le redressement français
la Baltique
et la paix
Instantanés.
5e ANNEE No 24.
Hebdomadaire OU cent, le numéro.
DIMANCHE 11 JUIN 1939.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
I
ABONNEMENT, AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19. rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
I
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Chaque semaine des éléments nou
veaux nous apportent la preuve d'un re
dressement réel de l'économie française,
redressement qui serait déjà beaucoup
plus accentué, s'il n'avait fallu au gou
vernement le soutien de l'opinion pu
blique en suscitant, chez elle, une vé
ritable psychose de guerre. La masse
française avait ce point subie la cam
pagne criminuelle des slogans du Front
Populaire, que ce n'est, que par la crain
te du danger extérieur, que M. Dala-
dier a pu modifier une législation so
ciale grotesque et supprimer la semaine
de cinq jours
Les amis convaincus de la France ont
connu ces dernières années d'amères
déceptions. Comment un pays pareil
a-t-il pu se laisser aller au point d'édic-
ter un ensemble de mesures anti-écono
miques, qui devaient fatalement conduire
ce pays au bord du gouffre Comment
l'intelligence française a-t-elle pu ce
point abdiquer devant l'inconscience ou
même la duplicité des politiciens Les
réponses nous sont données par 1 his
toire. La liste est longue des peuples
qui, volontairement, obtsinément, ont
creusé leur tombeau. Tellement longue
que depuis les temps les plus reculés,
cette liste est celle des civilisations qui
se sont succédées dans l'histoire de 1 hu
manité.
Cette connaissance de l'histoire et le
fait de voir le gouvernement de Léon
Blum conduire sciemment, et joyeuse
ment, la France la ruine provoquaient
chez ceux qui estiment que 1 Europe
sans le génie français ne serait plus
l'Europe, une anxiété et une rage, qui
traduisaient un sentiment bien compré
hensible. On a beau dire que la France
se redresse toujours au moment voulu,
que tel est le miracle du peuple fran
çais, il est assez pénible de devoir con
stater que la Troisième république laï
que, celle du progrès perpétuel et de
la raison pure, ne compte que sur des
miracles pour vivre. Car, après tout, il
ne paraît pas impossible que le mira
cle perpétuel du redressement français
cesse un jour de répondre 1 appel. Il
est plus simple et plus logique de gou
verner avec sagesse.
Quoiqu'il en soit, une fois de plus, le
miracle s'est produit. Un intensif bour
rage de crâne, un sentiment collectif de
guerre imminente et inévitable a fait
taire momentanément les politiciens, et,
grâce cet épouvantail, le gouverne
ment de M. Daladier a pu réparer une
partie des méfaits commis par M. Blum.
Ce qui n'a pas réduit au silence M.
Blum, l'homme qui a coûté plus cher
la France qu'une guerre.
Ce redressement français, que nous
souhaitons profond et durable, est-
il superficiel M. Hitler, parfaitement
informe sur ce qui se passe en France,
constate que la guerre des nerfs s'use.
Il est certain que les discours tragiques
sur le péril extérieur ne peuvent dis
paraître du iour au lendemain mais les
dirigeants français qui ont permis la
France de se ressaisir, et de remédier
aux faiblesses nées du gouvernement
Blum, et qui rendaient la France vul
nérable, n'ignorent pas que le danger
d'une guerre s'est éloigné. Par consé
quent, vers la fin de l'année, comment
M. Daladier obtiendra-t-il de continuer
le redressement économique du pays,
sans l'argument du péril immédiat.
C'est ce qu'attendent Hitler et Mus
solini. Leurs alliés naturels sont les hom
mes de gauche. Mussolini connaît le
vieux principe de Jules César diviser
pour régner, diviser les Français pour
les dominer. Les dictateurs comptent
sur les hommes de gauche pour dominer
la France et l'Empire britannique. Es
pérons que leurs calculs seront déjoués,
mais les leçons du passé nous font crier
casse-cou d'autant plus que la Fran
ce et l'Angleterre s'acoquinent avec
Moscou.
Les hommes de gauche ont détrôné
l'Empereur Charles d'Autriche, offrant
ainsi l'Allemagne l'occasion de domi
ner le Saint-Empire romain.
Les hommes de gauche ont consoli
dé l'unité allemande en détrônant les
rois et les dynasties des principautés
germaniques, permettant ainsi la Prus
se unificatrice de s'imposer aux pays qui
résistaient son joug.
Les hommes de gauche ont plaidé la
révision du traité de Versailles et ont
combattu Poincaré-la-Guerre. Les tra
vaillistes anglais ont nié la nécessité
pour l'Empire britannique de s'armer.
Les hommes de gauche ont jeté Mus
solini dans les bras d'Hitler par haine du
fascisme italien, qui ne pouvait en rien
être une menace, ni pour la France, ni
pour l'Angleterre en 1935.
Les hommes de gauche n'ont pas per
mis Otto de Habsbourg de remon
ter sur son trône, ce qui aurait rendu
l'Anschluss irréalisable.
Les hommes de gauche ont voulu con
duire l'Europe la guerre propos de
la lutte héroïque et juste que le général
Franco, libérateur de l'Espagne, a me
née contre les émissaires de Moscou.
Les hommes de gauche ont opposé
aux plans d'Hitler une France, appau
vrie, déchirée, minée par la politique du
Front Populaire et une Angleterre sans
armée, et dont la flotte marquait un re
tard sur les exigences de l'heure.
La force d'Hitler et de Mussolini a
trouvé son origine dans la faiblesse des
adversaires, et la faiblesse des adversai
res était l'œuvre des hommes de gau
che.
Et si ces hommes de gauche répon
dent qu'ils n'ont pas voulu cela, on peut
leur rétorquer, que ce ne sont pas les
avertissements qui ont manqué, et qu'ils
ne peuvent trouver d'excuse en ajou
tant, leur incapacité gouvernementale,
leur bétise.
Le redressement français sera com
plet, quand il deviendra un redresse
ment spirituel et ce redressement spi
rituel ne sera possible nue si les hom
mes de gauche ont définitivement été
jugulés et mis hors d'état de nuire. C'est
aux hommes de gauche abdiquer, s'ils
par Louis HABRAN.
Autant c'est un devoir, dans le trou
ble de l'aventureuse conjoncture inter
nationale, de réagir virilement contre
une nervosité maladive qui annihile la
raison, autant importe-t-il cependant
d'exactement mesurer la gravité de la
tension politique qui sévit en Europe
orientale. Ce n'est pas parce que se sont
éteints les premiers échos de l'occupa
tion militaire de l'Albanie et des conven
tions anglo-turques et que se font mo
mentanément moins vifs ceux de la con
testation germano-polonaise concernant
Dantzig et le couloir polonais de Pomé-
ranie, ce n'est pas non plus parce que
les inquiétantes prétentions de l'U.R.
S.S. l'égard des Etats baltes ne ren
contrent pas sur les rivages de la Bal
tique la faveur escomptée par certains
Occidentaux, qu'il faille croire le danger
réduit. La question reste entière comme
nous allons le voir, les principaux anta
gonistes étant maintenant occupés
consolider leurs positions, ajuster leurs
prises et peser leurs chances, tandis que
les neutres s'efforcent de se tenir l'é
cart.
LA FAUTE D'UN TRAITE.
Dans le supplément illustré de cette
semaine nos lecteurs trouveront un long
article sur le Musée de Guerre du Sail
lant d'Ypres, ainsi qu'un extrait de l'Y-
priana de Alphonse Vandepeereboom
sur l'aile en reconstruction des Halles
d'Ypres. Enfin en page 4 nous don
nons un compte rendu, d'après un quo
tidien bruxellois de l'importante mani
festation des Croix de Feu de West-
Flandre leurs frères d'armes de Na-
mur.
Quand on considère la carte de l'Eu
rope orientale que le traité de paix fit
des ruines de l'empire austro-hongrois
et de morceaux du désastre russe, les
anomalies politiques qui ont engendré
le déséquilibre et le trouble sautent aux
yeux Vienne, métropole sans royaume,
tête sans corps. Etat mort-né la Tché
coslovaquie, têtard invertébré et dispa
rate le littoral russe de la Baltique dé
taché de la masse moscovite et réparti
entre quatre petits Etats incapables de
maintenir par leurs seules forces cette
politique de refoulement d'une grande
puissance la Prusse, principal Etat de
l'Allemagne impériale, coupée en deux
par une bande de territoire polonais en
foncée comme un coin dans ses chairs,
de part en part, jusqu'aux rivages de la
Baltique la Pologne rattachée la mer
par ce couloir ténu, enserré de terres al
lemandes qui veulent se rejoindre.
Ces frontières fixées la Prusse et
la Pologne sur la Baltique en parti
culier portent en elles non la paix, mais
une dispute majeure et sans issue. Les
territoires des deux puissances se cou
pent angle droit et écrivent la guerre
sur les cartes militaires.
(Voir suite en page 8)
ne veulent pas que les dictateurs triom
phent. La carte ultime d'Hitler et de
Mussolini, c'est le parti d'un Léon Blum
en France, d'une de Brouckère ou d'un
Brunfaut en Belgique. L'avenir nous di
ra si la France et la Belgique permet
tront que les dictateurs jouent la carte
des hommes de gauche.
C. R.
ESPAGNE.
Le 2 juin, Bruxelles, M. Aunos.
ambassadeur d'Espagne, après avoir re
mis ses lettres de créance entre les mains
du Roi, a reçu la visite de M. Pierlot,
premier ministre et ministre des affaires
étrangères, accompagné de MM. Van
Langenhove, secrétaire général, et Le-
ghait, chef de cabinet.
Il faut féliciter et remercier vivement
M. Pierlot de ce geste de haute et élé
gante courtoisie, qui répare les miséra
bles fautes qui ont été commises en Bel
gique contre l'Espagne Nationale.
MAGISTRATS DECORES.
Nous avons donné la semaine der
nière la liste des magistrats de notre
province qui avaient été promus dans
les ordres nationaux. Pour l'arrondisse
ment d'Ypres, il y avait de nombreux
juges de paix. Or notre confrère De
Blauwe Vaan annonce que deux juqes
de paix sont décorés MM. Van El-
slande et Van Hille, et omet les autres
magistrats. Il adresse ses félicitations
ces deux juges. Pour quelle raison notre
honorable confrère se livre-t-il cette
subtile discrimination
POUR LE BILINGUISME.
Au cours d un discours très remar
qué prononcé Namur par le Docteur
De Win ter. Président des Croix de Feu
de Westflandre, celui-ci a remarqué
l'absence des inscriptions bilingues
Namur et a critiqué l'unilinguisme offi
ciel aux applaudissements enthousiastes
des anciens combattants flamands et
wallons. Il a critiqué justement une lé
gislation qui empêche les Belges de se
comprendre et de s'entendre. L'accueil
chaleureux réservé ces paroles témoi
gne de la volonté d'entente et de con
corde des citoyens belges, malgré les di
visions artificielles entretenues par les
politiciens.