BILLET PARLEMENTAIRE Les condifions de la Paix BRUGES - COURTRAI MOUSCRON - YPRES VERS L'UKRAINE LE GEANT ROUGE f3we ANNEE No 2 HEBDOMADAIRE SAMEDI 13 JANVIER 1940 ADMINISTRATION - REDACTION 163, CHAUSSEE DE GHISTELLES, 163. SAINT-ANDRE - lez - BRUGES PUBLICITE 10, RUE St GEORGES, BRUGES ABONNEMENT 30,FRANCS L'AN LE NUMERO: 0,60 CENTIMES COMPTE CHEQUE POSTAUX 367.225 TELEPHONE 315.24 i Nous rivions il y a un an que l'Europe allait vivre des heures dangereuses sous le signe de l'Ukraine. Or, il y a un an, la Pologne n'avait pas er.ore changé son fu sil d'épaule, et res ait fidèle l'alliance allemande. L'histoire nous dira probable ment, (dans combien d'années que lors des accords de Munich, la France e l'An gleterre, ou plus exactement MM. Daladier et Chamberlain reconnurent l'Allemagne le droit d'étendre son influence vers l'Est, ce qui signifiait une collaboration germano- polonaise étroite. Cette collaboration, lors de la disparition de la Tchécoslovaquie, se traduisit par l'intervention de Ja Polo gne, qui s'empara d'une pe-ite partie de la dépouille. Comme l'écrivait Maurois: de ce temps-là la Pologne était encore avec l'Al lemagne. Des articles paraissent actuellement, no tamment ceux de de Brouckère dars Le Soir qui reconnaissent l'exactitude de la thèse que nous énoncions la Noël 1988. Mais les plans de MM. Chamberlain et Daladier, qui eussent effectivement ap porté la paix l'Occident, subirent l'as- sau des puissances qui manœuvrent Lon dres et Paris dans les coulisses. Et, nous ne saurons peut-être jamais quand, cause de qui, et par quelles in fluences, la Pologne retourna soudain sa politique extérieure, obéit un mot d'ordre Venu de Dieu sai. où. Le Colonel Beck fut obligé de renier la politique qui avait mer veilleusement réussie son pays, et pro nonça un discours qui lui apporta de nom breuses félicitations. Un point d histoire est acquis lorsque le Colonel Beck aper çu; ce paquet d'hommages, il re put répri mer un ges:e de dégoût et de rage, et jeta oes éloges dans un eoin de son bureau. Et 1 Ukraine revient l'ordre du jour. Un speaker de la radio française déclara cette semaine les ailes de notre front sont «n Finlande et en Turquie. Propos qui n'a nen de Marseillais, mais qui traduit une réalité terrible. Le centre d'un front n'es; jamais choisi par les stratèges pour gagner la bataille. Les positions se tournent par les ailes, et la guerre moderne, avec ses dimen sions fan astiques fait en réalité que le front d'Occident est le centre intangible de hataiLe, et qu'effectivemert les deux ailes sont bien la Baltique et la Mer Noi re. La position de la Mer Noire est essentiel- c. Et plus du coté du Caucase que du co'é de la Roumanie. Il s'agit de neutrali- le plus long.emps possible le bassin du anube, pour a taquer la puissance écono mique germano-soviétique dans le bassin Pc rolier de Géorgie, contourner la Mer °ire en soulevant l'Ukraine, et trouver a!nsi tre solution européenne du problème s ave, en recréant un état polono-ukrainien eng'obant ous les Russes blancs. Le qui explique une armée de deux mil- lons de frarco-britanniques en Orient. Ter- ra a de bataille judicieusement choisi si, préalable, l'ennemi ne prend pas les evants encore plus loin, en Ex rême- Urient. crPuL ta guerre n'est pas encore commen- vers quelles folies vont les peuples clVl'isés de 1 Europe C. v. R. AIDE A LA FINLANDE LE NOUVEAU MINISTERE. Le parlement se contente cette semaine du travail anonyme des commissions. Faut-il en profiter pour consacrer quel ques lignes au remaniement minis'ériel, qui sera déjà, lorsque paraîtront ces lignes, chose ancienne. Hubert Pierlot reste premier ministre. S'il réussit maintenir notre pays dans les eaux calmes, mais dangereuses de la neutralité, la postérité le saluera comme un des grands serviteurs de la Belgique, qui, une époque critique de son histoire, a pu sauvegarder la paix dans l'honneur et le souci constant de son indépendance. Camille Giult garde le portefeuille des finances. The right man on the right pla ce Personne ne conteste au parlement ses grandes qualités. Paul-Henri Spaak aux Affaires Etrangè res, c'est l'obédience socialiste assurée et sous l'œil vigilant du Premier Ministre, la continuation habile de la politique d'in dépendance inaugurée par le Roi. Gustave Sap, ministre de F Economie Na tionale porte la lourde responsabilité de forger la cohésion de toutes les forces com merciales et industrielles du pays qui doi vent, en dernière analyse, nourrir notre vie individuelle et celle de la communauté. Pour mener bonne fin cette tâche essen tielle il devra forcément bousculer des égo'ismes de classe, qu'ils appartiennent au monde de la haute finance, ou ceux de la masse ouvrière. Il ne manque pas d'éner- gi et de réalisme ce sera l'heure pour lui d'y faire appel. Le lieutenant-général Denis est le techni cien inamovible qui préside aux destinées de l'armée. Ses collègues du cabinet pas sent, et lui reste. (Voir suite, page 2 S. S. Pie XII dars son discours de Noël a précisé ce qu étaient d'après Lui, les con ditions essentielles 1 établissement d une paix stable. En voici la première. Un postulat fondamental d'une «paix JUSTE et HONORABLE est d'assurer le droit la vie et l'in- dépendance de TOUTES les nations, «GRANDES ET PETITtS, PUISSAN- «TES ET FAIBLES. La volonté de vie d'une nation ne doit jamais équiva- loir la sentence de mort pour une autre. Quand cette équité de droits a été lésée ou détruite ou mise en danger, l'ordre juridique exige une réparation, dont la mesure et l'ex- tension ne sont pas déterminées par l'épée, ni par un égoïsme arbitrai- re, mais par des normes de justice et d'équité réciproques Ce qui condamne formellement l'agres sion de petits E ats, tels que la Pologne et la Finlande par de grandes nations. Ce qui permet de condamner également le dépè cement de l'Empire Austro-Hongrois après la guerre de 1914. Les normes de justice et d'équité pour l'ordre européen de demain, ne peuvent non plus être dictées par des vain queurs. Elles doivent reconnaî re le droit l'existence des grandes puissances, aussi bien que des petites. Second point, qui nous parait essen tiel Afin que l'ordre, ainsi étab i, puisse avoir une tranquillité et une durée, qui sont les gonds d'une vraie paix, les nations doivent être libé- rées du pesant esclavage de (a course aux armements et du danger que la force matérielle, au lieu de servir garantir le droit, n'en soit au con- traire un tyrannique instrument de violation. Des conclusions de paix, «qui n'attribueraient pas une fonda- mentale importance un désarme- ment mutuellement co"s°p*i. o*»n- nique, progressif, dans l'ordre prati- que, comme dans l'ordre spirituel et qui ne s'emploieraient pas le réa- iiser loyalement, révéleraient tôt ou tard leur inconsistance ou leur pré- carité Il faut reeor.naître que ce second point est la condamnation formelle de 1 inéxécu- lion du Traité de Versailles par les alliés. En effe ceux-ci avaient imposé aux vain cus le désarmement en s'engageant désar mer leur tour. Cet engagement n'a ja mais éxécuié. Les appels au désarme ment lancés fréquemment n'ort abouti qu'à des conférences, qui sont mortes de lan gueur. C est pourquoi une paix aboutissant au désarmement mutuellement consenti, or ganique, progressif, ne peut être signée qu'avant la guerre et non après. Des vain queurs, comme ceux de 1918, ne sacrifient pas leurs forces devant des vaincus. Chacun est prêt désarmer autrui dans l'arme dans laquelle il est lui-même le moins fort. L Angleterre acceptait volontiers le désar mement sur :erre, mais pas sur mer. Seule la limitation des armements a été possible momentanément, mais condition que le vainqueur possède toujours un décalage en sa faveur. Et c est pourquoi aussi il es! tragique pour l'Europe que les appels du Roi des Belges et de la Reine de Hollande ne soient pas entendus. De plus le désarmement entraîne un grand trouble économique, et il faut pré voir une surhumaine grandeur d'âme aux vainqueurs, pour qu'en acceptant l'égalité militaire avec le vaincu dans le désarme ment, il accep e encore de venir en aide au vaincu pour l'aider économiquement re- morter la pente. Un désarmement réel n'est I possible que longtemps après une guerre, quand les notions de vainqueur et vaincu se sont effacées. Cependant une paix sans désarmement est une paix factice (A suivre). Dans les rues d'Osfende des troncs ont été p.acés afin de récolter des fonds pour venir en aide la Finlande. Nos lecteurs trouveront dans le corps du journal la liste des souscrip teurs de notre province, qui ont répon du l'appel du Comte Lippens. Les anciens protagonistes de l'alliance franco-anglaise avec les Soviets, devraient observer actuellement un vertueux silence. Le géant russe montre sa valeur, et la splen- dide victoire finlandaise est tout la fois une cause de joie et une preuve du résultat de la politique soviétique. D ailleurs que peut valoir une armée po litique dont tous les chefs militaires ont été supprimés Qui commande l'armée rus se Depuis 1 été 1937, plus de 80 des généraux et plus de la moitié des autres officiers supérieurs ont disparu ou ont été fusillés. Ceux qui res ent en vie, les maréchaux Vorochilov, Blùcher, Budjenny et Dyben- ko sont de serviles créatures de Staline et non de bons chefs militaires. Le Commissaire de la Guerre et chef de l'armée rouge, le maréchal Vorochilov est serrurier de son métier. Il a terminé son instruction dans une école populaire où les études duraient deux ans. Au début de la Grande Guerre, il fut envoyé dans une fa brique d'armes et il put ainsi éviter d'aller au front. En 1918, il s'enfuit avec quelques compagnons devant l'armée d'occupation autrichienne Tsaryszin, il devint agita teur bolcheviste et fut nommé plus tard Commissaire de 1 Intérieur pour l'Ukraine. 1919 le vit présider le Conseil Révolution naire de la cavalerie de Bondienny et pren dre part la guerre contre les Polonais où les iroupes soviétiques connurent la défai te. En 1925, il devint Commissaire du Peu ple la Défense Nationale, gagna de plus en plus la confiance de Staline, fut nommé Maréchal et chef de l'armée rouge. Le Maréchal Blùcher de son vrai nom Wassili Kons:anlinovitch Gourov était également serrurier. En 1910, il fut con damné 2 ans et 8 mois de prison pour avoir fomenté une grève. Il servit comme simple soldat pendan- la guerre mondiale. Grièvement blessé il fut versé l'industrie

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