YPRES
capitale de
Westflandre
2
LE SUD, dimanche 11 décembre 1938
La seconde édition en fut publiée
déjà une année après la première Lei-
den. Une traduction allemande en parut
Breslau en 1730.
Il en fit lui-même une traduction fran
çaise. D'autres publications du plus
grand intérêt se suivirent. En 1708, il
fut attaché l'école de chirurgie de
Gand. A cette époque malgré sa pau
vreté, il entreprit de fréquents voyages
pour visiter les écoles de médecine les
plus célèbres. Il parcourut ainsi succes
sivement la France, l'Angleterre et l'Al
lemagne. A l'université de Leide, le
grand professeur Boerhave fut enchanté
de le recevoir et entreprit de vains ef
forts pour l'attacher l'université de
Leide.
En 1710, il publia Heelkonstige
ontleding des menschelijk lichaems
Une œuvre de génie, qui traduite bien
tôt en français, sous le titre de L'ana-
tomie chirurgicale eut un succès im
mense et demeura pendant plus d'un
demi siècle, une œuvre capitale pour les
chirurgiens d'Europe. A la même épo
que il publia encore Leide son Trai-
té des principales opérations chirurgica
les Nauwkeurige verhandeling
van de voornaamste handwerken der
heelkunst qui resta pendant plus d'un
siècle le vade-mecum pratique des chi
rurgiens.
Son souvenir s'est transmis aux gé
nérations non seulement par ses œu
vres, qui constituent une véritable som
me des sciences anatomiques et chirur
gicales de l'époque, mais surtout par
l'invention de cet instrument chirurgical,
qu'on appelait en son temps, si candi
dement les mains d'anges et que
nous connaissons tous sous le nom de
forceps. Au titre d'inventeur de cet in
strument, il a droit la reconnaissance
toute spéciale de la Flandre prolifique
et de toutes les femmes en peine d'en
fantement de par le monde entier.
j "lle fut l'ingrati-
fude de ses con-
temporains que ce
■'•grand bienfaiteur
V*de l'humanité eut
cependant une
^vieillesse pénible,
^malgré toute l'ac-
^tivité dévouée
d'une vie toute entière consacrée l'étu
de et au soulagement de son prochain.
Il eut pour vivoter en ses dernières
années une misérable pension viagère
d'à peu près deux cents florins et en
arriva même devoir vendre les livres
de sa bibliothèque pour pouvoir subvenir
ses besoins matériels. Il mourut, nous
apprend la chronique, sur la paille et
dans l'oubli de ses concitoyens, après
avoir consacré les quatre dernières an
nées de sa vie aux pratiques édifiantes
de sa religion.
Il succomba l'âge de quatre-vingts
ans, le 21 avril 1730. Il fut enterré
Gand, dans le cimetière de l'église St
Jacques, champ de repos consacré la
sépulture des pauvres. Un demi siècle
plus tard, réparant l'ingratitude du pas
sé, les membres du collège de médecine
de Gand, firent élever sa mémoire,
l'église St Jacques, un cénotaphe sur
lequel ils firent figurer, avec une cou
ronne civique, la figure du Forceps,
symbole de l'inprescriptible droit qu'il
avait acquis par ses immenses mérites,
la reconnaissance universelle.
r, nous commen
cions cette chroni
que en signalant
L que le docteur
I Broeckaert avait
[donné la figure
depuis si long
temps ensevelie,
dans l'oubli du
grand Palfijn. un lustre nouveau, par
la publication récente de la vie roman
cée de ce fameux chirurgien. Il convient
donc aussi, pour terminer cet article,
de dire tout le bien que nous pensons
de ce beau roman.
L'auteur n'est pas tombé dans le tra
vers de faire de cette œuvre, un roman
spécifiquement médical il a mis en évi
dence surtout, les qualités foncièrement
humaines du grand homme, qui, jeune
gamin sérieux et appliqué, étudiant stu
dieux et fervent, amoureux, chaste et
digne, père de famille modèle, chirur
gien admirablement dévoué, conscien
cieux et avide de répandre ses connais
sances, parfait chrétien aussi modeste
que pieux, vieillard résigné et confiant
en Dieu, se prêtait admirablement être
proposé Corinne un exemple de vertus
civiques, professionnelles et familiales.
Broeckaert a eu cependant tort, mon
sens, d'étouffer, par trop souvent, son
héros dans la turbulence de son milieu
et de son époque, entre les scènes suc
cessivement chatoyantes, cruelles et
grossières, toujours hautes en couleur,
que jouent en son hère, les truands, les
mercenaires, les ribaudes, les ignares et
la populace grossière et dans la richesse
verbale d'une prose surabondamment
truffée, comme par ostentation, de mots
rares et d'expressions recherchées.
e plus, mon
point de vue, il a
eu tort d'avoir né
gligé les ressour-
es d'intérêt spiri
tuel que lui of
fraient les carac
téristiques si no-
blement distin
guées de l'âme Palfijnienne il a eu tort
de ne pas nous avoir montré cette gran
de âme éminemment pure et réservée,
scrupuleusement consciente de ses de
voirs, encline la philosophie et aux mé
ditations morales, cette âme pascalienne
en un mot, se développant en harmonie
avec les grands courants de la superbe
réforme morale qu'avaient imprimé
dans les milieux instruits et civilisés de
Paris et d'Ypres, Pascal et Jansénius,
dont l'enseignement se prolongeait en
core en profonds échos, l'époque de
Palfijn, dans les milieux savants où il
s'initia aux sciences et la pratique de
la vie chrétienne.
Mais Broeckaert, en tant que bon fla
mand, chez qui la truculence est ortho
doxe, ne paraît guère s'être aperçu^de
ces possibilités de développements psy
chologiques, auxquelles se prêtait si ad
mirablement la noble figure de Palfijn.
Plus sensible aux plaisiés des sens,
qu'aux finesses de l'esprit, il s'est amu
sé cahoter Palfijn au milieu des pail
lardises, des grossièretés, des cruautés
et des fantastiques incongruités de l'é
poque. L'œuvre telle quelle a cependant
du mérite et est digne de prendre place
côté des œuvres Breugheliennes d'un
Félix Timmermans.
lle a été admira
blement tirée par
le grand éditeur
et fin lettré qu'est
l'éditeur Cayman
de Bruges, qui
ge, a contri e
^/par l'excellence
de sa mise en
page, a contribué sensiblement facili
ter la lecture du livre, rendue souvent
un peu difficile par la surabondance du
détail descriptif et la recherche du mot
et de l'expression inusités.
G. v. d. V.
LE SUD
et ses suppléments
illustrés.
Abonnement
20 francs par an.
19, rue Longue de Thourout,
YPRES.
Le livre du Docteur Arthur Broe
ckaert est parfaitement illustré par un
poète, littérateur et artiste de talent,
Jean Stiénon du Pré. Nos lecteurs ont
pu juger de la valeur de cet altiste par
les ravissantes lettrines qui illustrent
l'article de M. Guillaume Van de Vel-
de. Ils appécieront également la belle
présentation de ces quatre dessins.
Une série d'articles a paru dans LE
SUD sur la convocation de l'Assemblée
de la Westfandre en 1789, dans la capi
tale Ypres. Nous avons estimé que
cette réunion méritait d'être commémo
rée par les descendants des députés
l'Assemblée l'occasion du cent-cin
quantième anniversaire de cet événe
ment historique.
Il nous faut, par conséquent retrou
ver ces descendants. Nous prions nos
lecteurs de bien vouloir nous aider, et
nous fournir les renseignements qu'ils
pourraient posséder concernant la des
cendance des députés suivants
Norbert MARRANNES de Furnes.
Léonard HANS et André VANDER-
MERSCH de Warneton.
François DE SOUTTER de Poperin-
ghe.
Jean CASTELAIN et François SIX de
W ervicq.
Jacques ANGILLIS de TER HOYE
et Joseph VANDEN BUSSCHE de
Menin.
Paul van RUMBEKE et Joseph GHES-
QUIERE de Menin.
Henri de MEY d'Elverdinghe et Jean
PILLE de Coppernolle.
Pierre RABAUT de Dixmude.
Jean-Baptiste RYON et Jean ACKE-
NYS de Loo.
Jean GHYSELEN et Pierre de NE-
CKERE de Roulers.
André MEYNNE d'Ypres.
Nous publierons les tablettes généalo
giques des descendants ou collatéraux
des députés de Westfandre, dès que
nos lecteurs nous auront fourni les ren
seignements nécessaires.
L'ANGLETERRE MODERNE
(Suite de la page 2)
militaire, pour satisfaire son appétit de
puissance politique bref il pourra faire
des guerres d'agression.
Enfin, aux yeux des citoyens de l'Etat
mercantile, la richesse sera, bien plus
que pour les citoyens de l'Etat produc
teur, l'étalon de mesure de la valeur ci
vique. Car, dans l'Etat producteur, la
qualité du produit, la part d'activité per
sonnelle qui intervient dans la produc
tion font que l'on attache une importan
ce particulière l'excellence du produit
et qu'on apprécie les meilleurs produc
teurs. Tandis que gagner de l'argent
par l'échange est un procédé imperson
nel si nous laissons de côté la question
d'habileté et de chance en affaires, la
oart est grande qui revient au hasard.
Dans l'Etat producteur, être quel
qu'un réussir, c'est être excellent ar
tisan, excellent cultivateur, même si le
bénéfice est mince. Dans un Etat mer
cantile, au contraire, le succès ne peut
se mesurer que d'après la richesse d'où
il résulte que la richesse, dans cet Etat,
devient peu près le seul critère de la
valeur civique.
Hilaire BELLOC.