Les
nouveautés
scientifiques
l'exposition
de Lille.
Les halls et le Gay Village
"LE SUD dimanche 18 juin 1939 2
L'administration des P.T.T. a instal
lé provisoirement l'Exposition du Pro
grès Social, le poste émetteur de télé
vision destiné Lille. Les appareils de
cette station émettrice placés dans le
Grand Palais Louis Pasteur, que sur
monte un pilier d'antenne de 45 mètres,
fonctionnent durant toute l'Exposition,
sous les yeux du public qui assiste
la prise de vues dans un studio ultra-
moderne et très ingénieusement agencé.
Des récepteurs de télévision installés
au premier étage du pavillon du Nord
Roubaix, permettent aux visiteurs
d'assister la projection de scènes fil
mées dans l'une ou l'autre enceinte de
l'Exposition.
La Télévision est évidemment la
grande attraction de l'Exposition de Lil
le, mais il y a dans cette section des
télécommunications bien d'autres nou
veautés sensationnelles.
Dans le grand vestibule d'honneur du
Palais Pasteur, les visiteurs trouvent
droite, le plus magnifique studio de ra
diodiffusion qui ait été présenté au pu
blic. Deux cents musiciens et chanteurs
peuvent trouver place sur le vaste pla
teau gradins encadré de part et d'au
tre par les cabines vitrées du speaker
et de l'opérateur.
Trois cents auditeurs peuvent suivre,
dans des fauteuils confortables, les pro
grammes attrayants de ce véritable théâ
tre dont la scène est décorée d'effets
lumineux inédits, en raison de l'utili
sation de la Lumière Noire Les dé
cors fluorescents de ce studio dépassent
d'infiniment loin tout ce qu'on a pu pré
senter jusqu'à ce jour, même l'Opéra
de Paris.
C'est dans ce studio également qu'ont
lieu chaque jour des concerts de musi
ques des ondes, données par cet extra
ordinaire instrument qu'est l'orgue ra
dio-électrique Martenot. Ces auditions
sont assurées par un quatuor d'orgues
réalisant lui seul un orchestre complet
aux timbres inconnus, aux effets mysté
rieux de perspective sonore. La lumière
noire intervient aussi pour corser cette
présentation somptueuse et en faire la
plus irréelle évocation de la musique.
A côté de l'auditorium se trouve la
galerie des exposants de T.S.F. dans
laquelle on a rassemblé de nombreuses
attractions électriques un véritable cen-
La gare routière moderne l'Exposition, d'où partent chaque jour des services réguliers d'autobus
reliant rapidement les deux enceintes de l Expositon Lille et Roubaix.
tral automatique téléphonique en fonc
tionnement, un radio-compas permettant
le pilotage des avions sans visibi
lité, attirent l'un et l'autre la foule des
curieux. Le central sonore qui assure la
distribution musicale dans toute l'Expo
sition, recueille le même succès, ainsi que
les démonstrations curieuses des appli
cations de la cellule photo-électrique, la
bélinographie, etc... -
Enfin on voit une nouveauté scienti
fique d'un formidable avenir, c'est un
moteur fonctionnant par la lumière du
jour. On comprend sans autre explica
tion l'intérêt que soulève une telle in
vention. Le soleil, dans quelques années,
ne sera-t-il pas la source inépuisable et
gratuite d'énergie qui fera tourner les
machines des hommes
C'est derrière ce hall que se trouve la
partie de l'Exposition exclusivement
consacrée la télévision la cabine du
télécinéma le théâtre de prise de vues
directe avec son artillerie de projecteurs
grande puissance et enfin les organes
du grand émetteur qui, pour la première
fois dans le Nord, lance dans l'éther ses
ondes porteuses d'images.
A Lille, le Pavillon du
Grand-Duché de Luxembourg.
(Photo Echo du Nord).
L'exposition de Lille offre aux visi
teurs, outre les nouveautés scientifiques
de superbes halls et le Gay village
Les Halls nous présentent les réalisa
tions sociales et municipales du Nord
et de l'Est, ensemble très complet et du
plus vif intérêt. Ces Halls sont situés
derrière le Grand Palais, où nous
voyons représentées toutes les activités
du Nord et de l'Est grosse industrie,
industries du luxe, les arts, le salon de
peintures, une rétrospective de la musi
que, du théâtre et de la danse, les scien
ces, les lettres, la mode, etc.
Dans le Palais Louis Pasteur une par
tie importante est réservée aux partici
pations officielles, mais temporaires des
nations étrangères. Pour le moment une
participation allemande magnifique oc
cupe les salles du Palais.
Mais après avoir parcouru tous les
stands des halls et des palais, les visi
teurs s'arrêteront avec plaisir au Gay
Village, ou au centre rural. Le but pour
suivi est avant tout d'ordre pratique. Il
s'agit de donner aux constructions un
aspect harmonieux, joli, clair, moderne,
en rendre l'aménagement intérieur
commode, confortable, parfaitement hy
giénique, mais en même temps les ar
chitectes sont restés dans les limites
d'un budget accessible une petite com
mune.
Ainsi la ferme de ce centre rural n'est
pas une grande ferme, mais elle est
complète avec ses dépendances, son bas
sin, son silo, sa fumière, son corps d'ha
bitation, ses animaux bien logés. La mai
rie est un modèle du genre le bureau
de poste ne peut provoquer qu'un climat
de courtoisie chez les fonctionnaires le
milk-bar est fort bien agencé et témoi
gne de ce qu'une thèse que nous avons
souvent défendue serait fort Béalisable
trouver une occupation dix mille foyers
de classes moyennes en Belgique en fa
vorisant le snobisme des milk-bar. Et
que dire de cette gare routière, merveille
du genre, et gare de l'avenir dans les
régions rurales, le chemin de fer devant
fatalement céder la place, pour les li
gnes vicinales l'autobus. Cette gare
est spacieuse, conçue de la façon la plus
ingénieuse, et devrait inspirer nos ar
chitectes belges.
Enfin il y a l'église Notre-Dame des
Arts, un bijou d'art moderne. N'est-ce
pas une pensée délicate d'avoir dédié
Notre-Dame des Arts le sanctuaire de
l'expositon du Progrès Social. Idée com
mentée d'une manière parfaite par l'ex
quis lettré qu'est le Chanoine Detrez
L'art n'est point un superflu, il oc
cupe, dans l'échelle des valeurs, une pla
ce d'élite mais il ne reste pas le privi
lège d'une classe il est la portée dfc
tous. Ses oeuvres, en nous transmettant
l'expérience et les impressions de quel
ques grands visionnaires, sont capables
de nous donner chacun, des leçons
de noblesse, d'équilibre, d'enthousiasme,
de générosité, de désintéressement, de
spiritualité.
C'est quoi veut tendre, par son ar
chitecture. par ses fresques et ses vi
traux, par son autel, comme aussi par sa
rétrospective d'art religieux, le Sanc
tuaire Notre-Dame des Arts, où battra
durant cinq mois le coeur de l'Exposi
tion. C'est quoi veut tendre encore
dans le centre du Grand Palais, l'inven
taire aux mille formes qui rêve d'englo
ber toutes les activités intellectuelles sur
le terrain des Lettres, des Sciences, mais
présenter aussi tous les aspects de l'ef
fort, sans trêve ni limite, fourni par nos
artistes peintres, sculpteurs, architec
tes. graveurs, numismates, philatélistes,
gens de théâtre et musiciens.
C'eût été vraiment, comme on l'a dit
avec raison pour l'Exposition Arts et
techniques» de 1937, c'eût été mettre
sur un piédestral une statue sans tête
que de concevoir et de réaliser, sans y
tailler une place aux beaux-arts, une
Exposition du Progrès Social.
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