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FAUT-IL S'EMBELLIR?...
Il y a une réponse chrétienne ce pro
blème que se posent tant de femmes
et jeunes filles
Nous la ttouUons dans cet extrait de
Paula Hoèsl.
Vous m'avez surprise en tête-à-tête
avec une collection de magazines de
beauté et, devant ce décor peù habituel
de ma table de travail, vous avez com
mencé par rite.
Eh bien eh bien voilà donc vos
occupations secrètes
On s'instruit tout âge, ma pe
tite. je complète mon instruction. Met-
tel-vous là, et instruisez-vous avec moi,
quoique je vous soupçonne fort d'être
plus en avance que moi sur ce chapi
tre...
Et nous avons ensemble tourné les
pages de ces précieux magazines qui
étaient sur papier de luxe une débauche
de conseils pratiques ou saugrenus, qui.
grand renfort de gravures, photos et
schémas, résolvent les épineux problè
mes du fard choisir, du fard poser,
du retroussé des sourcils, des remèdeà
apporter un tour de poitrine trop ou
pas assez opulent... Des pages et des
pages toutes la gloire du corps fémi
nin, avec les mille recettes pour cultiver
sa beauté, par exercices régime, sport,
fard, intervention chirurgicale... et tou
tes les confidences des jeunes femmes,
et des moins jeunes femmes, toutes
tendues les unes et'les autres vers ce
rêve pathétique et fragile être belle
Et. pour finir, vous m'avez lu la lettre
de cette gosse de seize ans qui avait les
honneurs d'une première page en Ve
dette, pauvre gosse affolée pàr la lec
ture de ces journaux et la contemplation
de son miroir, et qui suppliait qu'on lui
indique les moyens de devenir jolie.
Ecrivez-moi, je vous en supplie, je
voudrais tant être belle, agréable voir
comme un beau fruit qu'on aurait envie
de cueilli».
Il était si pathétique dans son ingé
nuité, ce cri <Tunè enfant, il dénotait
quelque chose de si profond sous sa fri
volité, que vous êtes restée un moment
silencieuse, assise en équilibre sur le
bras de votre fauteuil avec votre petit
air méditatif.
Au fond, c'est un grand problème
que soulèvent tous ces magazines sans
en avoir l'air S'ils se vendent et si
cher c'est qu'ils répondent un désir
profond. Cet appel véhément vers la
beauté qui se dégage de toutes ces pa
ges, c'est trop facile d'en rire... Le pro
blème de la beauté est un vrai pro
blème, même pour une chrétienne. Sou
vent je me demande quelle attitude nous
devons prendre Quand j'étais pe
tite, et qu'elle me surprenait devant nia
glace, ma grand'mère me disait Pe~
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titè, on est toujours jolie quand on est
sage».
C'était pour vous inculquer le sens
délia primauté du spiritUél L..
Bien sûr, mais j'étais médiocre
ment convaincue. Je songeais part moi
qù'une petite fille sage, pourvue de jo
lies boucles blondes était plus belle
qu'une petite fille sage tout court. Et
j'ai petir de penser toujours de même
Vous m'avez glissé là-dessus un petit
regard dé contrition amusant.
Voyez-vous
Sérieusement, Comment résoudre
ce problème?... Vertu tout court. Beau
té tout cdùrt ou vertu et beauté Nous
sommés nomb-~uses essayer d'être
sincèrement chrétiennes et préoccupées
souvent par cette idée une vraie chré
tienne' doit-eUe sè soucier de sa beauté
a
i
Alors le droit de Chercher s'em
bellir
Dans
un sens, oui. comme on
a le
droit d'embellir lé dééqr de sa vie, de
mettre des fléiirs daits deS vases; des
tableaux aux murs, des objets d'art, dès
rideaux aux fenêtres...
Cet appel vers la beauté quï emplit
totit ces magazines,' il ne' faût pas en
rire.
Ce qui eSt triste, c'est l'exploita
tion commerciale; éhontée," dè cet ih's-
tïftèt-là. c'est la fumisterie des instituts
dé beauté, des interventions chirurgica
les.
Le plus triste encore, c'est la dé
votion de cet instinct' dè beauté séparé
dé son centre vital qui est Dieu..La
beauté pour elle-même, indépendante de
tout, non plus comme glorification du
Créateur, mais glorification de la créa
ture... Ce qui est'tristé, c'est ce qu'on
lit derrière toutes les pàgeS, dans lés
aVeux de la petite corréspon'dàb'ee la
faillite de tant d'existences, le vide de
tant de1 vies1 de femmes éperdument rat
tachées uné chimère què, jôur par
jôlrr, infailliblement, la vié leur pren-
dré.les vies irrémédiablement stériles
que de tels journaux supposent. Douze
heures données des soins de beauté,
dèpuis la plante dès pieds jusqu'à la
racine des cheveux.'., avec, malgré tant
d'efforts, le fantôme de la vieillesse.
Toutes ces pauvres vieilles belles
qti'dn voit dans les villes d'eaux, ef
frayantes caricatures avec leur rouge,
leur fard, leurs perruques blondes, et
qui; auraient peut-être été d'exouises
grand'mères en cheveux blancs. Voilà la
vraie tristesse... la déviation d'une as
piration légitime.
C'est en réfléchissant sur de tels pro
blèmes qu'une fois de plus on découvre
le double aspect de toutes choses en
ce monde l'aspect païen et l'aspect
chrétien.
Le culte de la beauté est permis une
chrétienne, maïs non pas son culte
païen.
Culte païen du corps, lorsque la beau
té seule compte, lorsqu'elle est une fin
en elle-même, que le corps passe en pre
mier, exigeant et obtenant lé sacrifice
de tout le reste, accaparant le temps,
l'argent, la pensée, revenant centre vital.
La chrétienne sait que le corps' est
l'écrin de l'âme. Le bijou vaut plus que
l'écrin. Mais on n'a pas l'habitude de
mettre un joyau de prix dans une gue
nille. On assortit l'écrin la valeur de
ce qu'il renferme. Dieu a voulu la beau
té du corps en harmonie avec la splen
deur de l'âme. Puisque tout l'effort de
la vie chrétienne en chacun de nous est
dè retrouver le plan originel, de recréer
autant qu'on le peut l'être intégral,
harmonieux, complet que Dieu avait
voulu, le corps doit s'harmoniser avec
l'âme. Pourquoi une chrétienne n'aurait-
elle pas le devoir d'être aussi charmante
qu'une autre?' Il est fini,' j'espère.' le
temps imprégné de jansénisme oû l'on
reconnaissait une femme chrétienne
ce qu'elle était la plus mal fagotée
où la vertu devait prendre un aspect
rebutant et désolé, comme si elle portait
elle-même son propre deuil Quel en
couragement la conserver, n'est-ce
pas Quelle réclame pour une religion
de «beauté, d'harmonie, de vérité»...
Non... A moins d'une vocation bien
spéciale et que je vous conseille forte
ment de bien éprouver tâchez de
conserver la beauté de votre jeunesse.
Assouplissez vos muscles pàr lça sports
et là culture physique soignez votre
teint, vos cheveux par des soins d'hy
giène rationnelle tâchez de garder cet
air de santé, de jeunesse, de fraîcheur
qui est le privilège dé la jeunesse.
Tout cela est chrétien. Ce qui ne le
serait pas, c'est de transformer de corps,
temple dé l'Esprit-Satat, en une carica
ture menteuse, des cheveux bleus, vio
lets. assortis la toilette de chaque soir,
des ongles sanglants comme ceux des
bêtes de proie... triste marionnette, man
nequin entre les mains des coiffeurs,
manucures, docteurs, couturiers, rte. etc.
mais s'arranger comme on dit gen
timent.., mettre ce petit brin de rose cjui
donnera un air plus gai le soir où I on
est pâle la lumière ce rose paix cfu
ménage comme l'appelait spirituelle
ment une jeune femme mettre un
peu de poudre sur une peau luisante,
friser unie chevelure trop plate, trouver
la coiffure la phis seyante... pourquoi
serait-il défendu de chercher ces petits
riens qui rendront la femme chrétienne
plus séduisante ses parents, son ma
ri Elisabeth de Hongrie était une sain
te mais, dès que son mari revenait de
Voyage, elle se faisait parer de ses bel
les robes et de ses bijoux pour aller
au-devant de lui. Ce n'est pas coquet
terie, disait-elle ses femmes, c'est pour
rendre facile mon mari le respect de
la fidélité conjugale Que de femmes
dont la négligence décorée du nom de
vertu a jeté dans des aventures extra
conjugales pourraient faire leur mea
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