/upplément
illustré du
2 avril 1939
No 21.
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Le legs Ancion au Musée d'Ypres
Philippe-le-Beau.
A la mémoire de la famille van der
Stichele de Maubus, le Commandant
Albert Ancion-Biebuyck a légué au
Musée de la ville d'Ypres deux tableaux
et huit albâtres.
Ces tableaux sont deux intéressants
portraits de Philippe d'Autriche, dit
Philippe-le-Beau et de sa sœur Margue
rite d'Autriche. Philippe-le-Beau était
archiduc d'Autriche et Roi de Castille.
Fils de Maximilien d'Autriche et de
Marie de Bourgogne, petit-fils de notre
grand prince Charles-le-Téméraire, Phi
lippe naquit Bruges en 1478 et mou
rut Burgos en 1506. Il avait épousé
dona Juana d'Aragon, connue dans
l'histoire sous le nom de Jeanne-la-
Eolle. De ce mariage naquirent deux
princes illustres Charles-Quint et
l'Empereur d'Allemagne Ferdinand.
Philippe-le-Beau porte, sur le tableau
tîu Musée d'Ypres, l'insigne de l'Or
dre de la Toison d'Or.
Mais le Musée d'Ypres peut surtout
se réjouir de posséder le portrait de
Marguerite d'Autriche, qui remplit un
Tôle éminent dans l'histoire du seizième
siècle. Sœur de Philippe, elle naquit
Bruxelles en 1480 et mourut Malines
en 1530. Elle fut gouvernante des Pays-
Bas pendant la minorité de Charles-
Quint et fut ensuite chargée par celui-
ci du gouvernement de nos provinces.
Nous devons beaucoup au gouverne
ment sage et éclairé de cette grande
princesse. Les historiens contemporains
étudient le rôle primordial joué par
Marguerite dans la diplomatie euro
péenne, et particulièrement en 1529, lors
de la Paix des Dames. Mais les archéo
logues s intéressent tout autant la
protectrice des arts, qui fit de la cha
pelle de Brou un chef-d'œuvre la mé
moire de son mari Philibert de Savoie.
Nous souhaitons que ces deux tableaux
soient particulièrement mis er, relief au
Musée d'Ypresï afin de concourir
l'éducation du public.
Le commandant Ancion a également
légué huit albâtres, qui représentent des
scènes de la Passion du Seigneur, et
seront exposés dans une vitrine.
Ces œuvres d'art appartenaient la
collection de la Baronne van der Sti
chele de Maubus, collection remarqua
ble dont Madame Camille Ancion avait
hérité, mais qui a malheureusement été
détruite par la guerre, l'exception des
quelques objets légués au Musée d'Y
pres.
Il y a dix ans, voulant honorer la mé
moire de la famille van der Stichele de
Maubus, M. et Mme Ancion offrirent
un beau vitrail, qui orne la verrière de
la nef gauche de l'église Saint-Jacques
Ypres. Nous avions été chargé de fai
re les recherches héraldiques pour ce
vitrail, et grâce au précieux manuscrit
Ghys de la bibliothèque royale de Bru
xelles, nous avons pu donner les ren
seignements utiles. Dans ce vitrail figu
rent les armes anciennes et modernes de
la famille van der Stichele, ainsi que les
armes de François van der Stichele-
Keingiaert et de son fils Bruno van dèr
Stichele-Keingiaert.
Les scènes du vitrail sont empruntées
la vie de Saint-Bruno, qui appartenait
la famille des Hardevust, dont des
cendait les Keingiaert, et qui fonda l'or
dre des, Chartreux. Dans le haut du vi
trail nous avons fait reproduire l'écu
ancien de la famille Hardevust.
Le vitrail de l'église Saint-Jacques est
donc particulièrement intéressant, puis
qu'il rend hommage une grande figure
de l'hagiographie belge, et en même
temps une des premières familles
yproises.
m
La place des van der Stichele dans
l'histoire d'Ypres est éminente. Nous
espérons qu'à la suite du legs Ancion
la commission du Musée, respectant la
volonté du testateur créera une salle
van der Stichele et y réunira les élé
ments de l'histoire de cette famille
comme elle devrait également s'efforcer
de rappeler le souvenir des autres gran
des familles yproises les Lansaem, les
Belle, les de Lichtervelde, les Bulteel.
les Cortewilde. C'est la tradition qui
existait dans ces familles, tradition chré
tienne, tradition historique, tradition ar
tistique. que nous devons le passé his
torique de la ville d'Ypres. Un musée
doit avoir comme objet d'enseigner aux
jeunes générations, que rien ne se fait
en dehors d'une élite, et qu'une élite
ne se forme que par le temps et dans la
tradition.
Les van der Stichele furent des dé
voués serviteurs du magistrat d'Ypres,
au temps, où les charges communales
étaient un honneur. Pendant sept siè
cles ils furent les serviteurs de la cité.
L'Eglise Saint-Jacques Ypres
avec les remparts qui seront bientôt restaurés.
Nous pourrions citer des dizaines de
membres de cette famille qui furent
échevin, conseiller, conseiller-pension
naire ou bourgmestre de la ville d'Y
pres. Parmi les plus anciens André en
1272 Philippe en 1295 Paul en 1325
Henri en 1477 Pierre de 1501 1522,
et un autre Pierre échevin en 1584, con
seiller-pensionnaire et député aux Etats
de la Flandre et puis Jean-Baptiste et
son fils, et sans interruption jusqu'à
François-Joseph-Amédée van der Sti
chele, écuyer, seigneur de Maubus et
Boiroselle, né Ypres le 8 juillet 1751,
y décédé le 2 avril 1807 en son vivant
avoué de la Ville d'Ypres, député aux
Etats de la Westflandre, membre de la
noblesse des Etats de l'Artois, ambas
sadeur La Haye, député Vienne
pour la Pacification des Pays-Bas. Il
avait épousé Amélie-Alexandrine Kein
giaert de Gheluvelt. fille de Louis-Bruno
Keingiaert de Gheluvelt et de Marie
Comtesse de Lens et du Saint-Empire
Romain. Louis-Bruno était fils de Kein-
giaert-Hardevust.
François-Joseph van der Stichele eut
un fils Bruno-Amédée-Joseph qui fut
créé baron van der Stichele de Mau
bus, naquit Ypres le 1 avril 1781 et y
décéda le 7 février 1859. Le portrait de
Bruno van der Stichele se trouve
l'Hôtel de Ville d'Ypres, dont il fut
bourgmestre, ainsi que commissaire
royal de l'arrondissement, membre de
l'Ordre équestre des Pays-Bas, du Con
seil provincial et Vice-Président de la
Maison d'Arrêt d'Ypres, il avait épousé
Emilie Keingiaert de Lens.
La famille van der Stichele s'éteignit
en la personne de Bruno et les Kein
giaert héritèrent des biens des van der
Stichele. Madame Ancion étant fille
d'une Keingiaert, son fils a estimé de
voir perpétuer par un legs le souvenir
des van der Stichele Ypres.
Nous espérons que les yprois auront
pris intérêt ces quelques renseigne
ments historiques au sujet du legs, et
formeront avec nous des vœux pour
que la commission du Musée, et son
dévoué, et très compétent conservateur
M. Daniel Tack, veillent donner au
caractère éducatif de ce legs tout le re
lief qu'il comporte.
Ch. van Renynghe.
Marguerite d'Autriche.