JOYEUSES
PAQUES
Les Rois 1 Indépendance
politique et la sécurité
HoriVÂN ACKER
BRUGES - COURTRAI
MOUSCRON - YPRES
BILLET
PARLEMENTAIRE
93me ANNEE No 12
HEBDOMADAIRE
SAMEDI 23 MARS 1940
ADMINISTRATION - REDACTION
163, CHAUSSEE DE GHISTELLES, 163,
SAINT-ANDRE - lez - BRUGES
PUBLICITE 10, RUE St GEORGES, BRUGES
ABONNEMENT 30,FRANCS L'AN
LE NUMERO: 0,60 CENTIMES
COMPTE CHEQUE POSTAUX 367.225
- TELEPHONE 315.24
Par tradition on souhaite une heureuse an
née et de joyeuses Pâques. Le premier vœu
nous parait aussi réalisable que le second
condition de s'entendre sur la notion du bon
heur ou la qualité de la joie. Mais, tout
prendre, la joie de Pâques est beaucoup plus
accessible que le bonheur de l'an nouveau.
Même en ces temps, où la paix sur la terre
n'existe pas pour les hommes de bonne volon
té, c'est sans hésiter que nous nous associons
tous ceux qui doivent vous dire et vous ré
péter Joyeuses Pâques
Après cet âpre hiver le perce-neige d'abord,
les crocus et les petites jacinthes ensuite ont
poussé leurs têtes, malgré le froid des nuits
et le vent encore cingiant. Car l'appel du
printemps est là. La terre se réveille. La na
ture revit et la sève gravit jusqu'au sommet
des grands arbres, pour faire éclater les bour
geons, poindre les feuilles, s'épanouir les
fleurs.
Non, les plantes ne doutent pas les ar
bres ne discutent pas les fleurs n'hésitent
pas. Comme chaque année la vie va resplen
dir, la nature se parer. Tout continue, toute
la vie continue...
Pourquoi nous attarderions-nous aux que
relles des hommes, qui rendent scabreux notre
voyage sur cette planète, qui sans la faute de
l'homme eut été un Paradis. L'homme a gâché
sà destinée, mais son Maitre miséricordieux
lui donne l'occasion de la racheter. Joyeuses
Pâques, qui annoncent avec la renaissance de
la nature, la Renaissance de l'Homme.
(SUITE)
A La Panne, le 19 décembre 1916, tan
dis que des voix s'élevaient Paris et
Londres pour demander le rejet pur et
simple de la proposition allemande de
■égociations, le Rci Albert estime au con
traire que la Belgique a intérêt la con
naître et l'examiner, et que donc des
pourparlers doivent être engagés.
Le Roi Casqué tenait ses ministres un
langage d'indépendance politique
Quelle que soit la procédure adoptée
pour la réponse la note allemande,
nous ne pouvons pas identifier notre
réponse celle des grandes puissances
sans faire valoir notre point de vue.
Le point de vue belge n'est pas le
même que celui des grandes puissan-
ces.
Loin de moi l'idée d'une paix qui ne
«serait pas honorable. J'aimerais mieux
combattre jusqu'à mon dernier souffle
plutôt que de rentrer dans une Belgi-
que diminuée ou asservie. Mais je dé-
«clare que le Gouvernement ne peut pas,
dans les circonstances actuelles, prati-
quer une politique d'effacement, s'in-
cliner devant la fatalité des événements...
Nous avons le droit de parler nos
Pourquoi nous attarder aux difficultés de
l'heure. Il serait vain de les nier. Il serait lâche
de s'avouer brisés par elles. Puisons dans le
renouveau de vie du Printemps, et le renou
veau spirituel de Pâques la farce qui nous
permette de dominer ces événements, avec
joie et avec confiance. Mettons-nous hum
blement l'école de la nature, l'école des
créatures Je Dieu. Comme elles, saluons le
renouveau de la vie, mais ce renouveau de la
vie de l'âme qui doit s'amplifier toujours, re
jaillir sans cesse, être un perpétuel Printemps,
qui ne connaîtra ni l'Automne de l'épuise
ment, ni l'hiver de la Mort.
Joyeuses Pâques. Notre âme chante de joie.
Que gronde la tempête, que s'effondre le mon
de, notre destinée ne peut être atteinte. Que
les puissants de la Terre s'affrontent, que
leurs querelles ou leurs ambitions fassent cou
ler des fleuves de sang que des luttes fra
tricides homériques et absurdes souillent l'Eu
rope civilisée mon âme chante encore,
et chantera toujours. Joyeuses Pâques. La'
haine ne pénétrera pas en moi. Je ne déteste
rai pas mes frères humains. Je ne participerai
pas aux haines fomentées par les grands pour
faire s'entretuer les humbles.
Grâce soit rendue au Seigneur pour les dons
ineffables qu'il m'a offert. Qu'ai-je fait pour
mériter de tels présents Alleluiah Joyeu
ses Pâques
C. v. R.
Alliés et ceux-ci ne peuvent pas oublier
ce que notre peuple a souffert pour eux.
Nous représentons dans leur cause une
immense force morale. Puisse-t-elle ser-
vir la Belgique elle-même et jouer
dans la solution du conflit un rôle qui
assure et hâte le rétablissement du pays.
Nous arrivons un moment particu-
lièrement difficile de notre politique.
11 importe que nous conservions vis-à-
vis des neutres et du monde civilisé la
forte position que nous a acquise la
cause pour laquelle nous sommes en-
très en guerre. Nous ne sommes pas
maîtres de la situation, mais si nous som-
mes obligés de continuer la guerre,
nous devons justifier fortement notjre
conduite future
Quant au problème de la sécurité de la
Belgique et de l'Europe occidentale, le
Roi Léopold III l'a traité en ces termes
le 14 octobre 1936, devant ses ministres:
Notre situation géographique nous
commande d'entretenir un appareil mi-
litaire de taille dissuader un quelcon-
que de nos voisins d'emprunter notre
territoire pour attaquer un autre Etat.
(Voir suite, page Z
La silhouette de Flori Van Acker sem-
blait inséparable du décor et de l'ambiance
de notre ville, dont il s'ingénia dégager la
beauté formelle dans une longue série de
toiles.
Aussi bien, sa disparition y laissera un
vide, autant que dans le cœur de ses nom
breux amis.
Flori Van Acker naquit Bruges en
1858. Il y débuta l'Académie communa
le aidé des solides conseils de Wallays et de
Van Hollebeke, fréquenta ensuite l'Acadé
mie d'Anvers que dirigeait Verlat, puis,
Bruxelles, passa par l'atelier, fameux alors,
de Jean Portaels.
Il aimait raconter son séjour l'Acadé
mie d'Anvers, la réception chez Portaels
Bruxelles, le premier tableau vendu au
Maître lui-même, les collectes faites avec
Jean Toorop, Colin et de Geeter, en vue
de quelque extra, au bois de la Cambre, la
mandoline sous le bras, et le grand succès
le second prix de Rome les voyages
en Allemagne, en Italie, en France, le séjour
Rixensart et enfin le retour Bruges
Van Acker fit sa trouée coups de bros
se et de vouloir.
De cette audace et de cette volonté il gar
da, avec l'allure un peu conquérante qui
force le succès, une fraîcheur de jeunesse et
d'inspiration lui permettant, non sans une
légitime coquetterie, de claironner son âge...
L'aspect de Bruges, d'un pittoresque as
sagi, Van Acker le découvrit, le dégagea,
l'imposa.
De froides aquarelles, quelques mines
d'argent, d'insipides litbos et de vagues
tailles-douces, avec quelques paysages docu
mentaires tracés au tire-ligne représentaient,
jusqu'alors, le seul effort que l'art s'était
permis pour transmettre la physionomie de
notre ville.
Ce n'est pas un mince mérite d'avoir
apporté la formule que, depuis, Reckelbus.
De Sloovere, Rommelaere, Mechelaere et
d'autres aujourd'hui ont fait évoluer tra
vers leur talent et leur vision au point que
naquit l'école de Bruges avec laquelle vient
se mesurer, tout ce que l'art du paysage
compte de maîtres dans tous les pays.
Le jour où l'illustre Architecte Delacen-
serie mourut, la nomination de Van Acker
comme Directeur de l'Académie de Bruges
s'imposa.
Le titre de Directeur honoraire vint, au
lendemain d'une retraite méritée, couron
ner cette période de dévouement.
Grâce la sûreté de son dessin et de sa
technique et cette éducation de la vision que
le temps mûrit et affina, Van Acker fut
choyé comme portraitiste.
Il passa du portrait officiel et d'apparat
au portrait intime et familier.
De plus, il fut portraitiste la façon des
anciens, soucieux toujours du côté décora
tif de leur œuvre et, pour lui comme pour
eux, la ressemblance importait.
On se souviendra du portrait du Comte
Charles d'Ursel, du Baron Ruzette, du com
te et de la comtesse Visart, de celui du Prési
dent Eeckman, du comte Herwijn, de la vi
comtesse du Bus de Gisignies, de Monsei
gneur Auguste Huys, pour ne citer que des
physionomies connues de tous ici.
Ces œuvres que Flori Van Acker distribua
travers tant de salons et de galeries de fa
mille, s'y confrontent souvent, et toujours
avec un rare bonheur, avec nombre de ta-
(Voir suite, page 5)
MARDI
Mardi matin la Chambre devait se réunir
pour discuter et voter la loi réglant le pro
blème délicat des loyers.
La mort de Gustave Sap Ce fut l'objet
de toutes les conversations dans les cou
loirs tant le président de la droite que ce
lui de la droite flamande rendirent au dé
funt l'hommage que méritait une vie con
sacrée au bien public et avant de lever la
séance publique, Monsieur Van Cauwelatrt
au nom de la Chambre, et le chef du Gou
vernement burinèrent un portrait du Minis
tre des Affaires Economiques et s'inclinèrent
devant les services qu'il avait rendus la
Belgique.
Dans tes couloirs les représentants échan
geaient quelques idées se résumant toutes
dans cette exclamation quelle pauvre cho
se que la vie l De temps en temps un
décès inopiné rappelle dans une assemblée
où tant d'ambitions s'agitent vanitas va-
nitatum et omnia vanitas Voilà un hom
me qui issu d'une famille modeste était par
venu saisir au prix de luttes opiniâtres tt
sans merci les hochets que le destin présente
aux humains comme la quintescence rfu
bonheur la fortune et les honneurs. II
avait depuis quelque temps acquis un do
maine seigneurial et sa grande fortune lui
permettait de s'entourer de toutes les facili
tés de la vie.
Ayant la volupté du pouvoir, il détenait
en mains les rênes d'un département très
important pour l'avenir du pays celui des
Affaires Economiques. L'état de guerre fa
vorisait ses projets puisqu'il devait lui per
mettre de s'ériger un peu en dictateur de la
Belgique au travail.
Hier au Conseil des Ministres, il avait
défendu, plein de vie et d'optimisme, quel
ques uns des projets qui lui étaient chers.
Tout ne semblait-il pas lui sourire
Dieu seul est grand et je songe
l'oraison funèbre émouvante qu'un Bossuet
prononcerait l'occasion d'un décès tragi
que comme celui du Ministre des Affaires
Economiques.
Quelques instants de souffrance une
attaque inopinée d'une angine de poitrine,,,
et le ministre influent est balayé comme un
fétu de paille. La Bible et l'Eloge de la Folie
d'Erasme, aussi paradoxal que soit ce rap
prochement, sont parfois utiles relire.
Il est vrai, comme me dit quelqu'un dans
les couloirs, que si t\homme n'avait pas
d'illusions s'il ne se laissait pas prendre
au mirage du bonheur, beaucoup de progrès
ne s'accompliraient pas.
Lorsque l'homme disparaît, ses qualifés
et ses défauts apparaissent dans toute leur
netteté et l'éloge officiel ne doit pas faire
tarir les droits de la critique objective. Gus
tave Sap était un grand travailleur et sa té
nacité venait bout de toutes les contra
dictions et de fous les obstacles. Il n'avait
pas comme Paul Emile Janson le don de la
parole et la force d'une ascendance qui lui
permettent de se jouer comme une sirène
dans l'enceinte parlementaire. Sap ne par
venait s'imposer que par un travail ardu:
par l'étude approfondie d'une question étof
fée par un luxe de documentation. On ne
pouvait jamais dire de lui quand il lisait
ses discours la tribune comme il est su
perficiel il ne connaît pas ta question
Il avait aussi une tête dure comme fer.
Quand il avait arrêté sa décision, il était im