I
Le Congrès
s'amuse
Raisons d'ootimisme 1 instantanés.
4e ANNEE No 46.
Hebdomadaire SO cent, le numéro.
DIMANCHE 13 NOVEMBRE 193*.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que noua construisons l'avenir.
On a tort de se frapper en lisant les
comptes-rendus des congrès de politi
ciens. Et encore plus de prendre la
lettre leurs déclaratons. Il ne faut pas
oublier que ces Messieurs ont acquis une
situation matérielle souvent enviable, et
que s'ils y sont arrivés, c'est en prêchant
et défendant des idéologies, auxquelles
ils croient rarement eux-mêmes. Il se
fait que très souvent les circonstances
ont l'incroyable audace de ne pas se
plier aux principes énoncés avec des
trémolos dans la voix. Les politiciens
sont bien obligés d'expliquer aux co-
mitards de leur parti, pourquoi ils agis
sent en pratique l'encontre de leurs
théories. Ce qui exige de longues cor
vées salivaires et d'innombrables garga-
rismes oratoires. Cet ensemble d'exté
riorisations vocales se résume en une
expression Congrès annuel du parti.
Les Congrès seraient inutiles, si les
polticiens se contentaient de gérer le
pays selon la saine raison et la droite
logique Mais ils sont tous, plus ou
moins liés, par leur propre phraséolo
gie et leurs bobards électoiftux. Et
comme tout parti est composé de
durs et de mous équipes inter
changeables d'après les combinaisons
immatérielles, les mous étant au
pouvoir et se voyant obligés de s'adap
ter aux réalités, les durs ne possé
dant pas momentanément de porte
feuille et étant de ce faut libres de se
livrer aux plus extraordinaires vocalv-
ses oratoires, le but d'un Congrès est
de servir de confessionnal pour les mous
et d'abcès de fixation ou d'exutoire bi-
liaire pour les durs.
Ainsi aui Congrès socialiste le pré
texte de la bagarre été Burgos. Sur
toutes les questions importantes et vi
tales, des ordres du jour ont été votés
l'unanimité approuvamt la politique
gouvernementale. Une petite question
sentimentale fut exploitée par les
durs contre les mous Et autour
de cette question les délégués, les ex-
ministres, les candidats-ministres, et les
ministres effectifs ont échangé le maxi
mum de stupidités, de bobards, d'inep
ties qui se puissent concevoir.
Un pitre liégeois qui se nomme Truf-
faut, et qui aura un rôle important
jouer en 1939 au cours des réceptions
l'Exposition de Liège a parlé des rues
dépavées de Mons et des troupes mas
sées dans le Hamaut, qui ont troublé
la conscience des ames wallonnes.
Le célèbre Arthur Ga/lly a lancé cet
aveu énorme Si l'on expurge le sen-
timalisme du socialisme, on tue le so
cialisme
Le chef du gouvernement a eu 1 au
dace inouïe de prononcer cette phrase,
désormais historique, et qui pèsera
lourd dans sa carrière, politique «Vous
allez probablement commettre des Pr
ieurs ou des folies. Je resterai avec
vous, même dans les fautes et les folies
que vous pourriez commettre.
(Voir suite page 3)
Un homme d'affaires fort averti nous
faisait dernièrement cette remarque
Je suis frappé du manque de nuan
ces dans les opinions, non seulement de
la masse, mais même de l'élite. Rien
n'est absolu, ni dans les affaires, ni en
politique, et .les avis sont toujours for
mels. Une situation est ou parfaitement
bonne ou absolument mauvaise. Et
quand la mode est au pessimisme, tout
est déplorable, irrémédiable, et chaque
jour nous frôlons des catastrophes.
Nous avons souvent réagi dans LE
SUD contre cette mentalité lamantable,
et qui paralyse toute action. A écouter
les prophètes de malheur que de guer
res annoncées, que de catastrophes éco
nomiques dans lesquelles nous devions
sombrer Tout va mal
Mais non, n'est-il pas vrai Tout va
humainement, c'est-à-dire ni bien, ni
mal. Si rvous faisons objectivement le
point nous devons constater que depuis
1918 l'Europe a traversé une terrible
maladie, mais que les forces de vie et
de travail l'emportent. Les peuples qui
ont réagi, les pays qui prétendent ne pas
se laisser enliser arrivent des résultats
surprenants, et l'historien, dont 1 esprit
ne sera plus obnubilé par les idéolo
gies partisanes, retracera avec admira
tion l'énergie des pays européens qui
ont défendu leur civilisation mise en
péril.
Un journal économique donnait ré
cemment la liste des éléments qui obli
gent les docteurs Tant-Pis réfléchir.
Nous la soumettons nos lecteurs.
Le Cabinet Chamberlain a obtenu
un double succès aux élections munici
pales, qui ont consacré l'échec très net
des travaillistes au profit du paTti con
servateur. Il a recueilli un vote de 345
voix contre 1 38 la Chambre des Com
munes et un scrutin de quasi-uanimité
la Chambre des Lords en faveur de
la mise en œuvre de l'accord anglo-ita
lien, qui constitue un terme déterminant
de son action pour l'apaisement en Eu
rope.
En Frànce, les élections sénatoriales
du 23 octobre ont marqué un glisse
ment décisif vers la droite. Les résolu
tions du Congrès radical-socialiste de
Marseille ont consacré la Tupture avec
le parti communiste et, par conséquent,
la dislocation définitive du rassemble
ment populaire. Le Gouvernement a en
voyé un ambassadeur Rome. Il a re
tenu la suggestion émise Berlin d un
pacte mutuel de non-agression qui for
merait évidemment un facteur de dé
tente internationale de puissante effi
cacité.
Le Conseil des ministres a rejeté les
projets de décrets-lois présentés par M.
Marchamdeau, qui comportaient l'inèti-
tution du contrôle des changes et l'a
bandon de l'accord monétaire tripartite
de septembre 1936. M. Paul Reynaud
a succédé M. Marchandeau au Minis
tère des Finances. Le programme de
redressement dont il a pris l'initiative
sera fondé essentiellement sur le res
pect maximum de la liberté économi
que sur le maintien de la parité ac
tuelle du franc sur l'expansion du cré
dit privé sur I accélération des produc
tions industrielles et sur le rétablisse
ment des prix de base.
Tandis que la France va tenter enfin
un effort pour s'écarter des voies révo
lutionnaires tandis que le Cabinet bri
tannique a vu confirmer son mandat en
vue de mettre fruit ce que la mé
thode de Munich recèle de possibilités
heureuses, une accalmie très sensible
s est manifestée dans les marchés des
changes. La pression sur la livre sterling
s'est atténuée. Le cours du dollar amé
ricain Londres a évolué constamment
aux environs de 4.76. Les opérations
en métal jaune ont perdu leur activité
anormale. Les transferts New York
n'ont plus porté que sur des montants
modestes soit 20 millions de dollars
pendant la semaine au 3 novembre. Ce
pendant, le franc français s'est redressé
au comptant et terme.
Le marché du belga a confirmé son
allure de fermeté. Au cours des deux
dernières semaines, la couverture-or des
engagements vue de la Banque Na
tionale de Belgique s'est renforcée de
61.88 p.c. 66.88 p. c., malgré la ré
duction du taux de l'escompte appli
quée partir du 27 octobre. L'encais
se métallique a grossi de 16,463 mil
lions 1 6,85 1 millions. Le portefeuille
commercial s'est dégonflé de 2,1 37 mil
lions 1,853 millions. La détente pro
gressive du marché monétaire intérieur
s'est accusée lors des émissions de Cer
tificats de Trésorerie, dont les taux
d'adjudication, déjà ramenés précédem
ment de 2.75 p.c. 2.61 p.c.-, se sont
infléchis 202 p. c. Les rentes natio
nales ont été constamment soutenues,
avec une tendance de fermeté fort ac
cusée en valeurs lots.
Le mouvement de commandes dans
l'industrie métallurgique ne s'est pas
ralenti. Les statistiques de Cosibel ont
établi un montant global de demandes
de 148,000 onnes pour le mois d'octo
bre, dont 87,000 tonnes destination
de l'étranger. Les attributions aux usi
nes se sont élevées 155,500 ton
nes, assurant une quotité de production
satisfaisante. En France et en Grande
Bretagne également, les tonnages de
productions métallurgiques se sont re
levés. Aux Etats-Unis, le degré moyen
d'activité des aciéries s est élevé 61
p. c. contre 48,6 p. c. la même épo
que de l'an dernier. La déclaration des
dividendes de l'U. S. Steel et de là
Bethlehem Steel pour le troisième tri
mestre de î'ekèriSîcfe en cours a dénoté,
de la part des dirigeants des deux en
treprises, un réel optimisme 1 égard
ides perspectives prochaines. 11 en est
de même en ce qui touche leè réparti
tions de la Chrysler et de la General
Motors.
La fermeté des matières premières
ne s'est pas démentie. Les chiffres de
consommation, mondiale du cuivre ont
atteint "un lifiveau considérable. Les
EN PALESTINE.
L Européen a une notion assez spé
ciale de 1 humanité. Elle se divise poux
lui en deux catégories bien définies le
blanc, 1 européen qui a comme mission
de dominer le monde, et tout le reste
de 1 humanité qui doit se réjouir de
pouvoir être dominé par le blanc.
C est ce qui explique que la presse
européenne, dont la sentimentalité est
s» vite émue quand il s'agit de querelles
entre blancs, reste d'une magnifique
indifférence au sujet des affaires de Pa
lestine. Les droits des peuples, le res
pect des minorités, et tant d'autres slo
gans de la politique européenne n'ont
plus aucune signification, quand il s'agit
des arabes Et l'indifférence la plus
complète paralyse la plume des journa
listes, qui ne trouvent pas le moindre
mot pour protester contre les expé
ditions punitives des anglais dans les
villages arabes. Nous avons vu des
photos, sans commentaires, nous mon
trant un village entier que les anglais
faisaient sauter, parce que des civils
avaient tiré sur eux. Ailleurs ce sont
des prisonniers, des rebelles, que sais
ie.
Transportez cette lutte en Europe,
et vous trouverez une partie de la pres
se dénoncer ces horreurs. Pourquoi ces
Arabes n'ont-ils pas de défenseurs
C est simple. Ils ne sont pas intéres
sants, tout bonnement parce qu'il est
impossible de les classer dans un des
deux camps idéologiques fascistes on
démocrates. Et comme ils n'ont pas
d'étiquettes, que ce ne sont que des
hommes pourquoi les journalistes
et les politiciens s'intéresseraient-ils au
sort de ces naïfs
LE HERISSON.
Adolphe Hitler a comparé la politi
que allemande celle du hérisson. At
titude uniquement défensive. L'intérêt
vital de l'Allemagne est de vivre en
bons termes avec ses voisins de l'Ouest.
Ce in'est pas un an, mais 5,10 ou 20
ans qui lui seront nécessaires pour adap
ter le Reich l'économie de l'Europe
centrale.
Rappelons, en quelques mots la fa
meuse thèse économique de M. Delaisi,
qui fit fureur il y a dix ans. La prospé
rité européenne dépend de l'équilibre
économique entre l'Europe du cheval-
vapeur, et l'Europe du blé, c'est-à-dire
l'Europe danubienne. Or depuis Mu
nich, l'Allemagne a reçu de l'Angleterre
et de la France l'autorisation de réaliser
(Voir suite page 8)
stocks de caoutchouc en Grande-Breta
gne ont subi plusieurs diminutions heb
domadaires de sérieuse importance. Le
réglementation de la production dm
plomb par les entreprises anglo-saxon
nes a été mise au point. La question
de la reconstitution du Cartel interna
tional du zinc a fait de nouveaux pro
grès. f