Supplément
illustré du
5 mars 1939
Notre Empire Colonial.
A not hérot
coloniaux.
No 19.
Les esprits obnubilés par l'esprit politi
que, ratatinés et prématurément vieillis
par la déformation de l'électoralisme, se
trouvent incapables de faire naître ou de
stimuler dans notre pays la fierté im
périale.
La fierté impériale, et pourquoi pas
Le sourire moqueur que cette expression
fait fleurir sur les lèvres des politiciens
villageois témoigne de la médiocrité
d'esprit de nos dirigeants Qu'il s'a
gisse d'enlever un siège de conseiller
communal, de souffler une place une
quelconque commission d'assistance pu
blique, d'arracher force de ruses une
fonction de Président dans une quel
conque chocheté et vous verrez aus
sitôt les nouveaux messieurs dé
ployer une activité débordante et une
énergie surhumaine. Mais jamais ils ne
tenteront, eux qui prétendent éduquer la
masse, ou, somptueuse ironie, créer un
mouvement culturel, jamais ils ne ten
teront faire comprendre la grandeur
du rêve léopoldien, la mission gigantes
que que la Belgique a assumée en Afri
que. Et cependant combien cette com
préhension donnerait un sens, une vo
lonté de vie, un dynamisme notre
pays.
Mais comment voulez-vous que cette
oeuvre collective, qui ferait collaborer
tous les citoyens une tâche génératrice
d'union, puisse intéresser ceux qui ne
vivent que de la division artificielle des
classes sociales, des coteries politiques,
des partis. Devant l'œuvre coloniale
accomplir, il ne peut plus y avoir qu'une
Belgique unie. Les partis n'ont plus
intervenir... aussi la tâche est-elle igno
rée et n'intéresse-t-elle pas les politi
ciens.
"Nous souhaitons par une série d'arti
cles documentaires, retenir l'attention
des lecteurs du SUD, sur ce qui a été
fait au Congo, sur ce qui reste y faire,
et sur ce que, immédiatement, la mé
tropole peut obtenir d'une connaissance
approfondie de sa colonie.
Il existe d'ailleurs un organisme par
faitement outillé pour renseigner tous
les belges qui désirent se documenter
sur le Congo. Cet office, humblement
logé dans une aile du bâtiment de l'Of
fice Commercial de l'Etat, reçoit fort
peu de visiteurs. C'est l'Office Colo
nial de l'Etat, 15, rue des Augustins
Bruxelles. Nous y sommes passés as
sez souvent ces derniers temps, et nous
avons constaté que la salle d'exposition,
fort bien aménagée, est toujours vide.
Or, l'Office Colonial est en plein cen
tre de Bruxelles, et l'exposition est fort
intéressante. Nous touchons du doigt
le mal l'indifférence. Cette indifférence
n'est pas provoquée par de la mauvaise
volonté, mais simplement par l'ignoran
ce de nos concitoyens. Ne serait-ce pas
la mission des hebdomadaires de faire
naître cet esprit impérial, cette volonté
impériale belge, surtout au moment où
l'indifférence peut légitimer les appétits
des voisins puissants
PoUr notre part nous demandons, dès
cette première chronique, nos lecteurs
de rendre une visite l'Office Colo
nial... ils ne doivent même pas payer
d'entrée
Et ils en sortiront fiers de constater
l'œuvre accomplie, et décidés colla
borer l'avenir cette œuvre. Le Con
go Belge a une superficie de 2.350.000
km. carrés, avec un réseau routier de
plus de 64.000 kilomètres. Près de 5.000
kil. de voies ferrées sont utilisés. Ce
réseau permet une exploitation de la
Colonie dont la statistique commerciale
nous donne l'importance. Les chiffres
des dernières années sont éloquents.
Importations 1936 724.792.738 francs
Importations 1937 1.137.091.689
soit une augmentation de 412 millions,
298.951 'ou plus de 56
Exportations 1936: 1.489.581.772 francs
Exportations 1937: 2.486.995.485 frs.,
soit une augmentation de près d'UN
MILLIARD ou de 66
Il suffira d'ajouter une remarque
ces chiffres. Dans les importations de
1937 le Congo Belge a acheté la Bel
gique pour 503 millions 261.341 francs,
soit 44 de ses achats. Quelles cour
bettes la Belgique ne fait-elle pas pour
obtenir d'un pays des débouchés de cet
te importance
En hommage au génial cré ateur de notre empire colonial
LE ROI LEOPOLD II
Le hall d'exposition de l'Office Colonial Bruxelles.
Mais que serait notre balance com
merciale si nous devions importer d'au
tres pays que de notre Colonie, le mon
tant des exportations du Congo vers la
Belgique près de DEUX MIL
LIARDS, soit plus de 77 des expor
tations de la Colonie. Et ce que nous
achetons au Congo profite en général
des Sociétés belges, donc des capi
taux belges, et les bénéfices rentrent en
Belgique.
Après cet aperçu général nos lec
teurs estimeront que nous devons conti
nuer les entretenir de l'activité de no
tre colonie, et nous envisagerons succes
sivement les produits que le Congo nous
envoie, et que nous devons acheter de
préférence aux produits coloniaux simi
laires mais qui ne proviennent pas de
notre Empire et d'autre part les
possibilités considérables qui existent
pour les Belges au Congo.
En effet au 1 janvier 1938 le recen
sement de la population nous apprend
que 23.091 blancs habitent au Congo.
Sur ce chiffre 7.050 sont des étrangers.
Or ces 23.000 blancs ne suffisent pas
la tâche, loin de là. Des places nom
breuses sont vacantes. Allons-nous lais
ser les étrangers nous prendre ces pla
ces Tellç est la question qui trouverait
une réponse catégorique chez les Belges,
si ceux-ci connaissaient mieux les ques
tions coloniales. Nous les aideront
donner la réponse.
C. v. R.
Un livre d'Or a été édité en 1931
en hommage a nos héros coloniaux
morts pour la Civilisation. En préface
nous trouvons une lettre du Roi Albert,
que tous les enfants de nos écoles de
vraient apprendre par cœur. Le Roi
s'exprimait ainsi
Bien que l'œuvre africaine de
Léopold II n'ait pas eu le caractère
d'une œuvre de conquête mais de
pénétration scientifique et htsmam-
taire, la mort faucha néanmoins sans
pitié dans les rangs des premiers
pionniers.
Les maladies tropicales, la nature
hostile, les Arabes esclavagistes foH
rent autant d'ennemis qu'il fallut
vaincre au prix de «lourds sacrifices.»
Nous ne pourrions jamais assez
rendre hommage la mémoire des
Belges qui tombèrent là-bas et dont
le nom doit rester définitivement as-
socié cette grandiose entreprise co-
loniale d'une forme sans précédent
dans l'histoire, et dont le succès ho-
nore autant le génial fondatetr q
tous ceux qui lui apportèrent le
concours.
ALBERT.
Bruxelles, le 21 octobre, 1931.