L'épreuve. La cérémonie du 21 mai fut splendide et émouvante Li ravitaillement des rouges par îa France. 5e ANNEE No 22. Hebdomadaire 50 cent. le numéro. DIMANCHE 29 MAI 1938. Peur qu'une nation eoit, il faut qu'une jolidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. ABONNEMENT, FIN 1938 VINGT FRANCS DW-ection-Administra bon Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. La discussion sur les projets financiers est ouverte. Il s'agit pour M. Spaak' non pas d'obtenir une majorité, mais de mater les démagogues du Parlement. Qes jours-ci seront pour lui l'épreuve qui décidera de la durée de son gou vernement. Aura-t-il l'énergie de soute nir son Ministre des Finances, et d'im poser les directives qui sont celles de M. Max-Léo Gérard Tout est là. Et ces idées du Ministre des Finan ces ne peuvent être mieux définis que dans cet article du chroniqueur politique du journal de Roubaix C'est la question financière, qui a amené la chute du ministre socialiste M. de Man, l'auteur du fameux Plan qui devait sauver la Belgique. C'ést elle aussi qui a provoqué la re traite du cabinet Janson, impuissant combler le déficit d'un milliard et demi constaté au moment de la démission de M. de Man. La Chambre vient de commencer le débat sur deux projets, taxe nationale de crise et taxes d'accises, au sujet des quels les parlementaires sont d accord. Quelle va être la position du nouveau ministre des finances, cet égard On sait que M. Max-Léo Gérard jouit, en Belgique et l'étranger d une grande réputation. Il fut déjà ministre des fi nances de mars 1935 a juin 1936. Ses idées sont donc connues il les a, d ail leurs. exposées en de nombreux articles de revues et dans des conférences dont la dernière, Bâle, récemment, a été particulièrement remarquée. Un principe simple, logique, mais qui a été trop souvent perdu de vue, est, la base de la doctrine financière du nouveau ministre. Pour lui, les finances publiques sont une matière essentiel lement technique, régie par des règles techniques elles ne sont pas une matière politique, soumise des règles politiques. Un principe socialiste dominait jus- qu'ici la question financière de l'Etat, des provinces et des communes Il faut preqdre l'argent où il est M. Max-Léo Gérard lui oppose cet autre Principe Il faut trouver l'argent où d se reproduit, c'est-à-dire, dans la pro duction nationale, sur une masse de transactions et de profits qu'il faut ten dre rendre croissante. Le nouveau ministre des finances est Ul1 partisan irréductible de 1 équilibre du budget cet équilibre est, pour lui, une leçon de discipline nationale qui ha- Litue les pouvoirs publics, comme les citoyens, baser leurs dépenses sur leurs revenus réels et savoir faire, Certains moments, le sacrifice de cer- ta'nes dépenses. M. Max-Léo Gérard veut aussi pour 'Etat, une comptabilité claire, précise, 3 )°ur, afin que le pays sache où en s°nt ses affaires. Il n'admet les crédits SuPplémentaires qu'à titre exceptionnel. est adversaire du cumul des mandats 1U' permet, notamment, des bourg- Sa Majesté le Roi, en quittant la Ca thédrale Saint-Martin exprima toute sa satisfaction en ces quelques mots La cérémonie fut splendide et émouvante Ypres a été digne de l'hommage que l'armée anglaise a voulu rendre la mé moire du Roi Albert. Avant de don ner un aperçu de cette journée nous de vons féliciter les organisateurs. La cé rémonie religieuse fut parfaite, et, ce pendant, il est aisé de comprendre que non seulement le protocole, mais les dif ficultés provenant de croyances reli gieuses différentes, avaient exigé, dans l'élaboration du programme de la céré monie, un maximum de tact et de doig té. Il faut reconnaître que M. le Doyen Vermaut et M. Cassie, secrétaire du Comité anglais, sont parvenus vain cre toutes les difficultés. La tâche de l'administration commu nale n'était pas moins délicate. Nos lec teurs ne peuvent se figurer le nombre de démarches, de coups de téléphone, d'ordres et de contre-ordres qui se suc cèdent, avant que le moindre détail de pareille cérémonie soit définitivement fixé. Et encore, la dernière minute, un changement est toujours possible Nous avons pu nous rendre compte combien M. le Bourgmestre Van der Ghote a pris cœur la réussite com plète, avec le minimum de heurts, de cétte journée. Les officiels anglais et belges ont été unanimes rendre hom mage la parfaite organisation de la manifestation, et la presse nous a ex primé ses remerciements pour toutes les mesures qui ont été prises, afin de lui faciliter l'accomplissement de sa mis sion. Faut-il gâcher un si beau tableau en ajoutant que le département inté rieur a soulevé de nombreuses criti ques, quand le département exté rieur n'a provoqué que des éloges Ce n'est pas la première fois que nous devons constater, de la part de l'admi nistration communale, une curieuse mestres et conseillers communaux de venus en même temps, sénateurs ou dé putés, d'imposer l'Etat de payer des dépenses locales qu'eux-mêmes ont contractées comme magistrats commu naux. Enfin, il ne croit pas que, pour la distribution des deniers publics, un orateur politique, fût-il le plus sincère du monde, ait le moindre mérite se montrer prodigue du bien d'autrui. Telles sont les principales idées di rectrices du grand argentier national belge de l'heure. M. Spaak ne les ignorait pas. En prenant dans son équipe celui qui les professe, et en lui confiant la succession de deux ministres socialistes, le chef du gouvernement a marqué que, sur le ter rain financier, la doctrine de M. Max- Léo Gérard avait ses préférences. S. ignorance des -fonctionnaires yprois de la justice ou de l'administration des fi nances. Mais nous voudrions qu'aucun souvenir fâcheux ne subsiste l'égard de cette manifestation qui en Belgique, en France, en Angleterre, ajouta telle ment au prestige de notre ville. Nous sommes convaincus qu'il n'y a eu au cune mauvaise volonté l'égard de ces fonctionnaires, et tout au plus, un peu de légèreté. Oublions cela pour ne plus songer qu'à la parfaite réussite de la journée. Comme nous oublierons également la bouderie du soleil. Et c'est une des merveilles de cette cérémonie, que mal gré un temps maussade, la manifesta tion laissa chez tous un souvenir ma gnifique. Faut-il suivre pas^-à-pas leurs Majes tés le Roi Léopold et la Reine Elisa beth, de la gare l'hôtel de ville Con tentons-nous d'esquisser quelques traits. Le troisième de ligne rendait les hon neurs la Place Colaert. Les Yprois éprouvent toujours une grande joie de revoir dans leurs murs des détache ments de cé régiment qui fut un peu le leur. De, nombreux rangs de curieux attendaient l'arrivée du train royal, et en contemplant la gare d'Y'pres, ils se disaient que les gares provisoires ont la vie bien dure Et nous avons con seillé aux reporters de saisir cette der nière chance qui leur restait de photo graphier ces bâtiments, qui seront... sous peu... remplacés par une gare dé finitive, dont les plans viennent... dé jà... d'être approuvés. Branle-bas. Le train royal entre en gare. Le Roi descend de voiture. La Reine Elisabeth, que nous n'avions plus vue une cérémonie officielle, depuis la mort du Roi Albert, très émue, suit son fils. Et nous ne pouvons manquer de songer l'arrivée du Roi Léopold pour l'inauguration du Beffroi. C était alors le jeune souverain qui exprimait le regret de ce que la Reine Astrid ne pouvait assister la cérémonie, devant rester auprès du petit Prince de Liège Depuis l'épreuve tragique a transformé le jeune Roi. Ce n'est plusi le beau Prince de légende. Il n'y a que quatre ans Mais tous les Yprois ont été frap pés et émus par ce contraste en 1934 le jeune et beau Roi de légende en 1938 le Roi énergique, volontaire. Nom breux furent ceux qui, ce samedi, sen tirent et nous dirent combien ils éprou vèrent une sécurité pour la Belgique, après avoir constaté combien se dégage de la personne du Roi, une volonté cal me et ferme. Les nombreuses personnalités offi cielles reçoivent le Roi sa descente de train. Citons parmi les personnes que nous avons vues sur le quai de la gare le Lieutenant-général Denis, le Gouver- (Voir suite en 4e page) D'abondants commentaires ont ac compagné le récent discours de M. Mussolini Gênes, dans lequel il a dé claré qu avant de signer le moindre pacte avec la France, il fallait liquider le quiproquo de l'Espagne. Car, décla rait le Duce, France et Italie se trou vent chacune d'un côté de la barricade. M. Daladier a protesté. Mais les faits donnent raison M. Mussolini. D'im portants documents ont paru, notam ment dans Le Jour qui ont établi l'intensité de ce trafic. Contentons-nous de citer cet article très intéressant du Journal On assure, de source quasi officielle, que le trafic des armes destination de l'Espagne rouge s'est considérable ment ralenti depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Daladier. Il était temps. Pendant des mois, en effet, un fleuve d'armes; et de muni- toins a coulé travers le Roussillon. La presse locale, les envoyés spéciaux des journaux français et étrangers ont consacré ce ravitaillement de nom breux articles. Cela n'a jamais troublé le rythme de ces expéditions. Celles-ci sont effectuées au su et au vu de l'ad ministration des douanes et avec sa col laboration normale, puisque tout le tra fic consiste en marchandises venues de l'étranger, débarquées au Havre ou Bordeaux, et qui, voyageant sous la sauvegarde de la formule dite de tran sit international ont traversé la Fran ce entière, convoyées par des douaniers en uniforme. On sait, en effet, que lorsqu'une marchandise venant d'un pays étran ger en traversant la France, les colis ou les wagons sont plombés dès qu'ils touchent le sol français. La douane as sure leur surveillance travers le pays jusqu'à la frontière destinataire, afin qu'on ne profite pas du voyage pour débarquer cfendestinement des mar chandises en France. C'est en employant ce procédé, et sous la garde officielle des douaniers français, que d'innombrabes camions américains, débarqués au Havre, ont été envoyés par chemin de fer jusqu'à la gare du Boulou (Pyrénées-Orienta les) où ils ont été pris en charge par des chauffeurs espagnols qui les ont conduits en Espagne. Certains de ces chauffeurs portaient même un uniforme militaire et il a fallu les protestations indignées de la popu lation pour que des démarches soient faites, afin qu'ils viennent en civil re tirer leurs camions. La seconde gare utilisée pour les opérations par voie ferrée est la gare de la Tour de Carol, qui dessert Puig- cerda. jjù des trains complets de wa gons hermétiquement clos ou envelop pés de bâches vertes soigneusement bouclées par de solides cordages, se succèdent plusieurs fois par semaine. C'est ces passages fréquents qu'on (Voir suite page 12)

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