BRUGES-COURTRAI
MOUSCRON - YPRES
L'AGE DE LA
FRANCE
LE DEVOIR
DES NEUTRES
CONFIRMATION
UN CRIME ET
UNE GAFFE
ADMINISTRATION - REDACTION
163, CHAUSSEE DE GHISTELLES, 163,
SAINT-ANDRE - lez - BRUGES
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Voilà quinze cents ans bientôt que la
France a planté ses racines dans le sol
de la Gaule et pendant les treize premiers
siècles, la nation s'est identifiée avec la
Royauté, institution d'Etat qui tint en trois
dynasties, trois lignées de souverains hé
réditaires, trois races de rois comme dit
le Larousse, car les familles royales, avec
leur filiation, leur éducation et leur rang,
sont bien une race dans la nation.
Voici les Mérovingiens, avec Clovis,
vainqueur des Komains Soissons (486),
des Alamans Tolbiac (4%), des Bour
guignons près de Dijon (500), des Wi-
sigoths Vouillé (507), Ciovis, l'époux
de Clotilde, l'oint de saint Remi dans la
cathédrale de Reims en 496, seul roi de
toute la Gaule après l'extermination des
chefs francs de Cologne, de Cambrai et
de Thérouanne, patrice d'Occident, fon
dateur véritable de la première monarchie
franque, et qui fait déjà de Paris sa ca
pitale.
Comme Clovis, en se vouant l'Eglise,
incoipora le peuple franc dans la lati
nité gailo romaine, de même déjà Méro-
vée, son ascendant, avait rangé ses guer
riers avec les Romains d'Aétius contre At
tila dans les Champs Catalauniques (451),
et ainsi mérita-t-il de donner son nom
ta dynastie que le peuple élu parmi les
barbares donnait la civilisation de 1 Oc
cident.
La coutume franque fit que, la mort
de Clovis, le royaume des Francs (Francia-
Francie) fut partagé entre ses quatre fils.
Ainsi apparaissent les royaumes de Neus-
trie, d'Austrasie, de Bourgogne, qui s'é
puisent dans des luttes sans merci dont les
plus terribles furent celles que se livrè
rent Brunehaut, reine d'Austrasie, et Fré-
dégonde, reine de Neustrie, la fin du
Vie sièjle. Dans ce chaos, la puissance
des nobles, les leudes, ne fait que croître
et leurs chefs, les maires du palais, peu
peu relèguent les souverains au rang de
rois fainéants
Les maires du palais d'Austrasie, ori
ginaires de notre Hesbaye comme les Mé
rovingiens étaient sortis déjà du Tournai-
sis, se détachent. Ils en sont dignes. Charles
Martel écrase les Sarrasins Poitiers
comme avec le marteau et sauve la
Chrétienté (732). Son fils Pépin le Bref,
duc de Neustrie, de Bourgogne et de Pro
vence en 741, ceint le diadème de roi des
FranCs en 751 avec la protection de Egli
se et fonde la dynastie des Carolingiens
qui tirent leur nom du second et du plus
grand d'entre eux, Charlemagne, roi des
Francs et empereur d'Occident de droit
divin, conquérant et administrateur entre
la mer du Nord, l'Elbe, les monts de Bo
hême, le Garigliano au sud de Rome,
l'Ebre, les Pyrénées et l'Atlantique.
Le traité de Verdun de 843 partagea
l'empire entre les fils de Louis le Débon
naire. Louis le Germanique reçut la Ger
manie, Lothaire la partie centrale ou Lo
tharingie et l'Italie avec le titre d empe
reur, et Charles le Chauve fut roi de
France (Francia).
La civilisation va subir les assauts des
Normands (North-Man), redoutables pil
lards qui descendent de Scandinavie par
la mer et remontent fleuves et rivières.
Ils mettent le siège devant Paris en 886.
En 911. Charles le Simple cède leur
chef Roi Ion la contrée de la Seine infé
rieure ils reconnaissent le roi de France
comme suzerain et ce convertissent. Les
invasions cessent, mais 1 humeur aventu
reuse et guerriere de la race entraîne les
Normands de 1 rance dans deux entrepri
ses extérieures fameuses la fondation
du royaume des Deux-Sicites par Robert
Guiscard et ses compagnons, et surtout ia
conquête de 1 Angleterre en iUOO, exploit
de Guillaume le Conquérant, que seul
avant lui Jules César avait réussi et qui
n eut plus de réédition, mais qui valut ta
France les premières guerres avec l An-
gleterre.
A la fin du Xe siècle, la mort de
Louis V, dernier Carolingien, les Capé
tiens émergent du régime féodal et accè
dent au trône dans la personne de Hugues
Capet, duc de France ou lie de France,
capitale Paris. Capétiens directs, de Hu
gues Capet Charles IV, le Bel (1er juil
let 9$7 1328), Capétiens Valois, de
Philippe VI Henri 111 (1328 1589),
Capétiens Bourbons, de Henri IV Louis
XVI (1589 22 septembre 1792) et de
Louis XVIII Louis-Philippe (1814
1848) vont, pendant plus de neuf siècles,
taçonner et conduire la France et lui don
ner la plus prestigieuse suite de monar
ques. Quarante rois de France, de droit
tnviri hormis Louts-fhi lippe, roi des
Français, assujetti par le serment la con
stitution de la Révolution de 1830.
Les Capétiens témoignèrent d'un réa
lisme politique dont le fruit fut la France
de Louis XIV.
Les premiers ne sont que des souve
rains féodaux, peu écoutés. De quoi s'a
git-il pour eux D'amener les seigneurs
l'obéissance. De réduire la féodalités De
donner au suzerain qu'ils sont la supré
matie sur les vassaux. D'étendre leur do
maine familial et de consolider le pou
voir monarchique. Leurs alliés sont 1 Egli
se et les communes. Entre les grands vas
saux, l'empereur d'Allemagne et le roi
d'Angleterre, ils pratiquent la politique de
leurs possibilités, réglant leur action sur
leurs moyens et développant patiemment
ceux-ci pour pouvoir développer celle-là.
Ils créent les rouages d'une administration
dévouée. Ils mettent une certaine mesure
dans leur contribution aux croisades, s'oc-
cupant avant tout de l'ordre et de l'unité
dans leurs domaines.
Le même esprit, le même calcul politi
que, si l'on peut dire, se remarquera d'ail
leurs chez les Capétiens de la grande épo
que du pouvoir royal. S'ils combattent le
protestantisme l'intérieur pour assurer
l'unité de l'Etat, ils s'en serviront l'ex
térieur pour réduire la puissance de leurs
rivaux allemands et espagnols. L'Ottoman
aussi sera leur auxiliaire. Il faut toute
fois leur rendre cette justice qu'aux co
lonies ils furent de zélés propagateurs de
la religion de la France et les protecteurs
des aborigènes. L'Amérique du Nord vit
les Français l'œuvre. Autant leurs ri
vaux les Anglais refoulèrent et détruisi
rent les Peaux-Rouges pour s'emparer du
territoire et des richesses et fonder une
société de race blanche sans mélange de
sang ni d'autorité, autant les missionnai
res français, les Jésuites notamment, dans
les bassins du Saint-Laurent, des Grands
Lacs et du Mississipi s'efforcèrent-ils de
jeter les bases d'une société indigène gag
née au Christianisme et vivant dans le
voisinage pacifique des Visages Pâles.
(A suivre). Louis HABRAN.
Le ointe Dalùa Torre, directeur de
Y Osservatore Romano dans un article in
titulé L'embargo moral rappelle
le devoir qu'ont les pays neutres d appli
quer le boycottage spirituel aux procédés
contraires au droit, la justice et la
mora;e, auxquels recourent certains belli
gérants.
Se référant l'attitude prise par M.
Cordell Hull l'égard de l'ambassadeur
des Soviets Washington qui lui demandait
audience et auquel il fut répondu que les
Etats-Unis entendaient appliquer l'embar
go moral contre d'U. R. S. S., en raison
de l'agression contre la Finlande, l'organe
du Vatican relève que le comportement de
tous les Etats neutres devrait s'inspirer des
principes qui ont dicté l'attitude des Etats-
Unis.
L'embargo moral, écrit V Osservatore
Romano est l'épée des non-belligérants,
brandie pour des raisons morales, pour des
fins morales, partout où il y a une notion,
une loi morale affirmer et défendre.
L'embargo moral s'applique toutes les
violations des règles qui régissent l'huma
nité, toutes les offenses contre la civili
sation.
Et le journal du Saint-Siège de rappe
ler que Pie XII avait mis l'accent sur cet
UN CONSEIL DE CABINET
REAFFIRME L'INDEPENDANCE ET
LA NEUTRALITE DE LA BELGIQUE
Les ministres ont été convoqués, mercre
di matin, en Conseil de Cabinet, sous la
présidence de M. Pierlot, Premier Minis
tre.
Il était assez naturel que les membre;
du gouvernement fussent informés très
exactement du développement des événe
ments dans le Nord de l'Europe, et consul
tés quant l'opportunité d'aviser des
mesures nouvelles qui ne signifieraient
d'ailleurs qu'un redoublement de vigilan
ce.
Disons tout de suite, qu'aucune nouvelle
mesure n'a paru utile, mais le gouverne
ment, après l'exposé de M. Spaak, ministre
des Affaires étrangères, a saisi l'occasion
de réaffirmer la politique adoptée par la
Belgique.
Le bref communiqué suivant a été
donné la Presse l'issue du Conseil qui
n'a pas duré plus d'une heure
Le Conseil a entendu l'exposé fait
par le ministre des Affaires étrangères sur
la situation extérieure.
Le gouvernement a, une fois de plus,
été unanime dans sa volonté de persévérer
fermement dans la politique d?indépendan
ce et de neutralité qu'il a suivie depuis le
début du conflit européen
Pareilles suggestions ne peuvent intéresser
la Belgique.
L'agence Belga communique la note sui
vante, le 10
Dans les milieux politiques de Bruxelles,
on n'a pas manqué de commenter les sug
gestions répétées faites aujourd'hui du côté
allié l'adresse des neutres, les engageant
faire appel l'assistance préventive de
la France et de la Grande-Bretagne. Pareil-
aspect moral du conflit dans son homélie
de Pâques.
Le Pape a dit qu'il faut moraliser la
guerre, écrit-il, telle est la tâche laquelle
sont tenus belligérants et non-belligérants.
Il est permis, en effet, d'être neutre sur le
terrain politique, mais non sur le terrain
moral. En face des blessures infligées
l'humanité et la civilisation, il n'est pas
permis de regarder et passer outre com
me le prêtre et le lévite sur le chemin de
Jéricho, devant le blessé gisant sur la rou
te. Cesl là, au contraire, que s'impose la
bonne, la sainte guerre de ceux qui sont
en dehors de la tourmente, une guerre
laquelle s'applique la perfection la de
vise de UEvangile Je n'ai point appor
té la paix, mais l'épée.
Et l'Osservatore Romano d'ajouter que
ce n'est qu'en défendant et en préservant
Ta loi morale qu'un pays acquiert le droit
de travailler la paix de demain.
Le jour de la paix, écrit-il, chacun riva
lisera de sollicitude et de zèle, personne
ne sera absent, chacun, au contraire, vou
dra être le premier. Tâchons de ne pas être
les héros de cette nouvelle sixième jour
née.
Si ce n'est avec les armes que Ton pré
pare la paix politique, c'est avec la fidéli
té aux. principes moraux, avec le soin que
Ton met les appliquer que Ton défend,
que l'on hâte, que Ton décide peut-être de
la paix morale et que T on acquiert le droit
de coopérer sa reconstruction.
les suggestions, dit-on, ne peuvent intéres
ser la Belgique, dont la position a été main
tes fois définie par le gouvernement et re
connue par les belligérants actuels et qui
s'appuie, au surplus, sur une armée forte,
alertée et décidée défendre avec acharne
ment le territoire national.
La Belgique a déclaré solennellement
qu'elle entendait rester neutre dans le pré
sent conflit. Dès l'instant qu'elle ferait
appel une Puissance étrangère, elle aban
donnerait cette position et se jetterait de
son propre fait dans la guerre. Le commu
niqué publié ce matin, après lr Conseil d»
Cabinet, indique suffisamment que la ligne
de conduite du gouvernement l«»lge n'est
pas et ne sera pas modifiée.
L'nvasion par l'Allemagne de son voisin,
le Danemark et des côtes de Norvège n'est
pas seulement un crime, c'est en même
temps une gaffe. Si le crime nous attriste,
la gaffe nous réjouit.
La pose des mines par les Anglais dans
les eaux norvégiennes ne constituait pas
une action bien reluisante. Et si le Reich
avait soutenu les protestations norvégien
nes, il aurait continué tirer avantage de
sa position tactique. Cette pose de mines
était, en quelque sorte, l'aveu de l'ineffi
cacité du blocus. Le Reich avait tout inté
rêt souligner ce fait, et maintenir la
situation si déprimante pour les Alliés, du
monotone et démoralisant chapelet des
communiqués rien signaler.
La diversion nordique retourne la si
tuation. D'abord les prétextes raciques ou
politiques font défaut pour tenter la moin
dre justification de cette opération militai
re. Le traité germano-danois rejoint la lon
gue théorie des documents diplomatiques
dont le respect temporaire ne résiste pas