s Herman Courtens
LE SUD, dimanche 2£ août 193$,
Une exposition Herman Courtens
provoque la curiosité, le nom évocateur
de l'artiste rappelant notre grand pein
tre paysagiste le Baron Franz Cour
tens.
Si le talent d'Herman Courtens n'était
connu de tous, reconnaissons que dans
cette curiosité, il y aurait une pointe
d'envie ou un désir inavoué de décou
vrir un phénomène, car la gloire artisti
que se transmet rarement de génération
en génération. Le talent et le goût peu
vent trouver un milieu favorable dans le
foyer familial, mais il est exceptionnel
que le fi's d'un artiste de génie, d'un
créateur puisse exceller, affirmer sa per-
LES REMPARTS D'YPRES.
VESTIGES D'UN GLORIEUV PASSE
Suite de la page 3)
L'eau n'y est pas stagnante. Les dou
ves sont alimentées par les ruisselets
qui viennent des Monts de Flandre. Le
trop-plein s'écoule par l'Yperlée.
La porte de Lille, la seule qui subsis
tait avant la guerre a été reconstruite.
Elle abrita longtemps le bureau du Gé
néral Plumer. Il serait aisé de remettre
en état cette salle et de la garnir des
meubles et ob;ets "~ui servirent au grand
soldat et que le gouvernement britanni
que offrirait volontiers.
La partie des remparts qui se trouve
droite de la porte de Lillè est la plus
belle avec ses saillants d'entrée et' ses
redans.
Lors des travaux de restauration, il
faudra ne pas vouloir faire trop neuf.
sonnalité, avoir de la spontanéité, dans
le genre qui fit la gloire de son père.
Herman Courtens l'a fort bien com
pris et nous ne retrouvons dans son ex
position aucune trace de l'influence de
Franz Courtens. Le père et le fils n'ont
de commun que d'être tous deux des
peintres de chez nous, appartenant la
longue et somptueuse lignée de puis
sants coloristes de l'art belge.
La critique a étudié longuement l'œu
vre d'Herman Courtens né le 24 février
1884. Carrière fort longue, qui débuta
sous la direction d'Isidore Verheyden.
Carrière qui, dès les premiers pas, fut
couronnée de succès une médaille rem
portée dix-neuf arts l'exposition de
Toulon. Le premier salon d'Herman
Courtens en 1907 marque l'orientation
qu'il avâit prise. Il était épris de la
figure, en un cadre aimable ou "artisti
que, du sourire des fleurs N'est-ce
pas, trente ans plus tard, l'essentiel de
l'exposition qui vient de se fermer
Bruges figures de femmes et décor
d'accessoires et de fleurs. Femmes gra
cieuses, élégantes, souriantes, délicieu
sement féminines, et dont les couleurs
fraîches et chantantes s'harmonisent
parfaitement aux fleurs, avec lesquelles
elles paraissent en longues confidences,
comme avec des sœurs qui elle con
teraient leurs joies ou leurs romantiques
rêveries.
C'est l'essentiel du talent d'Herman
Courtens. Le peintre nous présente éga
lement des intérieurs d'église un ex
cellent portrait, très sobre, du Notaire
Jean van Coillie des danseuses...
Mais nous revenons malgré tout, et
avec quel plaisir, ces dialogues muets
ces rapprochements qui semblent si
parfaitement se compléter les femmes
et les fleurs.
Ainsi Hermân Courtens est parvenu
une forme bien personnelle de son ta
lent.
Il a évité le dangereux écuèil de la
renommée de son père. Et en travaillant
la figure et le portrait, en composant ses
dialogues de la femme et de la fleur,
Courtens s'est appliqué l'étude des
natures mortes, des fleurs d'abord, et
ensuite des multiples objets dont son
pinceau recrée parfaitement la couleur
et la matière.
Le talent d'Herman Courtens est of
ficiellement consacré par de nombreuses
médailles, par des achats de tableaux
pour les Musées d'Anvers, Bruges,
Courtrai. Mulhouse, Kaunas, etc... Les
collections de S. M. Léopold III, de S.
M. l'Impératrice du Japon, du Prince
Humbert d'Italie, du Baron Empain, de
M. Ingelbleek, comptent des toiles de
Courtens. A ses titres de professeur
l'Institut Supérieur des Beaux-Arts
d "Anvers, de Sociétaire des Beaux-
Arts de Paris s'ajoutent des décorations
nombreuses l'Ordre de Léopold, de la
Couronne de la Légion d'Honneur, et
celles qu'il a gagnées la guerre, au
cours de laquelle il fut gazé.
Nous souhaitons pouvoir offrir aux
habitants du Sud de la Flandre l'occa
sion d'admirer, l'été prochain, les œu
vres du peintre Herman Courtens.
Ch. van Rengnghe.
Il sera nécessaire de garder aux vieux
mur3 leur patine. Ceci n'est pas pour
effrayer les Belges qui sont passés maî
tres dans l'art de la maçonnerie.
L angle sud-est des fortifications pré
sente un redan, avec un triple système
de dé fcnse dont certaines parties sont
encore visibles dans les pâturages qui se
trouvent au delà du chemin de ronde.
Ne se-ait-il pas possible de rétablir
cet endroit les ouvrages tels qu'ils fu
rent jadis
Le glacis des fortifications avait été
bien avant la guerre aménagé en jardin
public. Depuis plusieurs années, il a été
remis en état il faudra peu de chose
pour le rendre parfait.
Tandis que M. Van Renynghe nous
expose ces projets dont la réalisation
espérons-le est prochaine nous avons
fait deux fois la promenade des rem
parts de la porte de Menin la porte
de Lille, l'aller par le chemin de ronde,
au retour par le jardin qui domine la
ville.
Il est midi. Ln clochette d'un cou
vent tinte, répondant au carillon qui
vient d'égrener un vieil air flamand.
A travers les arbres, au dessus des
remparts, l'Eglise Saint-Pierre, la ca
thédrale Saint-Martin, la Tour Saint-
Jacques et le Beffroi se profilent dans
une buée lumineuse.
Devant l'imposante porte de Menin,
les cygnes battent l'onde de leurs lar
ges palmes poussant devant eux de
grands ronds concentriques...
Le paysage ne manque pas de gran
deur.
La municipalité d Ypres ne faillir3
pas sa tâche. Les vestiges d'un passé
glorieux seront conservés. Ils évoque
ront pour les générations futures l'his
toire de l'opulente cité des drapiers
de la ville dont le martyre préserva de
l'envahisseur le Nord de notre patrie-
...C'est cela surtout, que nous Fran
çais nous ne devons pas oublier...
André EIEBUYCK.