M. Coulonvaux, illusionniste Le Roi Carol. Westflandre
Victoire professionnelle.
Défaite politicienne.
5me ANNEE No 3.
DIMANCHE 16 JANVIER 1938
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
I
ABONNEMENT, FIN 1938 VINGT FRANCS
s Ch. va» RENYNGHE,
19, rue Longue de
YPRES.
1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Vendredi dernier, M. Coulonvaux,
président du parti libéral, a fort mal dit
un excellent discours l'I.N.R. Nous en
donnons un large extrait, en approuvant
fortement ce langage de M. Coulonvaux
MAIS... il y a un fameux mais
Ces idées excellentes n'auront de va
leur que si M. Coulonvaux chasse d'a
bord du parti libéral les rusés, les am
bitieux et les spéculateurs de la politi
que Nous assisterons avec une certai
ne sympathie cet énergique coup de
balai dans les cadres du libéralisme
west-flamand.
En attendant nous prions nos lec
teurs de se tenir sur une prudente ré
serve. Ce bon Coulonvaux nous paraît
avoir de fortes illusions. Nous nous te
nons son entière disposition pour le
renseigner sur la valeur du cadre libé
ral de notre région. Il sera édifié. D'au
tre Dart une collection du SUD est
«a disposition, où il retrouvera les idées
essentielles de son discours, et des dé
coupures des hebdomadaires libéraux
qui nous ont traité de fasciste et nous
ont injurié ce sujet. Aussi attendons-
nous voir M. Coulonvaux pris cruelle
ment partie par les journaux libéraux.
Un seul point où nous ne sommes
pas d'accord avec M. Coulonvaux s'il
veut chasser de l'arrondissement d'Y-
pres les trublions, les profiteurs et les
calomniateurs de tout acabit, il porterait
fortement atteinte la liberté de la
presse, que, finalement LE SUD, res
tera seul défendre. 11 devrait inter
dire la parution de l'organe nationaliste-
flamand il devrait faire coffrer les or-
duriers collaborateurs de l'organe socia
liste et il devrait avec encore plus
d'énergie poursuivre les rédacteurs du
nouvel hebdomadaire libéral, et parti
culièrement ceux qui ont commis cette
semaine une réelle saleté. A bon enten
deur, salut I
s
Voici le texte de l'homélie de M.
Coulonvaux
Le pays veut la restauration d'un in
dividualisme bien compris le progrès
de l'humanité ne peut consister que
dans une plus large expansion de la
personnalité humaine, alliant l'esprit
d'initiative, de prévoyance et de res
ponsabilité toutes les formes d'asso
ciation qui peuvent contribuer procu
rer l'homme un accroissement de for-
•ce ne sont nullement incompatibles avec
le sens de l'individualisme. Ce qu'il
faut empêcher tout prix, c'est que
l'Etat ne prétende remplacer l'individu
dans ses activités, ne fasse de lui un
instrument, ne finisse par le mécaniser
par en faire un automate béat qui s'ha
bituerait tout attendre de lui.
L'immense majorité des Belges se ral
lie au contraire autour de l'idéal indi
vidualiste c'est lui qui peut le plus fa
cilement servir de base la solution des
difficultés économiques et sociales
l'intérieur du pays.
Le problème des classes moyennes
est tout entier dans cette formule et il
ne heurte en rien le progrès social.
11 y a une majorité dans ce pays pour
-admettre comme idéal le progrès social
indéfini mais pour admettre aussi que
cet idéal est limité par certaines condi
tions formelles.
1L'équilibre de l'économie natio
nale
2. L'équilibre des finances publiques;
3. La solidarité des classes sans pri
vilège pour aucune d'elles.
Il y a une majorité dans ce pays pour
chasser les trublions, les profiteurs et
lfes calomniateurs de tout acabit.
Il y en a une pour substituer aux ru
sés, aux ambitieux, aux spéclateurs de
la politique les vrais hommes d'Etat, les
désintéressés, les civiques, les compé
tents les laborieux.
Il y en a une pour mêler intimement
la vie politique la consultation des
grandes organisations professionnelles
mais sans que celles-ci puissent deve
nir indirectement une féodalité politique
nouvelle.
II y en a une pour que la Belgique
mette les conditions de sa production
et de son économie en harmonie avec
la situation des marchés mondiaux, no
tre marché intérieur ne pouvant absor
ber la production nécessaire pour faire
vivre notre main-d'œuvre.
Il y a une majorité pour traiter les
intérêts des classes moyennes avec la
même bienveillance que ceux de la
classe ouvrière.
Il faut que la loi de la quantité cède
de le pas la loi de la qualité. Du S.U.
sont nées plusieurs équivoques
Le principe de la majorité numéri
que n'est pas lui seul la démocratie.
Il n'y a pas de démocratie si les mi
norités sont soumises aux majorités. Il
n'y en a pas non plus si les destinées
du pays ne sont pas confiées ses meil
leurs citoyens.
Un pays vraiment démocratique ou
vre l'accès aux charges publiques tous
les honnêtes gens dont la valeur est
prouvée par l'expérience.
Le régime électoral doit consacrer
l'avènement de l'élite.
Il faut consacrer aussi le libre-choix
de l'électeur ce titre, le parti libéral
mis l'étude la suppression de la ca
se de tête. Il faut que prenne fin la dic
tature d'assemblées où les plus rusés
sont souvent les plus forts.
Non, la démocratie n'est pas unique
ment le nombre. Entendons-nous le
droit appartiennent chacun et tous.
Le droit, c'est l'expression de la volon
té, c'est le choix. Le pouvoir ne peut
être exercé que par les meilleurs choi
sis par tous. Le régime actuel, par l'in
fluence des partis, risque de conférer le
pouvoir chacun cela, c'est la décom
position du pouvoir, sa faiblesse, sa
mort.
Nous avons pris énergiquement po
sition, Bruxelles, dans la question des
élections des Comités du Personnel,
contre l'intrusion dans l'administration
des syndicats politiques. Les organisa
tions indépendantes, quoique ne dispo
sant pas des moyens des syndicats po-
Trois extraits d'une déclaration du
Roi Carol. Nous n'ajoutons pas de
commentaires et demandons nos lec
teurs, de les lire, de les relire et de
les savourer
Le souverain est, en Roumanie, le
seul élément stable. C'est donc lui de
tenir la barre au milieu des fluctuations
des partis politiques. Voilà uniquement
ce que peut signifier le mot dictatu
re appliquée la Roumanie. Le Sou
verain et le Cabinet agissent de con
cert tel est le principe de notre Con
stitution.
Je ne sais si des élections ont jamais
donné une idée exacte de l'opinion pu
blique, le rôle du Souverain est de ju
ger quel est exactement l'esprit de la
nation. On ne peut nier que cet esprit,
en Roumanie, tend actuellement vers
le nationalisme. 11 était donc normal
d'appeler au pouvoir un parti représen
tatif de cette tendance. Mon choix n'a
été dicté que par les beàoins de la na
tion. Ce gouvernement est autoritaire
et je crois nécessaire qu'il en soit ainsi.
Mon peuple doit avoir l'impression que
l'ordre règne dans le pays.
On ne peut nier, qu'il y ait un
fort courant antisémitique en Roumanie.
Ce n'est pas là du reste chose nouvelle.
Mais ce qui s'est produit au cours des
dernières années est que la Roumanie
a subi une sorte d'invasion de Juifs rus
ses et galiciens. Ces Juifs se sont in
troduits illégalement. Leur nombre est
d'environ 250 mille et ils ne constituent
pas un bon élément. Comment consi
dérer comme de bons citoyens des
hommes qui se sont introduits fraudu
leusement dans le pays. Les Juifs qui
sont entrés en Roumanie avant la
guerre ne seront l'objet d'aucune me
sure spéciale mais ceux qui sont en
trés depuis ne peuvent avoir d autres
droits que ceux de réfugiés.
Nous examinerons ce que nous de
vrions faire leur sujet. Il n est pas
question de les expulser. Mais le sen
timent public leur égard est tel que
nous ne pouvons pas donner des droits
politiques des envahisseurs. Si nous
prenons certaines mesures qui pourront
paraître illogiques aux Anglais et peu
en accord avec l'esprit de civilisation,
il ne faudra pas oublier que nous agi
rons ainsi pour sauver les Juifs établis
sur nos territoires avant les traités de
paix. Il est ce point de vue impor
tant de noter que les autres Juifs, les
envahisseurs, ne peuvent se réclamer
des clauses concernant les minorités, qui
ne s'appliquent qu'aux citoyens des ter
ritoires transférés la suite de la
guerre.
litiques, et ayant dû improviser leurs
organisations syndicale», viennent de
remporter une magnifique victoire au
Ministère de l'Intérieur. Espérons que
d'autres succès seront enregistrés en fin
de la semaine. Le bon sens triomphe
et... le politicien est durement atteint.
Bravo
Pourquoi avons-nous choisi un exem
ple aussi récent que l'Assemblée de la
Westflandre pour dégager la mentalité
des habitants de notre région. D'abord
parce que nous possédons tous les ren
seignement authentiques sur cette épo
que, et qu'il ne s'agit pas d'hypothèses.
Ensuite que dans de nombreuses famil
les des souvenirs et des traditions per
mettent de reconstituer les différents
éléments psychologiques, qui font
que le milieu, les préoccupations et
les tendances des membres de l'Assem
blée de la Westflandre nous sont par
faitement connus.
Quelles sont les caractéristiques, es
sentielles de la population westflaman-
de Contrairement la théorie gré
gaire qui pousse trop de théoriciens
combattre l'individualisme excessif du
dix-neuvième siècle, en prétendant im
poser aux masses un commun dénomi
nateur matérialiste, que ce soit la clas
se, ou la race, nous prétendons que le
splendide capital de civilisation de la
Westflandre n'a pas besoin de ces re
mèdes de rebouteux. Plus que dans
toute autre province de notre pays, le
grand passé communal et la splendide
épopée du Moyen Age ont permis aux
hommes de Westflandre d'affirmer
hautement la valeur de leur personna
lité. Les périodes les plus glorieuses de
la Westflandre sont celles où elle fut
réellement ouverte 'Europe, en liai
son commerciale avec le Saint-Empire
et en liaison artistique et intellectuelle
avec la France et l'Italie.
C'est chez nous, c'est dans notre Bel
gique, qui affirma dès le dixième siècle
sa volonté d'indépendance et lutta pen
dant tout le Moyen Age pour mainte
nir, cette liberté, c'est chez nous qu'il
y eut avant tout autre pays une civili
sation simplement humaine, sans aucu
ne déformation grégaire raci-
que ou nationaliste Contraire
ment ceux qui s'agenouillent devant
les mouvements de masse et les doc
trines de force, et qui regrettent de ne
point appartenir un grand pays
nous prétendons que la grandeur n est
pas dans le nombre, ni dans la masse,
mais dans les possibilités du libre épa
nouissement d'une élite. La Belgique a,
maintenant, aussi bien qu'au Moyen
Age et la Renaissance, une mission
civilisatrice accomplir, et qu'elle seule
peut accomplir, parce que son prestige
et la valeur de ses hommes ne peuvent
porter ombrage aux autres nations et
sont, par conséquent, acceptés plus fa
cilement sans chauvinisme et sans ar
rière-pensée.
Il est faux de dire, et c'est une con
séquence du matérialisme et de la mé
galomanie du vingtième siècle qu un
petit pays ne puisse avoir que de petite»
gens. Il n'est pas une branche de la
science, de l'art, du commerce, de 1 in
dustrie, de la pensée inte'lertuelle ou
philosophique, où nous ne trouvions
un moment déterminant, un tournant,
de son évolution, la forte et décisive
impulsion d'un Belge. La beauté et la
grandeur de la Belgique est d'avoir con
tribué au cours des siècles au progrès
de la civilisation et au développement
I