POLITIQUE
BELGE
Billet Parlementaire
UN JEU
DANGEREUX
Administration Rédaction 163, Chaussée de Ghisteiles, St AN DRE-lez-BRUGES
Publicité 10, Rue St Georges, Bruges.
Abonnement 30,Fr. l'an. C. C. P. 367.225
Le numéro 60 centimes. Téléph. 3 1 5.24
HEBDOMADAIRE
92me ANNEE No 45
lue atmosphère d'alarme sur le pays, tel
a été le résultat chez nous de la visite du
Roi La Haye les 6 et 7 novembre, et de
la tentative de bons offices qui s'ensuivit.
Au lieu de raffermir l'opinion, de lui in
spirer l'assurance et la fierté, ce geste in
dépendant et humanitaire l'a troublée. Les
appréciations de la presse française, si lue
et si écoutée en Belgique, ne furent pas
étrangères ce phénomène peu honorable
pour notre population. Ainsi la propagan
de des belligérants peut-elle s'insinuer en
Belgique, ainsi la discordance entre l'inspi
ration passionnelle de 1 opinion et l'inspi
ration raisonnée et raisonnable de l'Etat
est-elle fâcheusement entretenue.
Avec une indépendance dent il faut fé
liciter la Hollande, M. van Kleffens, mi
nistre des affaires étrangères La Haye,
fit la leçon, dès le 9 novembre, la
presse française, et la presse hollandaise
soutint énergiquement le porte parole offi
ciel du pays.
Nous devons aussi en Belgique remplir
le même devoir.
La noble et courageuse démarche que
I-L. MM. la reine de Hollande et le roi
ffs Belges ont faite près des belligérants
en faveur de la paix ne méritait certes pas
laccueil surprenant qu'elle a trouvé dans
le; salles de rédaction de la presse pari
sienne les deux chefs d'Etat auraient
"Béi aux instances du Fiihrer du Reich qui
aurait exigé leur concours son offensive
de paix et aurait souligné le caractère ina
mical qu un refus aurait ses yeux
"'ilà ce que M. de Kériliis a pu écrire
oa"' Epoque sous l'œil indifférent de la
Wisure. Et le Journal le Matin
4 Oeuvre le «Petit Parisien», le «Jour-
de Paris de donner la même note
I ancieuse, qui semble donc concertée.
Petit Journal pousse l'extravagan-
plus loin encore en posant cette ques-
ne s agit-il pas d'un pressant chan-
td7 destiné déclencher une offensive de
prolongerait et appuyerait celle
l'- M. Molotov et de la Ille Internationa-
Dans 1 Epoque encore, sur deux colon-
j"\ 'article intitulé Deux attitudes
'd Halifax, le roi des Belges la cen-
?7e laisse un certain M. Bernard Lavergne
iCh U" Pal'allMe désobligeant entre
p° "l de médiation des souverains des
•a> ,as et les déclarations que, le même
lord Halifax faisait Londres pour
jj\ a détermination de l'Angleterre de
er un monde nouveau en Europe par
pacifi°leS t'U' nC Para'ssent Pas devoir être
Ee collaborateur de l'Epoque proclame
L..en c°rnhattant. Anglais et Français
rja^nt P0Uï l'indépendance de la Belgi-
Icur Hollande autant que pour
si I j^°Pre Indépendance il rejoint ain-
'fwteur du Jour-Echo de Paris
ctt ''recon'se avec le colonel Requette,
sj ,^rua'n militaire belge d'une neutralité
ttl u- 'a constitution d'un vaste camp
LA 7cc'dental. englobant la Fran-
Ang] les Pays-Bas, appuyé sur
"j e'eirre' et bénéficiant des ressour-
lj ^0,me la maîtrise de la mer, bref
du |Pr °rmation du territoire belge et
'aille r"01re, hollandais en champ de ba-
curopéen. Puis, avec jactance, le dit
M. Lavergne conclut que la France et
1 Angleterre sont de trop grandes puissan
ces militaires pour avoir besoin que qui que
ce soit leur serve d intermédiaire vis-à-vis
de Berlin, et que, le moment venu de fixer
I Allemagne les conditions de paix, qui
seront dures, les vainqueurs n'auront be
soin de personne pour faire entendre leur
volonté au vaincu.
Nous laisserons le Français son em
portement guerrier et son oubli d'une
grande vérité qu'une fable du bonhomme
La Fontaine a illustrée On a souvent
besoin d un plus petit que soi, et nous
répondrons l'offense commise l'é
gard de notre Roi. S'il est un héros
-ars peur et sans reproche, c'est Sa
Majesté Léopold III, ce Prince souve
rainement marqué par la loyauté, la clair
voyance et le courage politique, qui te
nait encore ces fiers propos dans le mes
sage qu'il adressait l'Amérique le 26-27
octobre dernier
Nous voyons avec clarté nos devoirs
et nos droits. Nous attendons l'avenir
avec une fermeté sereine et une con-
science que rien ne peut troubler. Nous
sommes prêts faire respecter notre in-
dépendance de toutes nos forces.
11 y a aujourd'hui exactement vingt-
cinq ans que l'armée belge, sortant
d'une dure bataille, arrêtait, sous les or-
dres du Roi Albert, mon Père, la raar-
che d'une invasion cruelle.
Si nous étions attaqués et que Dieu
Nous préserve d'un tel sort au mé-
pris des engagements solennels et caté-
goriques qui nous ont été donnés en
1937 et renouvelés la veille de la
guerre, nous nous battrions sans hési-
tation, mais avec des moyens décuplés,
et cette fois encore, le pays entier se-
îait derrière l'armée
Et c'est quand le Roi des Belges remplit
si résolument ce qu'il considère comme
un devoir envers la civilisation européen
ne, que ses intentions seraient dénatu
rées d'une manière incroyable La Belgi
que n'est pas la nation faible que cer
tains croient et elle pourrait encore éton
ner le monde devant l'épreuve. Mais elle
a gardé sa raison froide et son libre ar
bitre et si elle est prête faire front
l'agression avec une résolution qui surpren
drait, elle ne sacrifiera pas sans raisons
impérieuses et réellement insurmontables
le trésor irremplaçable de la paix.
Le 27 octobre, M. Spaak, ministre des
affaires étrangères, approuvé par le Gou
vernement unanime, redisait, après le Roi,
le strict devoir de neutralité du peuple
belge et l'autorité de l'Etat en ce domaine
de salut public.
El le 29. devant le Roi, les présidents
de la Chambre et du Sénat, le Premier
Ministre, le chef de l'Etat-Major Général
et les présidents des hautes Cours de jus
tice, réunis Sainte-Gudule de Bruxelles
parmi un grand concours de notables. Son
Eininence le Cardinal Van Roey. archevê
que de Mali-nes, primat de Belgique, dé
clarait .1?»
Aucun devoir moral ne peut detei-
miner la Belgique déclarer la guerre.
Elle n'y est tenue par aucun pacte 111
accord international. Elle a toujours
pratiqué la loyauté l'égard de toutes
les puissances. Elle n'est pour rien dans
(Voir suite page 2)
Obéissant aux prescriptions constitution
nelles, la chambre a fait sa rentrée mardi
dernier.
S'il n'y avait eu que les trois discours
prononcés par Monsieur Van Cauwelaert
son allocution présidentielle, l'éloge funè
bre de M. Raemdonck et le panégyrique
du bourgmestre de Bruxelles, j'aurais écrit:
séance de haute tenue littéraire. Il a brossé
un portrait de Monsieur Max, qui a fait
revivre pendant quelques instants dans l'hé
micycle, la silhouette élégante et distinguée
de celui, qui pendant la grande guerre
a affirmé Vindestructible force du droit et
de la liberté et qui, côté du Roi Albert
et du cardinal Mercier, a joué un rôle de
premier plan dans l'épopée morale que
notre peuple a écrite.
Les amis d'Adolphe Max ne cachent pas
leur émotion. Pierard approuve de la tê
te et semble dire que c'est beau
Le premier ministre, conformément une
tradition parlementaire, associe le gouver
nement cet éloge funèbre et se tournant
vers l'avenir affirme que notre pays reste
digue de lui-même et de son passé, quau-
cune défaillance ne portera atteinte sa
grandeur morale et que rien n'est perdu
quand l'honneur est intact.
A ce moment les parlementaires grou
pés autour du gouvernement participent
vap leuç atlftifde^ipqr filence et leur con
viction la vie profonde de ta Belgique,
qui par l'organe d'une de ses plus hautes
autorités affirme sa foi dans l'avenir,
Mais pourquoi faut-il que cette séance
d'ouverture ait connu des incidents, dig
nes tout au plus d'un cirque de bas étage
et qui doivent l'étranger jeter le discré
dit sur la chambre des députes.
Vaudeville en trois actes.
Première scène le communiste Rele-
com propose avec grand sérieux la candi
dature de Lahaul pour la présidence de la
chambre. Lahaut, dont la voix de stentor
domine les cris socialistes reprochant la
trahison soviétique et le guet apens de Sta
line.
Deuxième acte le duel Crainmens-Hu-
bin. Grammens hurle, écume, agite les
bras, répète une dizaine de fois traî
tre... courez Paris... prenez place sur les
Si 1 on doit, et avec quel plaisir, recon
naître de nombreuses qualités au peuple
français, un défaut cependant lui cause les
pires ennuis son ignorance de la géogra
phie, dans le sens le plus large du terme.
Aucun effort n est tenté pour comprendre la
psychologie des natiéms voisines. C'est ce
qui explique les lourdes erreurs commises ces
temps-ci par la presse française, en ce qui
concerne la Belgique.
Quel est le but poursuivi par ces campa
gnes de fauses nouvelles, qui. par trois fois,
depuis le premier Septembre, se sont abattus
sur notre pays tant par la voie de la presse
que par les émissions d'« informations
radiophoniques. Les Français s'imaginent-
ils que nous ignorons la possibilité du dan
ger allemand Ce serait offrir leurs servi
ces de renseignements un singulier brevet
d'incapacité.
Alors pourquoi ces campagnes trop visi
blement orchestrées Qu'il nous soit permis
de signaler nos confrères français qu'en
agissant de la sorte ils jouent un jeu fort
dangereux, et qu'à chaque campagne de
bancs de la chambre française... cet indi
vidu voudrait tuer nos fils Hubin se lè
ve, et puis s'assied, et puis se lève et re
commence vingt fois une phrase qu'il ne
peut achever.
Troisième acte le brave doyen d'âge
Vouloir, au fauteuil de la présidence, entre
le larron communiste et le secrétaire na
tionaliste flamand, entouré de plusieurs
membres et du greffier, feuilletant le code
et consultant droite et puis g/luche, ne
sachant quel saint se vouer, jusqu'au mo
ment où le commandant de la garde mili
taire par lui mandé, expulse Grammens.
Ce sont là des jeux qui amusent la gale
rie, qui font d'une séance d'ouverture,
une heure tragique, une succession d'inter
mèdes bouffons.
Mais n'est ce pas le prologue d'un dra
me
Les nationalistes flamands se joignent
Grammens et quittent l'hémicycle. Vont-ils
demain parcourir nos campagnes et répan
dre leurs feuilles affirmant que le parle
ment belge a attenté la majesté du peuple
flamand Y
Et que signifie, lorsque le doyen d'âge
fait l'éloge de la politique de neutralité
et de son défenseur le Roi, au milieu des
applaudissements dt la droite et de la gau
che libérale, ce silence sur les bancs socia
listes Y Spaak, Soudan, Balthazar sont au
banc du gouvernement et applaudissent...
et l'extrême gauche se tait, s'obstine dans
son mutisme.
a-t-il ici des gens qui voudraient pré
cipiter ta catastrophe, qui se rebellent con
tre la politique du Roi et de son gouverne
ment -Y
Heure mauvaise, vent de folie qui per
mettent Hubin et Grammens de domi
ner pendant quelques instants l'assemblée.
Pauvre doyen d'âge, les honneurs n'ont
été pour lui aujourd'hui que soucis, en
nuis, manque d'autorité et lorsqu'il cède
le fauteuil au président Van Cauwelaert,
c'est avec un véritable soupir de soulage
ment en murmurant on ne m'y verra
plus
Et c'est ainsi qu'en Tan de grâce 1939,
au deuxième mardi de novembre, pendant
que la foudre gronde nos frontières, la
chambre belge a repris ses travaux.
presse la France perd une partie des sympa
thies que les Belges éprouvent pour elle.
C'est en ami que nous écrivons ces lignes,
mais en ami profondément peiné de voir se
commettre d aussi irrémédiables bévues.
Si la France souhaite voir se maintenir
chez nous de solides amitiés qu'elle mette
une sourdine aux lamentables écrits d'un
homme que nous admirions autrefois, mais
qui paraît avoir perdu tout bon sens Henri
de Kerillis qui s'obstine interprêter avec
une mauvaise foi odieuse la noble et loyale
politique de notre Roi.
Qu'elle réduise une fois pour toutes au
silence l'oracle patentée de «/'Œuwe», l'in
effable Geneviève Tabouis: et qu'après avoir
muselé ces hauts-parleurs, elle calme la gen-
te moutonnière des journalistes qui font
meute autour d'eux. Car. -et qu'il nous
soit permis d'insister les Belges en ont
assez de recevoir toutes sortes de conseils et
d'appréciations plus ou moins flatteuses de
la part de leur sœur aînée
Nous avons prouvé en 1914 que nous
n'avions de leçons recevoir de personne en
fait d'héroïsme. Actuellement les soldats
(poir suite, page 2