Supplément au Journal LE SUD N° 29, du 17 jui. 1938.
Au seuil d'un débat
Grave danger
On nous écrit... A temps nouveaux, méthodes nouvelles
Qui veut la fin, veut les moyens.
je ANNEE No 26. Périodique paraissant tous les 15 jours
MERCREDI 13 JUILLET 1938.
PROFESSION
Abonnement 1 an 20 francs. Direction Administration 2, RUE DELA BOURSE, BRUXELLES. Bruxelles Tél. 12.93.62 C. ch. postal 193634
Pourquoi jouer cache-cache et ne
jpjc dire simplement et nettement la vé
rité. Le sort des Classes Moyennes est
exposé un grave danger. Deux grou
pes prétendent avoir le droit de parler
exclusivement au nom des Classes
Moyennes d'une part les Chambres de
Métiers et Négoces et d'autre part les
Chambres de Commerce. Et ce qui rend
ce danger plus grave, c'est que ces grou
pes hostiles cherchent leurs appuis dans
des partis politiques. Les problèmes ces
sent d'être posés en fonction de la réa-
lité, pour se résoudre des querelles
d'influence dans lesquelles l'incidence
électorale domine.
Or, il est de fait, que lorsque vous
discutez d'homme homme le plupart
des questions qui intéressent l'organisa-
ion des Classes Moyennes, vous con
statez qu'une quasi-unanimité s'est for
mée dans les esprits. Beaucoup de so
lutions seraient adoptées avec enthou
siasme et par tous, si l'accord pouvait
être réalisé sur les modalités d'applica-
ion.
L'organisation professionnelle parait
indispensable aux hommes de métier.
La querelle est entière et ouverte quand
il s'agit de déterminer qui aura comme
mission de mettre en œuvre et de di
riger le cours de cette organisation.
Tous ceux qui veulent sauver les
Classes Moyennes doivent avoir le cou
rage de regarder cette situation en face,
et la volonté d'arriver une concilia
tion toujours possible. Aucun organisme
n'est parfait. Tout organisme est perfec
tible. Seule la prédominance des ambi
tions et des intérêts personnels est
odieuse.
Ce débat doit être ouvert. Mais il
doit être sincère, loyal et utile. Les co
lonnes de La Profession sont la
disposition de tous ceux qui désirent ex-
poser eur avis, et souhaitent aboutir
nn résultat pratique. Pas de polémique
stérile
Pas de politique néfaste C'est avec
esprit constructif et réaliste, que
nous demandons tous de mettre l inté-
Jôt supérieur des organisations profes
sionnelles au-dessus d'un esprit de clan
°u de parti. La discussion est ouverte
C. p.
SOMMAIRE
Page 2. A temps nouveaux, métho
des nouvelles. Qui veut la fin,
veut les moyens (fin Ire page).
CRI.
Page 3. Acheter. La fiche du
client. Les Classes Moyennes et
''artisanat. Prix de vente.
page 4. Congrès international des
artisanats, métiers et écoles d'art.
Essence et voyageurs de com-
'uerce. En France.
Page 5. Discours de M. Van Ackere
Sénat. L'organisation des Pro-
fessions. On nous écrit.
r*!e 6L'organisation des Classes
Moyennes.
r«Se 7. Corporation des Arts.
Chronique économique et financière,
p Classes Moyennes de Forest.
■«ge 8. Au Congrès de la Fédéra
tion Médicale belge. Le Congrès
d'architectes Gand. Demande
d'emploi.
A la suite de l'article de notre der
nier numéro Camouflet aux Classes
Moyennes M. l'échevin R. Pattou
nous adresse une lettre qui nous fait
particulièrement plaisir, en ce qu'elle
souligne la nécessité absolue de tenir
l'organisation professionnelle en dehors
de toute politique.
Mais un point sur lequel nous insis
tons tout particulièrement c'est la décla
ration de M. Pattou en ce qui concerne
la caisse d'allocations familiales La
Profession
Nous nous tenons la disposition des
groupements professionnels pour trou
ver un terrain d'entente, et éventuelle
ment créer ce faisceau.
Cher Monsieur,
C est avec une profonde satisfaction
que j ai pris connaissance de votre ar
ticle CAMOUFLET AUX CLASSES
MOYENNES »t dans votre intéressant
journal portant la date du 29 juin.
Tout en me ralliant entièrement
votre point de vue, permettez-moi d'y
ajouter quelques courtes réflexions.
1 C'est évidement avec raison que
vous accusez les Classes Moyennes el
les-mêmes, d'être responsables de leur
propre échec, et de maintenir entr'elles,
une division et un éparpillement qui
sont l'obstacle le plus formel leur
réussite.
Comme un des derniers exemples,
je citerai la création de Caisses d'Al
locations Familiales pour les em
ployeurs.
J'ai accepté la présidence de l'orga
nisme LA PROFESSION n'ayant
aucune connaissance d'un autre orga
nisme purement professionnel du même
genre.
Depuis lors, j'ai appris qu'il existe
quantité d'organismes non politiques
qui poursuivent le même but.
Je propose tous les intéressés, de
réunir en un seul faisceau, tous les or
ganismes de ce genre, mais non politi
ques qui ont été créés, et il va sans
dire que, si cette hypothèse se réalise,
je serai le premier abandonner mes
fonctions de Président, et refuser toute
autre fonction quelconque.
Je n'ai en vue, que l'union de la
petite bourgeoisie.
2) Ce n'est pas seulement la divi
sion de l'organisation des Classes
Moyennes, entretenue par les chefs, qui
est la cause du dédain professé l'égard
des Classes Moyennes par les Pouvoirs
Publics, c'est surtout l'indifférence, la
veulerie et la ladrerie de chacun, qui
sont la base de leur isolement et de
leur faiblesse.
Si les gens des Classes Moyennes
avaient conscience de leurs devoirs de
se défendre, pourquoi ne profitent-
elles pas de la loi sur les Unions Profes
sionnelles ou sur les Associations sans
but lucratif, pour se grouper par pro
fession. et organiser leur propre dé
fense, sans attendre la Loi.
(Voir suite page 5)
A l'occasion des Fêtes Nationales
le bureau de LA PROFESSION
sera fermé le vendredi 22 juillet et le
samedi matin 23 juillet.
Le deséquilibre économique peut
être étudié sous deux aspects très dif
férents et même très opposés.
D une part, on peut comparer l'or
ganisme économique au corps humain,
et y remarquer des types de maladies
semblables celles qui affligent les in-
'dividus. Les unes ont un caractère pé
riodique, les autres sont au contraire
irregulières. Les unes sont courtes et
violentes comme des accès de fièvre.
Les autres sont lentes comme des ané
mies. Les unes sont localisées un pays
déterminé, les autres sont épidémiques
et font le tour du monde, tout comme
le choléra.
D autre part, on peut comparer l'or
ganisme économique un corps hu
main en état de parfaite santé mais su
bissant, en raison de ce fait même des
poussées d'une vitalité exubérante et
des troubles de croissance.
Cette diversité d'états entraîne des
divergences tant quant la façon d'ex
pliquer un déséquilibre économique,
que quant aux moyens de le conjurer.
Suivant la position prise, on conçoit le
problème et on le résout sous un angle
pessimiste ou optimiste.
A notre humble avis, les deux théo
ries procèdent, vis-à-vis du déséquilibre
économique universel actuel, d'une
fausse conception la base.
II est peut-être impertinent d'avoir
pareille opinion mais cela ne prouve
pas priori que notre conception soit
fausse.
Nous prétendons qu'il n'y a pas
Crise Une crise est un phénomène
de perturbation passagère dans l'équi
libre économique. Or, le déséquilibre
auquel nous assistons persiste depuis
bientôt sept ans.
Noms croyons la présence d'un mal
pius pr j.'ond qu'une crise, l'existence
de quelque chose qui irrésistiblement
mène le monde au chaos, parce que ce
quelque chose est un mal constant et
que du fait de sa continuité, ce mal ne
peut aller qu'en s'aggravant.
Un pareil désastre ne peut relever
que d'un état permanent de rupture en
tre les possibilités techniques d'abon
dance de notre époque et les obligations
matérielles qui persistent pour des cen
taines de millions d'êtres humains de vi
vre de privations.
Une semblable situation de fait amè
ne petits et grands subir un régime
de servitude des lois de la nature et du
potentiel du progrès.
Ceci est tellement vrai que l'hyper-
capitalisme lui-même ne domine plus,
présent, les événements mais qu'à
son tour, il commence les subir, au
même titre qu'autrui.
Ayant toujours voulu exercer, tra
vers le monde, et travers les siècles,
son rôle despotique, l'hypercapitalisme
n'a cessé pendant longtemps, de s'op
poser, par toutes sortes de moyens,
un meilleur être de l'individu dans la
société et une plus équitable adapta
tion de celle-ci l'individu. Une telle
attitude a certainement augmenté dé
mesurément son pouvoir mais a réduit
dans une égale proportion les possibi-
liés de son champ d'action.
(Voir suite page 2)
On nous demande notre avis rela
tivement au projet Van Ackere sur
la brûlante question de l'organisation
professionnelle
Ce projet n'a pas notre adhésion.
Certes, son auteur nous est particu
lièrement sympathique.
C'est le défenseur par excellence des
Classes Moyennes au Parlement.
Voilà bientôt dix-huit ans, que nous
le voyons pied d'oeuvre, sans ambi
tion personnelle, avec le seul souci de
bien servir les Métiers et Négoces de
son pays.
Souvent nous avons collaboré en
semble, tant du point de vue législatif
qu'exécutif.
Presque toujours nous fûmes du mê
me avis. Parfois il n'en fut pas ainsi,
soit sur le fond d'une question posée
soit sur les modalités d application. Ce
fut le cas, lors de la constitution des
Chambres de Métiers et Négoces et du
Conseil Supérieur des Classes Moyen
nes de Belgique. En ce temps feu Mon
sieur Lambrechts, Directeur général de
l'Office des Classes Moyennes au Mi
nistère, nous fit l'honneur de nous con
sulter en de très nombreuses circon
stances. Arriva alors fréquemment, ce
qui vient d'arriver encore, l'occasion
du projet en cause, savoir que Mon
sieur le Sénateur Van Achkere dans
les coulisses approuva en tout ou en
partie notre point de vue.
Pour être bref, et revenir la ques
tion, disons tout de suite et sans dé-
tours que nous ne reconnaissons pas,
la majeure partie des Chambres de
Métiers et Négoces du pays, le droit
de parler au nom des intérêts qu'ils
prétendent représenter en droit, mais
qu'ils ne représentent pas en fait. Notre
argumenation tient en une seule phrase:
Les milieux en question sont trop poli
tiques, et pas assez représentatifs de
l'économique.
Monsieur le sénateur Van Ackere
connaît cette lacune, et sa sincérité est
ce point grande, qu'il avoue qu'elle
existe.
Le parti de M. Van Ackere la con
naît aussi, mais entend la nier.
Cruelle situation, pour un défenseur
des Classes Moyennes, qui est égale
ment homme politique.
La conséquence de cette situation,
c'est le projet Van Ackere en matière
d'organisation professionnelle. Une
autre conséquence de cette situation
c'est notre hostilité ce projet (I).
i
t
(Voir suite page 2)
1 N.D.L.R. Le projet de M Lohést
dont nous donnons le texte dans ce
numéro, est encore plus favorable aux
Chambres de Métiers et Négoces.
C'est dire les obstacles qu'il recontrera.
Cette position du projet de M. Lohest
provient de ce qu'effectivement la
Chambre des Métiers et Négoces de la
province de Liège fait de la besogne
utile. Nos lecteurs comprendront
aussitôt que l'instrument est perfectible,
mais que ceux qui l'utilisent ne sont pas
tous parfaits.