(ESTER
SOI-MEME
LOTHARINGIE
LA VIE ECONOMIQUE
BILLET
PARLEMENTAIRE
Administration Rédaction 163, Chaussée de Ghistelles, St ANDRE-lez-BRUGES
igblicité 10, Rue St Georges, Bruges.
Abonnement 30,Fr. l'an. C. C. P. 367.225
Le numéro 60 centimes. Téléph. 3 1 5.24
|e neutralité
iAMEDI
9 SEPTEMBRE 1939
HEBDOMADAIRE
92me ANNEE No 35
Les événements qui' font se défier, vingt
Ins après Versailles, les antagonistes de
|]914 en un duel, qui ne cédera en rien
i horreurs et en cruauté celui de la «der
rière guerre laissent espérer que notre
Lys demeurera en dehors du conflit san-
liant. Ne craignons pas d'affirmer que cela
Lpend avant tout de nous. Comme le pro
clamait le Roi La position d'un pays
neutre est difficile. Il est nécessairement
[objet de propagandes, de sollicitations en
|ens divers. Mais il doit rester lui-
même, les yeux fixés sur ses destinées,
1 ne se laisser détourner de ses buts
propres par aucune considération
Difficulté d'autant plus grande pour les
oliticiens et polémistes belges, qu'ils doi-
|rent non seulement rester soi-même
mais, pour la plupart, apprendre deve
nir soi-même La position que nous avons
prise, personnellement dans nos chroniques
politique internationale nous offrent un
undicap avantageux. Nous n'avons cessé de
pfendre le seul point de vue qui doive nous
intéresser le poinr de vue belge.
Lorsque ce grand précurseur de la politi-
P>e d'indépendance, le Vicomte Charles
Terlinden, en définit au Congrès de la Fé
dération des Cercles Mons, il y a dix ans,
les premiers principes, nous fûmes presque
pl y applaudir.
Et quand notre dynastie avec clairvoyan-
et soucieuse des intérêts constants du
pys, parvint dégager pratiquement la li-
|"e de conduite de cette politique, c'est avec
whousiasme que nous y avons découvert
Ine nouvelle preuve du sens profondément
ptional de nos Rois.
La politique étrangère de la Belgique est
ptre des mains fermes et sûres. Cette politi-
l°e n'a pas besoin des conseils ou des avis
r5 polémistes et des politiciens. Confor-
pns-nous, scrupuleusement, ce mot d'or-
lIf du Roi
En ces moments graves, où une pa-
un acte, un écrit inconsidéré
nuire aux intérêts du Pays, je de-
onde chacun de s'imposer, dans
e*pression de ses sentiments, la rî-
U|,euse discipline qu'exige une stric-
Le qui nous oblige déplorer hautement,
Ul dès la première réunion du Parlement,
Politiciens médiocres se soient départis
cette attitude. Nous avons entendu les ré-
tl0ns du public, nous avons vu sa fureur
c°nstater.que la tâche du Roi, si difficile,
sapee par des propos partisans et né-
istes J
ae certains hommes politiques, voir
le*e Ministre d'Etat.
esfons nous-mêmes Soyons bel-
S/ rien que belges. Mettons nos
Apathies sous le boisseau. Et tirons
épreuve que nous traversons le
ne"ce moral de nous exercer pen-
en fonction de notre pays, et non
s°Tellite d'un quelconque voisin.
C. v. R.
Fu
Flamands wallons ne
sont que des prénoms. Belges
est notre nom de famille.
i C'est Bouillon, sur la basse Semois,
que je suis né, et c'est Villers-sur-Semois,
dans le canton d'Etalle, que j'ai passé mon
enfance et mes vacances d'étudiant. En ces
mois d'août et de septembre, qui sont mes
mois de prédilection la campagne, j'y
retourne chaque année, mon petit village
de Villers, sous le toit de la maison de fa
mille où les générations se succèdent im-
mémorialement, enracinées comme le lier
re la muraille, comme le chêne dans la
forêt, près de l'école où mon esprit s'est
ouvert l'idée de patrie, près de l'église
romane et du vieux presbytère où j'appris
le catéchisme et le latin, près du cimetière
où gisent les terriens de notre lignée. J'y
suis retourné quand, dernièrement, le des
tin de l'Europe se jouait Moscou et que
la guerre se dressait sur la frontière et je
vais encore y repartir quand tonnera le
canon tout proche des lignes Maginot et
Siegfried. Car je l'aime intensément, ma
Lorraine belge, et elle me rend bien mon
amour. Vous nous venez quand les autres
partent (Il y eut de regrettables dispari
tions de certains notables). C'est bien,
ça s'écria joyeusement mon cousin, le
bourgmestre du village, quand je poussai
la porte familière. Vous nous avez si
bien dit en septembre de l'année dernière
qu'il n'y aurait pas de guerre. Que pensez-
vous maintenant me demandait une
femme qui revenait des champs. Que
vous entendrez le bruit de la guerre et que
vous verrez même sa face sur 1 horizon,
mais qu'elle n'entrera pas ici si vous com
prenez le destin de la Belgique et la leçon
de votre Roi
Si nous ouvrons la carte oro-hydrogra
phique coloriée de Belgique, dressée par
MM. A. Ghellinck, M.-A. Lefèvre et P.-L
Michotte et imprimée par l'Institut Carto
graphique Militaire, nous aurons nos re
gards attirés par la tache sombre de 1 Ar-
denne qui, par delà les plateaux du Con-
droz et de Herve et la dépression de la Fa-
menne, étend et élève la masse de ses hauts
plateaux régnant entre 400 et 700 mètres,
restes austères d'une des plus vieilles chaî
nes de montagne de l'Europe que les mil
lénaires ont rabotée et aplatie et dont les
flancs gardent les derniers lambeaux de
la forêt légendaire où Pétrarque passa en
juin 1333, au milieu des bois inhabités
et sauvages où des hommes armés ne mar
cheraient pas sans péril dans le silen
ce et l'horreur solitaire de l'ombre
Au sud de cette cuirasse rocheuse et boi
sée, le sol descend rapidement de 400 mè
tres 300 dans les cantons d'Arlon, d'Etal
le et de Florenville, arrosés par la haute
Semois de 300 mètres 200 dans les can
tons de Messancy et de Virton, où la Mes-
sancy, la Vire et le Ton courent vers la
Chiers. Vous lirez sur la carte Côtes
lorraines Lotharingisch Cuestaland
Vous êtes en Lorraine belge, où la marne
succède au schiste, le froment, les pâtura
ges naturels et les arbres fruitiers au sei
gle, l'avoine, la pomme de terre, aux
herbages artificiels de l'Ardenne, et où les
gens parlent, Arlon et Messancy le dia
lecte bas-allemand de Luxembourg et de
Thionville, Etalle, Florenville et Virton
le dialecte de la Lorraine romane de Loi>-
guyon, de Briey, de Metz, de Verdun, de
Nancy. Les 45.000 habitants des cantons
par Louis HABRA.N.
d'Etalle, Florenville et Virton ne sont ni
des Ardennais ni des Wallons, ce sont des
Gaumais, habitants de la Gaume, morceau
belge de la Lorraine physique et linguisti
que. Avant l'auto et le chemin de fer, l'Ar
denne nous barrait en quelque sorte la rou
te de la Belgique et c'était vers Luxem
bourg, Nancy et Reims que nos gens se
portaient naturellement.
La Lorraine belge, d'Arlon Floren
ville, d'Etalle Virton, c'est le pays où
le flocon de neige s'appelle la mouche
d'Ardenne les terres de par delà la
Meuse les Pays-Bas, et le vent du sud-
est le vent messin vent qui souffle
de Metz, parler typiquement lorrain.
Si toujours nous fûmes politiquement
Luxembourg, nous restâmes de la Moselle
jusque 1823 par notre histoire religieuse.
Trêves jusque 1802, Metz de 1802 1823
furent les capitales religieusse de la Lor
raine belge, au sud de la forêt d'Ardenne.
L'archidiocèse de Trêves, avec ses archidia-
conés et ses doyennés, était calqué sur les
antiques limites de la province romaine et
c'est ainsi que, remontant par l'Eglise jus
qu'au temps des Gésars, nous ouvrons aux
Belges, en Lorraine belge, la porte du con
tinent et leur apportons l'appel de l'his
toire.
C'est du belvédère de l'église Saint-Do-
nat juchée sur la montagne d'Arlon que le
grand livre de la nature, déployé sous nos
yeux, terres, bois et rivières, gens et lan
gages, enseigne aux Belges le sens de la
Lotharingie, Belgique agrandie et régéné
rée. Gravissons donc ensemble, Flamands
et Wallons, Allemands et Lorrains, le
grand escalier qui, entre les stations du che
min de la croix, conduit au sommet du ro
buste mamelon (465 mètres) que couvre
le chef-lieu du Luxembourg belge, et re
gardons le paysage où les Chasseurs Ar
dennais, renforcés, montent ardemment la
l garde sur deux frontières.
A nos pieds, le canton d'Arlon, damier
de collines harmonieuses, de prairies ver
doyantes, de champs jaunis, jalonnés des
lignes d'arbres et des traits bruns des gran
des routes, et piquetés des taches sombres
des boqueteaux. Puis, la périphérie, s'é
tale un des plus vastes horizons de Belgi
que, portant sur notre province et sur
tout le grand-duché de Luxembourg, sur
la Prusse rhénane et sur la France. Les
tables d'orientation disposées par les soins
du Touring Club de Belgique nous disent
qu'au nord-est nous voyons l'Eifel au delà
de l'Our l'est les hauteurs allemandes
de la Sarre, par delà la Moselle luxem
bourgeoise au sud. par dessus Differ-
dange et Esch-sur-Alzette, les côtes fran
çaises de la Moselle, vers Thionville
l'ouest et au nord, toute l'Ardenne belge,
vers la Meuse, la Wallonie. L'Entre-Meuse-
et-Moselle
(A suivre).
Louis Habran.
Le Roi a insisté sur la nécessité de
continuer la vie économique du pays,
de nous installer dans la crise inter
nationale.
La Patrie renseignera ses lec
teurs sur toutes les possibilités de cet
te vie économique adaptée aux cir
constances et, sans cesse, reprendra
le mot d'ordre qui doit être celui de
tous les patriotes Confiance et
travail
Le parlement s'est réuni mardi dernier
pour écouter la lecture de la déclaration
gouvernementale et voter plusieurs projets
de loi destinés faire face aux événements
créés par le terrible cataclysme, qui s'est
déchaîné sur l'Europe.
Qu'importent dans les circonstances pré
sentes les incidents d'une séance qu'un
chroniqueur du temps de paix aurait rap
portés et commentés, en y ajoutant la note
humoristique et humaine mêlée presque
toujours la passion politique.
Certes le président de la Chambre fut
éloquent, le premier ministre froid, mais
ferme, le communiste Relecom effarant de
duplicité, le socialiste Fischer filandreux et
banal, Max, chef du groupe libéral, mor
dant et dangereux, le nationaliste flamand
Romsé, dialecticien convaincu de la neu
tralité, Carton de Wia/rt, prudent et se
cantonnant dans des affirmations assez va
gues.
Mais tout cela était balayé aujourd'hui
par l'ouragan qui depuis quelques jours
souffle en tempête sur l'Europe et secoue
furieusement les passions qui s'agitent dans
le cœur des hommes.
Le spectre qui s'était dressé dans l'hémi
cycle, et dont la vision horrifiait l'esprit
de chaque député, était la guerre mettant
aux prises les deux grandes démocraties oc
cidentales et le troisième Reich. Que de
formidables points d'interrogation ne sus
cite pas le conflit redoutable A quels
dangers ne sont pas exposés les petits pays?
Vers quel monde nouveau le destin nous
conduit-il De quoi notre avenir sera-t-il
fait
L'homme d'Etat devant ces problèmes,
que se pose chacun de nous, sent qu'il est
ballotté sur les vagues de l'inconnu, qu'il
ne peut tout au plus que balbutier des pa
roles de volonté et de courage et que son
travail tenace et journalier ne peut l'empê
cher de jeter un cri de détresse et de con
fiance vers Dieu.
Mais le grand drame qui s'est déroulé
dans l'assemblée, c'est le conflit mettant
aux prises la raison liée la neutralité of
ficielle adoptée par le gouvernement et la
passion allumant dans beaucoup de cœurs
les torches de la haine vis-à-vis de l'agres
seur et les flambeaux de l'enthousiasme
pour la Pologne et ses alliés.
Ce ne furent que quelques cris. que
quelques phrases Mais certains mo
ments un frémissement fébrile parcourut
l'assemblée et sous les yeux du représentant
allemand et des ambassadeurs de France et
d'Angleterre, l'âme du pays se révéla dans
l'enceinte du parlement.
D'un côté le gouvernement et tous les
parlementaires qui ont compris que la neu
tralité correspond aux intérêts vitaux du
pays, que si elle est difficile appliquer,
il n'en faut pas moins poursuivre l'exécu
tion, que si elle n'empêche ni un jugement
personnel sur la responsabilité des événe
ments, ni les sympathies et les inimitiés
vis-à-vis des acteurs du grand drame, elle
impose cependant la prudence dans l'ex
pression publique des convictions et des
sentiments. Se rencontraient sur ce terrain
tous les flamands, quelque soit le parti au
quel ils appartenaient et tous les hommes
faisant partie du gouvernement.
De l'autre côté chez beaucoup de wal
lons, inscrits dans les rangs des partis libé
raux et socialistes, un amour furieux pour
la France et la Pologne, la rage de crier
leur attachement aux alliés qui nous ont
soutenu en 1914 la haine de la dictature
hitlérienne et la souffrance de ne pas pou
voir sur les ailes de l'enthousiasme et du
délire acclamer les soldats de la liberté et