Compagnie Belge ûssims des Classes flegseess
Léon Grillet
LE SUD
Baron Noël de VINCK Zonnebeke
Daniel LELEU
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9
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YPRES et enk»
270
(Suite de la Ire page)
avec les Allemands dit-elle sans dé
tours, autant et même mieux, vaut-il
que ce soit pour aujourd'hui. Il faut
en finir avec les concessions, les recu-
lades, les incertitudes. Concernant
la Belgique, si certains reconnaissent
qu'en gardant sa frontière de l'Est no
tre pays contre la France, la plupart
des Français de la région tiennent grief
la Belgique d'avoir quitté le camp de
l'Alliance française, et vont même jus
qu'à faire un parallèle désobligeant en
tre notre quatrième Roi et son père. On
sent que la France a compté sur le
sol belge comme sur un bouclier, non
passif mais actif, et sur l'intervention
de l'armée belge ses côtés en toutes
éventualités.
A Sedan, où je suis passé le jeudi,
22 septembre, 5 de la population
avait gagné l'intérieur de la France. Le
reste attendait la mobilisation, qui de
vait s'opérer sur place. Les réservistes
frontaliers se connaissent, du soldat
l'officier, et doivent se concentrer
autour des abris de mitrailleuses éta
blis la limite septentrionale du terri
toire. Sur les routes, les maisons-fron
tières cuirassées sont occupées.
Plus l'est, entre Montmédy et i-on-
guyon, d'imposantes fortifications per
manentes dominent le territoire belge.
C'est le prolongement de la ligne Ma-
ginot le long de notre frontière. Sur les
pentes et dans les intervalles des ouvra
ges, des abris bétonnés de mitrailleuses
et de canons légers s'échelonnent, ser
rés. La présence et l'activité de troupes
françaises s'accusent et certains jours,
devant la trouée belge de la Vallée du
Ton, des mitrailleuses ont été avancées
en rase campagne, aussi loin que pos
sible. lies patrouilles battent les forêts.
La nuit, des feux optiques animent le
silence mystérieux de la nature.
A Longwy, où commence la frontière
du grandduché de Luxembourg, 1 ac
cumulation des moyens de combat de
vient tout fait guerrière et le gou
vernement du grand-duché ne s'est pas
trompé en signalant au nôtre la con
centration d'un corps d'armée français.
Le 24 septembre, tous les frontaliers
français de moins de 40 ans ont été
mobilisés midi. Ils avaient huit heu
res pour rejoind "C. On signale le dé
part d'hommes de près de 50 ans. Il
y a quelque 15 jours déjà, en un seul
dimanche, 60 trains d'hommes et de
matériel étaient passés rien que par le
rail de Montmédy Longwy, filant vers
l'Est. A Longwy, si les autorités ne
contraignent pas les civils l'évacua
tion, elles ne les en dissuadent pas et
les y aideraient plutôt. Les municipa
lités de la Vallée de la Chiers ont reçu
les approvisionnements de sacs de sa
ble destinés garnir les planchers des
greniers et toit "-es.
La pop-dation du grand-duché de Lu
xembourg vit en état d'alarme. En
trente minutes, une colonne motorisée
débouchant d'Allemagne ou de France
peut atteindre Luxembourg même. Les
bruits les plus fantaisistes et les plus
inquiétants courent dans ce pays dés
armé qui, en se privant de moyens de
défense, peut vivre dans l'abondance et
la facilité en temps de paix, mais est
fâcheusement exposé en temps de guer
re. Et nous disons fâcheusement en
songant la Belgique comme au grand-
duché, car supposer éventualité
toute gratuite sans doute que les
forces françaises de la charnière de
Longwy, profitant de ce -~ue le réseau
ferré du grand-duché est exploité par
une administration française, ou ripos
tant une irruption allemande, se por
tent sur les positions de la Moselle lu
xembourgeoise et de l'Our, elles com
battraient avec leurs lignes de retraite
orientées vers notre province du Lu
xembourg.
Le 23 septembre, Luxembourg, du
belvédère de la fondation Pescatore qui
domine le ravin dont la crevasse ma
jestueuse ceinture la ville, je voulais
m'orienter, et je demandai un pro
meneur, bourgeois paisible et courtois,
de m'indiquer les directions de la Bel
gique, de la France et de l'Allemagne.
Il accusa très vite le trouble qui le han
tait. Le ciel, Monsieur, est noir de
menaces autour de Luxembourg, dé-
clara-t-il. Hitler, quand il aura réussi
en i chécloslovaquie, ne dédaignera pas
notre pittoresque et riche contrée. La
France se frappe elle-même de déchéan
ce en laissant grandir cette menace.
A l'instant même, un personnage qui
nous observait d'un banc voisin bondit
en quelaue sorte vers nous. C'était un
Français et, je crois, un agent du ser
vice de renseignements (la ville de Lu
xembourg regorge, parait-il, d'espions).
Vous avez raison. Monsieur dit-il
avec feu mon interlocuteur, la
France se dégrade en capitulant. Ses
armées sont prêtes, là, la frontière.
Elles doivent marcher au secours des
Tchèques pour tenir la parole de la
France. Tandis que le Luxembour
geois s'esquivait en proférant de som-
ores prophéties, je répartis mon inter
locuteur. qui me croyait Français Je
suis Belge, et deux pas d'ici j'ai vu
tout l'heure la statue de Guillaume,
roi de Hollande et grand-duc de Lu
xembourg, qui fit perdre la Belgique,
en 1839, la moitié du Luxembourg et
du Limbourg. Quand nous avons de
mandé alors nos grands voisins de
nous soutenir dans l'adversité, ils nous
répondaient que la Belgique devait ap
porter sa contribution la paix de
l'Europe et que le sacrifice qu'on lui
demandait Luxembourg et Maes
tricht devait être consommé.
Sans doute ajoutai-je, le Ca
tchèque de 1938 et le cas belge de I839
ne sont-ils pas identiques, mais
points de comparaison ne peuvent ètre
niés non plus. Et ils sont de nature
confirmer la Belgique dans son actuelle
poliltique d'indépendance volontaire et
armée. Remarquez d'ailleurs, qu'en af
firmant sa neutralité dans ces condi
tions, mon pays contribue séparer les
éventuels belligérants sur une grande
étendue géographique et sert donc ]a
paix.
Mon interlocuteur ne contesta pas
l'intérêt de ces considérations pour la
Belgique mais s'en tint la nécessité
d'une politique de force pour la France.
Le soir, je rentrais Arlon. Dans la
nuit, la sirène, le clairon et le canon
d'alarme réveillaient le chef-lieu de pro
vince la population gagnait la rue et le
peuple qui s'était porté dans les ca
sernes des chasseurs andennais se cou
cha sur le pavé quand l'extinction des
lumières fit croire une incursion
d'avions. Maint officier de réserve,
pensant l'heure arrivée, avait revêtu
l'uniforme et était spontanément venu
se mettre la disposition de l'autorité
militaire. Dans plus d'un foyer, des scè
nes émouvants de mobilisation se dérou
lèrent.
Le gouvernement a raison de tenir les
frontières alertées. Nos voisins sont dé
jà engagés bien plus avant que nous
dans la pensée et dans la préparation
de la guerre et le désastre d'août 1914,
doit être évité au prix de sacrifices vi
riles qui, souscrits temps .préserveront
le sol belge du pire.
Louis HABRAN.
n
11
(Suite de la page 4)
Il faut vous dire d'abord que les en-l
virons d'Ypres sont pleins de marais et
de ce qu'en langage de fortifications on
appelle inondations. A travers toutes
ces eaux on a fait plusieurs chaussées
qui sont très bien entretenues. Le pavé
en est large et fort uni et entre autres
la chaussée de Lille et celle de Dunker-
que. La porte par où j'entrais a deux
inondations ses cotez, celle de la droi
te porte le nom d'Inondation de Mes
sine, celle de gauche s'appelle l'Inonda
tion de Bailleul. il y en a une autre qui
est la droite du Canal de Bousingue,
elle est beaucoup plus longue que large
c'est l'inondation du Pas-de-Vires (3)
proche le chemin qui conduit Cour-
tray. Il y a deux ouvrages cornes au
nord de la ville et deux au Sud,
ceux-cy sont si prés l'un de l'autre qu
n'y a qu'une demie-lune qui les
pare, ces deux derniers ouvrages ont ufl
double fossé et sont parfaitement bie"
flanquez. La base ville est comme sepaj
rée de la ville haute par trois espéc^j
de demi-lunes ou Ravelins. Le Canal
Bousingue partage la ville basse
deux parties égales. Ce canal prend sofl
nom d'un village qui est une derni^
lieue d'Ypres. Le circuit de la haute
de la basse ville d'Ypres est si inéga
qu'il est difficile de dire qu'elle figuri
fait le tout ensemble.
(3 Paddevijver.