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DIPTYQUE EUROPEEN
(Suite de la 1 re page)
s'autorisant de l'amitié qui a tradition
nellement existé entre Rome et Var
sovie, aurait de son côté demandé la
Pologne de transiger. Tout dépend
donc des conseils que Varsovie recevra
de Londres, donc du degré de déter
mination de l'Angleterre se mesurer
avec l'Allemagne propos ou l'occa
sion de l'affaire de Pologne.
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L'intervention de l'Italie montre que
tout l'échiquier diplomatique bouge de
la Baltique la Méditerranée.
Reprenons donc l'étude du facteur
espagnol, stratégiquement installé au
tour du détroit de Gribaltar qui est,
nous l'avons vu, la clé de la Méditer
ranée.
Dans l'intérêt de mon pays, j'irai
jusqu'au bout de mes pensées. L'erreur
qui a été commise en 1935 touchant
l'Italie a engendré des conséquences
aujourd'hui trop angoissantes, et les
positons stratégiques de l'Espagne sont
encore autrement redoutables que celles
de Rome.
PAYSAGE ESPAGNOL
ET MEDITERRANEEN
Nous avons regardé quelle est la géo
graphie de l'Espagne et son influence
sur la politique extérieure de ce pays.
Il reste déterminer un autre élément
important de cette politique l'esprit qui
inspire et anime les habitants.
Vers quelles nations penche l'Espa
gne
Trois groupements de puissances sol
licitent actuellement l'adhésion des peu
ples la Société des Nations de Genève,
le Pacte Antikomintern et la Conférence
Pan-américaine.
Laissons celle-ci, en notant toutefois
que, jusque maintenant, une partie des
nations américaines sont membres de la
S. D. N. tout en fréquentant la confé
rence pan-américaine. Par contre, la
S. D. N. et le groupe des puissances du
pacte antikomintern sont non seulement
étrangers l'un l'autre, mais peuvent
être considérés comme opposés l'un
l'autre, quatre des cinq membres du se
cond étant d'anciens membres de la pre
mière, et le cinquième, l'Espagne na
tionale, n'ayant pas encore manifesté
l'intention d'aller occuper le siège deve
nu vide Genève depuis la suppression
de l'Espagne dite républicaine.
L'adhésion de l'Espagne nationale ou
nouvelle Espagne au pacte antikomin
tern a été annoncée par la dépêche
suivante
Burgos. 7 avril 1939. 1 Le gou-
vernement allemand, le gouvernement
italien et le gouvernement nippon
d'une part et le gouvernement espa-
gnol d'autre part ont signé le 27 mars,
Burgos, par l'intermédiaire de leurs
plénipotentiaires, un pacte par lequel
l'Espagne déclare son adhésion au
pacte antikomintern. Voici le texte de
ce pacte
s Article 1er. L'Espagne adhère
au pacte contre l'Internationale bol-
cheviste résultant de l'accord et du
protocole additionnel du 25 novembre
1936 et du protocole du 6 novembre
1937.
Art. 2. La forme sous laquelle
la collaboration des autorités compé-
tentes des Etats intéressés sera faci-
litée, fera l'objet d'un accord ultérieur
entre ces autorités.
Art. 3. L'accord et le protocole
additionnel du 25 novembre 1936 ain-
si oue le protocole du 6 novembre
1937 sont annexés au présent proto-
cole. qui est rédigé en allemand, en
italien, en nippon et en espagnol, cha-
que texte ayant force de loi.
Le protocole entre en vigueur la
date de la signature.
Le pacte est signé par les ambas-
sadeurs von Stohrer Allemagne)
comte di Campano (Italie), Ma Kotu
Yano (Japon), et par le comte -Jor-
dana, ministre des affaires étrangères
d'Espagne.
En regard de cet acte positif de l'Es
pagne unifiée touchant le pacte anti
komintern, on doit enregistrer l'acte
négatif touchant la Société des Nations
qu'est la dénonciation par l'Espagne de
l'Acte Général d'arbitrage adopté par
l'Assemblée le 26 septembre 1928 et qui,
au 31 décembre 1936, avait reçu l'ad
hésion de 23 Etats, dont l'Espagne. On
mandait de Genève, le 14 avril dernier
On apprend que le gouvernement
espagnol a prié le secrétaire général
de la S. D. N. de faire connaître aux
autres signataires de l'Acte général
d'arbitrage pour le règlement pacifi-
que des différends internationaux,
qu'il donnait le préavis de dénoncia-
tion de cet instrument juridique.
(Havas).
Nous poserons maintenant deux ques
tions.
1. La présence de l'Espagne la
Société des Nations, où figure Moscou,
se concilierait-elle avec la présence de
la même dans le pacte antikomintern,
qui précisément est dirigé contre Mos
cou
Il semble que si l'Espagne nationale
avait voulu aller s'asseoir Genève
côté de la Russie des Soviets, elle n'eût
pas commencé par se mettre du pacte
qui symbolise et organise la croisade
contre le communisme soviétique.
2. La dénonciation par l'Espagne
de l'acte général d'arbitrage n'est-elle
pas le premier pas de sa retraite de l'or
ganisme de Genève
Si l'Espagne nouvelle avait l'intention
de succéder aux rouges sur les rives
du Lac Léman, commencerait-elle par
rompre avec un des principaux instru
ments juridiques qui soit rattaché au
pacte de la S. D. N. Si elle voulait
reconnaître l'influence internationale (on
aurait dit, avant 1935, l'autorité inter
nationale) de l'institution genèvoise. se
détacherait-elle d'un des éléments mar
quants de l'édifice juridico-politique
Manifestement, l'expérience ne lui a
pas appris estimer l'esprit des influen
ces qui dominent dans ce milieu elle ne
croit pas l'impartialité ni au désinté
ressement des principaux juges elle ne
croit pas la réelle égalité des peuples
dans cette universalité faussement dé
mocratique, et elle préfère simplement
donner ou dutôt garder sa foi aux quel
ques peuples qui l'ont aidée vaincre
»»t vivre et qui ont tous déjà quitté
Genève, que se rapprocher de ceux qui
Genève et sur les champs de batail
les de l'Espagne et les eaux de la Mer
Cantabrique et de la Méditerranée ont
soutenu la fortune des rouges.
En tout cas, l'Espagne se prépare
rait quitter la compagnie de Genève
qu'elle ne se comporterait pas autrement
qu'elle ne le fait. Nous ne voulons pas
iouer au Drophète, mais les éléments pu
blics de la cause permettent d'apprécier
la situation comme nous le faisons
l'heure présente.
L'Esnagne est-elle rattachée l'axe
Berlin-Rome C'est une autre question.
Il convient, semble-t-il, de ne pas con
fondre le pacte antikomintern. qui grou
pe l'Allemagne, la Hongrie, l'Italie, l'Es-
paqne et le Jaoon avec l'axe.
L'esprit de Moscou et ses tentatives
d'expansion, voilà ce que vise le pacte
antikomintern, défensif quand les cinq
signataires envisagent de se renseigner,
se documenter mutuellement, de se con
seiller et aider contre l'intrusion chez
eux de la propagande bolchevik, offen
sif quand ils veulent préserver le restant
du globe de la lèpre mentale moscovite.
D'apparence plus idéologique que poli
tique et militaire, le pacte ne considère
qu'un ennemi qui est abstrait la pen
sée philosophique, morale et sociale de
Moscou, partout où elle se manifeste
dans l'univers. Mais voulant purger
l'univers d'un poison de l'esprit, il ap
porte, il offre l'univers le contrepoi
son, le vaccin et la cuirasse. Il veut ain
si s'installer dans l'univers, le grouper,
le façonner. Il tend l'universel com
me la mourante institution de Genève.
L'axe, lui, va de la mer du Nord et
de la Baltique l'Afrique, par l'Europe
centrale et l'Italie. Il ne dissimule pas
qu'il veut asseoir l'hégémonie de l'Al
lemagne et de l'Italie sur le Proche-
Orient tant européen que méditerra
néen. Il est défensif et offensif, mais
plus économique qu'idéologique, plus
politique et militaire que missionnai
re Il n'intéresse directement, géogra-
phiquement que l'Allemagne, la Hon
grie et l'Italie. Le Japon est lointain
et l'Espagne l'écart.
Mais si l'on y regarde de plus près
outefois, derrière la Pologne, la Rou
manie et les Dardanelles, directement
visées, il y a la Russie. Dans le pacte
antikomintern, l'Allemagne et l'Italie
sont donc l'épée pointée sur Moscou
en Europe, comme le Japon l'est en
Asie. Et quand l'Angleterre appelle
Moscou la rescousse, elle attire Mos
cou sur les principales lignes militaires
du pacte antikomintern. L'Angleterre
assume ainsi la redoutable responsa
bilité de mettre en branle tous les si
gnataires du pacte et de provoquer une
déflagration où l'Espagne tiendrait le
secteur de Gibraltar.
(A suivre)
Louis Habran.
IMPERIA
