La Vie Bruxelloise
«LE MUSEE DE GUERRE DU SAILLANT'
LE SUD, dimanche 3 avril 1938.
BILLET BRUXELLOIS
INCOHERENCE PARTOUT
On ne vient pas Bruxelles
sans passer une soirée aux
vaoietes
MUSIC-HALL
Salle ultra moderne
Confort remarquable
Spectacle sélectionné
Rue de Malines (Gare du Nord)
Tél. 17.63.40
Bonjour, Monsieur
Avez-vous visité les Musées en viMe?
Commencez par
vous serez si
agréablement surpris que vous désirerez en visiter d'autres - - TOUJOURS DU NOUVEAU
LE MUSEZ DE GUERRE DU SAILLANT DTPRES s, ENTREE RUE DU VERGER.
Le gouvernement doit accorder sa
protection la culture de la langue
flamande qui est celle d'une grande
partie des habitants du royaume, non
seulement titre de justice, mais enco
re l'effet de rappeler les souvenirs
glorieux des anciennes provinces de
Belgique et de propager de plus en
plus l'amour de la Patrie
Et Charles Rogier me direz-vous.
Je sais qu'on prête cet homme d'Etat
alors ses débuts, des déclarations ten
dant extirper la langue flamande,
mais jamais je n'en ai vu le texte au
thentique. On fait état d'une lettre de
Rogier Palmerston, mais cette lettre
où es-elle J'ai écrit moi-même un
écrivain flamand qui l'avait mention
née dans la page flamande de l'Indé
pendance pour lui demander là-dessus
des renseignements. Je n'ai jamais re
çu de réponse. L'archiviste qui a dé
pouillé les papiers de Rogie n'en a
pas trouvé trace. Quoi qu'il en soit, je
constate que Rogier fut plusieurs re
prises, et notamment en 1832, ministre
de l'Intérieur et avait l'Instruction pu
blique dans ses attributions. Or, jamais
il ne porta atteinte au caractère fla
mand qu'a toujours eu en Flandre
l'enseignement primaire. S'il avait
voulu extirper le flamand, c'est là qu'il
aurait frappé, comme la France l'a fait
Dunkerque. J'oppose au contraire
la politique prêtée Rogier la déclara
tion suivante de Joseph Lebeau. son
ami, celui que j'appelle le grand hom
me de la Révolution belge. Il pronon
çait la Chambre, le 10 novembre
1858, après avoir marqué son désir de
voir propager le plus possible la lan
gue française, ces paroles caractéris-
tiaues La première condition du suc
cès des vœux que ie puis former
cet égard, c'est la plus entière imoar-
tialité. Je dirai même une impartialité
qui ne peut se démentir que par de
la bienveillance pour la langue d'une
qrande narri"» de la population, pour
la langue flamande... Si donc je
fais des vœux pour la langue fran
çaise. c'est sans manquer de respect
pour tout ce qui se rattache aux sou
venirs, aux traditions, la langue des
Flamands.
En réalité, messieurs, les hommes de
1830 n'ont pas eu de politique linguis
tique. Ils ont pris les choses où elles
étaient. La langue et la culture flaman
des étaient en décadence depuis le
XVIIIe siècle la domination française
avait aggravé les conséquences socia
les et administratives de ce triste état
de choses. L'Etat belqe a d'abord lutté
pour la vie et les Flamands qui sié
geaient au gouvernement, la Cham
bre. au Sénat ont compris que leur
premier devoir comme leur intérêt di
rect était de fortifier la structure du
Tovaume menacé d'un partaoe. de le
doter d'une armée, d'une administra
tion. de lui tailler sa place dans le mon
de. C'est plus tard, au sein d'une Bel
gique forte, heureuse, outillée pour les
combats de la vie, que le mouvement
flamand, appuyé sur des principes que
l'Etat n'avait jamais niés, enrichi par
l'apport d'une évolution interne de plus
en plus puissante, a pu revendiquer et
obtenir petit petit la place qui lui est
due au foyer commun. Il ne faut pas
juger le passé avec des yeux d'aujour
d'hui. et si vous tenez compte de la
marche si lente des idées, vous serez
amenés reconnaître que, loin d'avoir
étouffé les aspirations du peuple fla
mand. le royaume, une fois constitué,
a été la cellule nourricière où elles ont
pu librement s'élever sous la pression
de leur dynasmisme propre. Mais la
lutte pour la vie. pour l'existence po
litique, pour le pain quotidien a d'abord
absorbé toutes nos forces. En la me
nant avec un courage et une ténacité
admirables, en courant ainsi au plus
pressé, les représentants de la commu
nauté flamande n'ont pas trahi leur de
voir. Ils ont aimé la Belgique comme
une mère et j'évoque devant vous la fi
gure émouvante de ce député de Cour-
trai, M. Beckaert-Bakelandt, qui en
1839 est tombé mort son banc, écra
sé par la douleur, au moment d'émet
tre un vote affirmatif au traité qui,
sous la menace terrible d'une exécution
militaire, enlevait la moitié du Lim-
bourg et la moitié du Luxembourg la
Belgique de la Révolution.
-fi
Cette Belgique avait bien conscien
ce de ce qu'elle était en réalité une
vieille nation.
Une nation, qu'est-ce dire C'est
un groupement social spontané ou ac
cidentel au sein duquel des hommes,
liés par d'incontestables affinités d'or
dre physique, d'ordre moral et d'ordre
économique, s'efforcent de réaliser leur
fin temporelle. La nation existe, quelle
que soit la forme de son régime politi.
que, dès que s'affirme une certaine mi
se en commun de droits et de devoirs,
dès que se manifeste une conscience
collective, dès que la volonté de vivre
ensemble crée une convergence d'aspi
rations et d'efforts. Assurément, jus
qu'à la fin de l'Ancien Régime les
Belges ont appartenu tout d'abord
leur principauté le morcellement de la
période féodale les avait répartis en
tre des cellules variées au sein des
quelles n'existaient sauf Namur
ni unité de race, ni unité de langue.
Les unes relevaient de la Couronne de
France, les autres étaient rattachées au
Saint-Empire. Mais avant que la Mai
son de Bourgogne ait fédéré, sous une
même dysnastie, cet assemblage de ter
res éparses, la géographie, les néces
sités de l'existence et les mœurs avaient
rapproché les hommes et préparé la
voie au patient travail de ce Philippe
le Bon et de ses collaborateurs fla
mands, que Juste Lipse, un siècle plus
tard, saluait du titre de Fondateur de
la Belgique.
Les Belges, en effet, avaient tous su
bi depuis près de dix siècles l'influence
civilisatrice de l'Eglise dont les diocè
ses. dessinés l'époque romaine, en
jambaient en les ignorant hardiment
les frontières multipliées l'excès. En
semble, ils avaient pris part aux croi
sades la féodalité, chez eux, avait
adopté une forme particulière, en har
monie avec le caractère des habitants
et avec leurs besoins. Les communes
y étaient devenues puissantes. Sous la
diversité des institutions, on reconnaît,
de l'Escaut la Meuse, un fonds com
mun d'habitudes, de façon de voir et
de sentir. Dès que l'action centralisa
trice d'une d/nastie unique fut venue
s'ajouter aux facteurs qui rapprochaient
naturellement les uns des autres les
Belges de toute obédience, on vit se
former petit petit un sens social dont
la consolidation de siècle en siècle est
l'intérêt principal de notre histoire
partir de la Renaissance. Dès le XVIe
siècle, dans les pays de par deçà
le sentiment de la nationalité s'éveille,
se précise, s'épanouit, car c'est le mo
ment où la politique collabore avec la
civilisation et tend vers le même but.
La Révolution du XVIe siècle assi
gne aux provinces du Nord et aux
provinces du Sud un climat politique
Ce 30-3-38.
LES MANŒUVRES DE L'ARMEE
On a fait grand bruit ces dernières
semaines autour des déplacements de
troupes, nécessités par les manœuvres
de garnison et par le rassemblement,
Beverloo, des éléments nécessaires
la constitution d'une nouvelle division
d'Armée. Certains journaux se sont
même permis de jeter la panique dans
le public, en parlant do mobilisation.
Le parquet a ouvert une enquête ce
sujet. C'est pain bénit.
Certes, les événements de ces der
nières semaines, tant en Europe cen
trale que dans la Péninsule Ibérique,
sont fort graves. Dès lors, ce n'est pas
et religieux tout fait différent, mais
entre ces dernières les liens de toute
nature se font de plus en plus étroits.
L'Ancien Régime ne s'achève pas sans
oue la nationalité belge, brisant toutes
les entraves, ne gagne par la Révolu
tion brabançonne un titre indiscutable
la vie. Le drapeau tricolore est né
il est fait du jaune et noir du Brabant
combinés avec le rouge du Hainaut, et
on l'acclame d'une même voix Bru
xelles, Gand, Bruges, Louvain,
Mons, Tournai, Namur, An
vers et dans le pays d'outre-Meuse.
Il y a toujours des gens pour nier
l'évidence. Mais celui qui soutien
drait qu'après un tel passé il n'y a rien
de commun dans l'ordre spirituel entre
les Belges des provinces flamandes et
les Belges des provinces wallonnes, je
ne ferai qu'une réponse avez-vous
oublié le 4 août 1914 quand la Belgique
entière s'est dressée dans un sursaut hé
roïque contre un agresseur injuste
Avez-vous oublié le 18 février 1934
quand frappée de stupeur elle pleura le
Roi Albert Avez-vous oublié le deuil
national la mort de la Reine
Ces grandes journées, chargées d'é
motions, ont amené la surface les sen
timents profonds oui habitent les âmes
de chez nous. Je laisse aux ergoteurs,
aux hommes qu'une fausse érudition a
desséchés la triste mission d'opposer
aux réalités spirituelles que nous avons
vues et senties des négations obstinées
qui sont comme un coup de poing as
séné sur le Vrai.
C'est pourquoi les évêques de Bel
gique ont pu dire dans leur Lettre pas
torale du Centenaire Parlant de la
patrie aux fidèles de nos diocèses nous
avons en vue et voulons désigner la
Belgique. C'est la Belgique qui a droit
votre amour, votre respect, votre
obéissance, vos services. Sans doute,
rien ne vous empêche d'aimer la -ville
ou le village, la Drovince ou la région
où vous avez vu le jour, dont vous par
lez la langue et où vous passez votre
existence, mais votre région, ou votre
province pas plus que votre ville ou
votre village ne sont et ne peuvent s'aD-
neler au sens véritable votre Patrie.
Comme pasteurs de vos âmes, nous dé
clarons et nous enseiqnons que, pour
tous. Flamands et Wallons, la Patrie
est la Belgique.
(A suivre) Cte L. de Liclitervelde.
le moment de perdre son sangfroid et
de le faire perdre la masse populaire.
De tous temps, dès les premiers
jours de printemps, l'armée a entre
pris des manœuvres de garnison qui,
progressivement, l'ont conduite, pour
la fin de l'été, aux grandes manoeu
vres.
Si, anciennement, les divers régi
ments pouvaient manœuvrer utilement
dans un rayon de 10 15 kilomètres
de leur garnison, il n'en est plus de
même depuis qu'ils ont été motorisés.
Les Etats-majors ne peuvent se rendre
compte de la rapidité de déplacement,
de la qualité du matériel utilisé, de
l'efficacité d'une intervention contre
une éventuelle attaque brusquée, qu'en
établissant le lieu de la manœuvre
une distance appréciable de l'endroit
de casernement des régiments le
thème de manœuvre devant nécessai
rement tenir compte de l'imprévu d'une
attaque possible, la troupe n'est pré
venue, du moment du départ, qu'en
dernière minute. Dans ces conditions,
il n'y a rien d'étonnant ce que le
public se trouve surpris de voir surgir
inopinément une longue file de ca
mions, transportant un régiment avec
armes et bagages. Il n'y a vraiment
pas de quoi s'affoler, répétons-le.
L'incohérence est bien le signe mar
quant des années que nous vivons. Du
rant cette dernière semaine, trois faits,
en trois domaines bien différents, vien
nent s'ajouter la liste déjà longue des
exemples qui illustrent ce lamentable
état d'esprit.
Il y a d'abord le Monument au Gé
néral Dossin. Nous ne nous attarde
rons pas aux polémiques qui entourent
la décision d'ériger ce monument, car,
c'est avant tout, d'une question d'orga
nisation qu'il s'agit.
Il se fait donc, qu'un Comité décide
d'élever un mémorial, choisit un empla
cement et ordonne la mise sur chantier
de l'œuvre. La Commission pour la
protection des Monuments et des Si
tes, CREEE PAR LE GOUVERNE
MENT. est alertée. En effet, le Co
mité a jeté son dévolu sur un emplace
ment où son ours risque de défi- j
gurer un site architectural classé. Mal
gré l'avertissement de la commission
Drécitée, le comité fait continuer les
travaux et décide de faire inaugurer
le monument. Aux protestations indi
gnées des membres de la Commission
et aux clameurs jetées par une partie
de la Presse, le comité se borne ré
pondre Cette inauguration ne sera
que provisoire et aussitôt que nous
(Lire la suite en page 9