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LE SUD, dimanche 29 mai 1938
8
INAUGURATION DES VITRAUX
DE SAINT-MARTIN
La cérémonie du samedi 21 mai fut
comme un prélude grandiose la très
simple cérémonie du lendemain la bé
nédiction de ses vitraux offerts par les
anciennes familles de la région la
Chapelle du Saint-Sacrement de la Ca
thédrale.
C'est en 1933 que le premier vitrail
a été offert par la Douairière de Saulcy
et Mademoiselle Keignaert de Ghelu-
velt, bourgmestre de Gheluvelt. L'exé
cution de ce vitrail avait été confiée au
peintre-verrier Ladon de Gand, auteur
également des deux autres vitraux.
Ceux-ci ont été offerts par M. Geor
ges Tack, président de la Fabrique
d'Eglise de Saint-Martin, qui comble
de dons la Cathédrale, et par la Douai
rière Bruneel de la Warande, née Ba
ronne de Montpellier de Vedrin, mère
de l'actuel bourgmestre de Kemmel, en
mémoire de l'ancien sénateur de l'ar
rondissement d'Ypres.
Les trois vitraux placés au-dessus du
triforium ont été exécutés par la maison
Colpaert de Bruxelles, sur cartons de
l'artiste anglais Easton. Ils ont été of
ferts par le Comte Antoine de'Laubes-
pin, le Marquis et la Marquise du Parc,
M et Mme Struye de Swielande.
C'est avant la grand'me$se que M.
le Doyen procéda la bénédiction après
avoir en une courte allocution remercié
les généreux donateurs. Il le fit dans les
termes excellents que voici
Il me tient cœur de dire aux fa
milles donatrices notre immense grati
tude.
Et cette gratitude, j'ai l'honneur de
vous l'exprimer. Mesdames et Mes
sieurs, en mon nom personnel, avec tou
te la ferveur de mon respectueux dé
vouement au nom de la fabrique d'égli
se qui vous avez bien voulu confier
un dépôt sacré au nom de la ville
d'Ypres. si justement fière de sa ca
thédrale, que la guerre avait détruite et
que le grand ingénieur-architecte Mr
Jules Coomans a reconstruite dans sa
splendeur première.
A vrai dire, ne sommes-nous pas au
torisés, de plus en plus, considérer
aotre chère cathédrale comme un monu
ment que symbolise la nation tout en
tière, un monument vraiment national
Telle est bien, aux yeux de l'univers,
la signification qui s'attache la gran
diose et impressionnante solennité qui
s est déroulée, hier, sous ces voûtes, et
au sujet de laquelle le Roi lui-même a
daigné me dire que ce fut une cérémonie
splendide.
Qu'il me soit permis de saisir l'oc
casion qui m'est offerte pour rendre
hommage celui qui fut le promoteur et
la cheville ouvrière de cette éclatante
manifestation de foi chrétienne et de
ferveur patriotique, le capitaine Guy
Cassie, le zélé secrétaire du Mémo
rial committee
Il est naturel et il est juste, Mesda-
mes et Messieurs, qu'un peu de l'éclat
de cette grandiose solennité d'hier re
jaillisse sur la cérémonie de ce jour.
Cérémonie très simple, mais très
émouvante.
t Ici-même, dans le chœur de l'église,
sest déployé pendant des siècles le fas
te des liturgies pontificales. Dix-huit
évêques ont illustré le siège d'Ypres. Et,
Parmi eux, je m'en voudrais de ne pas
évoquer devant vous le souvenir du
Pieux et savant Jansénius (t 1638) dont
les restes mortels reposent, là-bas, sous
%e dalle trop austère le souvenir aussi
son prédécesseur Monseigneur
Georges Chamberlain (t 1634), qui
a)°ute ses nombreux mérites le char
ge et le prestige de son origine britan
nique.
^oici qu'aujourd'hui cette abside vé-
nérable s'enrichit d'admirables vitraux
qui parlent et qui prient.
"i j osais emprunter 1 Evangile, en
lui donnant un sens accomodatice, une
parole de Notre-Seigneur, je vous di
rais levate oculos levez les yeux,
et voyez Les peintres-verriers M. La
don de Gand et M. Colpaert de Bru
xelles ce dvnier avec la précieuse
collaboration de l'artiste anglais M.
Easton ont réalisé de magnifiques
poèmes de lumière avec des chatoie
ments de couleurs qui apparentent leur
art et leur technique la maîtrise in
comparable des peintres-verriers du
Moyen Age.
Il rie m'appartient pas d'apprécier, au
point de vue artistique, la valeur res
pective de chacun des six vitraux dont
vous avez si noblement doté la cathé
drale ce n'en est ni le lieu ni l'heure.
Aussi bien, l'intention des donateurs va
plus loin elle est, avant tout, d'ordre
religieux ad majorem Dei gloriam
La chapelle où nous sommes réunis et
que nous avons coutume d'appeler la
chapelle du Très Saint Sacrement, vous
avez voulu. Mesdames et Messieurs, la
rendre plus recueillie, plus attachante,
plus fervente.
Grâce vous, elle s'illumine déjà d'un
heureux choix de scènes évangéliques
ou bibliques et les fidèles désormais
trouveront, dans notre Sainte-Cha
pelle ce climat de prière et de dé
votion qui convient la Présence ado
rable du divin Maître. Et grâce vous,
chaque jour, du fond des hautes ver
rières, nous accueillera et nous proté
gera la grande image de trois saints qui
nous sont chers.
Soyez bénis, Mesdames et Messieurs,
pour votre geste de générosité insigne.
Geste de foi et de piété, qui perpétuera
parmi nous, jamais, le souvenir des
familles donatrices, et qui appellera sur
elles, nous en avons la confiance, les
meilleures' grâces et bénédictions divi
nes par le Christ Notre-Seigneur.
LES DIFFUSEURS
DE SAINT-MARTIN.
Les tenaces défenseurs des traditions
ont souvent crainte de voir commettre
des anachronismes. Ainsi placer dans
une cathédrale gothique des diffuseurs
Mais toute crainte est apaisée, car les
diffuseurs ont été installés fort adroi
tement, et nous avons pu constater di
manche, combien dans les nefs latéra
les, et notamment la chapelle de Notre-
Dame de Thuyne. la voix du prédica
teur porte parfaitement. Cela permet au
prédicateur de poser sa voie, de ne pas
forcer les intonations, tout en étant en
tendu dans l'immense vaisseau de la ca
thédrale. Il est certain que bientôt tou
tes les églises seront munies de pareils
diffuseurs qui deviennent les précieux
auxiliaires de la prédication.
RUINES AU RIPOLIN.
Ce n'est pas une réclame payée
Mais nous conseillons vivement aux
compétences artistiques qui ont dirigé
les travaux de nettoyage des ruines
des Halles, de passer chaque pierre au
Ripolin, ou de les vernir, ou encore de
les cirer. Ce serait une occasion d'em
ployer les chômeurs
De deux choses l'une ou bien ceux
qui ont ordonné ces travaux sont d in
qualifiables incompétences, ou bien nous
devons en conclure que sous peu on
continuera les travaux de restauration
des Halles. Dans ce cas le nettoyage
n'aura été qu'un inventaire des'pierres
utilisables.
Car il serait inadmissible de croire
crue la maladresse de l'homme puisse
ce point abîmer ce qui reste des ruines
des Halles Aussi nous demandons
avec insistance au Receveur des Do
maines Ypres, de garder jalousement
la clef de l'ancienne oendarmerie et de
la prison. L'homme n'ayant pu appro
cher de ces ruines, la nature les a mer
veilleusement parées de verdure.
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