entre le Continent et l'Angleterre
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BILAtfBERT
LE SUD, dimanche 9 juillet 1939 8
DROIT DE PASSAGE
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LE CAS DU CONGO BELGE.
par Louis HABRAN.
(Suite de la Ire page)
tenir l'écart du conflit armé si l'Italie
qe l'avait évité par la réussite fou
droyante de sa campagne Nous en
doutons quand nous considérons quelle
était la fureur jusqu'au-boutiste de
nos sanctionnistes et l'excellence des
positions que l'Angleterre occupait pour
pousser travers notre colonie la pointe
de la coercition militaire contre le corps
expéditionnaire italien.
Aujourd'hui, ces mêmes positions
stratégiques de l'Afrique intertropicale
sont toujours entre les mains de l'em
pire britannique, dont la situation sur le
Nil par contre se complique de la si
tuation en Méditerranée, caractérisée
par les nombreuses positions italiennes,
l'appui que l'Allemagne peut leur appor
ter par les routes centrales de l'axe Ber
lin-Rome, et la victoire de l'Esoagne
Nationale, qui sait que l'Italie et l'Alle
magne furent ses boucliers, et dont le
territoire, vaste vaisseau de liqne ancré
entre l'Atlantique et la Méditerranée,
vaut toutes les escadres et écrase du
poids de sa masse rocheuse, comme elle
écrasera, quand elle le voudra, du feu de
son artil'erie et de son aviation, le goulot
naval de Gibraltar dont les deux rives
d'ailleurs, pour la plus grande part, lui
appartiennent.
C'est la lumière de ces données
stratégiques, et avec des vues aussi pro
fondes et générales que possible sur
l'avenir que les Belges doivent aujour
d'hui méditer les textes anglais que
nous mettons sous leurs yeux et que
nous tirons des pages 78 85 de notre
livre de 1925 De Problème Politique
et Militaire du Congo Belge
A la page 119 de son ouvrage:
Through Angola. A Coming Colony,
(chez Williams Blanckwood Sons,
Edinburgh London, 1922), un spé-
cialiste anglais des questions africai-
nés, le colonel J.C.B. Statham, écrit
que le Benguela Railwav constituera
l'embranchement le plus important du
chemin de fer du Cap au Caire au
point de vue stratégique (strategically)
parce qu'il raccourcira le trajet non
seulement pour les besoins en cuivre
en temps de guerre, mais constituera
une nouvelle route vers l'Inde et l'E-
gypte dans le cas où la Méditerranée
serait fermée la Grande-Bretagne.
Chemin de fer stratégique... politi-
que du cuivre... Voilà les mots que
l'on retrouve toujours dans la bouche
et sous la plume des Anglais qui trai-
tent du Benguela Railway et du Ka-
tanga
Lisez plutôt encore
Le chemin de fer de Benguela est
apparu, la lumière de la grande guer-
re, comme ayant une importance stra-
tégique de premier ordre. Ce fait était
sans doute connu des Allemands dès
le début, et fait comprendre ainsi leurs
efforts désespérés pour ravir aux An-
glais et aux Portugais le contrôle de
ce rail. Mais ça, c'est une autre his-
toire. Cependant vous pouvez voir
vous-mêmes sur la carte que la route
de Benguela, reliée au Cap et au Cai-
re, constitue une bonne porte de der-
rière pour le Soudan et l'Egypte.
ce nui serait extrêmement utile en cas
de blocus de la Méditerranée. Le che-
min de Fer de Benguela et celui du
Car» au Caire appartiendront, dans
leur entièreté. aux Britanniques et aux
pays amis, l'un, notre ancien allié le
Portugal, l'autre, notre récente et vail-
lante alliée, la Belgique.
Les changements politiques qui se
font actuellement en Egypte, pour-
raient avoir comme résultat la ferme-
ture du canal de Suez et de notre route
de mer vers l'Egupte. Qui serait alors
le plus près pour empêcher ceci La
réponse est évidemment Nos plus
nouveaux et plus louaux suiets britan-
ninues e+ boers. nui iraient directement
via >e Cap an Caire par l'Etat du Con-
go IConoo Stateami.
Nos propres troupes et leurs ravi-
taillements pourraient débarquer Lo-
bito et voyager par le Benguela Rail-
wau, arrière-porte de l'Equote. Notre
ancien allié nous marquerait sans au-
cun doute les mêmes sentiments ami-
eaux que jadis et nous donnerait toute
assistance en son pouvoir, exactement
comme il l'a fait au cours de la guerre
des Boers et pendant la grande guer-
re.
Ce texte est tiré d'une brochure édi-
tée Londres chez Macmillan and Co,
Limited The Cape to Cairo Rail-
way. Address by Mr Robert Wil-
liams to the African Society, 21sf
April. 1921.» (P. 16 et 17).
Ces paroles que M. Robert Wil
liams. manager de la Tanganyika
Concessions Ltd. a cru pouvoir pro-
noncer Londres, le 21 avril 1921,
devant l'auditoire de l'African Socie-
ty, où l'on remarquait notamment M.
le Baron Moncheur, ambassadeur de
Belgique Londres, M. Lippens, gou-
verneur général du Congo Belge, et
M. Texeira-Gomès, ministre de Por-
tugal, disent merveille les buts poli-
tiques poursuivis en Afrique, sous le
couvert d'entreprises industrielles et
financières, par la Tanganyika et
par M. Williams. La Tanganyika,
l'Union Minière du Haut-Katanga et
le Benguela Railway sont les trois
principaux résultats de l'action de M.
Robert Williams en Rhodésie, au
Congo Belge et en Angola. Nous ne
disons pas que son influence soit égale
dans les trois affaires, mais sa pensée
et sa volonté sont la genèse des trois.
Et l'espoir de' M. Williams est que le
Congo Belge et l'Angola ne s'oppo-
seraient pas, éventuellement, au pas-
sage des troupes de l'empire britan-
nique travers leurs territoires. Si
nous comprenons bien, l'argumenta-
tion de M. Robert Williams, membre
du conseil d'administration de la Com-
pagnie du chemin de fer du Katanga,
revient ceci au cas où la route de
la Méditerranée, du Nil et de Suez
serait interdite l'Angleterre, que cet
événement soit le fait du nationalisme
égyptien ou de frictions avec une des
puissances riveraines de la Méditer-
ranée, le chemin de fer du Cap et
celui de Benguela permettraient aux
forces de l'empire de venir, travers
les possessions portugaises et belges,
rétablir la suprématie anglaise au Sou-
dan et en Egypte, sur le tronçon sep-
tentrional du Cap au Caire et sur le
défilé de la Mer Rouge. On reverrait
tout simplement ce qui s'est vu pen-
dant la guerre des Boers, lorsque les
forces anglaises ont débarqué Beira
et ont traversé le Mozambique pour
aller prendre le Transvaal revers.
Nous nous abstiendrons d'apprécier
plus longuement, nous bornant noter
que ce que M. Williams désirerait
voir s'accomplir un jour en Belgique
d'Afrique au profit de l'Angleterre,
c'est ce que les Allemands ont fait
brutalement leur profit en Belgique
d'Europe en 1914...
Car M. Williams ne peut évidem-
ment plus exciper de l'alliance qui a
uni la Belgique l'Angleterre pen-
dant la grande guerre. Cette alliance
avait un but précis et bien délimité
abattre la puissance militaire de l'Al-
lemagne qui avait envahi la Belgique.
Un point, c'est tout. De là obtenir
que nous livrions un jour passage en
Afrique aux forces britanniques en
route pour aller rétablir la situation
de l'empire sur le Nil et sur le canal
de Suez, il y a de la marge. Il fau-
drait pour cela que nos intérêts po-
litiques et militaires se trouvent alors
encore étroitement, entièrement con-
fondus avec ceux de l'Angleterre. Et
comme M. Williams se place devant
la double éventualité du blocus de la
mer Méditerranée et d'un soulèvement
de l'Egypte, il suppose donc que la
Belgique devra nécessairement être
l'ennemie de la nationalité égyptienne
ou de la puissance avec laquelle les
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Anglais pourraient un jour ce qu'à
Dieu ne plaise se trouver en dif-
ficulté vers Malte, l'Espagne, la
France, l'Italie par exemple. Est-il be-
soin de dire que nous ne sommes les
vasseaux de personne et que nous sa-
vons mieux que quiconque l'étranger
ce que nous commandent notre sou-
veraineté, notre loyauté et nos inté-
rêts
Le manager de la Tanganyika
n en reprenait pas moins sa thèse en
1922, dans une conférence la Cen-
tral Asian Society de Londres, le 5
avril, conférence qu'une personnalité
coloniale belge appréciait en ces ter-
mes Avez-vous lu dans l'African
World du 8 avril l'extraordinaire con-
férence de R. Williams? Tracé du
Cap du Caire... Benguela Railway...
Fédération des colonies d'Afrique
sous un seul drapeau... Doctrine de
Monroë C'est l'internationalisation
africaine sous l'hégémonie anglaise...*
Nous ne polémiquerons pas. La con
troverse n'est pas la manière habituelle
de notre exposé, toujours préoccupé de
courtoisie internationale. Nous voulons
uniquement éclairer nos compatriotes et
pouvons tirer trois enseignements
1. Le droit de passage tout au
moins en ce qui concerne l'Afrique, de
vait servir des intérêts anglais et est
d'invention anglaise. C'est un fruit de
l'école impériale de Cecil Rhodes, dont
M. Robert Williams fut le principal
disciple.
2. Le dominion de l'Union Sud-
Africaine, qui fut un des plus farouches
adversaires de l'entreprise italienne
d'Ethiopie, qui s'accroche impérialement
son mandat de l'ancien Sud-Ouest
Africain allemand et qui met son veto
ce que l'Angleterre prête l'oreille aux
sollicitations de l'Allemagne touchant
l'ancien Est Africain allemand, ce jeu
ne mais vorace et exigeant dominion
qui a épousé la politique du Cap au Cai
re, ferait parler de lui le long de la re
doutable dorsale africaine, si l'Angle
terre était un jour engagée dans une
lutte sans merci en Méditerranée et
dans l'Afrique du Nord.
3. Le Portugal est lié l'Angle
terre par une très vieille alliance. La
Belgique n'a d'alliance, ni, offensive ni
défensive, avec personne. Les attitudes
des deux petits pays en Afrique ne se
raient donc pas nécessairement pareilles
dans le cas où l'Angleterre livrerait cette
bataille.
Telles sont la gravité et la comple
xité de la politique du Cap au Caire.
Et le Congo Belge, au cœur de l'Afri
que, est cheval sur le fameux axe
iippérial.
Et il est, en Belgique, des déséquili
brés qui se passionnent pour les af
faires de Chine, dont le Roi Albert a
voulu précisément nous écarter, nous
l'avons vu, pour concentrer la pensée
et l'action du pays sur ses vrais intérêts
nationaux.
Louis Habran.
Imor. M. Du. -cz-Truwai.t. \Verv»c<
I
