la Conférence
panaméricaine de Lima,
A utomobilistes,
M. COMYN REGOM PNEUS
3
UN EVENEMENT EUROPEEN.
par Jean BASTIN
Pour
kilométrage de
4, Place van den Peereboom, YPRES. TéL 103.
LE SUD, dimanche 30 avril 1939.
N.D.L.R. Les événements illus
trent curieusement la remarquable étu
de de notre collaborateur Jean Bas tin.
Avant de citer le fait important qui
vient de passer en Bolivie cette semai
ne rappelons ces deux phrases de l'ar
ticle paru la semaine dernière
C'est ainsi qu'à l'instigation des
Etats-Unis, le thème favori de la Con
férence de Lima fut la résistance aux
idées fascistes. Les discours de Mr. Cor-
dell Hull sont farcis de couplets en
l'honneur des démocraties, tels que ce
lui-ci, le plus célèbre Il n'y a pas
de place dans notre hémisphère pour
les doctrines totalitaires.
Toute sa diplomatie, pendant la
conférence,, a tendu faire comprendre
aux républiques latines la nécessité pour
elles, pour résister aux dictatures, de
s'unir au sein de l'Union, et de recou
rir la haute protection désintéressée
de la grande République.
Et voici les nouvelles de Bolivie
M. German Busch, président de la
république bolivienne a adressé au pays
un manifeste dans lequel il déclare dis
soudre les Chambres et assumer les res
ponsabilités passées et futures du gou
vernement.
Le manifeste explique que le prési
dent accepta ce poste en 1936 pour des
raisons patriotiques. Il s'empressa alors
de convoquer les électeurs, de réunir le
parlement, d'accorder la liberté de pres
se et de lever l'état de siège.
Mais, poursuit le manifeste, ces
concessions, ces libertés ont déterminé
un relâchement dans le pays. La spé
culation malhonnête, les intrigues des
partis, avides du pouvoir, préparaient
une atmosphère lourde de lutte fratrici
de. Il était temps d'établir un plan de
dictature économique, financière et so
ciale qui fût essentiellement bolivien
On apprend que M. Foani, ministre
des Mines, a collaboré avec le Prési
dent pour l'élaboration de ce plan.
Les bruits de révolution qui circulent
sont dénués de tout fondement. L'ordre
le plus absolu règne dans toute la Bo
livie.
Les nouvelles élections auront lieu
une d ite fixée par le gouvernement.
La Constitution de 1938 reste en vi
gueur. Jusqu'à la formation du nouveau
parlement, le gouvernement se réserve
le droit d edicter des décrets-lois.
Le colonel Busch, âgé de 32 ans, fils
d'un docteur allemand vivant en Boli
vie, était chef de l'Etat-Major général
pendant la guerre du Grand Chaco con
tre le Paraguay. En mai 193)5, il provo
qua une révolte de l'armée, renversa le
Tégime libéral et installa la présidence
le colonel José Toro.
Dix mois après, le président Toro se
démettait de ses fonctions et était rem
placé par le colonel Busch.
Préoccupé exclusivement de leurs
avantages personnels l'Amérique du
Nord semble avoir négligé toute la par
tie constructive de la confiance. C'est
ainsi que ce fut l'Argentine qui présen
ta un projet fort intéressant élaboré en
vue de réprimer les activités politiques
des groupements étrangers en rapport
avec leurs pays d'origine. C'est de Cuba
Qu'émana la proposition de médiation en
Espagne, et de Saint Domingue, le pro
jet d'une Cour de Tustice internationale.
Pour les Etats-Unis, les buts de la
conférence n'auraient été»que très gé
néraux, tout au moins ils le préten
daient": c'était d'après M. Cordell Hull,
le maintien de la paix sur le continent
américain et une coopération économi
que générale.
Mais en fait, la politique de Was
hington était bien plus réaliste. Elle sait
en effet, que de grandes conférences
ne sont pas nécessaires pour cela, et
qu'au surplus cette paix n'est pas di
rectement menacée dans cette hémis
phère. D'autre part, jamais, elle le sait,
ou presque jamais jusqu'à présent, une
conférence plénière n'est parvenu con
clure un accord économique général.
En dehors et au-delà de leurs in
tentions avouées, ce que les Etats-Unis
voulaient créer, c'est une ALLIANCE
MORALE contre le danger des théo
ries européennes, mais sans traité ni or
ganisme permanent, qui pourrait un
jour limiter leurs propres appétits. Dans
un autre domaine, ils envisageaient pour
leur compte personnel, un accord régio
nal d'assistance pour, la défense du Ca
nal de Panama. Et de fait, événement
de la plus haute importance, et dont on
a peu parlé en Europe, le 27 décembre
1938, alors que la conférence n'avait
semblé apporter aucun des partici
pants, d'avantages substantiels, le Dé
partement d'Etat claironnait triompha
lement au monde, la signature d'un ac
cord régional avec les république^
centrales y compris Panama.
Cet accord entraîne dit le com
muniqué de Washington, certaines fa
cilités militaires, radiotéléphoniques et
radiotélégraphiques. en vue d'assurer la
défense du Canal de Panama. La con
clusion d'un pareil accord, d'une impor
tance aussi essentielle, dépasse de loin
en efficacité pour les Etats-Unis, tou
tes les résolutions de Lima. Amener vo
lontairement les républiques de la mer
des Caraïbes la défense d'uncanal
qui n'a de réel intérêt pour eux, con
stitue une victoire diplomatique de toute
première valeur.
A côté d'un pareil succès, la Dé
claration de Lima qui clôtura la con
férence paraît maigre de substance.
Analysons-la toutefois après avoir ré
affirmé leur solidarité continentale,
leur pleine souveraineté nationale et leur
volonté de les défendre contre toute in
tervention étrangère, les puissances con
tractantes décident, au cas ou la paix
serait menacée de procéder des con
sultations en se servant des moyens
que les circonstances conseilleront pour
chaque cas Ces consultations pour
ront se faire l'intervention de n'im
porte quelle ministre des affaires étran
gères des républiques contractantes.
La déclaration de Lima est re
marquable par sa souplesse et sa sim
plicité. Peut-être aussi est-ce sa fai
blesse car si certains gouvernements le
veulent, la déclaration peut rester toute
platonique. A n'en pas douter, toute-
fbis, elle contient une procédure facile
pour amener le contact personnel des
ministres des affaires étrangères en cas
de péril pour la paix C'EST GENE
VE SANS OBLIGATIONS ET
SANS PROCEDURE. C'EST AUSSI
MUNICH ERIGE EN PRINCIPE
DIRECTEUR. C'est l'application de la
facilité des moyens de communication
la diplomatie moderne.
Les archives de toutes les conféren
ces internationales fourmillent de réso
lutions analogues la déclaration de
Lima C'est dire qu'elle est beaucoup
ou rien beaucoup si elle est suivie d'ap
plications, rien, sî elle n'est que quel
ques phrases sur lesquelles on s'est ac
cordé faute de pouvoir le faire sur des
mesure? pratiques.
En soi, elle constitue une application
et une extension de la doctrine de Mon-
roe. Comnje on l'a dit officiellement,
c'est l'expression de la solidarité du con
tinent américain, non contre l'Europe
ou l'Asie, mais sans elles, et sans épou
ser leurs querelles. Mais sans vouloir
épouser les querelles européennes, le
continent américain se range délibéré
ment dans un des deux camps qui nous
divisent - celui des démocraties. Singu
lière façon de se tenir l'écart des con
flits d'idéologie qui divisent l'Europe
singulière union de démocraties, au sur
plus, puisque la plupart d'entre elles
individuellement sont des dictatures.
Basé sur de telles antimonies et de
tels paradoxes, on se demande quelle
consistance aurait finalement cette
union panaméricaine, si elle se trouvait
brutalement face face avec un pro
blème angoissant et précis.
A beaucoup de bons observateurs, le
panaméricanisme paraît devoir manquer
pendant longtemps encore de cette co
hésion nécessaire toute union d'états.
L'instabilité politique est un des facteurs
de cette déficience les soubresauts con
tinuels des régimes d'un certain nom
bre de républiques américaines entraî
nent fatalement des variations sensibles
dans la politique étrangère de ces pays
ou les idées et les programmes s'affron
tent et se détrônent aussi fréquemment
que les hommes. Pendant la durée même
de la -conférence de Lima, deux pays
connaissaient des crises de régime d'une
certaine gravité, au point de se trans
former en véritables révolutions c'étaient
le Chili et l'Equateur.
Beaucoup de ces crises, nous l'avons
dit, ont amené au pouvoir des dicta
tures. Sont-ce pour cela toujours et
même souvent des régimes fascistes, au
sens strict du terme Non. Il leur man
que presque toujours cette stabilité,
cette emprise de l'état sur toutes les ac
tivités du pays, cet enthousiasme pro
fond des foules que nous avons remar
qué en Italie et en Allemagne. Ce sont
avant tout des coalitions formées au
tour d'un homme plus qu'autour d'une
doctrine ou d'une conception de vie.
L'Amérique toutefois, ne peut se flat
ter d'avoir extirpé jamais tout germe
de fascisme. Ces idées y font des pro
grès, et certaines républiques affichent
ostensiblement leurs préférences le Ni
caragua, par exemple, le Honduras, le
Guatémala. Le cas le plus typique peut-
être est celui de la petite république
de San Salvador qui se prévalait récem
ment dans un manifeste de ses bonnes
relations avec le Reich, l'Italie, le Japon
et l'Espagne Nationale l'exclusion des
autres nations. Au Mexique, gouverné
depuis longtemps déjà, par un gouver
nement tendances socialistes, le mou
vement des Chemises Dorées d'inspira
tion fasciste, cause des inquiétudes sé
rieuses aux gouvernants de Mexico.
La défiance de la plupart des répu
bliques méridionales et centrales vis-à-
vis des Etats-Unis est un facteur de
dissociation de plus pour l'Union pan
américaine. La politique du Bon voi
sin du Président Roosevelt apparaît
beaucoup comme une forme adoucie
mais combien pernicieuse de l'Imperia-
lisme Yankee.
La crainte de la dictature du Dollar
reste vivante. L'offre de Washington
d'accorder au Sud des crédits abondants
est accueillie avec méfiance. On se rap
pelle le temps où, vers 1929, l'argent de
Wallstreet s'investissant en Amérique
du Sud la cadence de 1 million de dol
lars, finissait par créer pour les nations
latines un asservissement économique et
subséquemment politique vraiment in
tolérable.
Cette crainte mélangée de haine, en
core qu'adoucie aujourd'hui, est appa
rue très nettement la conférence de
Lima et s'est exprimée parfois d'une
façon très blessante pour les Etats-
Unis. Ceux-ci n'envisageant que des
buts immédiats atteindre ont paru ne
pas remarquer les attaques et les insi
nuations dont ils étaient l'objet.
En effet, jusqu'à présent la résistance
leur hégémonie était assez mal orga
nisée. Aucune puissance en Amérique
latine n'avait pris la tête de la réaction.
On aurait pu croire première vue,
le Brésil, capable et tout désigné pour
se dresser en défenseur des républiques
latines. Il occupe lui seul, la moitié
de l'hémisphère sud du continent, plus
grand que les Etats-Unis proprement
dit sans l'Alaska, en un mot puissance
de tout premier ordre, il en a le goût
et les prétentions. On le vit bien, lors-
qu'après la guerre, il se retira de la S.
D. N. parce qu'on ne voulait pas lui
accorder de siège permanent au Conseil.
Mais d'autre part il est vrai, son ami
tié pour les Etats-Unis est profonde et
ancienne. Sa structure politique est cal
quée sur celle des United States of
America, au point que son titre offi
ciel est Estados Unidos do Brazil
Il est aussi plus dépendant économique
ment du grand état du Nord Cin
quante pour cent des exportations bré
siliennes lui sont destinées.
Mais surtout, le Brésil ne parle pas la
même langue que les autres républiques:
appartenant une autre culture que
ses voisins, il ne pourra jamais préten
dre créer cette union morale qui n'est
rendue possible que par une affinité de
culture et de langue.
On ne peut dire autant de l'Argen
tine, qui Lima a fait vraiment figure
de grande puissance, compréhensive d
nécessités continentales, osant braver en
face les exigences nord américaines,
prenant délibérément la tête de toute
l'Amérique espagnole.
Buenos-Ayres a en effet tous les
atouts en main pour jouer ce rôle pre
mière puissance espagnole en Amérique,
elle est peu dépendante de la clientèle
de New-York de tous temps elle s'est
orienté vers l'Europe, vers l'Angleterre
notamment, qui constituait pour elle une
menace de sujétion bien mois grave.
(Voir suite page 8)
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