Les remparts d'Yprei, vestiges d'un glorieux passé I
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LE SUD, dimanche 28 août 1938.
Notre excellent confrère et ami An
dré Biebuyck qui traduit sa sympathie
pour notre région par les nombreux re
portages qui paraissent dans la presse
du Nord, est venu cet hiver Y près, et
a donné un intéressant article, illustré
de beaux clichés, au Grand Echo du
Nord. M. André Biebuyck a bien voulu
nous permettre de reproduire l'article et
les clichés dans le supplément illustré
du Sud Nous, l'en remercions cor
dialement.
Et nous profitons de l'occasion pour
remercier en lui le journaliste toujours
dévoué et empressé, qui ne manque ja
mais de répondre notre appel, et qui
de ce fait, est un précieux collaborateur
de la prospérité de notre région,
r*r
Une une les vieilles cités, l'étroit
dans leur ceinture de remparts, se sont
décongestionnées, en livrant la pioche
des démolisseurs les murailles qui jadis,
avaient résisté aux assauts de l'ennemi,
mais qui, devant les engins de guerre
modernes se sont révélées inefficaces.
Sur les vastes espaces reconquis, se
sont élevés des cités-jardins, de claires
demeures ensoleillées, des groupes sco
laires, des terrains de sports.
L'urbanisme a pu se donner libre-
cours.
Ypres-Ia-Martyre dont les merveilles
d'art ne trouvèrent pas grâce près des
vandales, est une des rares villes qui ait
conservé une partie de son système de
défense du moyen âge.
Mutilés et éventrés en maints en
droits, ses remparts sont aujourd'hui en
core tels que les avait laissés la grande
guerre.
A la fin de 1918, la «cité des dra
piers n'offrait plus qu'un lamentable
spectacle de ruines accumulées. Le bef
froi dressait, au dessus d'un amas de
décombres son squelette noirci par l'in
cendie.
On songea un moment conserver
sa silhouette tragique et imposante. Un
comité anglais se forma qui voulait gar
der au centre de la ville une zone de
silence. Ce projet ne fut pas retenu.
En quoi l'on n'eut point tort. Ypres a
rejailli de ses cendres.
Et son Beffroi, formidable édifice des
communiera flamands, est de nou
veau debout, tel qu'il était autrefois, au
milieu des demeures reconstruites pour
la plupart avec un rare souci artistique.
Jusqu'ici on ne s'était guère préoccupé
des remparts oui étalaient aux yeux des
touristes, la lèpre de leurs murailles
croulantes.
Au lendemain des hostilités, deux
partis s'étaient formés au sein du Con
seil communal. L'un voulait voir dis
paraître les inutiles vestiges du passé.
L'autre désirait garder la ville son
aspect ancien. On laissa sommeiller les
projets. Il y avait plus pressé faire.
Aujourd'hui que la reconstruction des
habitations est terminée, les édile"
yprois ont repris la question et lui ont
donné une solution.
Tous les restes encore existants des
anciens remparts seront conservés. La
ville est en pourparlers avec le Commis
sariat des Dommages de guerre.
Nous avons voulu faire la promenade
des remparts d'Ypres. Pour nous gui
der, nous ne pouvions avoir de meilleur
cicerone que notre excellent confrère.
Ch. van Renynghe, directeur du journal
Le Sud qui depuis quatre ans mè
ne le bon combat pour défendre les in
térêts de la ville et dont les heureuses
initiatives ne se comptent plus.
Partis de la Grand'Place, nous ga
gnons les remparts par la porte de Me-
nin. Un pâle soleil d'hiver baigne le
naysage de cette lumière si douce qui
fait l'un des charmes des pays du
Nord, et que Ruysdael a su traduire
avec un rare bonheur dans ses tableaux.
A la sortie de la ville, nous prenons
droite le chemin de ronde extérieur
qui longe le Kasteel Gracht le fossé
aux eaux glauques dans lesquelles se
réflètent les vieux murs.
Et tout en suivant la berge M. Van
Renynghe nous évoque le passé de la
ville.
L'origine d'Ypres est entourée d'in
certitudes. Il est vraisemblable que la
cité se forma peu oeu autour d'un pe
tit chateau-fort bâti au Xe siècle, sur
un ilôt de l'Ynerlée.
En l'an 1000, il existait déjà une en
ceinte oui fut agrandie en 1325 par Ni
colas Zannekin, le chef des commu
nias flamands.
Les défenses cette époque ne de
vaient ras être b'en formidables. Lors
du siège de 1383, au cours duquel les
Gantois, alliés aux Anglais, détruisirent
les faubourgs, sans pouvoir pénétrer
plus avant, un talus surmonté de palis
sades suffit protéger la ville de l'in
vasion.
Les Yprois virent dans ce fait une
infer,,ention de Notre-Dame de la Halle
oui devint Notre-Dame de Tuyn (tuvn
siooifie palissade). L'anniversaire de la
délivrance est devenu le Tuyndag que
l'on fête aujourd'hui encore.
La ville subit en 1583, sous le réoime
espagnol les assauts du prince de Par
me. puis ceux du prince de Condé.
L'église St Jacques.
En 1678. Louis XIV s'emparait d'Y-
pres.
Vauban reconstruisit les remparts. Le
grand homme de guerre éleva des murs
maçonnés, et entoura entièrement la
ville d'une enceintre bastionnée.
Un siècle plus tard, Joseph II décida
de démanteler la place forte. Mais il
n'y eut qu'un commencement d'exécu
tion.
Pendant la Révolution en 1792, les
Autrichiens sous la menace des armes
de la République rfelevèrent les murs dé
truits.
Après la chute de Napoléon, en 1815,
les Alliés imposèrent la Hollande de
faire d'Ypres une grande place de guer
re.
Tous les murs en mauvais état des
fortifications furent habillés d'un re
Les remparts et la Porte de Lille.
vêtement en briques jaunes fixé par des
pierres de taille scellées de place en
place dans la masse.
Ce curieux travail est très visible ac
tuellement. Les obus allemands sont ve
nus pilonner les vieilles murailles. En
maints endroits, ils n'ont fait qu'enle
ver la chape fragile, entraînant peine
la solide substructure. Celle-ci est en
briques rouges, résistantes comme la
pierre la plus dure. On peut se deman
der quelles matières entraient dans la
composition du mortier qui les liait.
Les intempéries n'agissent pas sur la
maçonnerie de Vauban.
Alors que les briques jaunes sont en
vahies par la mousse qui les ronge, le
mur primitif reste intact.
En 1853, le gouvernement belge avait
décidé le démantèlement de la ville.
Mais ce n'est qu'en 1886 que les tra
vaux furent entrepris. Sa destruction
des parties Nord et Ouest fut complète.
De l'emplacement de l'ancienne porte
de Bruges celui de l'ancienne porte
de Boesinghe, le fossé a subsisté. De là
jusru'à la route de Furnes, le terrain
récupéré est devenu un champ de man
œuvres, que les habitants dénommè
rent Plaine d'Amour
A l'ouest, le nivellement permit de
tracer le boulevard Malou d'édifier le
quartier neuf qui fait face la gare.
Depuis là jusqu'à la porte de Lille,
les talus existent encore. La maçonnerie
a r'.'°nr!n< oresque partout.
C'est de la porte de Lille l'extré-
nv>A de la rue Longue de Thourout, que
les fortifications ont conservé leur as-
nrimîtif.
Lorsque survint la guerre, elles étaient
nrêt"s opposer aux envahisseurs leur
bouclier oui se révéla quasi invulnéra
ble aux obus ennemis.
La ville était soumise un martèle
ment incessant, et voyait disparaît->-
toutes ses maisons, tous ses glorieux
édifices, mais les fortifications résiste^
rent. Leurs vastes casemates permir1
eux troupes britanniques de s abriter,
alors que dans ce pays, où l'eau affleure
presque partout, il était impossible d eta