Les cratères de Wytschaete 3 UE son, 28 août 1938. 1 jjjir r'^s ouvrages souterrains. C'est toute une ville qui se créa sous Ja prEtuction des énormes talus. Au re pos, les soldats y trouvâtes! .un véritable confort après avoir tenu les lignes dans l'eau et la boue de la plaine flamande. Sans les remparts d'Yjres on peut se demander ce qu'il serait advenu dans cette partie du front. C'est be^énie d'un ministre de Louis XIV. disait un Yprois qui a permis aux troupes alliées de tenir pendant la gite£££. Comment la restauration des remparts d'Yprès sera-t-elle conçue Il est nécessaire de commencer les travaux au plus tôt. Ainsi que nous le disions plus haut, le revêtement .en lyri ques jaunes s'effondre partout. Le pa rapet qui couronnait autrefois les forti fications a disparu. La pluie pénètre dans la maçonnerie par mille ori fices. En hiver elle se congèle. Les joints sau tent. Des ébcmlements se produisent. Il faudra refaire les parties détruites. Après la guerre, les Anglais décidè rent d'élever Ypres qui était devenue un peu c leur ville un monument qui rappelait le souvenir de leurs soldats morts au champ d'honneur, la porte de Menin. Cette porte relie les deux parties des fortifications autrefois coupées par la route. Au moment où furent entrepris les travaux, les Anglais avaient offert de restaurer leurs frais tous les remparts. Leur proposition ne fut pas retenue. On ne peut que le regretter. A la même époque, des entrepreneurs demandèrent curer les fossés, le tra vail devant leur être payé par les tonnes de métal, fer et cuivre qu'ils comptaient retirer de la vase. Ce projet, lui non plus n'eut pas de suites. Ce qui ne fut pas entrepris alors, il faudra le faire aujourd'hui. Evidemment, la dépense sera élevée. Mais elle ne sera pas inutile. Si l'on se place au point de vue tou ristique, il est certain que les remparts d'Ypres reconstitués tels qu'ils furent conçus par Vauban. seraient d'un inté rêt unique au moment où toutes les for tifications disparaissent. Ce serait une véritable pièce de musée Il serait possible de remettre en état les casemates et de leur restituer la des tination qu'elles avaient pendant la guerre. Les Angais y avaient installé, outre des dortoirs confortables, de véri tables restaurants, une chapelle, un ci néma, un théâtre. Les touristes britanniques s'intéresse raient vivement cette reconstitution. Une promenade en canot sur les fos sés permettrait d'accéder l'entrée des casemates. (Voir suite page 4) "Wytschaete, -village coquet, au nom aanore, que des français prononcent, plus élégamment sans douï.e, mais non correctement vichète dresse Bère- rmsatt d-entre les toits rouges son clo cher élancé, comme s'il ne suffisait pas que Wytschaete fut sur un plateau, do minant l'immense plaine d'alentour, pour .que ce -village soit immédiate ment et presque involontairement aper çu, remarqué, distingué des autres. Vil lage héroïque, entièrement rebâti en briques rouges, sur ces hauteurs qui dès le début de la guerre étaient devenues îa «lé de ila Toute vers la mer, la route de la victoire, pour l'Allemagne... du moins, l'espérait-elle I Car les armées allemandes s'y étaient installées Wytschaete formait un des chaînons de la longue chaîne qui rivait les armées alliées leurs positions de puis la mer du Nord jusqu'aux Vosges. De ces hauteurs de Wytschaete et de Mssrines, les Allemands dominaient la vaste plaine, qui semble unie la mer dans laquelle elle s'en va mourir tout doucement, vers Nieuport. lis domi naient Ypres que tenaient les Anglais, et la route de Poperinghe, la route de Calais, de l'Angleterre... Wytschaete était bien le point névralgique de la guerre en Flandre. Aussi l'ennemi s'y était-il solidement installé. Le plateau était labouré de tranchées, hérissé de batteries de canons, semé de fortins, de nids de mitrailleuses, tissé de fils de fer barbelés... Des deux côtés on préparait l'offen sive. Les Allemands voulaient Ypres. la mer. Les alliés voulaient rompre, enfin, le carcan qui les immobilisait tout prix il fallait dégager Ypres écarter cette menace constante, détruire cet ob servatoire indiscret. Les Anglais atta queraient donc... Mais Wytschaete était considéré comme inexpugnable. C'eut été folie de lancer des fantassins l'as saut d'un tel guêpier. II fallait le net toyer d'abord, avant de l'attaquer. C'est alors qu'entrèrent en action les sapeurs de la 1 71 st Tunnelling Company qui devaient faire sauter les défenses alle mandes du plateau. Le travail de sape commença aux premiers jours de 1916. II durera six mois. Des galeries furent creusées, partant des dernières lignes anglaises, s'enfonçant au cœur de la masse argileuse; dans ce sol humide et lourd, continuellement ébranlé par l'explosion des obus qui en déchique taient la surface. Certaines de ces ga leries étaient longues de plus de 500 mètres. Les soldats qui effectuaient ce travail de taupes, quand ils revenaient a la surface, étaient rouges de la glaise dans laquelle ils venaient de travailler, déprimés par 1 atmosphère viciée qu'ils respiraient et par la demi-Iumière de"! lampes fumeuses, anxieux aussi de la situation chez ceux d'en face si les Allemands, quittant leurs positions, at taquaient les lignes, c'était tout leur lent, et dur, et malsain labeur qui ris quait de devenir inutile... Mais les Allemands ne bougèrent pas. Enfin, les sapeurs perçurent des bruits sourds, ils entendirent qu'ils étaient chez 1 ennemi, sous l'ennemi plutôt. Quelques métrés a peine les séparaient de lui. Ils avaient atteint le but. On plaça là, environ 25 m. de profon deur. des charges énormes plus de 40.000 kg. d'un exnlosif puissant. I ammonite. Quel travail que la seule mise en place, travers un couloir étroit, de cette quantité énorme d'ex plosif Puis, on attendit l'ordre... On attendit longtemps. Un an L'été passa. Personne ne bougea. L'hiver vint, qui glaça les Tommies dans leurs casemates humides. Puis ce fut le prin temps. Enfin l'offensive fut décidée on attaquerait Dans la nuit du 6 au 7 juin, 3 h. 10. une formidable déflagration ébranla toute la région, secoua la terre jusque dans ses entrailles, déchiqueta le pla teau entier 19 mines avaient sauté, projetant des centaines de mètres, en uti pèle-mèle effroyable, des pierres, du sable, de la boue, d'énormes quartiers de béton armé, des pièces de bois, des poutrelles, des tôles, et aussi des hom mes, lancés en l'air comme des poupées dépareillées qu'on rejette loin de soi. Tout cela retomba sur le sol d'alentour en une pluie affreuse et sanglante, dans un désordre apocalyptique. Le bruit de l'explosion fut perçu jusqu'en Angle terre. Puis ce fut le silence... L'aube se leva, et l'attaque fut déclanchée. Les troupes du général Plumer se ruèrent l'assaut du plateau désormais dénudé, s emparèrent de la route de Messines Wytschaete. Le secret avait été bien gardé 1 offensive avait brillamment débuté. Tout cela, c est 1 histoire, le passé. Aujourd hui, le promeneur s'étonne un peu de rencontrer, en ces lieux, sur les crêtes qui séparent les bassins de I'Yser et de la Lys. de petits étangs de forme circulaire, entourés de joncs, de genêts, de peupliers. Il y en a dix-neuf. Ce sont les cratères que fit l'explosion du 7 juin 1917. Mais quel passant non averti s'en douterait Au pied de la ligne harmonieuse des collines de Flan dre, au milieu d'une contrée riante et pittoresque, où les prairies claires et les bois plus sombres sont comme des je tons sur l'immense damier multicolore des champs, et où les fermes sont roses, leurs toits rouges, et les routes blanches, dans ce charmant décor, les puits de mme semblent des étangs où ne man que qu'un château et des cygnes. Rien, ou presque rien, ne trahit plus leur ori gine. Des vaches pacifiques viennent s'abreuver leur eau. De leur passé tmtrioue, ils n'ont plus que la terrible poesie. Les remparts. Ces souvenirs nous sont revenus au cours d'une visite faite l'un des cra tères qu'un cultivateur avisé vient d'as sécher, invitant les touristes visiter un entonnoir rendu peu près l'état où il était après l'explosion. Ce cratère fait partie de la propriété du cultiva teur H. Castrique. Il est situé sur la gauche de la route de Wytschaete Kemmel, un bon millier de mètres de l'église de Wytschaete. Le travail d'assèchement, qui exigea 20 jours et 20 nuits de pompage ininterrompu vient de se terminer. Vide, le cratère paraît beaucoup plus grand. Il a 300 m. de circonférence, 77 de diamètre, et une profondeur de 16 m. Sur les parois de ce vaste entonnoir gisent pèle-mèle, dans l'état où la baisse des eaux les a fait apparaître, des débris de bois, des barbelés, quelques armes, des obus, des grenades, deux brouettes, des barri ques, des bêches. Ici des tôles dressent hors de terre une silhouette tordue, là des poutres sont peut-être celles qui étayèrent la galerie d'accès la cham bre aux poudres. Cependant, il faut l'avouer, l'on s'attendait des vestiges plus nombreux, des découvertes plus importantes. Aucun cadavre, pas d'os sements. Ce cratère est voisin quelques centaines de mètres nei^e l'en sépa rent d'un autre, rempli d'eau évi demment, et plus connu le Lone Tree Crater, acquis par l'entremise du Toc H par l ord Wakefield. II est conservé, avec les remblais oui en forment les bords, exactement dans l'état où on 1 a trouvé. L'accès en est public. Une pla que porte les principales caractéristi- nues de cet entonnoir. Signalons que le diamètre est de 129 m. visite d<i ces précieux souvenirs de la Grande Guerre est aussi instructive qu'intéressante. E"e est recomman der. d'autant plus que le site e=t 'oli et d'ailleurs peu éloigné du Mont Kemmel et d'Ypres. Ph. V.

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 7