Réforme administrative. Après la purge Droit de
Le sens de la mer.
passage
Se ANNEE No 28.
DIMANCHE 9 JUILLET 1939.
BONNEMENT. 1 AN 20 FRANCS.
D'rection-Administration Ch. van RENYNGHE,
10, rue Saint-Georges, BRUGES. Compte-chèque postaux 1003.43.
99
Hebdomadaire su cent, le numéro.
Pour qu'une nation soit, il faut qu'une
solidarité nationale existe et qu'elle se
cristallise dans la volonté du pouvoir.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Pour faire avaler au contribuable bel
ge la pulule des nouveaux impôts, le
ministre Gutt a fait remarquer que la
part incompressible des dépenses de
de l'Etat représente presque la totalité
du budget et que la réforme de struc
ture, tant souhaitée, pourrait seule ame
ner un soulagement de la fiscalité.
D'autre part M. Camu. dont tous
chantent, juste titre, les qualités et
là valeur intellectuelle, s'est attelé au
au problème de la réforme administra
tive. Il apporte des solutions et celles-
ci sont approuvées.
Approuvées mais pas appliquées Il
suffit d'extraire quelques réflexions du
rapport de M. Camu, et de se deman
der ensuite de qui l'on se moque, pour
admettre qu'une réforme réelle ne sera
possible que si le gouvernement est as
sez fort pour se faire respecter.
M. Camu écrit
Une disposition capitale du Statut a
été négligée c'est celle qui interdit les
recommandations. Malgré les déclara
tions formelles du Gouvernement, cê
régime s'est maintenu. Non seulement
les Ministres conservent dans leurs dos
siers des recommandations en faveur
d'agents de l'Etat, mais encore certains
de leurs collaborateurs ont comme mis
sion exclusive de s'en préoccuper et d'y
donner suite. Pendant la dernière se
maine du mois de mai, un département
a reçu, lui seul. 750 recommandations
en faveur de ses agents.
Et plus loin
Introduire des règles nouvelles dans
la vie quotidienne de l'administration,
déplacer des effectifs, rationaliser les
méthodes de travail, résorber des excé
dents de personnel, sont autant d'entre
prises qui se heurtent des résistances
tenaces partout où elles rencontrent des
situations acquises ou menacées. Dès
qu'une propositon de réorganisation est
connue, cette résistance se manifeste
elle entraîne le retard ou l'absence de
décision de l'autorité compétente.
Quand une décision est prise, l'autorité
est tenue en échec par on ne sait quelle
force d'inertie.
M. Camu cite deux exemples. La cen
tralisation de tous les services et bu
reaux s'occupant des statistiques a été
décidée par un arrêté royal du 27 oc
tobre 1934. Il y avait là une possibilité
de réduction du personnel portant sur
120 agents. Mais le ministre du Travail
a créé en 1936 un Service de Mécano
graphie et de statistique son départe
ment et, quelques semaines plus tard,
le ministre des Finances a nommé, ti
tre définitif, 60 commis aux écritures au
Service de statistique de son départe
ment.
En décembre 1938, M. Camu propo
se un nouveau projet d'arrêté royal plus
catégorique mais celui-ci, approuvé
par le Conseil des Ministres, a suscité
une vive opposition de la part de l'ad
ministration et a été tenu en suspens.
Le second exemple a trait la réor
ganisation du ministère des Affaires
économiques. Les décisions prises sont
demeurées sans exécution.
Autre exemple typique. Le Gouverne
ment avait décidé de limiter momentané
ment le recrutement en vue de résorber
l'excédent des effectifs. Le rapport pu
blie des chiffres d'où il résulte que l'on
a recruté, pendant l'année, 1.596 agents
nouveaux et temporaires et 317 agents
pour remplacements, soit au total 1.913
Ces propositions, remarque avec
amertume M. Camu, sont en singulière
contradiction avec les propositions de
réorganisation administrative. En effet,
mes propositons prévoyaient une réduc
tion totale du personnel d'environ 1.500
agents. Pareille contradiction ne deman
de aucun commentaire.
La Belgique, petit pays, a une mis
sion impériale remplir, tout comme la
Hollande, ou comme le Portugal. Or,
qui dit mission impériale, sous-entend la
nécessité d'avoir une politique maritime.
Sans une opinion publique au courant
des choses de la mer, et s'y intéressant,
il est impossible notre gouvernement
de poursuivre pareille politique, en liai
son étroite avec la défense de notre em
pire colonial, comme le fait parfaitement
remarquer notre excellent collaborateur
Louis Habran.
Il ne faut manquer aucune occasion
de créer ce sens de la mer, et, fort heu
reusement, la province maritime, la
Westflandre, possède un gouverneur
qui s'intéresse personnellement et di
rectement aux questions qui s y ratta-
- chent.
Aussi l'an dernier, quand nous écri
vions un article pour protester1 contre
l'absence de bateaux en mer, lors de la
bénédiction du premier dimanche de
juillet Ostende, notre protestation
trouva-t-elle immédiatement un écho
chez M. Baels. Et nous avons appris
cette année, avec plaisir que le Prince
Baudouin assistait cette cérémonie.
Ce qui donna celle-ci un éclat tout
particulier, et attira devant la digue une
bonne partie de la flotille ostendaise.
Nous souhaitons que cette belle ma
nifestation rehaussée de la présence dû
prince héritier de Belgique, ne soit que
le début d'un vaste mouvement destiné
donner le plus d'ampleur possible
la fête de la bénédiction de la mer. Il
faudrait que de nombreuses sociétés,
encouragées par le Chemin de fer, or
ganisent cette occasion des excursions
Il ne s'agit que de la purge infligée
par le gouvernement allemand aux mu
sées du Reich. Les œuvres dites déca
dentes furent mises en vente Lucerne,
et grâce la collaboration de généreux
mécènes la Belgique a pu s'enrichir de
quelques toiles remarquables.
Le grand tableau de Picasso repré
sentant La famille Soler œuvre
peinte Barcelone en 1903 et qui appar
tenait au Musée de Cologne, fut ache
té par les Liégeois pour 33.000 francs
suisses (220.000 francs belges). Une
gouache de Picasso représentant deux
arlequins atteignit un prix plus sensa
tionnel encore 80.000 francs suisses,
soit plus d'un demi-million de nos
francs, qui furent payés par un collec
tionneur bruxellois.
Le Musée de Liège s'assura égale
ment la possession d'une œuvre impor
tante de Gauguin, A Tahiti (Musée
de Francfort), pour le prix de 50.000
francs suisses, soit environ 330.000
francs belges. Parmi les autres achats
des Liégeois, nous signalerons La
Maison bleue de Chagall 3,300
francs suisses, une Jeune femme de
Marie Laurentin 3.100 francs suisses,
un Cavalier au bord de la mer du
peintre impressionniste allemand Max
Liebermann 3.200 francs suisses, les
Masques entourant la Mort de Ja
mes Ensor 65.000 francs belges.
Le Musée de Bruxelles acheta
1' Hypnotiseur du peintre autrichien
Kokoschka pour 3.100 francs suisses,
tandis que le Musée d'Anvers se vit
attribuer le Portrait de Georg Bran-
dès de Lovis Corinth pour 4.800
francs suisses, les Hommes assis au
tour d'une table de Cari Hofer pour
4.100 francs suisses, ainsi que le Por
trait de l'écrivain socialiste Mehring
par George Grosz.
Les prix attestent que le marché de
l'art moderniste n'est nullement influen
cé par les événements politiques et que
les mesures prises en Allemagne contre
l'art dit dégénéré n'ont pas affecté la
cote des œuvres dont la valeur artisti
que est solidement établie.
Ostende. Les villégiateurs ne ver
raient pas d'inconvénient sacrifier ce
dimanche l'invasion des masses Os
tende. Le pays comprendrait ainsi l'im
portance pour la Belgique d'avoir une
politique maritime, d'autant plus que
l'Administration de la Marine pourrait
aider la presse préparer par des arti
cles documentés cette journée. Tout est
faire, et quelle besogne utile, mais qui
sort évidemment quelque peu du cadre
administratif
LE CAS DU CONGO BELGE.
(Suite)
Par Louis HABRAN.
Les voies de communications ne font
pas que véhiculer les voyageurs et les
marchandises, elles introduisent des in
fluences. Le phénomène est surtout sen
sible aux colonies. Dans ces pays neufs
où les étendues et l'absence de trans
ports engendraient l'isolement, les
moyens de pénétration modernes sup
priment les distances et rapprochent et
groupent les régions dans un mouve
ment de gravitation autour des voies
ferrées et des voies fluviales.
Chaque étape de la progression du rail
du Cap au Caire vers le Zambèze fut
précédée ou suivie d'une emprise impé
riale, comme l'enlèvement au Portugal
des territoires qui firent la Rhodésie
(1889-1891), puis l'incorporation manu
militari des républiques boers dans l'em
pire britannique (1899-1900). La guerre
de 1914 en Afrique fut, au point de
vue belge, une tentative allemande de
souder dans notre colonie la section oc
cidentale et la section orientale du
transafricain de Duala Atlantique)
Dar es Salam Océan Indien).
Au point de vue général, ce fut
la phase militaire du duel que le Cap
au Caire et le Duala Dar es Salam,
qui se coupaient, se livraient pour sa
voir lequel baisserait pavillon des deux
axes impériaux qui se disputaient le
passage et l'autorité en Afrique équa-
toriale. Placé l'intersection des deux
routes rivales, le Congo Belge ne put
se maintenir en dehors du conflit, parce
que son armement était inférieur cette
politique d'indépendance et d'équilibre,
et que la Belgique, victime de la même
faiblesse militaire, était envahie.
La contestation éthiopienne de 1935-
1936 a reproduit, sur un plan géogra
phique différent, la même compétition.
Si, pour les sanctionnistes, le problème
consistait dans une atteinte portée par
l'Italie l'indépendance de l'Abyssinie
et l'ordre international, pour l'Angle
terre par contre il y avait simplement
intrusion d'une puissance européenne
dans une position-clé qui domine la route
continentale du Cap au Caire et la rou
te maritime de la Mer Rouge vers l'In
de, la Chine et l'Océanie. Il y avait par
surcroît que, déjà installé en Libye,
devant la rive occidentale du Nil, l'em
pire fasciste prenait pied dans le bas
sin oriental, particulièrement sur le Nil
Bleu, château d'eau de l'Egypte pendant
la moitié de l'année, et qu'un nouveau
transafricain axé du Nord-Ouest au
Sud-Est, de Tripoli (Méditerranée)
Mogadiscio (Océan Indien), s'organi
sait pour enserrer et peut-être un jour
briser le Cap au Caire hauteur du
Soudan. La Belgique aurait-elle pu se
(Voir suite page 8)