if MORAL ni I SOLDAT LOTHARINGIE Billet de Bruxelles Administration Rédaction 163, Chaussée de Ghistelfes, St ÀNDRE-lez-BRUGES Publicité 10, Rue St Georges, Bruges. Abonnement 30,Fr. l'an. C. C. P. 367.225 Le numéro 60 centimes. Téléph. 3 1 5.24 JAMEDI 16 SEPTEMBRE 1939 HEBDOMADAIRE 92me ANNEE No 36 La situation internationale et la position jrise par la Belgique exigent d'évidents acrifices. Il est certain que celui qui pa- •ait le plus lourd supporter est le sa- rrifice demandé aux hommes des classes Comme les journées doivent paraître longues ceux qui sont habitués travail ler. dont tout le temps est occupé, et qui Maintenant sont voués une inactivité for cée et n'ont que trop le loisir de songer la paralvsie. ou peut-être l'effondre ment de leur affaire, gagne-pain de leur tiver. Hélas ce mal est sans remède. Entre Jeux maux il faut choisir le moindre, et le moindre n'est-ce pas cc cantonnement dans un village hospitalier, n'est-ce pas ce gement dans une ville dont la population est sympathique Oui les journées sont longues, mais nos soldats rappelés préfè- ïeraient-ils les passer dans des tranchées, sous la mitraille Nous devons bien nous dire que la Bel gique a pris un ensemble de mesures, qui doivent être considérées comme un mini mum de couverture militaire. Notre posi tion géographique, dont nous ne connais- ons que trop le danger, pourrait justifier un dispositif de protection beaucoup plus considérable. L'autorité militaire avec un mus de la mesure que nous devons admi rer, a veillé ce que le rappel des classes paralyse le moins possible la vie économi que du pays. Malgré cela il y a des cas lamentables, des cas tragiques. 11 faut s'incliner C'est h dure loi de la vie. Surtout que l'on ne lasse pas usage de l'argument démagogi que de l'injustice. Pour ceux qui limitent leur idéal la possession des richesses de ee monde, aux jouissances immédiates, les injustices fatales, inéluctables et normales "Mit naître la révolte. La révolte ne con sole pas elle ne fait qu'ajouter aux en nuis matériels l'cffrondrement moral. La Belgique traverse une dure épreuve. politique royale a fait que cette épreuve "aille pas jusqu'au sacrifice des vies hu- "laines. Au lieu de grogner, de rouspè- er de voir tout sous les aspects les plus ■ombres, réjouissons-nous de connaître la c"ance d'être épargnés par la tourmente. I Que tous les appels lancés au public par 5 œ"vres qui s'occupent des soldats re jouent 1 accueil le plus chaleureux. Que rVteS ,,'es arUorités civiles aident l'auto- e militaire maintenir un moral élevé a"s la troupe, et veillent avant tout ne intervenir intempestivement pour li- j"les soldats rappelés, dans l'espoir 'ocre d un bénéfice électoral. Pareil- attitude serait une trahison, et l'autorité "aire se devrait de dénoncer au public "oins des mandataires, qui font ainsi c°mmerçe d'influences. C' j c est "ans le calme, avec une résignation r)as!a'"t*USe et intelligente, que nous devons i)er ei cette période dangereuse et deman- a\e aif SCU' ^a'tre des choses de ce monde, .'erveur et confiance, qu'il protège la ?"lue et son Roi. C. v. R. L'histoire religieuse trop peu connue et trop peu considérée du vaste pano rama géographique et linguistique qui se déploie autour de la montagne d'Arlon, cite les noms significatifs des sept évêchés qui se partagèrent la juridiction du Lu xembourg historique, centre géographique d'une vaste part de l'Europe occidentale dont il devrait être aussi le centre de gra vitation politique. Comté de 963 L354, duché de 1|354 1815, grand-duché en 1815, province belge mutilée et grand- duché séparé en 1839, le Luxembourg a connu une extension territoriale variable avec les époques. Au moment de sa plus grande étendue, du. 14e au 17e siècle, ses régions relevèrent, par parties, de six, puis de sept évêchés l'archevêché de Trêves, auquel se rattachait la majeure partie du duché l'évêché de Metz l'évêché de Verdun l'archevêché de Reims l'arche vêché de Cologne l'évêché de Liège et, sous Philippe II, quand furent créés 17 évêchés dans les Pays-Bas, l'évêché de Na- mur. Les sillons des rivières qui sortent de la montagne d'Arlon ou qui coulent dans ses parages, ne sont pas moins expressifs. Ils disent que nous regardons de la ligne de faite maîtresse qui sépare le bassin de la Meuse du bassin du Rhin. Par le versant oriental, la Sûre, l'Attert et l'Eisch des cendent vers la Moselle vers l'ouest vont la Meuse la Messancy, la Vire, le Ton, affluents de la Chiers, la Semois et la Rulles. Ruisseaux et rivières belges du bas sin de la rive gauche de la Moselle, ruis seaux et rivières belges du bassin de la rive droite de la Meuse sont ici voisins et rappellent l'histoire commune des ter res qu'ils arrosent. A ma Semois natale, mon affectueux, mon indéfectible attachement. A son beau peuple de 60.000 ruraux, forestiers et montagnards solides, réfléchis, volontai res, éduqués et instruits, ma fraternelle étreinte. Ils vivront des heures émouvantes un pas de deux colosses militaires qui vont s'étreindre mort et cracher le feu et la foudre. Mais j'ai confiance dans la fer meté d'âme, dans l'endurance de cette pe tite famille agreste qui a donné la Belgi que Godefroid Kurth, fondateur de notre école historique, Fernand Neuray, journa liste racé, Louis Braffort, bâtonnier de l'or dre des avocats du barreau de Bruxelles, Jules Poncelet, président de la Chambre des Représentants, Hubert Pierlot. premier ministre, et Léon Degrelle, l'enfant terri ble qui, trente ans, jeta un jour 24 dé putés rexistes dans la mare aux grenouilles parlementaires. J'ai confiance dans ma pe tite Lorraine,, j'ai confiance dans notre Ar- denne, j'ai confiance dans toute notre ri ve droite de la Meuse. Elles rempliront tout leur devoir, elles accompliront tout leur destin belge en ces heures historiques. Puissent les Wallons de Liège et du Hai- naut, puissent même certains Bruxellois suivre ce parfait et entraînant modèle. Si maintenant nous nous retournons vers l'est, tout le grand-duché de Luxem bourg remplit notre regard. La frontière que voilà nos pieds, c'est la blessure de 1839 au flanc de la Belgique. La partie cédée ainsi toujours ma grand'mère maternelle, fille d'un haut fonctionnaire du cadastre du grand-duché de 1815 (géo mètre de première classe, il dressa le ca- Suite et fin dastre des quartiers de la Moselle et de l'Our comme de la Semois et de 1 Ourthe partie cédée ainsi toujours ma grand mère appelait le grand-duché actuel de Luxembourg. Partie cédée Entre Luxem bourgeois belges, pour désigner ce terri toire perdu, nous ne dirons jamais le Luxembourg, mais le grand-duché Le Luxembourg, c'est notre province. A Bruxelles, nous ne sommes par com pris. Quand nous disons Luxembourg un agent des services publics, un pos tier par exemple, il entend toujours non pas notre province, mais le grand-duché, et cela dérange notre façon de voir et de parler, qui est dans la pure tradition his torique belge. Si nous regardons encore plus loin que le grand-duché actuel, les lignes bleues et vaporeuses des hauteurs de la Sarre et de l'Eifel nous parlent de la Moselle et du Rhin. L'appel des espaces géographiques prend une mâle ampleur. En 1839, nous avons perdu notre troi sième fleuve, la Moselle, la petite Meu se et ses affluents, l'Our, la Sûre, 1 Al- zette nous avons perdu une population thioise assimilée qui avait concouru la révolution de 1830. Il nous est resté l'é troit Entre-Escaut-et-Meuse, mais notre lar ge et montagneux Entre-Meuse-et-Moselle a été rétréci. Nous avons ainsi perdu le sens du con tinent européen, qui est le sens de la (Lo tharingie. Nous sommes devenus un peuple simplement côtier, replié sur ses petites ses géographiques et ethniques et les que relles potinières qu'elles engendrent dans les horizons fermés et surpeuplés où elles fermentent et s'exaspèrent contre le pays, au lieu d'exploser vers le large des résur rections politiques. Mais il faudrait d'a bord se comprendre mutuellement, com prendre le destin belge et avoir appris l'histoire de Belgique dans d'autres ma nuels que des manuels étrangers. Toute la génération qui est actuellement aux affai res, même le corps enseignant, a eu l'esprit pourri par ces manuels. Cette faute de l'Etat dans l'enseignement de l'histoire et le façonnement de l'esprit public fut gra ve. Chaque groupe linguistique doit exac tement et de bonne foi mesurer l'impor tance numérique, géographique, économi que et culturelle et, partant, l'influence na turelle, le rang normal des autres groupes dans l'économie collective. C'est là l'élé ment primordial, fondamental, du sens na tional cohésif et constructif. Ceux des Belges qui, dans une étroite passion, croient que la diversité de parlers est une faiblesse, ne comprennent pas la variété et la richesse de ressources qui. au contraire, se dégagent de ces dons bigarrés, épandus dans l'espace géographique, par mi les plaines, plateaux, montagnes et fleu ves des profondeurs du continent. Nos Ar- dennais, nos Lorrains, nos Bas-Allemands du sud-est forment un inonde uni où tous ont un air de parenté. Et ils entretiennent des relations de parfaite cordialité avec les Français de la petite France com me ils désignent les cantons français limi trophes, aussi bien qu'avec les Thiois vo lontairement bilingues du grand-duché. C'est même un spectable réconfortant et un sujet de profitable méditation que le contraste entre cette scène d'union et de compréhension et les tiraillements qui ten- VERS LA CENSURE ET ENSUITE VERS L'ETATISATION DE LA PRESSE Le monde de la presse bruxelloise n'a au cune illusion en ce qui concerne la cam pagne sournoise dirigée contre la liberté de la presse. C'est pourquoi le nouveau mi nistère dont M. NVauters est le titulaire, n'est qu'un moyen de bâillonner plus tard les journaux et pour introduire dans un laps de temps plus ou moins rapproché l'étatisation d'icelle. Le reste suivra sans doute, c'est-à-dire la radio, le cinéma, le théâtre, etc. Un nouveau Forain pourra alors dire Doux pays Il va de soi que toutes nos libertés constitutionnelles ne seront plus qu'un chiffon de papier. Ce fut sous le ministère Poullet-Vander- velde que le frère du ministre actuel, M. Jo seph Wauters publia dans Le Peuple un ar ticle dirigé contre la liberté de la presse, parce que des journaux et non des moindres, s'étaient permis de critiquer l'influence pré pondérante des socialistes au sein du cabi net. M. Arthur Wauters jure sans doute ses grands dieux qu'il n'instaurera pas la cen sure en pleine paix belge, mais il ne peut prévoir que madame Anasthasie ne soit in stallée après lui, dans son hôtel ministériel par un copain, en attendant l'étatisation, dont le cadre sera prêt grâce la compli cité de journalistes-fonctionnaires. Rappelons qu'il fut aussi question de mettre le grappin sur la presse en 1935. C'est pourquoi on décida d'élire comme pré sident de l'Association de la Presse Belge M. Hoste, qui était indépendant par sa fortune et sa position en dehors du parlement. Nous ne dévoilons pas un secret en ajoutant que (Voir suite en 2me page) dent séparer les gens de la Meuse des gens de 1 Escaut. Les Bruxellois ont entendre quelques vérités. Il ne suffit pas de respirer l'air de la capitale pour comprendre la fonc tion, la mission, le devoir d'une capitale dans un pays riche de complexités fécon des comme la Belgique. Je dirai même, vi vant Bruxelles depuis 1908, que la ma jorité des Bruxellois n'y voit goutte et que c'est leur malhabileté et leur parti pris qui enveniment les aspirations légitimes de la province. Bruxelles ne s'entend pas être le trait d'union sincère et impartial entre les Flamands, les Wallons et les Alle mands de la Belgique historique, entre l'Escaut, la Meuse et la Moselle. Bruxelles est beaucoup trop une province de la po litique d'un pays voisin. Bruxelles ne sait pas conduire la Belgique. Il faudra que cela change. Tout ce que la petite Lorraine belge, mi-thioise, mi-rouge, tout ce que le Lu xembourg historique, lui aussi thiois ici, là wallon, apportent la Flandre et la com munauté belge, nous venons de l'esquisser. Des Flamands comme M. Joris van Seve- ren l'ont perçu. C'est leur honneur. Il faut, d'un commun effort confiant, réveiller la conscience nationale et l'aiguiller vers l'étude de l'histoire, l'ajustement de la na tionalité, la préparation de temps nou veaux. C'est quand certains craignent et dou tent qu'il faut croire, vouloir et oser. Louis HABRAN.

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