Le système van Ackere Le commerce de détail - Le crédit aux Classes Moyennes - L'égalité devant l'impôt. LA PROFESSION, jeudi 3-11-1938.' 3 demandons pas de privilège. Mais des précisions s'imposent 1) Nous ne pourrions admettre que pour assurer aux autres des avantages nouveaux, nous devions subir un retard dans l'octroi d'un statut qui pour nous est vital-; 2) Et nous ne pourrions admettre au cune Organisation Générale qui n'as sure pour nous i'égalité absolue qu'elle postule; Cela n implique pas seulement qu'une représentation égale soit réservée cha cun. Cela implique encore que chacun puisse apporter la discussion une force préalable égale. Nous n'avons pas, nous les classes -moyennes, cette force préalable égale. Ce n'est pas notre faute Les intérêts des salariés sont limités et presque iden tiques pour tous les nôtres sont innom brables et contradictoires souvent. Les grosses entreprises, en contact étroit, font aisément cause commune. C'est le privilège de ceux qui sont deux, ou trois ou vingt; mais nous sommes 10.000 et 100.000, dispersés aux quatre coins du pays. Voilà le fait brutal qui devra être ré solu avant toute organisation générale. On aurait beau calquer sur la plus scru puleuse égalité le schéma des cadres professionnels, si les petites entreprises, inorganisées, restaient incapables d'y prendre leur place. C'est pourquoi no tre Organisation professionnelle doit nous être donnée tout de suite. Avant l'organisation d'ensemble. En toutes nos revendications légiti me'. nous ne demandons que la justice. Nous avons cependant la conviction que le pays tout entier gagnerait faire une place plus généreuse l'esprit et l'économie des entreprises des métiers et négoces. C'est tout un système économique qu'elles représentent. Qu'on de garde de mesurer le progrès la longueur des façades ou l'intensité de leurs lumiè res. Il y a plus de progrès dans l'élé vation d'un ouvrier la condition d'in dépendant que dans la plus florissante des concentrations qui réduit directe ment ou indirectement des gens indé pendants la condition '.prolétarienne. C'est aussi toute une civilisation qu'elles incarnent. Initiative individuelle, responsabilité personnelle, intelligence avivée par la difficulté, énergie accrue par le risque, confiance en soi Armes des modestes indépendants facteurs de progrès ciment de la personnalité. Le temps est venu où il n'y a plus de richesse que dans l'ordre, dans 1 éner gie réglée, dans l'utilisation complète de toutes les forces individuelles. On ne se passera pas des vertus bourgeoises C'est l'heure des classes moyennes Sire, Les Métiers et Négoces ont un im mense désir de servir leur pays. Leurs revendications traduisent un regret de constater qu'on ne demande pas assez leur collaboration. Ils savent que leur appel profondé ment sincère sera entendu de Votre Ma jesté, qui va leur gratitude et leur confiance. Après la séance académique un im portant cortège accompagné de plusieurs musiques et de nombreux drapeaux des sections locales ou régionales de cor porations, anima tes rues de Bruxelles. La manifestation la Grand-Place fut grandiose, et nous regrettons, que pour recevoir les Chambres des Métiers et Au cours du Congrès du Bloc Ca tholique, qui s'est tenu il y a huit jours, différents rapports concernant les desi derata des Classes Moyennes ont été déposés, et des conclusions ont été vo tées peu près l'unanimité. Nous communiquons volontiers nos lec teurs cette intéressante documentation, en donnant l'essentiel des rapports de MM. Edouard Janssens, Louis Bâillon, Sody et Challe. LE SYSTEME VAN ACKERE. M. Edouard Janssens, chargé du rap port sur l'organisation professionnelle des Métiers et Négoces, commence par étudier le système Van Ackere. Le Système Van Ackere organise les métiers et négoces exclusivement. Il part de ce qui existe les associations pro fessionnelles et interprofessionnelles. Elles auront la personnalité civile, et seront affiliées aux Chambres des Mé tiers et Négoces. Ces associations primaires se grou peront par minimum de neuf, sauf dé rogation, en Fédérations, que l'Etat re connaîtra comme mandataires léga les de la profession. Cette qualité confère la Fédération le droit de proposer au ministre qui a les Classes moyennes dans ses attribu tions, tous règlements, pourvus de sanc tions, sur dix points limitativement pré vus apprentissage et perfectionnement professionnels, la capacité profes sionnelle, condition d'accession la pro fession, le code de la concurrence loyale institution et fonctionnement de tribunaux paritaires et d'arbitrage, conclusion de contrats collectifs, organisation d'institut'ons de piévoyan- ce et d'assurances. Ces propositions, après une procé dure rigoureuse, deviendront des règle ments professionnels obligatoires pour tous ceux qu'elles viseront, affiliés ou non la Fédération requérante. Personne n'aura le droit de se désin téresser du travail de ces institutions Sans obliger personne s'affilier, cha cun devra toutefois payer une cotisa tion la Fédération de son ressort. C'est le principe de la cotisation obligatoire qui soulève la première des questions que nous nous poserons. La cotisa tion obligatoire c'est le nerf de la guerre indispensable. Elle sera ré partie entre la Fédération, les As Négoces, aucun de ces beaux drapeaux des gildes et des corporations n'aient été arborés aux façades des vieilles mai sons du centre de Bruxelles. Faut-il donner un compte-rendu de cette grande réunion de famille que fut le banquet Réunion cordiale, joyeuse, enthousias te au cours de laquelle M. le Gouver neur Baels décrivit le chemin parcouru et M. le Ministre Heymans affirma que si la route fut ardue et pénible, celle qui s'ouvre devant les Classes Moyen nes sera large et franchement ouverte aux plus belles réalisations. Les convi ves applaudirent aux discours, accla maient les vaillants défenseurs des Clas ses Moqennes. et rendirent un juste et mérité hommage aux artisans de cette journée, au Président Marchai, ses collaborateurs, et tout particulièrement au secrétaire du bureau permanent Mr. G. De Voghel. sociations primaires, et la Cham bre des Métiers et Négoces. Elle cou vrira ainsi le coût de l'organisation pro fessionnelle. Exclusivement. C'est ce qui explique que chaque association reste libre de prévoir pour ses membres une cotisation plus élevée. Elle peut, en ef fet, avoir d'autres objets que la seule organisation professionnelle. Pour les assujettis, la charge obliga toire sera extrêmement légère quelques francs. C'est dire qu'elle se résume plu tôt une question de principe. C'est quand on paie qu'on commence s'in téresser. Le rapporteur montre que la cotisa tion obligatoire est compatible avec la Constitution. Et il aborde ensuite le problème très grave posé par le dépôt d'autres projets d'organisation profes sionnelle, opposé celui de M. Van Ackere. Nous ne descendrons pas, dit-il, dans la critique du projet gouvernemental. D'abord, parce que le projet que nous connaissons est sans doute l'heure ac tuelle dépassé par un projet plus mûri, et que nos observations pourraient ainsi tomber faux. Ensuite, parce que cet examen n'offre guère d'intérêt de comparaison. N'était une partie de leur titre... et l'intention lointaine dont les deux projets s'inspi rent, il n'y a guère entre eux de points communs. L'un organise les métiers et négoces exclusivement. L'autre embrasse toutes les activités nationales. Le premier est centré.sur les Fédéra tions professionnelles et les Chambres des Métiers et Négoces. L'autre sur les Conseils professionnels dont il n'est nulle part question dans le projet Van Ackere. Pas plus qu'il n'y est question de Commissions Paritaires,autres pièces es sentielles du projet du Gouvernement. Devant la claire simplicité de notre projet, et le... prodigieux fatras du pro jet général, on est un peu décontenancé. Nous aurions fait cette remarque avec angoisse si le ministre compétent ne nous avait promis de ne pas subordon ner le sort de notre projet celui du projet gouvernemental. En présence d'autres projets, plus vas tes que le nôtre, il importe qu'on dise sans phrase, l'attitude des Classes moyennes. Je la résume pour elles 1L'organisation que nous deman dons pour nous-mêmes nous la souhai tons pour les autres 2. Nous nous refusons réclamer une faveur quelconque qui puisse léser un droit d'autrui 3. Mais, après cela, nous exigeons que toute organisation générale, respec te les deux postulats que voici a) il faut forcer un regroupement des Clas ses moyennes b) il faut un outil adap té ses besoins spéciaux. Ces besoins spéciaux sont réels Ils se retrouvent tous les stades de l'acti vité professionnelle, dans sa fin comme dans son exercice rapports avec les collaborateurs, approvisionnements, cré dit, prix de revient, clientèle, etc. On sait qu'en 1930, il y avait dans le com merce 230.755 petits établissements, contre 28.178 grands seulement! et dans l'industrie, 192.717 petites entre prises ne comptant pas dix ouvriers, contre 13.816 seulement en comptant dix ou plus. La plupart des desiderata des Clas ses moyennes se meuvent dans le ca dre d'une ville, d'une région, d'un quar tier. Le projet Van Ackere tient compte de cette observation. Avec le projet gouvernemental, au contraire, comment les boulangers d'une petite ville obtiendraient-ils telle mesure disciplinaire rendue nécessaire par des circonstances tout fait locales, s'ils doivent attendre de représenter la ma jorité indiscutable des intérêts dans l'en semble des groupements professionnels de la branche Du moment où l'on veut instaurer un régime d'organisation professionnelle générale, il faut, pour être juste 1 que tous les groupes d'intérêt aient une représentation égale. Ce qui, par exemple, exclurait déjà une combinaison d'organisme interprofessionnel, local ou national, où l'on trouverait trois sec tions l'industrie le commerce et les méti~-s et négoces. Il ne faut pas de génie diplomatique pour traduire égale deux contre un... 2) que chaque groupe concurrent ap porte la discussion une force préalable égale. Les classes moyennes n'ont pas cette force préalable égale. C'est le de voir strict de l'Etat, soutien des faibles d'abord, d'y porter remède. En conclusion, le rapporteur deman de 1. Le vote immédiat du projet Van Ackere, dont les termes répondent seuls aux besoins des classes moyennes, notamment par l'obligation de la coti sation, et le rôle attribué aux Cham bres des Métiers et Négoces, en raison de leur situation et de leur composition. 2. Mise en application du Régime Van Ackere, avant l'organisation géné rale. 3. Eventuellement, mise en con cordance du projet d'organisation géné rale du Gouvernement, avec le projet Van Ackere, en tenant compte en tous points d'une représentation strictement égale de tous les intérêts. LE COMMERCE DE DETAIL M. Louis Bâillon, qui incombait la charge d'étudier la réglementation du commerce de détail, aborda tout d'abord le problème des coopératives. La dangereuse concurrence faite au commerce de détail par les coopératives est accusée par les chiffres d'affaires réalisés par l'Union Economique et les seules coopératives socialistes. Ces ob servations, ne concernent naturellement que les coopératives de vente au détail, dites de consommation Les autres coopératives de production ou d'achat, qui répondent la juste no tion de la coopération entre les mem bres. échappent toute critique. Généralement, on fait état des privi lèges fiscaux des coopératives. Il faut cependant admettre qu'ils sont de peu d'importance considérés comme éléments de déséquilibre dans les moyens de concurrence. II est toutefois' équitable d'autant plus que dans la situation financière actuelle, aucune ressource de cette im portance ne peut être négligée, de re voir un régime fiscal, encore élargi par la jurisprudence, en vertu duquel les bé néfices distribués aux coopérateurs, sous la désignation fallacieuse de c trop perçus échappent toute taxation. On peut évaluer pusieurs dizaines de millions les recettes fiscales qui pour raient être escomptées de l'application rigoureuse du principe de l'égalité fis cale. Empêchée de traiter avec les étran gers d'une part, obligée d'autre part de faire connaître tout tiers la liste de ses membres, la société coopérative sera ramenée dans la juste limite de son ac tivité. Le fisc doit également s'attacher rechercher par la communication de la liste des ristournes payées fin d'an née, quelles sont les personnes qui se li vrent pour compte de tiers, des achats groupés sur leur carnet de coopérateuc.

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Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 7