Les droites en débandade Quelques instantanés l'Amitié franco-britannique 4c ANNEE No 30. Hebdomadaire 50 cent, le numéro. DIMANCHE 24 JUILLET 1938 LE SUD de cette semaine contient un SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ consacré I'ART CONTEMPORAIN de BRU GES. ABONNEMENT, FIN 1938 DIX FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, nie Longue de Thoqrout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. (Voir suite page 8) TROIS PILULES L'ECONOMISTE DISTINGUE LE PROFESSEUR PLANISTE LA TROISIEME PILULE LE ROLE DES DEPUTES LES UNIFORMES r» Pour qu'une nation soit, il faut qu'une jolidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. Les Belges ne peuvent rester indif férents aux manifestations enthousias tes, pleines de tact, qui ont été orga nisées Paris pour recevoir avec faste les Souverains Britanniques. Les réceptions de Rome et de Ber lin, au cours desquelles les chefs de l'Allemagne et de l'Italie ont voulu témoigner de la solidité de l'axe ger mano-italien, ont été splendides d'or ganisation. Mais la moindre garden- party Bagatelles, traduit autrement, et infiniment mieux, les qualtés que l'on souhaite trouver dans une civi lisation. Cette amitié franco-britannique a pour la Belgique une signification bien plus profonde. Historiquement la Bel gique a été menacée par l'impéria lisme français pendant de nombreux siècles. Il est de fait que cette menace a actuellement disparu. C'est ce qui explique l'« entente cor diale La raison profonde des nom breuses et longues luttes entre la France et l'Angleterre fut la conquête de la frontière du Rhin, rêve de la monar chie française, et dont l'Empire hérita de la Révolution. Héritage qui d ail leurs conduisit l'Empire Waterloo. La Belgique, pays qui par sa longue et magnifique tradition historique de vrait voir son indépendance 1 abri de toute atteinte, se trouve située au car- tefour des grandes puissances. La dé fense de notra indépendance coïncide avec l'intérêt qu'éprouvé 1 Angleterre pratiquer la politique de 1 équilibre européen. Notre sécurité nationale est en rapport direct avec la puissance de 1 Angleterre et sa vo' >r.té de main tenir cet équilibre en Europe. Notre Pays n'est directement menacé que lorsque l'Angleterre pique une crise d insularisme. Aussi saluons-nous comme un élé ment de sécurité nationale la visite des Souverains britanniques Paris. Visite faite, non pas sous le signe de la^ dé mocratie, mais sous le signe de 1 équi libre européen. Le premier élément d« cet équilibre est l'indépendance de la BelgiqUC- A- Malgré nos médiocres politiciens d Flandre ou de Wallonie dont 1 idéal Paraît coïncider avec un affaiblissement de notre unité nationale, la Belgique, Petit pays, mais pays libre et indépen dant est une des pièces maîtresses de 1 échiquier européen. La presence es Souverains Paris témoigne de la vo- W de la dynastie de continuer cette Politique internationale, qui est la ga- cantie de notre indépendance. C. v. R Plusieurs lecteurs nous demandent le texte d'un article dont l'importance n'a pas échappé l'opinion publique Les Droites en débandadepar le Président du Bloc Catholique. Giovanni Hoyois. En relisant attentivement cet article paru dans Le Vingtième Siècle nous v reconnaissons la marque du courage et de la loyauté intellectuelle de notre ancien ami G. Hoyois. Nous donnons le texte in-extenso. et nos lecteurs se de manderont. en lisant les critiques acer bes et méritées que G. noyois adresse aux parlementaires, ce oui peut bien le séparer de nous. Ne lit-on pas exacte ment les mêmes critiques régulièrement dans Le Sud i*a réponse se trouve dans la dernière phrase Se réformer ou s'effondrer. il n'y a plus, pour le Parlement, d'au- tre alternative G. Hoyoismalgré quinze ans de faits lamentables et de déceptions continuelles, croit encore une réforme possible. Nous estimons que l'autre alternative attend le Parle ment. Et l'article de G. Hoyois parait nous donner raison contre lui-même. C. v. R. Un mauvais vent continue souffler sur les Droites parlementaires. Depuis quelque temps, les votes en ordre dispersé se sont succédé une telle allure, sur des questions capitales, que tout cela tourne en habitude. Au lendemain des Congrès du Bloc Catho lique, lorsque la position générale du parti eut été fixée avec un sens remar quable de l'action commune, tout le monde attendait, de la part des man dataires catholiques, un geste de co hésion correspondant. Le contraire est apparu. Sur divers projets, en ces der niers mois, les catholiques se sont divi sés, tant la Chambre qu'au Sénat. De vant la constitution du Gouvernement Spaak, l'attitude des Droites ne fut pas unanime. Mais le comble de 1 expérien ce, c'est le vote du Sénat, puis celu: de la Chambre, sur le budget extra ordinaire. Afin de donner sans doute le spectacle d'un équilibre inédit, la Droite de la Haute Assemblée est ar rivée se partager en groupes peu près égaux pour prendre les quatre atti tudes théoriquement concevables vo ter oui, voter non, s abstenir et s ab senter. Rarement, en 1 histoire parle mentaire, un groupe e8t parvenu réa liser une aussi parfaite dispersion on peut définir ce résultat comme un pro dige de débandade et féliciter chaleu reusement les organisateurs. On excusera ce jugement sans façon. Il n'a que trop tardé. Les organes re présentatifs du Bloc Catholique ont conservé jusqu'à présent, dans leurs re- M. Max-Léo Gérard a fait un ex posé honnête de la situation budgé taire. Cet exposé diffère sensiblement de ceux qui font partie de la littéra ture parlementaire de ses honorables prédécesseurs. M. Max-Léo Gérard n'a pas fait de politique il s'est contenté de faire de l'arithmétique vraie, non pas celle dont Anatole France disait L'arithméti- que elle-même, devenue passionnée, perdit son exactitude Le discours du Ministre des Finances enrobait trois pilules amères. La première avait trait aux budgets de l'honorable M. van Zeeland député. La seconde au bud get de l'honorable M. de Man, séna teur. Et la troisième, la plus grosse se rapporte au budget de 1939. L'honorable député de Bruxelles, M. van Zeeland a écrit un article dans la Revue Générale sur la gestion des finances belges par l'honorable professeur économiste et diplômé Paul van Zeeland. Et il faut admettre que les chiffres des budgets, les phénomè nes économiques, manquent absolument de correction. En effet M. van Zee land déclare La politique financière des deux gouvernements que j'ai eu l'honneur de diriger a été conduite suivant les principes éprouvés, clas- siques même. Les trois exercices en question laisseront un boni de plus de 300 millions. Les budgets des trois années 1935, 1936 et 1937 »dont je porte la responsabilité finale, se sont établis en équilibre parfait, et même en suréquilibre Malgré ces affirmations, et les qua lités de suréquilibriste que M. van Zee land prétend avoir, nous nous permet tons, très humblement et très timide ment, car nous ne tenons pas nous exposer un procès de presse, de ci ter cette phrase de M. Max-Léo Gérard, qui n'est probablement pas un suréqui libriste Dans les éléments du dé- ficit 1938 figurent pour 419 millions les crédits supplémentaires afférents 1937 et aux exercices antérieurs. Nous conseillons vivement nos lec teurs qui auraient 1 intention d expli quer la déclaration de M. van Zeeland par celle de M. M.-L. Gérard, de se fournir au préalable d un bloc de glace, afin de se rafraîchir de temps autre les tempes Mais de plus en plus fort, 1 homme du Plan, le fameux prestidigitateur que Te parti socialiste a promené en Bel gique, travers tout le pays, lors du gouvernement des banquiers le sauveteur national, l'honorable séna teur Henri de Man a fait une déclara tion plus sensationelle encore. Dans l'exposé général du budget 1938 le sur équilibre de M. de Man était merveil leux au point que l'avenir même s'en trouvait assuré. Pauvre homme Voi ci sa déclaration Pour la première fois depuis des années, le Gouverne- ment peut envisager d'assurer, la faveur de l'accumulation de bonis an- nuels successifs, une marge de sécu- rité non négligeable aux prochains budgets. Traduction de cette phrase par M. M.-L. Gérard Le déficit de l'exer- cice 1938 s'élèvera, selon les prévi- sions qu'il est possible de faire ac- tuellement 901 millions. Et cela après le vote des derniers impôts t Nous souhaiterions voir élever un monument aux sympathiques moules qui nous ont débarrassé du dangereux professeur-sénateur et prestidigitateur Henri de Man. 11 s'agit de payer maintenant les gaffes commises par le suave M. van Zeeland et le planiformique M. de Man. Nous avons une consolation M. le Mi nistre den Finances Max-Léo Gérard reconnaît dès maintenant que les sacri fices que nous devrons consentir se ront douloureux et désagréables car la situation prévue pour le budget 1939 est, dit M. Gérard, encore moins satisfaisante. Nous regrettons que M. Max-Léo Gérard ait été remplacé en 1935 par MM. van Zeealnd et de Man. Nous n'aurions pas connu le suréquilibre, ni l'accumulation des bonis annuels suc cessifs, mais nous ne connaîtrions pas non plus l'addition des trois pilules 1937, 1938 et 1939, dont l'ordon nance sera rédigée sur nos feuilles d'im pôts. jf Simple remarque. Nous envoyons des députés et des sénateurs au Par lement pour veiller ce que l'Etat ne gaspille pas nos deniers, et ce que nous ne soyons pas frappés d'impôts excessifs. Ces individus ont voté les budgets, n'ont rien compris, ont poussé des hur lements de àioux contre les journalis tes qui avaient l'audace d'être plus in telligents qu'eux, et de voir clair dans la situation. Mais au nom de principes idéalistes ces mêmes olibrius se représenteront un jour vos suffrages, qu'ils soient de gauche ou dq droite, et avec la même naïveté vous voterez une nou velle fois pour eux. Alors de quoi vous plaignez-vous La rigolade commence. Le gouver nement évite l'odieux et se contente jusqu'ici du ridicule. Notre article pa rait saït peine que les gendarmes se tre uvaient obligés d'appliquer l'arrêté- royal. Le bourgmestre de Lombeek, coupable de ne pas s'être mis en ja quette, uniforme toléré par le Gou vernement, a été cassé. j (Voir suite page 4) f J*

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