Diptypue Européen. Pour éviter la guerre. On a un gouvernement. 5e ANNEE No 17. Hebdomadaire 50 cent, le numéro. DIMANCHE 23 AVRIL 1939. Pour qu'une nation soit, il faut qu'une solidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. I ABONNEMENT. I AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. I Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. Alléluia Le jour de gloire est arri vé Lur.di soir les citoyens belges lu rent pris d'un délire collectif. Joie et bonheur nous possédions un gouverne ment. Les citoyens qui faisaient péni tence, et s'imposaient mille mortifica tions, pour que M. Pierlot arrive cette splendide victoire, éprouvèrent une joie héroïque en constatant que leur sacri fice ne fut pas vain. Car telle était bien la nouvelle ahu rissante, dans l'attente de laquelle nous vivions tous avec anxiété la crise gou vernementale, qui durait depuis 68 jours, aboutissait la solution la plus simple et la plus conforme au scrutin du 2 avril. Malgré toutes les bassesses commises pour obtenir que les Excellences du Parti Socialiste daignent accepter quel ques portefeuilles, et malgré l'humaine concupiscence de ces Messieurs pour d'aussi rémunératrices prébendes, infle xible, incorruptible, l'Etat dans l'Etat, c'est-à-dire le Conseil Général du Parti Ouvrier Belge, décida souverainement que le Grand Parti Traditionnel Socia liste ne pouvait participer au pouvoir. Sa Majesté le Roi qui nomme les Mi nistres avait daigné le matin, la de mande de Son Excellence Monsieur le Formateur Pierlot, recevoir les serments de Messieurs les Ministres du Grand Parti Libéral Traditionnel et du Bloc Catholique Traditionnel. Mais Sa Ma jesté le Roi attendit en vain, que les Excellences complémentaires du Grand Parti Socialiste Traditionnel vinssent compléter l'équipe, profondément natio nale et intégralement traditionnelle, de cette dixième combinaison du soixante- septième jour de la crise ministérielle. Les Excellences du parti socialiste ne reçurent pas l'autorisation des délégués Non-Excellents du Parti Socialiste de se rendre au Palais Royal. Et contraire ment aux pronostics pessimistes des es prits chagrins, la presse ne nous com muniqua pas le suicide de M. Louis Pié- rard, qui figurait sur la liste des Excel lences, après quinze ans de vaine at tente. Il devait prendre le portefeuille du Chômage, et le voilà redevenu, lui- même, chômeur. Mais tout cela ne fut qu'un mauvais rêve. Depuis lundi les Belges sont heu reux. et c'est avec une joie exaltante qu'ils apprirent mardi matin que le Mi nistère n'était pas encore démission naire. Si la Divine Providence veut protéger cette équipe ministérielle, nous connaîtrons bientôt la liste des impôts et des charges supplémentaires, dont notre budget individuel sera grevé, pour combler le déficit de notre budget col lectif national. Ainsi chacun de nous aura le bonheur de réparer les erreurs des gouvernements précédents, et la ga begie des ministres socialistes. Si un jour ce déficit est comblé, soyons per suadé, que, pour nous faciliter de nou veaux actes de vertu fiscale, les Mi nistres du Parti Ouvrier Belge revien dront au Pouvoir. Puisque cette histoire vous amuse, pourquoi ne pas la continuer C. v. R. (Suite) par Louis HABRAN. L'accord polono-britannique de dé fense mutuelle n'est pas encore rédigé ni signé que déjà l'activité diplomati que de l'Angleterre en Europe orientale et méridionale a déplacé le champ de l'actualité politique. Sous cet aiguillon, l'Italie a franchi la mer Adriatique et sa pointe en direction de Salonique et des Dardanelles a détourné l'attention de la Baltique sur la Méditerranée. La mer intérieure, berceau de la civilisa tion européenne et carrefour stratégique international, communique avec les eaux de la planète par le détroit de Gibraltar, le détroit des Dardanelles et du Bosphore et le canal de Suez. Le principal de ces passages est sans con tredit celui de Gibraltar. Etudions le peuple qui le commande véritablement et sans lequel désormais rien ne se peut plus faire de durable sur les eaux mé diterranéennes le peuple espagnol. Voici ce qu'a bien voulu nous dire un Gastillan qui vient de passer par la Belgique PAYSAGE ESPAGNOL. Le pacifisme de l'Espagne nouvelle ne peut être mis en doute que par des personnes ignorantes ou obéissant au parti-pris. Le moment est venu pour l'Espagne de rentrer dans le concert des nations. Il n'a pas tenu au généralissime Franco que la guerre de rénovation fût longue, que l'élan de l'Espagne vers le redressement dût se muer en une guerre de défense et de libération. Devant Ma drid, en 1936, le vainqueur rencontra les premières formations des brigades internationales rassemblées par les agences secrètes de la Révolution et cette offensive bolchevik secondée, am plifiée par mille concours ouverts ou déguisés, privés, officieux ou officiels, venant de tous les horizons de l'Europe et du globe, crucifia l'Espagne et pro longea démesurément le sacrifice d'où elle vient enfin de sortir triomphante par son courage et l'aide d'inestimables amitiés. Par le jeu des interventions, la guerre d'Espagne était devenue un duel entre les forces de l'ordre et les forces du désordre international, com me aussi entre les influences qui avaient avantage tenir l'Espagne divisée, fai ble et subordonnée, et celles dont l'in térêt au contraire demandait son ren forcement. C'est l'enchevêtrement de ces rivalités idéologiques et politiques qui retarda l'issue d'un conflit qui, ses débuts, n'intéressait que les Espagnols, mais bientôt intéressa l'univers, et s'ali menta la passion et la rivalité des peuples. (Voir suite page 2) Quand les esprits se seront calmés, et que la déclaration de M. Roosevelt sera passée du domaine sentimental au rayon des documents diplomatiques, les lecteurs du SUD se rendront compte de ce qu'au début de la semaine der nière nous sentions venir l'offensive du Président des Etats-Unis. Faut-il analyser les termes de la dé claration faite au congrès panaméricain. et du message adressé le lendemain Hitler et Mussolini Cela nous entraî nerait dire des choses trop désagréa bles l'adresse de leur auteur. D'autre part quiconque a étudié quelque peu l'histoire doit rendre un hommage sin cère des documents diplomatiques tels que la déclaration pleine de réserve, de dignité et de fermeté de M. Daladier la radio et les remarquables discours de M. Chamberlain, après l'occupation de la Tchéquie ou après celle de l'Al banie, peuvent être considérés égale ment comme d'excellentes pièces de l'ar senal diplomatique. MM. Daladier et Chamberlain ont marqué le coup, et ils ont ensuite affirmé leur volonté d'en rayer la marche conquérante des puis sances de l'axe. Par une contre-atta que diplomatique, ils ont entrepris une politique, dite d'encerclement, qui nous paraît indispensable, et qui ne compro met pas la paix européenne, parce qu'elle rétablit l'équilibre des forces, ce fameux équilibre européen, élément pre mier et indispensable de la paix. Car la paix n'est, ne fut et ne sera jamais, qu'une situation momentanée, qu'un état de fait. La paix n'est pas une doctrine, ni une loi. L'histoire de l'humanité, aussi loin que l'on puisse remonter, et jusqu'à nos jours, nous en seigne que la paix n'a^ existé... qu'au lendemain de la guerre, quand le peu ple vainqueur impose son hégémonie au peuple vaincu. Mais le peuple vainqueur voit, tôt ou tard, ou bien le peuple vain cu se ressaisir, reformer ses forces et prendre sa revanche, ou bien d'autres peuples jaloux ou inquiets, créer une coalition et aider le peuple vaincu se couer le joug. Redisons-le il en fut ainsi au cours des temps, toujours, sans exception au cune. Et quand un empire quelconque parvient s'imposer, imposer sa paix impériale, des peuples nouveaux inter viennent dans la lutte, bouleversent les pièces de l'échiquier. Chaque fois au lendemain des proclamations les plus so- lemnelles annonçant l'humanité la paix éternelle les faits répondent en rappelant que la Paix n'est pas de ce monde Réfléchissez, l'histoire de l'anti quité, qui vous en donne d'innombra bles exemples ou même cette histoire très brève des 7 ou 800 dernières an nées de la vie de l'Europe, qui ne con nut que quelques centaines de traités de paix, tous devant lier les peuples pour des milliers d'années. La Paix entre les peuples n'est qu'un équilibre de forces, et ce n'est que dans la mesure où les chefs d'Etats se dé pouillent de toute phraséologie et toute idéologie romantique ou humanitaire, qu'ils prennent figures d'hommes d'Etat. Les premiers et les plus grands enne mis de la Paix, sont les pacifistes c'est-à-dire ceux qui prétendent faire triompher la vertu de la paix. La paix européenne, écrivions-nous, la semaine dernière, n'est menacée que par le danger américain. M. Roosevelt nous a donné raison malgré des appa rences généreuses Et nous espérons que nos lecteurs auront la sérénité d'es prit de bien vouloir en convenir. Que fut le traité de Versailles Un acte diplomatique malhabile, qui au lieu d'établir en Europe un équilibre des forces, imposa la loi du vainqueur l'Empire austro-hongrois, et maintint l'existence du Reich, indiquant la voie dans laquelle les pays qui craignaient l'hégémonie du vainqueur devaient en trer pour rétablir l'équilibre. Aussi au lendemain de Versailles, Londres, constatant l'influence prise par la France en Europe, la force de l'ar mée française l'époque, n'ayant de vant elle aucune force qui puisse lui ré sister, Londres, se hâta de soutenir Ber lin, en lui permettant de se libérer des clauses les plus absurdes du traité de Versailles une indemnité de guerre im possible payer un désarmement uni latéral, qui postulait un désarmement si milaire de la part de la France, mais auquel, la France, malgré sa signature au bas du traité de Versailles, ne vou lut point se soumettre la réoccupa tion de tout le territoire du Reich... Mais pendant que le Reich arrachait, avec l'appui de l'Angleterre, les pre miers éléments d'une force nouvelle des tinée assurer un équilibre européen nouveau, naissait un phénomène psy chologique que les cabinets de Lon dres n'avaient pas prévu le triomphe des doctrines totalitaires et l'exploita tion par un chef politique très habile des injustices du traité de Versailles. Au moment où Hitler s'empare du pouvoir en 1933, l'Angleterre arrive l'équilibre européen qu'elle souhaite. Mais, fort du mouvement qu'il a créé. Hitler ne s'arrête pas il déjoue le plan anglais, et ce moment-là offre l'Eu rope une chance unique le désarme ment général. La France répond par le pacte franco-soviétique, mettant les pré occupations idéologiques au premier plan, et se laissant prendre l'absurde idéologie anti-fasciste, qui se trouve l'origine de toutes les difficultés ac tuelles. La puissance de l'Allemagne s'ac- croissant, la nouvelle tentative d'équili bre européen, née du pacte franco-so viétique, échoue car de nombreux pe tits pays, dont la Belgique, compren nent que l'Europe va droit la guerre idéologique. Avec beaucoup de sagesse ces petits pays tentent de tirer leur épin gle de ce jeu dangereux. (Voir suite page 5)

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