I De Rome Moscou. Oblut. Instantanés. La Belgique et l'échiquier de la Baltique ABONNEMENT, I AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. 5e ANNEE No 25. ''ebdomadaire OU cent, le numéro. Heur qu une nation soit, i] faut qu'une aovoame nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. Hilaice Belloc, cet écrivain qui con naît admirablement la politique anglai se, et qui parvient se faire une opinion personnelle au milieu du conformisme britannique, donne, dans sa chronique hebdomadaire de la Revue Catholique des Idées et des Faits un très intéres sant parallèle entre l'absurde hostilité de Londres l'égard de Rome, et son flirt dangereux avec Moscou. On a dit avec raison que nous de vrions élever un monument Hitler pour avoir refait l'unité d'opinion en France et pour, avoir amené nos politi ciens anglais voir, moitié tout au moins, les choses telles qu'elles sont. Il se peut que ce dernier essai de la part du Fiihrer l'alliance militaire avec l'Italie méritera mieux encore de no tre civilisation occidentale et il est pro bable que les Italiens savent cela aussi bien que nous... Il n'est guère possible d'éviter ici tou te mention de ce qui nous conduisit notre malheureuse situation actuelle. Rappeler ces vérités n'est peut-être pas -d'utilité immédiate, mais les oublier se rait se tromper singulièrement sur cette situation. Nous nous sommes fait une ennemie de l'Italie, l'origine de toute notre ci vilisation et dont tout homme qui tient cette civilisation considère la culture avec sympathie. Nous avons poussé cette Italie dans les bras de Berlin notre rivale et notre ennemie, de Berlin qui clame ouvertement son désir de détruire nos richesses et ce qui reste de notre puissance. Aucun effort ne fut tenté, pour satisfaire les revendications raison nables des Italiens, pas même leur droit évident une participation dans la di-> rection du canal de Suez, devenu vital pour leur nouvel empire. L'Angleterre s'est prise d'amitié tendre pour les pires politiciens français, y compris l'absur dité cosmopolite qui se vanta un jour en public qu'il étranglerait l'Italie Ce sont les propres paroles de Blum, et ce Blum fut reçu en Angleterre avec des honneurs presque royaux. Nous avons fait tout cela et bien autre chose. Et cela ne peut être réparé que très lente ment et avec l'aide du temps (si nous avons la chance d'en disposer) et des circonstances. Peut-être aussi avec l'ai de de cette bêtise allemande congénita le qui nous favorise toujours malgré nous. Nous étant mis dans un pareil em barras, est-il vraiment nécessaire de nous enfoncer encore davantage en nous appuyant sur la faiblesse de Moscou, très sujette caution de Moscou l'en nemi déclaré de notre civilisation En- deux maux il faut chaisir le moindre. Et on prétend qu'entre la bruyante et im médiate menace allemande créée par VAngleterre elle-même l'aide de cré dits bancaires maintenant perdus et par vingt ans de soutien actif accordé aux Allemands contre Paris et Varsovie et le mal d'une alliance avec l'athéisme actif et international de Moscou, il n'y a pas hésiter. D'abord ce n'est pas un dilemne. Ce oui plus est, Moscou n'est pas le moin dre mal. Moscou est incapable d'accor der une aide efficace, et ce dont Mos cou est capable en matière de meurtres et de destructions, nous le vîmes en Es pagne. Si nous commettions cette der nière erreur, elle couronnerait tout le reste et notre désastre serait complet. Hilaire Belloc. LE SUD n'a jamais été tendre pour l'OBLUT, cet office belgo-luxembour- geois de tourisme, auquel se consacrait avec un dévouement patriotique le Co lonel Pulinckx, en recevant en échan ge, comme le soulignait la Libre Belgi que. un beau traitement et de nombreux avantages en nature. Ce n'était pas du patriotisme bon marché. D ailleurs, au cours du proçès, nous avons pu nous rendre compte de ce qu'on ne s ennuyait pas au cours des missions lointaines, et notamment aux Etats-Unis, quand le Colonel envoyait son sous-ordre une carte ouverte, qu'il signait Christophe Colomb, et sur laquelle il vantait le charme des girls américaines. Pendant ce temps, c était en vain que l'on s'adressait 1 Oblut pour obtenir une collaboration en faveur des Amis d'Ypres... Et, nous l'avons déjà signalé, au lieu de payer les voyages bien inutiles ses délégués, l'Oblut eut mieux fait d'oc cuper chaque année un stand fastueux la Foire Commerciale de Lille et d y faire une propagande efficace en faveur du tourisme frontalier. Nous abandon nons volontiers deux trois bateaux d'américains, pour une clientèle de plu sieurs millions d'habitants et qui est susceptible de venir chaque dimanche chez nous. Mais les questions posées l'audien ce nous ont valu des réponses fort pi quantes. Ainsi celle de cet hôtelier de Blankenberghe, qui nous révéla que cer tain Ministre de la Justice fit un sé jour au littoral, sans payer sa note Ou bien l'hôtelier raconte des blagues et nuit gravement au prestige de la cor poration des ministres, et doit être pour suivi. Ou bien l'hôtelier dit la vérité, et nous voudrions beaucoup connaître le nom de ce ministre. D'autre part nous avons également appris au cours de ce procès, qui mé riterait l'honneur d'une petite brochure, que l'argent donné par les hôteliers et les administrations pour favoriser le tourisme était utilisé des fins très va- par Louis HABRAN. Ceux de nos compatriotes qui ont eu ou qui auront pris le temps de lire at tentivement le discours que M. Pierlot, premier ministre et ministre des affaires étranqères, a prononcé la Chambre des Représentants, le 8 juin, sur la po litique extérieure de la Belgique, ont été heureusement frappés de la netteté catégorique des déclarations du chef du gouvernement. Abandonnant les pré cautions oratoires d'esprit et de ton démocratiques, mettant même nos com patriotes en garde contre le danger d'être entraînés outre mesure dans le conflit des idéologies et ne laissant que quelques lignes au rappel sentimen tal de la guerre de 1914, vieille d'un quart de siècle déjà, M. Pierlot, mani festement animé de la volonté de don ner l'expression de la thèse officielle belge un relief de médaille qui frappe autant l'esprit de l'étranger que celui des Belges, a prononcé des paroles qui font honneur sa lucidité et son cou rage. 1. La Belgique, a-t-il affirmé, est un pays résolument pacifique. 2. Dans cet esprit, elle est décidée ne prendre les armes que contre une aoression la menaçant dans ses intérêts vitaux. La seule éventualité de guerre nue nous voulions accepter est donc cel le de la défense nationale, par quoi il faut entendre la défense des frontière- de la Belgique et de sa colonie. Toutes nos frontières, sans exception ni réserve, où qu'elles soient attaquées, mais rien que nos frontières. 3. Nous repoussons l'avance l'idée de déchaîner sur notre pays les horreurs de la guerre pour le service d'une cause oui ne soit pas exclusive ment belge. Nous renonçons nous en- (Voir suite page 8. riées. Ainsi un crédit de trente mille francs fut alloué Charles Plisnier pour l'aider obtenir le Prix Goncourt. Cette révélation mérite de retenir l'attention de tous les lettrés. Comment Plisnier a-t-il utilisé cette somme Il y a là un coin du voile qui vaut d'être soulevé. Nous savions oue Plisnier devait ob tenir le Prix Goncourt un an plus tôt, et que le fait d'être Belge avait retardé cet événement littéraire. Mais en quoi les trente mille francs de la propagande touristique de l'Oblut peuvent-ils inter venir dans ce débat Notre curiosité est piquée au vif et nous attendons les explications que cet excellent écrivain, sera amené, tôt ou tard, fournir. Et pendant ce temps la Belgique souf fre d'une crise du tourisme. En dehors des délits incontestables, les chefs, les dirigeants restent benoitement en place, et il n'y a place dans l'organisation du tourisme belge que pour les amis de nos amis, condition qu'ils aient beaucoup d'amis. Le supplément illustré sur l'Exposi tion du Progrès Social Lille est arrivé avec un peu de retard. Nos lecteurs ne le regretteront pas, car ils auront d'au tant plus de plaisir rendre visite cette belle exposition, dont les pavil lons sont aménagés avec un goût et une élégance dignes du renom de la France. Nous remercions cordialement pour leur collaboration les services du Pavillon de Belgique et le service de presse de l'Exposition, ainsi que notre aimable confrère l'Echo du Nord, qui nous a offert ses beaux clichés. LES PRINCES A EECLOO Le 16 juillet, au cours d'une fête organisée par la Fédération des An ciens combattants d'Eecloo, la Princesse Joséphine-Charlotte et le Prince Bau douin remettront des drapeaux aux cou leurs nationales aux écoles officielles et libres du canton. Réfléchissez au caractère patriotique de cette cérémonie On ne peut que féliciter chaleureusement les organisa teurs de la fête d'Eecloo, et demander avec instance que cet exemple soit sui vi dans tous les cantons de Belgique. Le patriotisme en discours n'est pas mau vais. mais le patriotisme en action est infiniment supérieur. Nous faisons un chaleureux appel aux anciens combat tants de notre province pourqu'ils met tent, au plus tôt, l'étude les moyens d'imiter l'admirable exemple donné par leurs frères d'armes d'Eecloo. ASSISTANCE PUBLIQUE Notre très cher ami le Docteur ïmia- nitoff vient de payer de six ans de prison son excès de culot Mais ceux qui l'ont protégé, qui ont permis cet individu d'agir, qui l'ont couvert au point qu'il a fallu aux journalistes qui l'ont attaqué une bonne dose de cou rage, tous ces protecteurs d'Imianitoff ne sont guère inquiétés, et témoignent ainsi de l'irresponsabilité des dirigeants. Le verdict prononcé contre Imianitoff n'arrête pas le beau zèle des étatiseurs de la médecine. La question de l'assis tance publique est nouveau l'ordre du jour. Une commission d'études est constituée dans laquelle il n'y a ni mé decins praticiens, ni délégués de la Fé dération médicale. Ces médecins prati ciens pourraient commettre le crime de s'intéresser plus au sort des malades, qu'au prestige des mégalomanes qui souhaitent créer des hôpitaux formida bles... et des sinécures rémunératrices. Quoiqu'il en soit nous demandons, une nouvelle fois, aux présidents de nos commissions d'assistance publique d'ou vrir l'œil, et d'.être vigilants, s'ils ne veulent pas que les grandes villes met tent la main sur tous leurs biens sous prétexte de normaliser Nous ne ca chons nas que nous estimons leur res ponsabilité totalement engagée, car ils sont avertis depuis 3 ans du danger, et nous attendons depuis trois ans les tex tes qui traduisent leurs appréhensions ou leurs protestations.

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Le Sud (1934-1939) | 1939 | | pagina 1