême importance ces petites histoires de famille, si ces Messieurs formaient le cadre d'un mê me parti. Ce qui doit arrêter notre at tention c'est le fait suivant un milieu foncièrement bourgeois, le milieu Jan- son-Jaspar, occupe des postes directeurs dans des partis qui sont supposés avoir des idéologies complètement différen tes. Ce serait parfait si la masse élec torale attachait aux idéologies politi ques aussi peu d'importance que le font les politiciens. Malheureusement la masse croit aux discours et aux affirmations des politi ciens, et ceux-ci divisent, déchirent le pays, font s'opposer, se battre, se haïr des catégories de citoyens, quand eux- mêmes croient peine, ou parfois pas du tout, aux théories qu'ils énoncent. Réfléchissez ceci un régime qui fait s'opposer des partis où figurent Jaspar Henri et Jaspar Marcel-Henri, Janson Paul-Emile et Snaak Paul-Hen ri. ce régime est idiot. Ces quatre hom mes, si la comédie artificielle de la po litique des partis disparaissait, ne de- vendraient-ils pas tout simplement de bons citoyens, ardemment dévoués leur pays, et pouvant, enfin, se livrer un travail constructif. Alors pourquoi maintenir ces formations inutiles L'Union nationale zeelandienne est défunte. Et c'est tant mieux, car ce n'était qu'une illusion. Mais une vérita ble union nationale ne pourrait-elle se former et présenter, lors de l'inévitable dissolution des chambres, des listes na tionales En 1920 c'eut été pour la Belgique le moyen d'éviter tous les maux qui sont nés de la démagogie politique. En 1932, c'eut été possible, si de Broqueville avait eu le cran né cessaire. Est-ce encore possible en 1937-1938 C'est en tout cas le seul moyen qui reste aux politiciens pour re trouver une dignité perdue 4- Le Roi, revenu de son voyage triom phal en Angleterre, espérait que huit jours de calme aurait donné aux poli ticiens le temps de recouvrer leurs es prits. A pane le nom d'Henri Jaspar fut-il mis en avant, que le microbe par tisan piqua une nouvelle crise. Heureu sement, le Roi comprit quil ne fallait pas donner l'Europe et au monde, plus longtemps, le spectacle humiliant de ce théâtre de marionnettes. Après avoir offert MM. Tschoffen et Brunet de former le gouvernement, le Roi pria M. Janson de Drésenter un ministère, cet entr'acte suffit pour mar quer une abdication nouvelle des ca- tholiaues l'exclusive socialiste l'é gard de M. Jaspar. Lamentable (Voir suite page 8). La tâche de journaliste indépendant est bien ingrate. Non seulement elle s'accom pagne de tous les ennuis qui résultent du fait de dire la vérité et de dénoncer les abus, mais elle n'apporte que rarement la consolation de voir les personnes, averties du danger, prendre les mesures de défense adéquates. Espérons qu'à force d'insister on finisse par avoir raison. C'est pourquoi nous revenons aujourd'hui sur la question de l'As sistance publique. Nous avons fait une petite enquête dans notre province, et nous croyons pouvoir affir mer que rien n'a été fait, depuis la célèbre visite de AI. Vandervelde Y près et le fa meux discours qui a été prononcé cette occasion. Reprenons les faits. En novembre 1936 M. Emile Vander velde, alors Ministre de la Santé Publique, vint inaugurer officiellement l'Hôpital d'Y près. Ce n'était pas sans émotion que les Yprois songeaient ce qu'eût pu être cette inauguration, si la mort n'avait arraché l'affection des Belges la Reine Astrid. En effet la Reine ai'ait accepté de venir inau gurer l'hôpital, les Y prois ayant été profon dément déçus du fait que Sa Alajesté n'avait pu accompagner le Roi, lors de l'inaugura tion du Beffroi. En ce jour de novembre, au lieu de la toute gracieuse souveraine, Y près devait se contenter de la présence de Vandervelde. Cependant toutes les autorités se trou vaient réunies l'hôpital pour assister la cérémonie officielle, et M. Vandervelde pro nonça un discours. Très habilement, avec beaucoup d'astuce, M. Vandervelde déclara que ce n'est jamais en vain que l'on fait appel au patriotisme des Y pi'ois. Et le Mi nistre de la Santé Publique fit comprendre qu'un manque de justice régnait en Bel gique. Certaines régions possèdent des Assis tances publiques trop riches, d'autres des Assistances publiques trop pauvres. Par pa triotisme (de quoi parle-t-il cet internatio naliste), par esprit de solidarité nationale (peut-être oubliait-il la lutte des classes et la dictature du prolétariat il faudrait répar tir plus équitablement les ressources des As sistances publiques du pays. Le Ministère de la Santé publique a été créé pour coordonner les efforts. C'est ce Ministère veiller la répartition. C'est au Ministère déposer des projets de loi dans ce sens, et M. Van dervelde annonça qu'il le ferait sous peu. justement émus par cette déclaration du Ministre la la Santé publique nous jetions un cri d'alarme Evidemment cette propo- sition au point de vue collectivisme est admirable. C'est de l'étatisation dans toute sa splendeur. C'est l'Etat qui nivelle, qui distribue, et qui se substitue l'initiative privée. C'est le gouvernement qui par l'in- termédiaire des politiciens devient le sou- vercàn dispensateur de la Charité. Hélas ce cri d'alarme ne rencontra un écho bienveillant que pendant huit jours Et puis la question de Assistance publique menacée par le Ministère de la Santé rtinté ressa plus personne, pas même les membres des Commissions de l'Assistance publique. Les avertissements ne firent cependant pas défaut C'est l'I.N.R. que M. Vander velde fit ensuite ses confidences Plutôt que d'accroître dans de fortes proportions la dépense totale, il faut coordonner, ra- tionaliser, supprimer les doubles emplois, débrousser la jungle des initiatives concur rentes. On ne peut être plus limpide. Le Ministère de la Santé publique enfle son budget. Le Ministre des Finances ne parvient pas bou cler le sien. Dans un régime de saine démo cratie les dépenses du Ministère de la Santé publique sont déclarées intangibles. Les res sources de fEtat font défaut. Tant pis. On prendra l'argent là où il se trouve. Grâce l'inconscience et la faiblesse légendaire des catholiques, on a escamoté les fondations des anciens bureaux de bienfaisance pour les passer l'Assistance publique. (voir la suite et fin en page 4) HOMMAGE RESPECTUEUX AUX ACTIFS BOURGMESTRES DE BRUGES, COURTRAI ET YPRES. On a mis profit les belles journées de l'arrière-saison pour pousser activement les travaux d'aménagement du nouvel aérodro me de Spa. On sait que celui-ci sera installé La Sauvenière, sur le terrain même qui pendant de longues années a servi d'hippodrome. Il est seulement considérablement agrandi par les-empiétements que l'on a fait sur les bois voisins et en incorporant au champ d'avia tion les terrains en direction du tir aux pigeons. Dans l'état actuel des travaux on peut es pérer que l'inauguration pourra avoir lieu dans les premiers mois de 1938. Par ailleurs, l'Etat active sérieusement les travaux de construction de l'aérogare qui droit compléter cette installation. Enfin un crédit de 350.000 francs qui a été voté, doit permettre la création pro ximité du champs d'aviation, d'un stade hyp- pique doté des perfectionnements les plus modernes. Au moment de la constitution de la commission provinciale de tourisme, nous avons protesté contre la mentalité qui présidait la formation de celle-ci. La commission était bourrée de politi ciens et par conséquent vouée l'inca pacité et l'incompétence. Nous reprochons amicalement aux défenseurs du tourisme en Westflandre de ne pas nous avoir soutenu énergi- quement ce moment-là. Ce sera l'éter nelle mission du SUD de partir en ti railleur... quitte lui donner raison un an après. Pourquoi cette perte de temps et ne pas nous emboiter le pas immé diatement. Nous comprenons l'inertie des journaux inféodés, mais pourquoi les autres, et notamment la bilieuse Flandre Maritime, réchignent-ils En tout cas cette semaine La Pan ne-Plage nous donne raison par l'ar ticle que voici (Voir suite page 8). Suite de la semaine dernière) LE PORTO ET LES CIGARES DU GOUVERNEUR. ...Le jour d'ouverture de la session ordi naire, la plupart des Conseillers vont, en. groupe, avant la séance, saluer le Gouver neur et lui présenter leurs respects. Les socialistes par principe sans doute (car ils sont aussi polis que les autres) s'abstien nent de rendre cette visite traditionnelle. Le Gouverneur se garde bien de leur en tenir rigueur. Et il les invite, comme les autres, passer après la séance dans ses salons, pour y siroter le Porto et fumer les fins cigares. Est-ce la peine de vous dire que nos ci- devant citoyens acceptent cette alléchante invitation avec un empressement conscient et organisé ATTRAPADES TRADITIONNELLES ...Nous avons dit qu'il ne surgissait ja- hîais d'incident violent au sein du Conseil. Ne croyez pas cependant que les discussions -y manquent pour cela de couleur sans qu'un. orateur aborde par l'un ou l'autre flanc, l'é pineuse question scolaire. Et alors, gare f Le débat s'amorce, s'échauffe et s'amplifie... Les quarts d'heures et même les heures pas sent... Chaque clan rival veut avoir le der nier mot, quitte ressasser I'in'ini.les mê mes arguments, pseudo-arguments, bobards, inepties et autres rengaines d'allure électo rale. Cela n'en finit plus. Cette année, cause de tout le temps perdu de cette façon, la durée de la session a dû être prolongée de huit jours. Avec passion, de droite et de gauche, on se renvoie la balle. Les uns et les autres ont dans leur sac, tout un attirail de reproches 1 charge des adversaires. Les griefs pleuvent tous les faits, gestes et paroles supects, tort ou raison, de partialité, sont déballés et étalés grand renfort de bombements de torses et de sentences définitives. Pour qui n'est ni de gauche, ni de droite, le groupe reixste par exemple, le spectacle de ces prises de becs est quelque chose de passablement amusant. Jusqu'à certaines li mites, cependant. Car la fin, ces chamail leurs 4.000 fis. l'heure (1) deviennent purement pelants. Dans l'intérêt du ipoirifique contribuable westflandrien, autant d'ailleurs que pour le prestige de notre Conseil provincial on doit souhaiter la disparition ou du 'moins une sérieuse atténuation de ces accrochages chro niques. Il ne faut pas désespérer. Cela va d'ailleurs déjà beaucoup mieux depuis cer taine intervention malicieuse qui mit fin, lors de la séance du 19 octobre, l'une de ces joutes saliveuses. Les rexistes sont, de loin, les moins bavards du Conseil. Mais, ce jour-là, l'un d'eux ne sut se retenir de placer le petit mot de la fin. UN PAVE DANS LA MARE. Chaque fois, dit-il en substance, qu'est soulevée en cette enceinte, la moindre ques- (1) Une séance du Conseil provincial dm environ 2 h. et coûte de 7 8 mille francs.

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Le Sud (1934-1939) | 1937 | | pagina 1