Chronique économique
et financière.
L'Ordre des
Médecins.
Projet de statut pour les
aviateurs militaires.
Pour arrêter
l'invasion grandissante
des commerçants
étrangers en France,
La politique internationale dont nous
espérions n'avoir plus autant parler,
vient nouveau d'influencer les marchés
qui exprimaient pourtant des disposi
tions franchement meilleures. Si les élé
ments d'ordre purement économique
avaient le droit d'exercer leurs effets en
toute liberté, il n'y a pas de doute que
nous assisterions une nouvelle avance
des marchés.
Nous allons essayer de mettre en lu
mière les arguments de cette apprécia
tion.
L'augmentation des contingents de
production du cuivre est un de ces fac
teurs encourageants. Cette augmenta
tion s'explique du fait de la diminution
des stocks visibles de métal détenus par
les Etats-Unis qui, de 370.000 tonnes
courtes en mai de cette année ont été
réduits rapidement 315.000 tonnes en
août. Cette situation statistique "meil
leure du cuivre américain avait déjà
poussé en avant les cours de la matière
New-York et assaini le marché inter
national. Du reste, l'augmentation de
95 105 de la production des en
treprises qui adhèrent au cartel impli
que de la part des membres du comité
la conviction qu'une nouvelle augmen
tation de la consommation mondiale est
prochaine. Les marchés l'entendent
d'ailleurs parfaitement ainsi, puisque
l'accroissement attendu de l'offre du
cuivre, au lieu de provoquer une baisse
tout fait normale a amené, au con
traire, une nouvelle hausse des cours qui
lundi, s'établissaient 48.6.3. Du res
te cette anomalie semble devenir la règle
sur les marchés de matières premières.
Pendant la durée rie la dernière dépres
sion, chaque restriction de production
qu'imposait la réduction drastique de la
consommation, s accompagnait d une
baisse encore plus accentuée des cours.
Maintenant l'inverse se vérifie, ce qui
tiendrait prouver que les malheurs en
gendrés par .la dépression pourraient
bientôt prendre fin.
Mais, parmi les métaux le cuivre n'est
pas seul présenter des signes encou
rageants.
L'étain profite de facteurs peut-être
moins tan g ib1 es mais qui pourraient se
manifester dans l'avenir avec force.
T.'essentiel pour ce métal c est qu on es
père, plus eu moins brève échéance,
des effets favorables de la reprise in
dustrielle aux Etats-Unis, les plus gros
consommateurs. Les cours se situent dé
jà 210.7.8.
Les stocks américains de plomb recu
lent de 163.7 mille tonnes en mai 1937
140,7 mille tonnes en août. Le cours
monte 16.16.3 Les stocks similaires
de zinc font de même de 149,7 mille
tonnes en juin 143,4 mille tonnes en
août. Le cours est maintenant 15.13.9.
Enfin, il est peine nécessaire de rap
peler, dans ce rapide examen des fac
teurs favorables que nous livrent les
marchésde matières premières, la grosse
amélioration survenue sur le marché du
caoutchouc.
Après les menaces de guerre, le cours
de 8 9/16 a été atteint avec une telle
aisance que cela fait bien augurer pour
l'avenir.
On voit donc que dans le débat en
faveur de la reprise économique, les
matières premières, 1 exception de cer
tains produits agricoles tels le coton et
le blé. ont déjà nettement pris position.
C'est un facteur dont, longue échéan
ce, il ne faut pas sousestimer la portée.
D'autre part, la conjoncture améri
caine affirme ses prétentions l'amélio
ration et cela corrélativement avec la
hausse des matières premières. En ef-
r t, en 1937, les premiers signes de fai
blesse des matières premières s'étaient
manifestés au mois de mars. Mais ce
n'est qu'à partir du mois de septembre
que l'industrie américaine commença
accuser le coup. Par contre, lorsqu'il
s'est agi du redressement, le parallélisme
entre les deux catégories d'indices fut
assez net. Il est certain que la réduction
extrêmement rapide de la production
métallurgique américaine, lors de la dé
pression, a été une des raisons de son
prompt rétablissement. Depuis juin 1938
qui constitue un minimum, la production
de fonte s'est développée de 58
Pendant ce temps, l'indice d'occupation
de l'industrie qui était encore 44 au
début du mois passé, se trouve 47
fin septembre et 51,4 actuelle
ment. On estim#qu'au mois de novem
bre cet indice d'occupation atteindra
60 de la capacité de production in
dustrielle.
D'autre part, l'indice de l'activité in
dustrielle calculé par le Fédéral Reserve
Board s'est redressé 90 en sep
tembre, chiffre le plus élevé atteint de
puis octobre 1937. L'indice tient compte
principalement du redressement du tex
tile et de l'acier. L'indice de l'activité
de la construction d'habitations indique
de son côté un niveau oui "e fut jamais
atteint pendant la période de prospérité
1936-1937.
La hausse boursière trouve dans des
réalités économiques immédiates les rai
sons de son optimisme.
La Belgique a rapidement profité de
ces éléments encourageants. La fermeté
du belga ne s'est pas départie un seul
nc:r,~nt pendant les heures troublées
que nous venons de subir elle a ap
porté un soutien certain nos rentes
nationales. Grâce aux efforts persévé
rants de notre Ministre des Finances, le
budget de 1939 se présente en équilibre.
D'autre part, l'emprunt lots destiné
financer les grands travaux d'utilité pu
blique a obtenu un franc succès.
Notre métallurgie continue profiter
d'un courant d'ordre important. Alors
que les commandes recueillies par Cosi-
bel s'élevaient en septembre au niveau
déjà très intéressant de 132.000 ton
nes, les totaux des commandes arrêtés
au 10 octobre s'élèvent déjà 64.000
tonnes. Si le montant des commandes
nouvelles ne diminue pas de volume
pendant le restant du mois, on peut
espérer voir le total des commandes
d'octobre atteindre et même dépasser les
200.000 tonnes. Perspective attrayante
si l'on songe qu'en janvier 1937 ces
mêmes commandes s'élevèrent 170.000
tonnes, en février 1937 196.000 tonnes
et en mars 1937 236.000 tonnes. L'ex
portation elle seule intervient pour
40.000 tonnes, soit 61,7 On peut mê
me affirmer que la reprise industrielle
belge est plus vigoureuse que la reprise
industrielle américaine.
L'activité de la métallurgie, combi
née l'approche de l'hiver exercera tôt
ou tard une influence déterminante sur
la situation de nos charbonnages et
parviendra, espérons-le, résorber les
stocks ou, tout au moins, arrêter leur
progression.
A l'occasion de la récente institution
de 1 Ordre des Médecins, la Fédération
médicale belge a offert un banquet au
quel participaient quelque trois cents
invités.
La table d'honneur était présidée par
le docteur P. Glorieux, ayant ses cô
tés MM. Pholien, ministre de la Jus
tice, remplaçant M. Merlot, retenu en
province.
A 1 heure des toasts, le docteur Glo
rieux, président de la Fédération mé
dicale belge, fit l'historique des travaux
parlementaires tt professionnels qui
aboutirent au vote de la loi créant l'Or
dre des Médecins. Il associa dans un
unanime hommage tous ceux qui colla
borèrent cette oeuvre, et, tout spéciale
ment, MM. Pholien et Delvaux de Fen-
ffe, qui défendirent longuement le pro
jet devant le Sénat une plaquette de
reconnaissance leur fut remise aux ap
plaudissements de l'assemblée.
Le ministre de la Justice, prenant en
suite la parole, souligna la haute mis
sion dévolue aux médecins et il se fé
licita de voir enfin réalisés les vœux
ardents de tant de praticiens pénétrés
de la nécessité de coordoner leurs ef
forts pour le plus grand bien de tous.
M. Delvaux de Fenffe, de son côté,
rappela les efforts accomplis en vue de
la création depuis longtemps attendue
de l'Ordre, tandis que M. de y^ilde,
vice-président du Conseil d'appel de la
Société néerlandaise pour le progrès
de la médecine apportait le salut et
l'hommage de quelque 5.000 médecins
hollandais.
Le groupe de la Fédération républi
caine a déposé sur le bureau de la
Chambre une proposition de loi tendant
protéger le commerce français contre
l'invasion grandissante des commerçants
étrangers.
Voici les principales dispositions de
la nouvelle proposition
Aucune entreprise commerciale, in
dustrielle ou artisanale ne pourra être,
dorénavant, ouverte en France par un
étranger sans une autorisation préala
blement délivrée par le ministère de
commerce. Cette autorisation sera immé
diatement annulée en cas de condamna
tion ou de faillite. Des décrets limite
ront par professions et pour l'ensemble
du territoire ou pour une ou plusieurs
régions économiques le nombre des
commerçants étrangers.
Dans le cas où cette limitation serait
demandée par la Chambre de commerce
ou de métiers intéressée et par le Con
seil national économique, elle serait obli
gatoire pour le ministre du Commerce.
Si le nombre des étrangers ainsi dé
terminé dans une profession se trouve
inférieur au nombre de ceux qui sont
déjà installés, les entreprises des plus
récents patentés étrangers devront être
progressivement fermées jusqu'à ce que
le contingentement soit respecté.
Ajoutons que le bureau de la com
mission permanente et le comité extra-
parlementaire de défense du commerce
de détail, se sont entretenus aussi des
problèmes relatifs aux empiétements
grandissants du commerce des étran
gers en France, empiétements contre
lesquels les décrets-lois actuellement en
vigueur leur sont apparus comme insuf
fisants.
Il y a déjà bien des années que l'on
parle de fixer le sort du personnel na
vigant de l'aviation militaire, par un sta
tut adéquat aux risques et aux respon
sabilités qu'il supporte quotidiennement,
et La Profession a fait campagne
dans ce but.
Le sénateur Nèves, qui s'est spécia
lisé dans les questions aéronautiques,
vient de déposer sur le bureau du Sénat
une proposition de loi ce sujet. Dans
son projet, il envisage la création de
deux statuts, un pour le corps des offi
ciers, l'autre pour île personnel navigant
subalterne.
Les deux statuts reflètent la même
tendance basée sur l'abaissement des li
mites d'âge avec compensations corres
pondantes, sur une situation améliorée
et sur une retraite honorable.
L'abaissement des limites d'âge aura
comme conséquence de disposer d'hom
mes en pleine force de l'âge, de favoriser
l'avancement plus ou moins rapide des
officiers aviateurs et d'inciter les sujets
d'élite faire carrière dans cette arme.
D'autre part, les indemnités de vols
devraient être péréquatées.
Après avoir exposé les cas d inapti
tudes physiques et les manquements
professionnels, M. Nèves précise une
nouvelle hiérarchie dans les cadres na
vigants, et les limites d'âge afférant
chaque grade capitaine général de
l'Air, 56 ans brigadier général de l'Air,
54 ans colonel aviateur, 52 ans lieu
tenant-colonel aviateur, 50 ans major
aviateur, 48 ans capitaine avaiteur, 45
ans enseigne aviateur, 45 ans.
L'avancement des officiers aviateurs
se ferait par ancienneté suivant les pla
ces disponibles.
En ce qui concerne l'âge de recrute
ment pour le personnel subalterne, la
proposition de loi suggère les modalités
suivantes
Navigateur de 2e classe, 20 ans de
Ire classe, 22 ans navigateur-chef, 25
ans premier navigateur-chef, 30 ans.
La retraite est fixée 40 ans pour
tous les postes.
Enfin, les temps passer dans le gra
de sont enseigne de 2e classe, 3 ans
enseigne de lrç classe, 2 ans capitaine
■aviateur, 6 ans major aviateur, 3 ans
lieutenant-colonel aviateur, 2 ans co
lonel aviateur, 3 ans, et brigadier géné
ral de l'Air, 2 ans.
Le sénateur Nèves développe encore
de nombreux points d'application et de
détails dans le corps de son projet.