2 satisfaction leur serait donnée par le vote de la proposition de loi déposée la Chambre, sur l'organisation profes sionnelle des Métiers et Négoces Cela permettrait ensuite, aux Chambres des Métiers et Négoces de trouver leur pla ce bien établie dans le cadre de l'orga nisation professionnelle générale prépa rée par le Gouvernement. Sire. Nous savons le grand intérêt que Votre Majesté attache aux problèmes culturels, économiques et sociaux que soulève la vie de nos classes moyennes. C'est pourquoi nous nous adressons Elle en pleine confiance. Aussi, avons- nous chargé deux éminents spécialistes de ces questions, Monsieur Van Goe- them, Professeur l'Université de Louvain et Président de la Caisse Na tionale de Crédit aux Classes Moyen nes, et Monsieur Janssens, Avocat près le Tribunal de Tournai, d'exposer en cette enceinte le programme des classes moyennes des métiers et négoces. En donnant ainsi audience en cette journée commémorative aux aspirations des classes moyennes, nous n'entendons diminuer aucunement la signification et la valeur de ce qui a déjà été fait pour les classes moyennes. Bien au contraire, les desiderata qui trouveront leur écho cette tribune, mettront en lumière les réalisations qui ont déjà été obtenues grâce la compréhension des pouvoirs publics ils sont en quelque sorte le prolongement idéologique des institu tions déjà créées. Aussi nous saisissons l'occasion de cet anniversaire pour exprimer aux pou voirs publics la profonde gratitude des classes moyennes pour les progrès con stants que la législation et les mesures réglementaires ont fait accomplir l'état économique et social des classes moyennes dans le courant de ces der rières années. Il ne peut être question de faire cette tribune un inventaire complet de toutes les interventions des pouvoirs pu blics. Mais il est un certain nombre de mesures que je ne puis passer sous si lence cause de leur influence particu lièrement bienfaisante dans cet ordre d'idées, je dois citer le crédit l'outillage artisanal la création de la Caisse Centrale du Petit Crédit Professionel l'organisation du Fonds temporaire de Crédit aux Classes Moyennes et de la Caisse Nationale de Crédit aux Clas ses Moyennes ensuite les arrêtés royaux réglementant le commerce ambulant les premières mesures prises pour réprimer la concurrence déloyale et la concurrence anormale des étrangers la limitation de la concurrence des grands magasins et des magasins prix unique la restriction des ventes avec primes enfin, l'organisation de 1 Institut des Classes Moyennes, déjà voté par le Sé nat et qui sans doute le sera bref dé lai par la Chambre, et l'organisation professionnelle des métiers et négoces dont le Gouvernemente et le Parlement s'occuperont l'orée de la nouvelle session parlementaire. Monsieur le Ministre, Messieurs les Sénateurs et mem bres de la Chambre des Repré sentants. Messieurs les Gouverneurs, Le Bureau Permanent des Chambres des Métiers et Négoces vous remercie très vivement de la marque de sympa thie et d'intérêt que vous avez bien vou lu leur donner en assistant cette séan ce commémorative. Je suis convaincu que les exposés qui vont suivre retiendront votre meilleure attention et que les classes moyennes peuvent compter sur votre concours pré cieux pour l'amélioration de leur état social et économique. Je suis heureux de saluer la présence de Mr Sylvestre, représentant le Minis tre du Commerce de France Mr Groeneveld-Meier, Administra teur du Département des Classes Moyennes du Ministère des Affaires Economiques des Pays-Bas. Les membres de la délégation repré sentant le Gouvernement Grand-ducal du Luxembourg Messieurs Theisen, Président et Bettendorf, membre de la Chambre des Artisans du Grand-Du ché de Luxembourg, et Messieurs Frie- den et Schaak, membres de la Chambre du Commerce de Luxembourg Messieurs V. Constant, Président-ad joint F. Dreyfus, Secrétaire-Général et L. FFoubert, Directeur des Services Ad ministratifs de la Confédération Natio nale des Groupements Commerciaux et Industriels de France et des Colonies représentant les classes moyennes de leur pays respectif et je les remercie au nom des Classes Moyennes belges d'avoir bien voulu s'associer notre fê te commémorative. Mesdames Messieurs, Puisse cette journée commémorative être l'orée d'une période de prospérité et de progrès pour les classes moyen nes de Belgique, et d'une ère de déve loppement pour nos organisations pro fessionnelles et interprofessionnelles au service de notre classe et par elle au service de la patrie tout entière. Après le discours du Président Mar cha/, Mr le Ministre Heymans rappela en quelques mots l'activité et le rôle des Chambres des Métiers et Négoces. Il rendit hommage aux pionniers du mou vement. Il garantit aux Classes Moyen nes l'appui et la collaboration du gou vernement, et s'adressant au Roi, il as sura Sa Majesté du loyal et enthousias te attachement des Classes Moyennes la Dynastie. M. le Professeur Fernand van Goe- them fit ensuite un exposé, en flamand, de la situation des Classes Moyennes. Il souligna le mécontentement profond et justifié qui règne dans ces couches sociales dont les légitimes revendications ont été méconnues jusqu'à ce jour. M. Janssens, avocat toumaisien. fit ensuite un excellent exposé. L'orateur fut fréquemment interrompu par les ap plaudissements de l'assistance, et ter mina le brillant discours dont le texte suit, au milieu du plus vif enthousiasme. Sire, Le haut Patronage que Votre Majes té a daigné accorder la Manifestation des Chambres des Métiers et Négoces est la plus éclatante et la plus con vaincante des leçons. L'auguste présence cette Assemblée de Votre Majesté soulignera mieux l'im portance de leurs soucis que le modeste appel que nous tenterons d'en faire, et oue Votre Majesté daignera excuser. Messieurs, L'activité des Chambres des Métiers et Néaoces se confond avec la défense inlassable de ces intéressantes couches sociales que sont l'artisana't, le petit commerce, la petite industrie. On ne peut leur rendre plus grand hommage que d'évoquer leurs préoccupations. Il faut comprendre la grande misère de la petite bourgeoisie. On a coutume de chanter ses louan ges On exalte la persévérance modes te de son travail, son honnêteté, la fier té de ses entreprises. On se félicite de son sens de la modération, de la pro priété, des traditions. On proclame que son indépendance est le gage de la sta bilité nationale, et son épargne celui de la sécurité sociale. Ces fleurs d'opportunisme ne nous grisent plus... et leur étalage masque mal la réalité brutale Sur 483.000 in dustriels, commerçants et artisans, i 03.000 ne gagnent pas 5.000 francs par an. et 240.000 ne gagnent pas 10.000 francs. Alors que, gardiens de valeurs morales supérieures, ils peuvent prétendre une existence d'autant plus dégagée des soucis matériels immédiats, quantité de petits bourgeois n'ont donc pas le minimum vital Que dans de telles conditions, ils acceptent sans murmure, pour eux et pour ceux dont ils ont la charge, les aléas de l'existence, c'est un spectacle qui a de la grandeur, dans sa gravité. Le travailleur indépendant ne peut compter pour assurer sa subsistance que sur sa profession. Noble dans sa fin, elle l'est dans son exercice, parce que tous deux restent indissolublement unis, comme l'atelier ou le magasin l'est la salle familiale. II importe, sous peine de désordre so cial, que la profession remplisse son rôle vital. Ce désordre, hélas, est un fait. Les professions indépendantes ne nouris- sent plus ceux qui s'y consacrent. L'im posant cortège de tout l'heure tra duira cette inquiétude angoissée. Il faudrait rappeler mais quoi bon la charge excessive de l'impôt et ses inégalités dont la preuve n'est plus faire après l'aveu formel de Com missaires royaux. Il faudrait redire aussi le poids des charges sociales. Les classes moyennes applaudissent toutes les initiatives qui favorisent, dans les limites de l'équité et du possible, le sort de l'ouvrier. Le petit patron mieux que personne com prend les besoins de ses collaborateurs, parce que, en contact personnel con stant. ils partagent, dans les mêmes con ditions le même travail. Mais là où il ne comprend plus, c'est que. sous pei ne de contrôles, de tracas et de farvo tions graves, il doive coller des timbres pour assurer des congés qu'il n'a jamais refusés, ou pour parer un chômage qui n'existe pas dans les petites entreprises. La législation sociale toute entière est une obsession pour ces cerveaux mo destes, qui, franchement ont d'autres soucis remuer. Mais la grande plaie, est le bradage tout venant des professions 60.000 salariés et fonctionnaires qui ont déjà leur rémunération vita le exercent un commerce Des incompétents encombrent les ca dres professionnels. On dira bien qu'ils succombent finalement leur incompé tence. Oui. Mais pas avant d'avoir in justement abattu un certain nombres de concurrents Des ouvriers profitent de leurs loisirs légaux pour concurrencer leurs pro pres patrons, qui eux, seraient traduits devant les Tribunaux répressif® s ils les occupaient pendant ces mêmes temps... -LA PROFESSION, mercredi 3-11-*38. Et cet envahissement des professions par ces excroissances, se double du ga. chis dans leur exercice La Concurrence, ce stimulant et ce frein incomparables, a été érigée en facteur économique absolu. Du même coup c'est la Loi de la Jungle, peine tempérée par le Code pénal et quelques rares prescriptions. Et ce sont procé dés déloyaux ou sans scrupules, aban don systématique d'usages constants, tromperies calculées, et le reste. C'est le moment de proclamer que la Profession est un Service social. Et ceux qui s'y consacrent librement doi vent savoir que leur œuvre commune appelle une loi commune. Il est urgent de préciser cette loi, pour en faire le Code d'honneur profession nel. En même temps il faudra ordonner les cadres professionnels. Voilà la tâ che immédiate qui s'impose. L'Etat ne peut entreprendre cette mission sans sortir de son rôle. La ty rannie de l'interventionnisme est plus odieuse que le désordre dans la liberté. Seuls, les intéressés eux-mêmes pour ront accomplir ce travail. Ils le veulent La Manifestation de ce jour en est la preuve éclatante. Elle traduit cet ef fort de 916 associations libres, de 695 groupements interprofessionnels, et des organismes officiels dont nous fêtons solennellement l'anniversaire. L'initiati ve privée a fait le premier pas. qu'il lui incombait de faire. Mais cette manifestation marque hé- las le terme d'une étape au bout de la quelle cette initiative privée ne se suf fit plus elle-même Ceux qui s'y dévouent pour le bien de tous se voient mitraillés par d« francs-tireurs qui s'en désintéressent par égoïsme calculé. Il faut donner la reconnaissance légale aux Organismes professionnels, et aux réglementations reconnues justes qu'elles arrêteront. Et il faut leur accorder les moyens finan ciers indispensables. Cette triple constatation, c'est le fon dement d'une proposition de Loi qui nous est chère, parce que seule elle af fronte notre situation tout-à-fait spé ciale, la Proposition van Ackere-Joris S'appuyant sur les assises stables de ce qui est il donnera aux Fédéra tions professionnelles, émanation de nos associations locales, le droit de proposer au Ministre des Classes Moyennes tous règlements sur six points limitativement prévus et parmi lesquels, l'apprentissage et le perfectionnement professionnel, la capacité, condition d'admission la pro fession, le code de la concurrence loya le, la conclusion de contrats collectifs. Ces Propositions deviendront Règle ments obligatoires pour tous, après une procédure dont les phrases seront au tant d'épreuves desquelles il ressortira qu'elles respectent tous les intérêts. Personne n'aura le droit de se désin téresser du travail de ces institutions. Sans doute chacun restera libre de ne pas s'associer, mais chacun devra ver ser sa quote-part dans le coût du Ré gime. Le Système van Ackere-Joris apporte aux classes movennes des Métiers et Négoces, dans l'ordre social, la cohé sion qui leur est tant nécessaire, et dans l'ordre économique, un outil adapté leurs besoins spéciaux. C'est pour cela que nous le voulons. Cette bienfaisante organisation, nous la souhaitons pour les autres. Nous ne

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 6