Deuxième Partie Troisième Partie la croix le corps ensanglanté. Après l'avoir enveloppé avec le plus grand soin d'un linceul. Joseph avait déposé le corps précieux au pied de la croix entre les bras de Marie. Il fallait préparer le corps pour la sépulture, laver les plaies, enlever avec l'éponge les traces du sang qui s était coagulé sur toute l'étendue du corps. Et Joseph d'Arimathie renferma pré cieusement, dans un vase qu il avait ap porté, tout ce que sa piété put recueil lir de ce précieux sang. Thème profondément émouvant qui inspire la première partie du Jeu du Saint-Sang. Le vendredi-saint Jéru salem une populace houleuse menée par des démagogues, exige, devant le Pa lais de Pilate, que Jésus de Nazareth lui soit livré. Le Romain hésite, mais le peuple appelle sur lui-même la malé diction de Dieu, sur lui et sur la tête de ses enfants. Et c'est au milieu de cette scène tragique qu'apparaît Marie la Mère de Miséricorde. Elle veut ap prendre au peuple suivre la voie du Calvaire pour accomplir sa Rédemp tion. Au haut du Beffroi se dresse le Cal vaire. Des centaines d'anges, toutes les hauteurs du Beffroi illuminé, recueil lent la divine rosée du précieux sang, et au milieu d'eux Joseph d'Arimathie reçoit dans une coupe quelques gout tes du Sang du Christ. La relique conservée par Joseph d'Arimathie et par sa famille, de géné ration, malgré les sièges fréquents et les dévastations, passa finalement entre les mains du Patriarche de Constantino- ple. Et nous voici arrivés l'histoire des Croisades. THIERRY D'ALSACE REÇOIT LA RELIQUE Un des plus nobles titres de gloire de la Belgique consiste dans la part im portante prise par notre pays dans les Croisades. Ce n'est pas le lieu d'en re tracer l'histoire, et il nous suffit de rap peler que le premier Roi de Jérusalem fut un de nos grands princes Gode- froid de Bouillon. Qu'à celui-ci succéda son frère Baudouin, qui doit être con sidéré comme le véritable fondateur du royaume de Jérusalem. Que les prin ces de toutes les provinces belges parti cipèrent aux croisades. Que le comte de Hainaut, Baudouin IX, qui était le sixième Comte de Flandre du nom, de vint Empereur de Constantinople. Est-ce étonnant que Thierry d'Al sace, petit-fils de Robert-le-Frison, et qui parvint enlever le Comté de Flandre Guillaume de Normandie, succédant au prince danois Charles-le- Bon, participa la tradition des comtes de Flandre en répondant l'appel de Louis VII, roi de France Il y répon dait d'autant plus volontiers qu'il était le beau-frère du Roi du Jérusalem. Bau douin III, ayant épousé la sœur de ce lui -ci. Sibylle d'Anjou. Thierry d'Alsace, preux chevalier, accompagné des guerriers de nos pro vinces, ne tarda pas se faire remar quer par son courage. Sous la conduire du Roi de France, il tra\erse l'Europe, passe par Constantinople, et arrive aux bords du Méandre. Le contact rat éta bli avec l'ennemi. La bataille va s'en gager. L'aile gauche de l'armée est commandée par Thierry d'Alsace. Il s'agit de passer le fleuve. L'avant-garde est confiée Thierry. Suivi du comte de Champagne, Thierry s'élance la tête de son corps d'armée et après un long combat, aux phases multiples, Thierry parvient force de courage et de ténacité percer les rangs des ar mées ennemies. Son action est décisive. Les Sarrasins sont mis en déroute. L'ar mée chrétienne s'empare d'un butin énorme, et l'honneur de cette journée revenait tout entier au valeureux comte de Flandre. Malheureusement les Croisés s'en dormirent sur leurs lauriers L'enne mi se resaisit. Il prend bientôt une ter rible revanche, et les chrétiens ne son gent plus qu'à atteindre Jérusalem. Le Roi de France s'embarque, mais ne peut prendre avec lui qu'une partie de ses troupes. Les gros de l'armée est confié Thierry, qui doit poursuivre sa route par terre, au milieu des embûches dressées par les ennemis, jusqu'à Jéru salem. de le refouler vers sa source Bientôt la dissension se présenta sous son as pect le plus affligeant. Et le siège de Damais se termina lamentablement. L'empereur Conrad, d'abord, le Roi de France, ensuite, quittèrent ce royau me de Jérusalem, théâtre de haines et de dissensions. Thierry d'Alsace resta le dernier, Baudouin III et le Patriarche de Jérusalem voulurent lui témoigner leur reconnaissance d'une manière in signe. Au cours d'une cérémonie solen nelle ils lui remirent une fiole de forme octogone, longue d'à peu près 8 pouces, d'un périmètre de 2 l/2 pouces remplie aux 2/3 du précieux Sang recueilli par Joseph d'Arimathie. Cette fiole fut en châssée dans une tube de cristal ayant aux deux extrémités une ouverture qui fut soigneusement /fierméte, scellée et recouverte d'une rosette d'or. Les deux, rosettes étaient garnies d'un anneau au quel s'adaptait une chaîne d'argent qui servait rendre l'objet d'un transport plus facile. symbolique, le drapeau des comtes de Flandre, dont le lion fut repris dans les armes de la plupart des provinces de la Belgique. Et Bruges, la ville religieuse et mystique qui se prépare la prière du soir les moines, les nonnes et les béguines, et tous les métiers foulons et corroyeurs, tisserands et drapiers, orfè vres et meuniers, peintres et pêcheurs tous s'unissent aux constructeurs des ca- thédrales pour adresser Notre-Dame de la Halle, la prière du soir et le Salve Regina. Mais quel est ce messager qui ac courut C'est celui qui annonce le re tour de l'armée des croisées. L'année vient d'arriver aux portes de la Ville accompagnent la précieuse relique. La ville éclate de Joie, et au milieu de l'en- thousiasme de la population le Prince remet la relique au clergé. Le Beffroi de Bruges. Et après d'innombrables traits de courage, Thierry parvient Jérusalem, où il est reçu triomphalement par son beau-frère Baudouin III, par le Roi de France Louis VII, par l'Empereur Con rad III... Mais bientôt cette croisade donna le triste spectacle de l'envie et de la dis corde. Il s'agissait de reprendre Damas aux infidèles. Thierry est chargé de cet te mission difficile. Avec une connais sance parfaite de l'art militaire il as siège la ville. Les insurgés tentent en vain de multiples sorties. Damas, pri vée de communications, doit succom ber par la disette. Quand, hélas comme dit l'historien lorsque sous les mêmes drapeaux se réunissent des trou pes différentes de mœurs et d'intérêts, il est rare que la jalousie ne finisse point pas germer dans les cœurs et, lors qu'une fois ,en fermentant, cet odieux levain a pris un immense développe ment, il est impossible de le réduire et BRUGES VENERE SA RELIQUE Dans son humilité Thierry d'Alsace pria son aumônier de transporter la relique, ne se croyant pas digne d'un pareil fardeau. Cet abbé était Léonius, abbé de Saint-Bertin Saint-Omer. Et jusqu'à son arrivée Bruges le saint prêtre ne quitta plus la précieuse reli que. Bruges va recevoir la relique C 'est le thème de la seconde partie du Jeu du Saint-Sang. Le Beffroi revit dans toute sa splendeur médiévale. Il sert de décor immense cette scène. Le jeu du Saint-Sang étant une vaste allégo rie, il ne faut pas s'étonner de multiples anachronismes. C'est toute la Flandre du Moyen Age, celle du douzième, et du treizième, et du quatorzième siè cle, qui se retrouve au pied du Beffroi. Ce sont les chevalier et les milices ce sont les gildes et les corporations ce sont les chants de la Flandre, c'est, Depuis le 7 avril 1150 Bruges vé nère la relique du Saint-Sang. Baudouin Bras-de-Fer avait fait construire une chapelle en 865, dédiée Saint-Basile. Près de celle-ci Thierry en fit con struire une autre en l'honneur de la sainte relique. Les Comtes de Flandre accordèrent aux chanoines de la cha pelle de nombreux privilèges. Mais la célèbre procession du Saint-Sang ne date que de 1311, d'après une bulle du Pape Clément V. Cette année fut éga lement celle de la constitution de la Confrérie du Saint-Sang, composée des personnes les plus notables de la ville de Bruges, et dont la tradition est ar rivée jusqu'à nos jours. En 1382 au cours des luttes entre Bruges et Gand, Philippe van Arte- velde, la tête des milices gantoises, marcha sur Bruges. C'était le 2 mai. Les Brugeois décidèrent de sortir proces- sionnellement le lendemain. Mais une panique disloqua le pieux cortège, et le chanoine porteur de la relique jeta celle-ci dans un canal. Les religieuses du Béguinage retrouvèrent la précieuse relique, et depuis lors ont le privilège d'inaugurer et de clôturer la quinzaine de la fête du Saint-Sang. Il est évident que la relique n'est pas vénérée que par les Brugeois, et que chaque année d'innombrables visiteurs, particulièrement le vendredi, viennent rendre hommage au Saint-Sang. Ces visites illustres coïncidaient par fois avec la procession et alors Bruges déployait un luxe inouï. Ce fut particu lièrement le cas lorsque le Dauphin de France, plus tard Louis XI, se rendit Bruges le 3 mai 1457. Et d ailleurs n'était-ce pas au moment de la splen deur de Bruges Les Archiducs Albert et Isabelle visi tèrent également la Chapelle Saint-Ba sile en 161 I, et la dotèrent dune ,l ,e châsse en argent, dont on se sert 1® \eIj dredi, lors de l'exposition du - a,m Sang. Don Juan d'Autriche, gouverneur des Pays-Bas, demanda une Pr°^eSS'^" extraordinaire en 1658, avant d en r en campagne. Et que d autres visi e l'Empereur François I en 1 73 .g Prince Charles de 1 orraine en l'Empereur Joseph II en 1781, e gouvernants de l'époque le """C.e.-ne, bert et l'Archiduchesse Marie-C ri La dynastie de Belgique n a ces* marquer tout son respect pour

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