Supplément illustré du 11 décembre 1938 CHIRURGIEN 1650-1730. No 13. ment onorablement classé dans l'hypo gée que constitue la «Biographie des Hommes Remar- dre Occidentale quables de la Flan- Jean Palfijn en a été retiré récem- par le docteur Arthur Broe- Ickaert, qui vient d'en faire un objet d'actualité littéraire en publiant la li brairie Cultura de Bruges, une vie romancée de ce grand chirurgien. 1 Cette vie romancée sera au goût de j notre cher public flamand avide de tur- I bulence, de choses chatoyantes de cou- leurs et ostentatoires il y trouvera un I Jean Palfijn tellement noyé dans l'éclat 1 des scènes environnantes et teliement di minué dans sa personne qu'il nous a paru intéressant pour nos lecteurs de leur restituer ici la véritable physion- nomie historique du grand homme. Courtrai le 28 novembre 1650, d'Egide Palfijn, barbier-chirurgien et de Marguerite de Rôle, il y fut baptisé le lende main l'église de SaintMartin. D'un esprit vif, éveillé et précoce il re çut de son père et de sa mère les pre mières notions de lecture, d'écriture et de calcul. Intelligence d'élite et grave dès son tendre âge, ces éléments lui suf firent pour lui permettre avec quelques livres qu'il trouva chez ses parents et chez des amis, d'acquérir par lui-même, sans professeur, par les seuls efforts d'un travail opiniâtre, une connaissance satisfaisante du français et du latin, deux langues qui étaient indispensables pour lire les ouvrages des grands maî tres de la science médicale, anatomique et chirurgicale laquelle il voulait se consacrer, lorsque son père l'eut initié tant soit peu aux pauvres pratiques de la science chirurgicale qui était la sien ne. Mais bientôt il fut ce point déses péré de l'indigence des livres scientifi ques qu'il trouva Courtrai, et de l'in suffisance primaire des barbiers-chirur giens de cette ville, avec leurs connais sances empiriques de rebouteux, qu il Nous remercions vivement l'éditeur Cayman de nous avoir prêté pour illus trer ce numéro les beaux clichés des dessins de Jean Stiénon du Pré qui ap portent une note si artistique cette édition de luxe. conçut l'audace, pour étudier l'anatomie d'après nature, de se risquer dans les cimetières de la ville pour y déterrer les cadavres afin de les employer ses recherches scientifiques. Mal lui en prit, car il fut surpris par la police au moment où il déterrait un corps récemment inhumé et parvint peine échapper aux supplices, qui me naçaient l'auteur d'une profanation aus si sacrilège. Cette aventure eut pour lui les consé quences les plus avantageuses, car sa fuite l'amena Gand, où il trouva un refuge chez Simon Vroome, professeur l'école de chirurgie érigée par les Ma gistrats de la ville. merveille par l'intelligence pré coce du jeune Pal fijn autant que par sa tournure d'es prit aussi grave et sérieux que dé voué. Simon Vroo me s'attacha le jeu ne Palfijn, qu'il prit d'abord chez lui comme aide, et pour lequel il obtint en suite la faveur de suivre comme élève, les cours de l'école où il professait. En moins de deux ans, nous rapportent, les chroniques, non seulement il dépassa ses condisciples, mais éclipsa même quelque fois ses maîtres, qu'il étonnait surtout par son habileté dans les dissections et par la grande logique des démonstra tions doctrinales, qui accompagnaient ses travaux pratiques. 'où il tira les res sources fort res treintes sans dou te, qui lui permi rent de se rendre Paris, personne ne le sait. Mais la volonté opiniâtre a de ces pos sibilités qui ne sont même pas la por tée des rusés. Il alla Paris pour sui vre les cours des grandes célébrités mé dicales de l'époque L'école de chirurgie y jetait surtout ce moment un vif éclat avec son professeur Devaux qui s'atta cha lui aussi Palfijn par les liens d'une affection durable due une grande es time réciproque. Cette amitié ne se re lâcha jamais. Quand il quitta Paris il s >ngea s'établir Gand où le rappe lait le souvenir reconnaissant qu'il avait gardé de son maître Simon Vroome. Mais quel que fut son désir de s'établir Gand, il paraît qu'il se heurta des obstacles ce point insurmontables, qu'il dût renoncer ces projets d'établisse ment en cette ville et qu'il vint Ypres. tablir le siège de sa profession en n'imporfe quelle ville, signifiait cette époque une entreprise autre ment laborieuse que celle même ipour un quelcon que médicastre de percer présent Bruxelles ou Paris. Les communes de la Flandre jouissaient encore de la plu part de leurs privilèges et les corpora tions possédaient le monopole des pro fessions et des métiers. Personne ne pouvait exercer dans la ville l'art de la chirurgie, sans avoir le droit de la bour geoisie et sans avoir été reçu maître par la corporation des barbiers-chirurgiens. Palfijn se soumit aux épreuves et fut proclamé, vingt cinq ans maître en chirurgie. Un an après, le 7 novembre 1676, il épousa Marguerite Wallaert, née comme lui Courtrai et appartenant une famille qui jouissait d'une honnête aisance. Il vécut modestement Ypres, y eut plusieurs enfants et y exerça son art avec dévouement pendant dix-neuf ans. La chronique est fort peu disserte au s. jet des occupations de Palfijn Ypres. Sans doute s'y dévoua-t-il ob scurément, approfondissant ses con naissances par une étude et une prati que chirurgicale, aussi assidues que pa tientes. Comme beaucoup de fonction naires qui ont passé par Ypres, il y mûrit sa science sagement pour aller en suite recevoir la récompense glorieuse d'une vie de modestes labeurs en d'au tres lieux. écidé tenter une nouvelle fois sa chance Gand, il V retourna en 1695. Il y fut ac cueilli avec dis tinction cepen dant rien ne pou vait le dispenser avant de pouvoir y exercer son art, de fréquenter pendant trois ans, les leçons et la maison d'un maître de l'art chirur gical. Mais bientôt il fut dans un tel état de dénuement, qu'il s'adressa au Roi d'Espagne afin d'être dispensé de ce stage. Sa Majesté lui accorda sa demande mais il dut néanmoins passer un exa men, dont rien ne pouvait le dispenser. En 1698, après cette formalité, il ob tint le titre de chirurgien et le droit de pratiquer son art dans la juridiction de la ville. Il améliora alors sensiblement sa si tuation, au point de pouvoir songer pu blier les études et les observations qu'il avait préparées si longuement et labo rieusement pendant les dix neuf années de sa vie obscure vécue Ypres. Cepen dant sa défiance en lui-même, et le res pect de sa conscience de savant étaient poussés si loin, qu'il lui fallut pour se rassurer, les encouragements de son ami Devaux de Paris et l'approbation de Verheyen célèbre, professeur Louvain. |e premier traité [qu'il publia et qui >arut d'abord en lamand, fut la Nieuwe osteolo- qie ofte waere en :eer nauwkeurige leschrijving der >eenderen van 's menschens lichaem Cet ouvrage fut composé l'intention spéciale des élèves dont Palfijn dirigeait l'éducation. Ce traité eut un grand retentissement et lui acquit un grand renom tant l'étranger qu'en notre pays.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Sud (1934-1939) | 1938 | | pagina 5