PERIODE D'il
TTENTE
Lettre Pasto
-aie de Mgr
LAMIROY
BRUGES-COURTRAI
MOUSCRON - YPRES
POUR LES FAMILLES
DES MILITAIRES
BILLET
PARLEMENTAIRE
UNE LIGUE DES NEUTRES
par LOUIS HABRAN
93me ANNEE No 6
HEBDOMADAIRE
SAMEDI 10 FEVRIER 1940
ADMINISTRATION - REDACTION
163, CHAUSSEE DE GHISTELLES, 163,
SAINT - ANDRE - lez - BRUGES
PUBLICITE 10, RUE St GEORGES, BRUGES
ABONNEMENT 30,— FRANCS L'AN
LE NUMERO: 0,60 CENTIMES
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TELEPHONE 315.24
I L'Angleterre n'a déclaré la guerre l'Al
lemagne que lorsque celle-ci, ayant réalisé
ion plan d'expansion européenne, allait
iborder l'exécution de son plan colonial.
L'Angleterre alors a tenté de trouver la
«oalition de fantassins qui, occupant la
force de l'Allemagne sur le continent, don
nerait l'empire naval britannique l'arrêt
de l'expansion allemande. La recherche de
l'alliance bolchevique par l'Angleterr.?
bancaire et aristocratique fut la première
nanifestation de cette manœuvre. La ré
cente interpellation des neutres par M.
Vinston Churchill, premier lord de l'ami
rauté, est la dernière.
L'Allemagne, elle, n'a composé avec les
Soviets que lorsque les démarches de
l'Angleterre près de ceux-ci l'eurent placée
devant le danger d'une guerre sur deux fa-
œs comme en 1914.
Elle cesserait de jouer le pion russe si
l'impérialisme russe débordait dans la Bal
tique ou dans les Balkans
Elle n'engagera ses armées fpnd
l'Ouest que si elle est rassurée sur ses
flancs et sur ses derrières, c'est-à-dire quant
la politique russe vis-à-vis des Scandi
naves et des Danubiens.
Tant que la Russie ne fait que récupérer
sa part de Pologne et ses frontières baltes
de 1914, l'Allemagne est l'aise dans l'Est.
Mais si le Moscovite voulait passer sur les
rivages occidentaux de la Baltique et do
miner cette mer ou s'il voulait franchir les
Carpathes et le Danube, alors l'Allema
gne. menacée sur ses ailes par le slavisme,
se replierait sur l'axe Berlin-Rome et le
pacte antikomintern.
L'Italie, qui repousse toute intrusion
moscovite dans les Balkans et que la ren
trée de la Russie en Europe a contrainte
arrêter son expansion méditerranéenne et
africaine, et qui a besoin de l'Allemagne
pour réaliser cette expansion, l'Italie n'at
tend que le repli de l'Allemagne.
Berlin et Rome, laissent entendre des in
formations françaises, se seraient déjà don-
Ré de mutuelles assurances concernant le
«tatut des Balkans et leur volonté com
mune de soustraire ces parages européens
1 influence de Moscou. LU. R. S. S. a été
Reulralisée par l'Allemagne et est aux pri-
"s avec la Finlande.
Les Anglo-Français auraient-ils dire un
jour s'ils peuvent décemment retendre la
main aux Soviets Ce n'est là qu'une hy
pothèse évidemment. Mais ce n'est peut-
&re pas un paradoxe. En ces temps si fer
tiles en miracles toutes les hypothèses
•tet considérer. Il faut s'attendre tout,
"e s étonner de rien, et les petits peuples
doivent prudemment rester dans leurs can
tonnements.
-Nous n'y croyons pas.
S'il y a encore une bonne vingtaine de
"eutres en Europe après cinq mois de guer-
c'est que, parmi ces neutres figure
uJ>e grande nation, l'Italie. Mais l'Italie
est pas un véritable neutre. Cest une na-
Jjon impériale qui attend son heure. Si
'tnlie était entrée dans la guerre en sep
tembre, toute l'Europe serait aujourd'hui
®tbrasée, et l'Europe s'embrasera si l'Ita-
'le sort de la neutralité.
La coopération des neutres est la fois
""e question de géographie et de force.
Le groupe d'Oslo s'est révélé constitu-
tionnellement inconsistant et inefficient
parce que géographiquement dispersé. Il
comprend en fait deux groupes géographi
ques les Pays-Bas historiques (Hollande
et Belgique) et les Scandinaves, qui font
deux groupes de neutres distincts dans la
géographie. Les positions différentes de ces
deux groupes vis-à-vis des belligérants ren
dent leurs réactions différentes. Les Pays-
Bas unis peuvent opposer une résistance
tôt étayée par leurs grands voisins. Isolés
au contraire, sans appui contigu, les Scan
dinaves ne peuvent s'unir que dans l'af
firmation d'une neutralité peureuse qui se
résume dans l'abandon de la Finlande et
de la solidarité des neutres.
Dans le Sud de l'Europe par contre, une
politique agissante et efficiente de neutra
lité est possible cause de la force de l'Ita
lie neutre. Aucun des deux partis n'atta
quera dans cette direction sans la permis
sion de Rome.
Autant de secteurs géographiques et de
données de force, autant de sens de la neu
tralité, autant d'applications de la politi
que dite de neutralité.
La période d'attente durera tant que
l'Italie n'aura pas sorti son plan, et elle ne
le sortira que lorsque l'U. R. S. S. dévoi
lera le sien.
Au fond ce sont les Soviets qui tiennent
la belligérance en suspens. On attend ce
qu'ils feront après la campagne de Fin
lande.
Louis HABRAN.
(SUITE)
A
La paix Tous les esprits en sont occu
pés tous les cœurs en sont préoccupés, et
ce n'est pas sans mélancolie que nous
avons médité, il y a quelques jours, Noël,
ces paroles que les anges chantaient
Bethléem j Paix sur terre aux hommes
de bonne volonté La bonne volonté est-
elle donc chose si difficile sur cette terre.?
Dans son ouvrage La Cité de Dieu ->
S. Augustin définit la paix, la tranquil
lité de l'ordre qui suppose que toutes
choses soient leur place, et les relations
entre elles ce qu'elles doivent être (17).
La paix est donc le fruit de la justice,
selon la parole du prophète (18), mais
celle-ci exige au premier chef que nous
donnions Dieu ce qui revient Dieu.
Il est le souverain Maître de toutes cho
ses et de tous les hommes Il est le Roi
des Rois, et le Seigneur des Seigneurs
(19). Il a le droit, et Lui seul a un tel
droit, d'exiger de nous tous une soumission
totale, absolue et sans conditions tous Ses
commandements. Sa sainte Loi oblige les
individus, les familles et les peuples elle
vaut autant pour la vie publique que pour
la vie privée.
Or quand nous parlons de paix, ne son
geons-nous pas trop exclusivement ces
relations de justice, qui doivent exister en
tre les nations et les états N'oublions-
nous pas trop facilement que nous avons
des obligations vis-à-vis de Dieu et que
nous devons tout d'abord vivre en paix
Nous rappelons nos lecteurs que
le Comité Provincial de l'Œuvre Natio
nale pour l'aide aux familles des mili
taires édite la carte reproduite ci-des
sus au prix d'un franc.
Soutenez l'Œuvre en commandant
ces cartes au Secrétariat
1, QUAI ESPAGNOL, BRUGES.
avec Lui
Quand sera rétablie la paix parmi les
peuples C'est le secret de Dieu seul II
connaît cette heure, mais nous savons que
nous sommes entre ses mains et aussi que
cette heure sonnera, quand Dieu voudra et
au moment fixé par Lui. Prions donc tous
que cette heure puisse sonner bientôt, et
cette intention Nous faisons surtout appel,
avec le Souverain Pontife, aux prières des
petits enfants et des membres de la Croisa
de Eucharistique.
Mais tous nous pouvons coopérer réa
liser la paix, en gardant nous-mêmes la
paix avec Dieu et en faisant régner la paix
autour de nous, dans notre sphère d'action
et dans nos familles.
Dieu impose la fidélité dans le mariage
et la confiance en Lui, qui est l'Auteur de
la vie. Le repos dominical est prescrit par
Son commandement et c'est Son Eglise, qui
nous ordonne de sanctifier le Dimanche,
au moins par l'assistance dévote la sainte
Messe, où le Christ renouvelle sur nos au
tels son sacrifice sanglant de la Croix.
L'Eglise catholique nous impose certains
jours l'abstinence elle nous propose le
jeûne et la pénitence, et combien d'hom
mes, même parmi ceux qui portent le nom
de chrétiens, vivent et se conduisent tout
juste comme si Dieu, Sa loi et Ses comman
dements n'existaient pas
La paix est aussi le fruit de la chanté,
qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et
notre prochain comme nous-mêmes pour
l'amour de Dieu (20). Et en effet la justi-
Le budget de la Défense Nationale avec
toutes ses annexes occupe depuis quelques
temps les délibérations de la Chambre.
Ou est le temps où défense passive, ca
nons, avions, défense la frontière, temps
de service constituaient autant de chapitres
(f une activité qu'on aimait reléguer dans
les oubliettes parlementaires
Aujourd'hui il y va de notre indépen
dance, de notre liberté et voilà pourquoi
le Ministre de la Défense Nationale est le
plus populaire de nos gouvernants. Il con
vient que seul il émerge dans cette dis
cussion, puisque seul il porte la respon
sabilité de l'organisation de notre armée
cette heure critique de notre histoire na
tionale.
Au physique il n'a rien de militaire, si
par là on entend Varrogance qui caractérise
tant d'officiers allemands, ou la silhouette
élancée et mariale de nombreux officiers
français. Dans son regard on lit certes la
décision, mais dans son visage la fermeté
est tempérée par un air de bonté.
Il n'appartient pas l'école de ceux qui
croient qu'il faut crier, tempêter, jurer
pour imposer ses volontés aux troupes. Le
calme comme force de persuasion est sa
grande arme. Il y joint, Vart de la dis
cussion, fait de la sûreté du raisonnement,
de la bonhomie qui désarme les colères qui
se lèvent, de la parole colorée et entraî
nante, de la communion établie instanta
nément entre son auditoire et lui.
Cest ce qui lui a permis de conquérir
facilement les sympathies du Parlement,
d'échapper toutes ces embûches, toutes
ces rivalités qui errent sournoisement dans
ce sera facilement et fatalement lésée, si
tout le monde ne voit plus, ne regarde plus
que son droit. Déjà les païens disaient la
justice trop sévère aboutit l'injustice
(21) et le Saint-Père, prêchant Pâques
sur la paix, fruit de la justice, insista tout
autant sur la charité chrétienne, qui doit
nous empêcher de tellement fixer nos
droits, que nous en soyions aveuglés et que
nous ne voyions plus les droits des autres
(22).
N. T. C. F., le saint temps du Carême
nous invite la prière, mais aussi la pé
nitence. N'oubliez pas que celle-ci consiste
tout d'abord porter vaillamment, et
supporter pour Dieu, toutes les peines que
rencontre nécessairement sur sa route, tous
les jours, tout chrétien qui loyalement veut
observer tous les commandements, et spé
cialement celui de la charité fraternelle
qui veut pratiquer fidèlement tous les de
voirs de son état.
Ainsi nous coopérons réaliser la paix;
nous édifions ici, chez nous, la Cité de
Dieu, basée sur la vérité, la justice et la
charité. Ainsi nous pouvons espérer de la
Miséricorde divine qu'Elle daignera abré
ger pour nous oes jours d'épreuve, pleins
d'inquiétude et de privations.
Et puisse Marie, le Secours des chré
tiens et la Reine de la paix, nous obtenir
cette faveur de son Divin Fils. Puisse aussi
sa maternelle sollicitude veiller sur nous
et sur tous ceux, qui nous sont chers.
HENRI,
Evêque de Bruges,