Lé rôle des intellectuels. La vie bruxelloise. (Suite de la 2e page) aurons trouvé un endroit qui NOUS convient, nous déménagerons le monu ment. Cela remet en mémoire l'histoire de celui qui devait être pendu et qui avait obtenu, comme ultime grâce, celle de choisir lui-même la branche laquelle il serait exécuté il ne la trou va jamais. L'inauguration officielle et provi soire honorée d'un représentant du gouvernement, a eu lieu. Le gouvernement vient donc de don ner son appui un comité qui a refusé d'obtempérer aux décisions d'une com mission munie de pouvoirs par le même Gouvernement N'est-ce pas loufoque? Deuxième fait La course des six jours Bruxelles. Grande épreuve SPORTIVE disaient les affiches Règlement de la course très strict disaient les communiqués. Le gros pu blic se disait, lui sport égalant ému lation, on va voir du beau sport. Résultat sportif la 55me heure de de la course, celle-ci a été interrompue. Motif la direction de la course se con sidérait. ce moment en déficit de 100 000 frs. et les coureurs craignaient de ne pas être payés Payés, direz- vous Oui, payés comme des em ployés comme des fonctionnaires ou du personnel la journée. Bref, payés, tout court. Et le sport.-alors Le sport, hélas, dans toutes les grandes compé titions proposées aux suffrages du pu blic, n'est plus qu'une question de gros sous. Il y a longtemps que les esprits objectifs le savent. Il a fallu cet inci dent de la course des six jours pour montrer que dans ce domaine, comme dans les autres, tout est... galette! Troisième fait cette fois dans les grands organismes de la Presse Belge. Nous attirons l'attention des lecteurs sur le fait qu'il s'agit d'intellectuels, c'est-à-dire de gens qui, par définition, doivent être les chefs de file de l'opi nion publique. Dimanche dernier, l'Association gé nérale de la Presse Belge a tenu son assemblée statutaire. Jolie, en vérité. En fait de statutaire, ces messieurs n'ont rien trouvé de mieux que de vio ler consiencieusement des statuts res pectés religieusement par leurs prédé cesseurs depuis 50 ans. C'est ce moment précis que les di rigeants de cet organisme songent créer un ordre des Journalistes La belle contradiction Comme cet épi sode de la vie professionnelle des soi- disants grands intellectuels est édifiant (Suite de la page 1). Cette considération liminaire a com me seul objet de souligner la princi pale caractéristique de notre époque une nation est composée d'une collec tivité de travailleurs, chacun de ceux- ci ayant une fonction, remplissant une mission. Les citoyens qui prétendraient s'isoler des grands mouvements so ciaux qui fermentent dans la société dont ils sont membres, finiraient, tôt ou tard, par être méconnus ou ignorés. Ils disparaîtraient Les intellectuels éprouvent, de par leur formation d'esnrit. une tendance vivre isolés. Ils n'obéissent pas l'in stinct grégaire. Ils ne ressentent pas le besoin d'agir avec la foule. Il leur ré pugne même de se laisser émouvoir par les sentiments de la masse, ce que l'on a convenu d'appeler les idées dynamiques. Cependant, les intellectuels ne de vraient-ils pas être les promoteurs des courants idéologiaues qui provoquent les mouvements de masse. Ou bien les Classes Intellectuelles vont-elles se contenter de suivre les mouvements populaires Par exemple, ouelle est la position des intellectuels devant ce problème oui est l'ordre du iour comment faut-il remédier au désordre - r,->na-- chie économioue et sociale Les uns prétendent ciu'il suffit de laisser faire et que tout se passera bien. D'autres au contraire, affirment que. seule une volonté tenace et des mesures draco niennes édictées par le pouvoir, porte ront remède au désordre des sociétés ébranlées par la guerre et démorali sées. Notre passé historique, les orandes traditions des Provinces Beloiques nous conseillent de choisir, non pas le juste milieu entre ces deux attitudes, mais une position conforme, tout la fois, nos longues habitudes de li berté et notre esprit d'organisation. Il ne s'agit pas de se complaire dans l'élaboration d'une doctrine ou de se contenter de discussions théoriques. La grande majorité des travailleurs est d'accord, dans la pratique, sur la mar che suivre. Ce sont des idéo'ogies ou même simplement des vocabulaires LOTERIES ET... COLLECTES. Nous avons dit un mot, la semaine dernière, des loteries. Il reste signa- et prouve que la loufoquerie ne les a 1er l'indécence des Collectes. Si cer pas épargnés II faut ajouter un mot ce commen taire. au sujet de la Fédération Inter nationale des Journalistes, une utopie née de l'hvperutopie appelée S.D.N. Au moment de sa création, les jour nalistes vraiment belges se sont oppo sés l'affiliation de la Presse Belge cet organisme international, et se sont faits traiter de tous les noms d'oiseaux. Le dit organisme a coûté les yeux de la tête aux associations de la Presse Belge et a surtout rapporté de beaux v°Vages avantageux pour certains pré sidents d'Associations. Et voilà qu'au- 'ourd'hui. on s'aperçoit que la presse Belge doit se désolidariser de la presse internationale, car les revendications de cette dernière sont incompatibles avec notre conception de la liberté de la Bresse. Que tout cela est joli, et édi- f'fnt sur ]a mentalité des quelques 'essieurs qui ont voulu tout diriger depuis dix ans Ces trois faits prouvent que le pays est livré aux mains de partisans, pour °ui l'Unité Nationale, la vraie, n'est Qu'un vain mot. Aussi longtemps que le Peuple n'aura pas bouté dehors tous °es pillards de notre patrimoine moral économique, la Belgique ne pourra Pus redevenir grande et prospère. taines. patronées par de grandes œu vres nationales trouvent une excuse, il en est de nombreuses autres qui sont simplement condamnables. II y a. d'abord, les collectes perma nentes. Des collecteurs sont de vérita bles fonctionnaires. On les rencontre l'heure fixée, chaque iour. dans les mê mes établissements. Ils touchent qua rante pour cent de la recette Il y a, ensuite, les collectes autori sées pour d~ multiples sociétés d'oeu vres tentance anticléricale. Chaque dimanche, Bruxelles est infesté de cette engeance et en moins d'une heure, on risque d'être sollicité trois fois au moins. Dimanche dernier, jour de la mi-ca rême. le record a été battu. Sous pré tente d'une œuvre de l'enfant, un cer tain organisme imposant un droit d'en trée dans les grands établissements de la ville. Taxe obligatoire par person ne 25 centimes Depuis que le gouvernement a com mencé sa politique sociale on croyait que la mendicité publique était interdite. Comme on le voit, non seu lement elle sévi plus que jamais, mais clic s'impose. î-.tr vive l.i "liberté P. L. T. qui font obstacle' une collaboration active entre des hommes qui poursui vent souvent des buts identiques. Dès maintenant des étapes ont été fran chies vers l'organisation de notre so ciété. économique et sociale. Car, c'est bien là que nous devons découvrir le nœud du problème l'organisation de la société. En effet, l'évolution sociale, écono mique et politique des sociétés du ving tième siècle, et tout particulièrement après guerre, est marquée profondé ment par la tendance des différents groupes sociaux faire appel l'inter vention de l'Etat, signe évident de dé cadence et, ce qui est plus grave pour notre pays, attitude en contradiction formelle avec nos traditions histori ques. Cette tendance se retourner chaque instant vers l'Etat pour lui de mander aide, protection ou subsides, au lieu de concourir au relèvement des multiples branches de l'acitivité natio nale, aboutit, soit une paralysie géné rale de l'activité, soit une dictature des groupements quantitatifs au détri ment des groupements qualitatifs. Mais la conséquence la plus cer taine de cet appel l'Etat est l'hyper trophie des cadres de celui-ci et la création continue de nouvelles activités d'ordre administratif. Ce oui signifie, brève ou longue échéance, la mise sous tutelle de tous les citoyens, sim- Dles fonctionnaires au service de l'Etat, animés, si nous pouvons utiliser cet euphémisme, de toutes les qualités qui caractérisent une bureaucratie omni potente. Or. il s'est fait que dans notre sys tème politique le citoyen se trouve, dès maintenant, sans défense devant ce bureaucratisme et cette étatisation qui envahissent jusqu'aux carrières li bérales. Pourquoi Parce nue le ci toyen a été trahi, sans arrêt, par les hommes qu'il élisait Dériodiquement dans le but de contrôler le pouvoir, de limiter l'action envahissante de l'Etat et de freiner son appétit bud gétaire. Les gouvernements tripartites ont eu comme conséquence inéluctable de faire passer, au lendemain du scrutin, dans le camp de l'Etat, les hommes qui avaient été désignés pour contrô ler celui-ci. Le citoyen se trouve actuel lement livré l'étatisation grâce la complicité de ceux qui il avait donné mandat de l'en défendre. Faut-il réagir Vous répondrez tous nar l'affirmative. Comment réa gir Non pas en se livrant des jou tes oratoires sur le terrain politique, ni en s'efforçant de conquérir une place dans les milieux parlementaires. Le microbe est trop virulent pour qu'on puisse espérer ne pas être aussi tôt atteint par la contagion. La solution est beaucoup plus sim ple et infiniment plus logique. Nous succombons écrasés sous le poids pa- ralvsnnt du cadre de l'Etat. Il faut et il suffit qu'à côté, en dehors de celui- ci. se forme, méthodiquement, sous le signe de l'ordre et de l'intelligence, un radre nouveau, complet, logique, le ca dre de la société organisée dans ses professions, pour que l'équilibre se ré tablisse et que l'Etat revienne sa mis sion supplétive et coordinatrice. Du fait même, les problèmes de l'écono mique et du social seront étudiés par des hommes compétents, et 1 Etat aura comme seule et essentielle mission de veiller, dans le libre épanouissement des forces du travail organisées, la avec joie que les faits donnent entière ment raison cette thèse que nous dé veloppions il y a dix ans, déjà. Cette organisation de la Société, en dehors des cadres politiques de l'Etat et des partis, s'accomplit naturellement, in vinciblement sous vos yeux. De l'ac tion syndicale aux organisations pa tronales. en passant par les organisa tions professionnelles des métiers et négoces, tous les matériaux se cristal lisent et s'amoncellent sous les re gards de ceux qui ne sont pas aveu glés par la déformation politicienne. Par un évident instinct de conserva tion, la Société s'organise afin de se soustraire l'emprise de l'Etat. Nous retrouvons plus vivants et olus actifs que jamais les vertus séculaires de nos fiers communiers et l'esprit corporatif de nos artisans. Le combat est livré entre les forces saines de la Nation, qui tendent la formation des cadres professionnels naturels et les organi sations politiciennes qui prétendent maintenir le travailleur dans des ca dres idéoligiques artificiels. En effet, tel est le seul obstacle la présence continuelle du politicien déformé, de celui qui ramène tous les problèmes une question électorale, qui vit ob sédé par l'idée de la défense de son parti, et qui ne parvient pas avoir l'esprit assez dégagé que pour acqué rir la claire vision de ces deux no tions qui n'ont rien d'électoral l'hom me réel et la Patrie, fondée sur la solidarité qui unit les citoyens. Par l'organisation complète du ca dre nouveau de la Société, du cadre de l'organisation professionnelle dont les politiciens doivent être systémati- ouement exclus, nous reviendrons cette notion de l'homme réel, dont la cellule naturelle est le foyer et la cel lule sociale la Profession. Cette émancipation nouvelle du tra- - a illeur, l 'arrachant la domination de l'Etat, dépend en grande partie des r-**»"ectneîs. Car la question primor diale est bien la formation de ce ca dre nouveau et complet, de ce cadre de la Société, côté du cadre de l'Etat. Cadre nouveau, aux idées saines et réalistes, qui grâce sa nouveauté mê me, ne sera pas encombré des idéolo- logies qui paralysent l'activité des po liticiens. La lutte est ouverte entre les deux conceptions qui s'affrontent. Il faut sortir du désordre actuel. La question est de savoir si l'Etat ap portera la solution en imposant l'ordre artificiellement, sous une forme quel conque de dictature, de gauche ou de droite, avouée ou camouflée, ou bien si la Société aura le courage, l'énergie, la clairvoyance de se sauver avant que l'appel l'Etat paraisse indispensable. La réponse dépend des travailleurs in tellectuels de Belgique. Telle est la raison pour laquelle ce congrès d'Intellectuels a été placé sous le signe de l'Organisation Profession nelle. La majeure partie de la Nation a compris que les choses ne seront re mises en ordre, que si chacun accom plit parfaitement sa tâche la politique aux politiciens, l'économique et le so cial aux professions. Les travailleurs intellectuels doivent comprendre les données de ce problème qui ont été in stinctivement senties par la masse. L'organisation professionnelle a besoin de l'appui des travailleurs intellectuels, et si les travailleurs intellectuels n'ap portaient as cet appui aux profes sions. ils s'isoleraient et n'occuperaient pas la place qui leur revient dans les formations économiques et sociales de demain. C'est vous, par vos études, par votre actoin, par votre dévouement être les éléments les meilleurs de ce cadre nouveau. Vous répondrez affir- sauvegarde de l'intérêt général et du mativement cet appel, et l'œuvre fé bien supérieur de la Nation. Utopie, me direz-vous Pourquoi le. bon sens serait-il taxé, priori, d'utopie Nous estimons aue telle est a voie du salut, et nous constatons conde qui en résultera apportera no tre pays une solution réfléchie et or donnée aux problèmes angoissants qui nous préoccupent.

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 9